Andreï Viaziguine est l'auteur du livre «Manifeste du Nationalisme constructif» (Манифест созидательного национализма), dont est extraite et traduite des pages 165 et 166, la première partie du texte ci-dessous. Viaziguine naquit en 1867, il fut historien, enseignant à l'Université de Kharkov. Il fut arrêté, emprisonné, bestialement torturé et assassiné par les bolcheviques en 1919. Il semble que la cause de leurs agissements fut la conviction de Viaziguine que le peuple russe devait vivre selon ses propres coutumes, traditions et idéaux, personne n'étant habilité à imposer aux Russes un mode de vie étranger. Son ouvrage a été publié en 2008, à Moscou, aux éditions de l'Institut de la Civilisation Russe.
Ce premier extrait est complété par un second, tiré de la page 287 du livre de l'historien Pëtr Multatuli ««L'Empereur Nicolas II, l'Homme et le Monarque» («Император Николай II. Человек и монарх», Éditions Veche, Moscou, 2016) dans lequel l'auteur rapporte les propos du publiciste et philosophe D.A. Khomiakov au sujet du Manifeste Impérial du 26 février 19031. Dans la première partie de la traduction, les passages entre guillemets et en italiques reprennent le texte du Saint Tsar Nicolas II dans son Manifeste Impérial précité, dans la seconde partie de l'article, ils reprennent les propos de D.A. Khomiakov.
La décennie qui vient de s’écouler, sous le règne couronné de succès du Souverain Empereur Nicolas II, clarifie à suffisance les idées maîtresses qu’il posa en tant que fondement de son service impérial à la Russie et exposa dans une série de ‘Manifestes Impériaux’. Read more
Le Hiéromoine Seraphim Rose de bienheureuse mémoire est l'auteur du texte ci-dessous, écrit à l'origine en anglais, et publié sous le titre "Tsar-Martyr Nicholas II," dans la revue The Orthodox Word, Vol. 4, No. 4, p. 152-153. La version française ci-dessous est la traduction de la version russe du texte publiée sur le site «Николай II последний русский император», Nicolas II, dernier Empereur russe. Dans la version russe, deux passages de la version originale anglaise ont été omis, pour le reste les deux versions sont identiques.
«Car le mystère de l’iniquité agit déjà; il faut seulement que celui qui le retient encore ait disparu» (2Thess.2,7)
Selon les enseignements de Saint Jean Chrysostome et des autres Pères de l’Église, ce qui empêche l’apparition en ce monde de l’antichrist, cet être d’iniquité et d’anarchie, le plus puissant opposant de notre Seigneur Jésus Christ et de Son Église, c’est le pouvoir légal, exprimé et symbolisé par l’Empire Romain. Cette idée trouva son expression suprême dans l’Empire Chrétien: tout d’abord, lorsque Constantinople était la Nouvelle Rome, et ensuite dans l’Empire de la Russie Orthodoxe, lorsque Moscou devint la Troisième Rome. En 1917, un terme fut mis au «siècle de Constantin»; l’empire orthodoxe fut détruit, et le monde, à commencer par Moscou, fut jeté dans un siècle de l’iniquité et de l’athéisme (et dans l’apostasie, pour ce qui concerne la vie de l’Église) tel qu’on n’en avait jamais vu jusqu’alors.
Le Tsar Nicolas II fut le dernier représentant de cet idéal du pouvoir légal chrétien, et le siècle de l’iniquité commença précisément avec son assassinat. Toutefois, pour les Chrétiens Orthodoxes, ce siècle nouveau fut ouvert par un martyr, un témoin de l’Orthodoxie, fidèle jusqu’à la fin à son Église et à sa vocation sacrée. (…)
Le Tsar est né le jour de la fête du Saint et Juste Job. Au milieu de ses terribles souffrances, celui-ci évoqua le jour où il fut conçu: «Cette nuit! Que les ténèbres en fassent leur proie, Qu’elle disparaisse de l’année, Qu’elle ne soit plus comptée parmi les mois!» (Job 3,6).
Effroyable fut la nuit du meurtre du Tsar et de sa famille. Mais les Chrétiens d’antan disaient avec une profonde sagesse que le jour où l’on fait mémoire des martyrs est en réalité le jour de leur naissance. Et le nuit du meurtre du Tsar resplendit dans notre conscience comme la naissance au Ciel russe du Tsar-Martyr, offrande sacrificielle pour les péchés de son peuple. (…)
Ce point de vue est confirmé par la vision qu’eut en 1917 le grand starets Macaire, Métropolite de Moscou:
Le Songe du Métropolite Macaire
Je vis un champ. Notre Sauveur avançait sur un chemin. Je Le suivis en Lui disant: «Seigneur, je marche à Ta suite!». Il se retourna vers moi et répondit: «Suis-Moi!». Nous approchâmes finalement d’une énorme arche constellée d’étoiles. Au seuil de cette arche, le Sauveur se tourna vers moi et dit à nouveau: «Suis-moi!». Et Il pénétra dans un merveilleux jardin. Mais je demeurai sur le seuil et m’endormis. Toutefois, je m’éveillai bientôt et vis que je me tenais toujours devant l’arche. Au-delà de celle-ci, le Tsar Nicolas se trouvait à côté du Sauveur. Celui-ci dit au Tsar: «Dans Ma main, tu vois deux coupes; l’une au goût amer pour ton peuple, l’autre, douce, est pour toi». Le Tsar tomba à genoux et implora longuement le Sauveur de lui permettre de boire à la coupe amère avec son peuple. Mais le Seigneur refusa avec insistance. Le Tsar L’implorait de plus belle et sans cesse. Alors le Sauveur tira de la coupe amère un gros charbon ardent et le déposa dans la paume de la main du Tsar. Le Tsar se mit à faire passer prestement le charbon ardent d’une main à l’autre, et en même temps, son corps devint de plus en plus lumineux, jusqu’à ce qu’il fût complètement éclatant de lumière, tel une sorte d’esprit resplendissant. A ce moment, je m’endormis à nouveau. Quand je sortis du sommeil, je vis un immense champ couvert de fleurs. Le Tsar se tenait au centre du champ, entouré d’une grande foule à laquelle de sa propre main, il distribuait la manne. Une voix venue on ne sait d’où retentit alors: «Le Tsar a pris sur lui la faute du peuple russe. Au peuple russe, le pardon est accordé».
C’est évidemment pour le peuple russe au premier chef, que le Tsar revêt une grande signification. Toutefois, son rang de Tsar Orthodoxe retenant l’apparition de l’antichrist, et particulièrement sa qualité de martyr orthodoxe, lui confèrent un sens profond pour tous les fidèles orthodoxes.
Le peuple serbe aimait le Tsar russe de tout son cœur. Le 30 mars 1930, un télégramme fut publié dans les journaux de Serbie, selon lequel la population orthodoxe de la ville de Leskovats avait adressé une supplique au Saint Synode de l’Église Orthodoxe de Serbie requérant l’examen de la question de l’accueil officiel du défunt Tsar Nicolas II parmi le chœur des saints, car il avait non seulement été le dirigeant au cœur pur et humain du peuple russe, mais il avait, en outre, par sa fin en martyr, acquis la gloire spirituelle.
En 1925 déjà, la presse serbe avait publié la description de ce qui était arrivé à une serbe âgée qui avait perdu deux fils lors de la guerre, et qui considérait comme mort le troisième dont elle était sans nouvelles depuis des années. Un jour, après avoir prié pour tous les morts de la guerre qui venait de se terminer, la pauvre vielle s’endormit. En songe, elle vit l’Empereur Nicolas II qui lui dit que son troisième fils était vivant, qu’il se trouvait en Russie, là où il avait combattu pour la cause slave avec ses deux frères tombés au champ d’honneur. «Tu ne mourras pas sans avoir revu ton fils», lui dit le Tsar de Russie. Peu de temps après ce rêve, la vieille reçu des nouvelles selon lesquelles son fils était vivant, et quelques mois plus tard, elle eut la joie de le serrer en ses bras, sain et sauf, revenu de Russie.
En août 1927, les journaux de Belgrade annoncèrent que le peintre et académicien russe S.F. Kolesnikov était invité à venir peindre les fresques de la nouvelle église dans l’antique monastère serbe de Saint Naum, sur le Lac d’Ochrid. Le peintre russe avait reçu toute liberté dans son développement créatif d’ornement des murs et de l’intérieur de la coupole. L’artiste avait imaginé peindre sur les murs une quinzaine de saints disposés à l’intérieur d’oves. Les quatorze premiers furent hardiment exécutés, mais l’espace destiné au quinzième demeura vide, longtemps. Une sensation inexplicable poussait le peintre Kolesnikov à procrastiner. Un jour, juste avant le crépuscule, il entra dans l’église. En bas, tout était pénombre. Seule la coupole laissait encore passer les rayons du soleil couchant. L’ambiance dans l’église était particulière, éthérique. A cet instant, l’artiste vit que l’ove resté vide s’animait; comme à travers la vitre d’une fenêtre, l’air affligé, l’Empereur Nicolas II semblait l’observer. Surpris par l’apparition miraculeuse du Souverain Martyr russe assassiné, le peintre demeura figé de stupéfaction. Ensuite, comme l’écrivit lui-même Kolesnikov, sous l’influence d’une pieuse impulsion, il plaça une échelle contre l’ove, et sans tracer le contour du personnage au fusain, il commença à poser la couleur directement au pinceau. Cette nuit-là, Kolesnikov ne put dormir. Il revint à l’église dès l’aurore, et dès que les premiers rayons du soleil touchèrent le haut de l’échelle, il se remit à l’œuvre plus fiévreusement que jamais. Comme il l’écrivit lui-même: «Je peignais sans photo. J’avais jadis vu le défunt Souverain à plusieurs reprises, et son image était imprimée dans ma mémoire. Quand j’eus terminé mon travail, j’ajoutai en dessous une inscription: «Le Tsar de toutes les Russies, Nicolas II, qui reçut la couronne du martyre pour le bien-être et le bonheur des Slaves».
Bientôt, le monastère reçut la visite du Général Rostitch, commandant la division militaire du District de Bitola. Quand il visita l’église, il observa longuement le personnage du défunt Souverain, tel que l’avait peint Kolesnikov, et il dit, les joues baignées de larmes: «Pour nous, les Serbes, il est et restera le plus grand et le plus vénéré de tous les saints».
L’apparition du Tsar-Martyr est en soi une source d’inspiration pour tous les Chrétiens Orthodoxes. Mais il ne s’agit que d’une partie de la dimension orthodoxe du Tsar Nicolas II. Ses dispositions personnelles chrétiennes et pieuses, et son rôle actif de Tsar, contribuant à une véritable renaissance de l’Orthodoxie, font de lui le dernier, et l’un des plus grands représentant de la tradition de la monarchie orthodoxe, dont l’effacement (dont nous sommes nous-mêmes les témoins) inaugure dans le monde le siècle de l’iniquité. O, Saint Tsar-Martyr Nicolas, prie Dieu pour nous!
Traduit du russe
Sources : 1, 2
Pëtr Valentinovitch Multatuli est l'auteur, entre autres, du livre «Autour, tout n'est que trahison, lâcheté et tromperie» (Кругом измена, трусость и обман), paru aux éditions ACT en 2013. Le chapitre 4 du livre est intitulé 'L'abdication qui ne fut pas'. Le texte ci-dessous est la traduction de la section 13 de ce chapitre, intitulée 'Le combat spirituel héroïque de l'Empereur Nicolas II' (Духовный подвиг Императора Николая II)i. L'auteur a introduit son ouvrage par l'annotation suivante: «L'histoire connaît de nombreux mythes. Parfois, les mythes sont tellement vivants qu'ils sont pris pour vérité. Parmi eux, on trouve la conviction selon laquelle, le 2 mars 1917, l'Empereur Nicolas II a abdiqué le trône, volontairement ou sous la pression des circonstances. Cette conviction fit office d'axiome depuis mars 1917. L'auteur prouve, sur base de documents, que cette «abdication» fut le résultat d'un coup d’État planifié par le gouvernement.» (Les références des citations reprises dans le texte russe n'ont pas été conservées). Voici la seconde partie de ce texte; la première se trouve ici.
Jadis, en 1564, le peuple prit la défense du Tsar, et les ennemis ne purent s’opposer à la puissance du peuple. Le tsar autocrate peut régner pour autant qu’existe un peuple de sujets loyaux et orthodoxes. La présence d’un lien mutuel est la condition de l’existence de l’empire orthodoxe du tsar. Mais au contraire, dans le cas où ce lien est coupé, l’empire orthodoxe du tsar périt, il ne peut continuer à exister, et aucun tsar, aussi puissant et volontaire soit-il, ne peut rien y faire. Le tsar ne peut régner dans le vide. Le philosophe russe Ivan Alexandrovitch Iline a très bien décrit cela: «Nous devons nous garder d’oublier les leçons de l’histoire: le peuple qui ne mérite pas un Souverain légitime ne parviendra pas à en avoir un, ne parviendra pas à le servir en toute foi et justice, et il le trahira au moment critique. La monarchie n’est pas la forme d’État la plus facile et la plus accessible, mais bien la plus difficile, compte tenu de sa profondeur psychologique et du fait que, sur le plan de l’esprit, elle requiert de la part du peuple un sens monarchique de la justice. La République est un mécanisme de droit, alors que la monarchie est un organisme de droit». Read more
Pëtr Valentinovitch Multatuli est l'auteur, entre autres, du livre «Autour, tout n'est que trahison, lâcheté et tromperie» (Кругом измена, трусость и обман), paru aux éditions ACT en 2013. Le chapitre 4 du livre est intitulé 'L'abdication qui ne fut pas'. Le texte ci-dessous est la traduction de la section 13 de ce chapitre, intitulée 'Le combat spirituel héroïque de l'Empereur Nicolas II' (Духовный подвиг Императора Николая II)1 . L'auteur a introduit son ouvrage par l'annotation suivante: «L'histoire connaît de nombreux mythes. Parfois, les mythes sont tellement vivants qu'ils sont pris pour vérité. Parmi eux, on trouve la conviction selon laquelle, le 2 mars 1917, l'Empereur Nicolas II a abdiqué le trône, volontairement ou sous la pression des circonstances. Cette conviction fit office d'axiome depuis mars 1917. L'auteur prouve, sur base de documents, que cette «abdication» fut le résultat d'un coup d’État planifié par le gouvernement.» (Les références des citations reprises dans le texte russe n'ont pas été conservées)
Le 2 mars 1917, à Pskov, alors que la guerre faisait rage, à la veille d’une attaque décisive de l’armée russe, fut perpétrée une trahison sans précédent dans l’histoire; le sommet de la société et le sommet de l’armée trahirent leur Tsar, l’Oint-de-Dieu, le Commandant Suprême. Les noms de ces traîtres sont connus. Ces gens portant le frac à pan, orné d’épaulettes d’or et du monogramme impérial, rendirent un service inestimable au bolchevisme qui approchait. On peut affirmer avec certitude que le crime commis au sous-sol de la Maison Ipatiev fut préparé, entre autres, par les «hommes de février» et que les racines de ce qui se produisit le 17 juillet à Ekaterinbourg remontent aux événements du 2 mars 1917 à Pskov. Il ne fait aucun doute que l’un des motifs du meurtre de l’Empereur Nicolas II et de sa famille fut la peur de ceux qui préparèrent le faux Manifeste, car si l’Empereur venait à retrouver la liberté, tout le mensonge de l’«abdication» serait dévoilé. Et cela aurait immédiatement rendu tout pouvoir révolutionnaire en Russie complètement illégitime. Ainsi, dès la forgerie de mars, le meurtre du Tsar était devenu inéluctable. Les conspirateurs, députés, capitalistes, généraux savaient très bien qu’ils trahissaient, ils savaient qu’ils mentaient, ils savaient qu’ils soumettaient le Tsar à un danger mortel. Les circonstances qui les ont guidés et transformés en traîtres, la manière dont ils vécurent cette trahison, ce que firent d’eux par la suite leurs complices, c’est uniquement pour leurs biographes que tout cela présente un quelconque intérêt. Read more
Le récit ci-dessous, lu sur le site russe «Tsar Nikolaï», est emprunté au n°15, de 1997, du magazine Russkii Palomnik ("Русский паломник"). Ce texte y est signé 'Nina Kartachova'. Il fut traduit, en son temps, de façon légèrement différente, pour être intégré à l'excellent livre de Viktor Loupan «Nicolas II Le Saint Tsar». Depuis la naissance au ciel du Saint Tsar et de sa famille, Notre Seigneur Jésus les a glorifiés et continue à le faire à travers maints miracles. Celui qui est rapporté dans le texte ci-dessous fut manifesté à travers la Sainte Martyre Maria, Grande Duchesse, troisième fille du Saint Tsar Nicolas II, et à travers celui-ci également, de façon moins immédiate à nos yeux humains. Ce récit remémore, accessoirement, l'engagement et le travail généreux de la Sainte Impératrice Alexandra Feodorovna et des quatre Grandes Duchesses, en qualité de «d'infirmières-soeurs de la charité» et de visiteuses dans les hôpitaux organisés dans la capitale et à travers tout le pays, où étaient accueillis et soignés les militaires russes blessés au front.
De façon récurrente, chaque année, pendant plus de dix ans, je souffrais de pneumonie. A l’époque, j’étais déjà mariée, mais ma chère et inoubliable babouchka n’était déjà plus de ce monde. Ce printemps-là, la maladie survint après que je me fus trouvée à plusieurs reprises dans les courants d’air. J’étais très accablée. Je supportai les douloureux maux de jambes, jusqu’à ce que j’en tombe. C’était le jour anniversaire de la naissance de l’Empereur nouveau martyr, le 19 mai. Ce jour est souligné dans mon journal. Mais à ma grande tristesse, j’étais complètement seule à la maison ; mon mari était parti en voyage d’affaire, ma famille habitait loin. Je ne pouvais compter sur l’aide de personne. Pourtant, j’avais besoin d’aide ; je n’étais pas même capable de me lever si on sonnait à la porte. Je sentais sur moi un poids sans vie, mortel, terrible. Mon esprit perdit toute force, je lâchai prise. Je tremblais à cause de la fièvre, j’avais soif.
Le lendemain matin, je me sentais mieux lorsque je m’éveillai. Je sentis une odeur de lilas et entendis à travers la fenêtre les oiseaux chanter. Je n’avais quasiment plus de fièvre. Une couche supplémentaire me protégeait, outre la couverture: une vielle capote d’officier ornée d’aigles! Seigneur! Mais d’où venait-elle?
Une jeune fille qui devait être âgée d’environ dix-sept ans était assise dans le fauteuil et lisait, avec douceur et d’une merveilleuse voix profonde, l’acathiste à Saint Nicolas, dans un cahier que je reconnus immédiatement! (Jadis, quand j’étais une petite fille de sept ans, à la demande de ma babouchka, qui était moniale dans le monde, j’avais recopié cet acathiste dans un certain cahier, pour une tante malade). Je pris peur et criai : «Je délire!». Je ne connaissais pas cette jeune fille. Et personne, pas même notre nièce de Leningrad, s’il lui était venu à l’idée de me rendre visite, ne pouvait être capable de lire l’acathiste à voix haute et en psalmodiant. Et la prononciation de cette inconnue était désuète, comme celle de babouchka ; elle prononçait les «tch» et les «chtch» à la pétersbourgeoise. C’était sûr, je délirais! Mais malgré tout, je demandai :
– D’où vient cette ancienne capote ? – De Papinou. – Et qui es-tu ? – Maria. – Quelle Maria ? – Une sœur de la Charité.
J’observai son visage rond et ses grands yeux gris, son apparence digne et humble. Sa robe de couleur bleu clair était simple. Un vase contenait une branche de lilas frais. – Donne-moi à boire.
Elle avança vers moi avec une tasse de lait chaud. Je demandai :
– C’est quoi, mon délire? – Dostoïevski a dit que le délire et la folie n’existent pas. Simplement, dans certaines circonstances extrêmes, les gens voient un autre monde.
Je bus le lait. C’était bon, chaud.
– Aujourd’hui, tu vas guérir, définitivement. Papa l’a dit. Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de sa naissance, et après-demain, sa fête onomastique. Veux-tu que je continue à lire l’office? – Non! Lis autre chose, quelque chose de profane et joyeux, et ensuite, l’office…
Et la voix, roucoulement modulé depuis les notes basses jusqu’aux plus cristallines, me lut l’histoire amusante d’une petite dame au parapluie en dentelles et à la jupe à froufrous. Tchekhov? Impossible de me rappeler ce que pouvait être pareille histoire. C’est seulement plus tard, dans les années ’90, quand fut édité le livre de Nadejda Teffi, que je reconnus le récit !
Après que celui-ci fut terminé, je n’osais plus, je ne sais pourquoi, demander de lire autre chose ; je faisais confiance à ma charitable visiteuse. Elle se leva. A mon chevet était accrochée, et elle y est encore, une icône, reçue de ma babouchka, du Sauveur et de la Très Sainte Mère de Dieu. La jeune fille se tint devant l’icône, et je me mis à genoux sur mon lit : «Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, sauve-moi et aie pitié de nous, pécheurs. Très Sainte Mère de Dieu, sauve-nous».
Ensuite, je m’endormis. A mon réveil, j’étais fraîche et en bonne santé. Seule dans ma chambre. Mais la branche de lilas, qui n’était pas dans ma chambre avant que je n’y soit alitée, continuait à embaumer. La petite lampe à huile brûlait, alors que je ne l’avais pas allumée.Mais la preuve la plus évidente de ce que moi, la mauvaise, la pécheresse, j’avais été trouvée digne d’une visite de l’au-delà, c’était le chotki de Babouchka! Ce chotki pendait sur l’icône du Sauveur. Et c’était bien ce chotki avec lequel Babouchka avait été inhumée. Les fils de laine verte réunis en pinceau au bout de la croix avaient disparus, décomposés, mais le chotki lui-même était toujours entier. Depuis ce jour, jamais je ne me sépare de ce chotki. Je n’osais raconter cette histoire à personne, de peur qu’on me prenne pour une folle, mais mes proches, et notre prêtre, accordèrent foi à mes propos et priaient avec moi. Ma maladie a complètement disparu, sans aucune séquelle. Je crois sincèrement que j’ai été guérie de cette miraculeuse façon par les saintes prières de ma babouchka. Elle avait une grande vénération pour Saint Nicolas le Thaumaturge et pour les nouveaux martyrs de la Famille Impériale. Nous étions allés deux fois avec elle en pèlerinage dans la ville qui s’appelait encore Sverdlovsk, à la maison Ipatiev.
L'icône miraculeuse du Saint Tsar-Martyr Nicolas II, dont s'écoule du myrrhon, bénéficie d'un protecteur: le médecin-chirurgien moscovite Oleg Ivanovitch Beltchenko. Il voyage avec elle d'église en monastère, quand son emploi du temps chargé le lui permet. Et lorsqu'il ne peut le faire, d'autres gens prennent soin de la sainte icône. Des donateurs assument le coût de l'impression de petites icônes en papier, et les revenus que la distribution de celles-ci produisent sont consacrés à la peinture1 de nouvelles icônes sur bois. Oleg Ivanovitch offre alors ces nouvelles icônes aux églises, dans l'espoir que, dans un proche avenir, chaque église aura son icône du Saint Souverain. Ceci est le seconde partie du texte; la première se trouve ici.
De nombreux cas de guérisons se sont produits en Ukraine également. Un jour, une dame au ventre énorme est venue prier devant l’icône du Tsar-Martyr. Cette maladie s’appelle l’ascite; il s’agit d’une accumulation de liquide dans la cavité abdominale. Elle respirait avec difficulté, à la limite de la suffocation. Après qu’elle ait vénéré l’icône, son ventre dégonfla. Où le liquide disparut-il, cela demeura incompréhensible, même aux médecins. Les douleurs qui la torturaient cessèrent, et elle finit par mourir très paisiblement et calmement. Dieu lui avait fait grâce d’un allègement de ses souffrances avant sa mort.
Voici un autre cas: Un homme avait dû être amputé d’une main. Il demeura longtemps à la maison, en congé de maladie, affligé par une forte température. Dès qu’il eut vénéré l’icône miraculeuse, il se sentit en pleine forme et le lendemain, il retourna travailler. Racontez-nous, s’il vous plaît, les voyages de l’icône miraculeuse.
Assez étrangement, le plus souvent, nous avons été invités dans les lieux où le Souverain, au cours de sa vie terrestre, souhaita se rendre mais n’y parvint pas. Tous les voyages se déroulèrent avec l’aide de Dieu. Au cours de ces années, l’icône miraculeuse survola toute la Russie en avion, mais aussi l’Ukraine et la Biélorussie. Elle est allée en Grèce, en France, en Belgique, aux Pays-Bas, en Serbie, en Macédoine, et même sur la Sainte Montagne de l’Athos. En 2002, l’icône du Souverain rendit visite à Ekaterinbourg. Une agrypnie fut organisée dans l’église-sur-le-sang, dont la construction n’était alors pas encore achevée. Quand nous sortîmes de la Liturgie à Ekaterinbourg, nous partîmes à Alapaevsk et ensuite à Vierkhotourié. Dans cette ville, près du monastère, on peut voir une très jolie maison. Il se fait qu’elle fut construite spécialement pour accueillir le Souverain. Mais la Première Guerre Mondiale survint et empêcha celui-ci de séjourner à Vierkhotourié et de vénérer les saintes reliques de Siméon de Vierkhotourié.
L’existence de l’icône miraculeuse devint renommée et on commença à m’inviter dans différents pays. Le premier fut la Finlande. Mais à cette époque je refusais, par crainte de perdre définitivement cette icône; quelle perte pour la Russie! Des copies furent faites sans l’autorisation de l’iconographe, enfreignant les droits d’auteurs. C’était affligeant. Arriva alors une invitation de France. Je téléphonai à Ia Dimitrievna Schmit avec qui je pus m’entretenir. Je lui dis: «J’ai peur de sortir du pays. Des copies ont été faites sans votre autorisation. Cela signifie que du point de vue légal l’icône peut être saisie. Pour moi, c’est effroyable d’imaginer que les Chrétiens Orthodoxes de Russie pourraient ne plus jamais la voir». De l’autre côté du monde, Ia Dimitrievna me répondit: «Ne craignez rien. Quand j’entendis parler de la lithographie miraculeuse de mon icône, j’ai commencé par éprouver un sentiment de jalousie. Mais après, j’ai compris qu’un grand miracle se produisait. Vous devez absolument me téléphoner quand vous irez en France, car je veux moi-même vénérer l’icône miraculeuse». Nous nous sommes donc rencontrés en France, à Paris, dans l’église de Tous les Saints glorifiés en Terre Russe, de l’Église Orthodoxe Russe hors Frontières.
En Allemagne, nous sommes allés avec l’icône à Darmstadt, en compagnie du Père Chargounov, le recteur de l’église Saint Nicolas le Thaumaturge de Piji. Darmstadt est la ville natale de Maria Alexandrovna, (née Maximilienne Wilhelmine Marie de Hesse), épouse de l’Empereur Alexandre II, mais aussi des saintes sœurs, l’Impératrice Alexandra Feodorovna et la Grand Duchesse Élisabeth Feodorovna (nées Princesses de Hesse-Darmstadt). On peut voir dans cette ville la merveilleuse église orthodoxe dédiée à Sainte Marie-Madeleine. Elle se trouve en terre russe. Le Souverain Nicolas II ordonna d’amener de la terre de Russie, et c’est sur celle-ci que cette église russe fut construite.
La Providence voulut que l’Empereur commença sa visite en Biélorussie, à travers son icône miraculeuse, par la ville de Moguilev. C’est là précisément qu’il prit congé de l’armée. C’est là précisément que commença le Golgotha du dernier Empereur de Russie, qui mourut d’une mort tragique à Ekaterinbourg. Nous avions été invités à Moguilev par l’Archevêque Maxime de Moguilev et Mstislavsk. Vladika ne pouvant lui-même venir vénérer l’icône miraculeuse, car il venait de subir une intervention chirurgicale et était hospitalisé à Minsk, nous avons apporté la lithographie à l’hôpital. Elle fut placée dans la chambre et on célébra un molieben. Avant le départ, Vladika voulut une nouvelle fois vénérer l’icône du Souverain, et elle produisit du myrrhon dans les mains du hiérarque.
Au Monastère de la Transfiguration du Sauveur, à Valaam, on attendait avec impatience l’icône dont s’écoulait le myrrhon. Le cotre s’accosta doucement au débarcadère du monastère. En chemin vers la Skite Saint Nicolas, mes compagnons et moi entendîmes le son solennel des cloches du monastère de Valaam. Toute la rive était couverte de monde venu à la rencontre de l’icône miraculeuse du Souverain Empereur; des pèlerins, mais aussi tous les habitants de Valaam, emmenés par l’Archimandrite Pancrace, l’Higoumène de l’Athos du Nord. L’icône du Tsar-Martyr fut emmenée en procession jusqu’à l’intérieur de la Cathédrale de la Transfiguration du Sauveur. L’église bondée commença par adresser la prière au Saint Esprit. L’icône dégageait un parfum divin dont l’odeur saturait littéralement, par vagues, la cathédrale. Les participants commencèrent à vénérer l’icône, et cette vénération se poursuivit très longuement. Le Père Pancrace donna sa bénédiction pour que l’icône visitât pratiquement toutes les skites. Partout où l’on emmena l’icône,des moliebens furent célébrés, on lut des acathistes, et chaque fois avec une foule de participants. Pendant que l’icône miraculeuse séjournait dans les skites, l’écoulement de myrrhon provenait soit d’elle, soit des icônes du lieux. Le passage dans l’Athos du Nord se termina par une procession en cotre autour de l’archipel de Valaam. Ainsi, par l’intermédiaire de son icône miraculeuse, à travers laquelle beaucoup reçurent la guérison, et beaucoup plus encore, aide et consolation, le Souverain Empereur Nicolas II visita pour la première fois ce monastère béni. Vous avez dit que l’icône a été emmenée au Mont Athos…
Le Souverain Nicolas II souhaitait ardemment visiter l’Athos. Toutefois, toutes sortes de circonstances l’empêchèrent de réaliser son rêve quand il vivait sur cette terre. Mais l’icône est allée à deux reprises à la Sainte Montagne. Le prêtre chargé du port de l’icône refusa, malgré la difficulté de l’ascension sur le chemin de montagne, que qui que ce soit le remplace. Il considérait cela comme une obédience personnelle. Sur les deux voyages, l’icône est passée par dix-sept des vingt monastères athonites. Quand nous sommes arrivés au Monastère russe Saint Panteleïmon, nous avions posé l’icône dans notre cellule. Quand un moine entra, il reconnut la personne du Souverain et sur le champ, elle fut transférée dans l’église.
Une histoire semblable se déroula au Monastère serbe de Chilandar. Nous allâmes à l’office, laissant l’icône dans notre cellule. Elle produisit du myrrhon. Le supérieur du monastère demanda à ce qu’elle fût transférée dans l’église. Interrompant toutes leurs obédiences, les moines accoururent voir l’icône du Martyr impérial produire le myrrhon.
Nous sommes allés jusqu’au sommet du Mont Athos. Un office y fut célébré pour les pèlerins russes, et le myrrhon s’écoula à nouveau de l’icône…
Parlez-nous, s’il-vous-plaît, de la procession-survol de la Russie.
En 1999, avec la bénédiction du Patriarche Alexis II, l’icône du Tsar Nicolas et d’autres icônes miraculeuses survolèrent les frontières de ce qui fut l’Empire de Russie. L’avion survola Minsk, Kiev, la Crimée, la Tchétchénie, Novossibirsk et le Kamatchatka. La première procession le long des frontières de la Russie ne fut donc pas accomplie par voie terrestre ou marine, mais en l’air. Mais son organisation fut une histoire étonnante. En 1997, Sergueï Alexandrovitch Matveev reçut la bénédiction du starets Nicolas Goulianov pour réaliser une procession aérienne le long des frontières de la Russie. Cet événement, important pour le monde orthodoxe, nécessita deux années entières de préparation. Le plan de vol de l’avion fut soigneusement élaboré en accord avec le Ministère de la Défense, la Compagnie Aeroflot, et d’autres organisations. L’obstacle le plus important que dut surmonter l’organisateur de cette procession aérienne, c’était la collecte des moyens financiers indispensables. Désespéré par la situation, Sergueï Alexandrovitch se résolut à aller demander au Père Nicolas, sur l’Île de Zalit, de retirer sa bénédiction impossible à réaliser. Mais la situation s’arrangea de façon providentielle. Le 06 mai 1997, jour anniversaire de la naissance du Souverain Empereur Nicolas II, Sergueï Alexandrovitch participa à la procession et vit le myrrhon s’écouler de l’icône du Souverain. Touché en son âme, il ajouta cette icône à la liste des objets sacrés qui participeraient à la procession aérienne. Et dès lors, de façon inattendue, les moyens nécessaires à la réalisation du projet surgirent: deux jours plus tard, un entrepreneur russe avait offert les fonds.
Pendant toute la durée de la procession aérienne, des miracles se produisirent sans relâche. Malgré que cette procession-survol reçut la bénédiction de Sa Sainteté le Patriarche et du Starets Nicolas Goulianov, elle ne fit pas l’objet d’une large publicité. Peu de gens en étaient informés. Tous les aéroports sont des lieux sécurisés. Ceux qui n’ont rien à y faire ne sont pas admis à y pénétrer. Ainsi, les premiers à voir l’icône du Tsar Nicolas furent les ouvriers d’aéroport. Ils approchèrent, mais il ne connaissaient rien à son sujet. Immédiatement le myrrhon commença à s’écouler et le parfum à embaumer. Quand les ouvriers s’éloignèrent, tout s’arrêta. Et les choses se déroulèrent de façon identique à chaque escale, Saratov, Volgograd, Omsk, Novossibirsk. Quand nous nous arrêtâmes à Anandir, un fleuve de gens vint vénérer l’icône de neuf heures du soir à deux heures du matin. Comment ils apprirent l’arrivée de l’icône dans leur ville, cela reste encore un mystère aujourd’hui.
Pendant ce survol des frontières de la Russie par ces objets sacrés, plusieurs miracles se produisirent dans les airs. L’un d’entre eux a même été filmé et montré à la télévision. Pendant le vol, une partie des icônes furent placées contre les hublots. Autour de l’icône du Souverain uniquement, une couronne de glace se forma, le reste du verre demeurant transparent. L’icône du Souverain de Russie avait été placée contre un hublot semi-sphérique, c’était pour elle la place la plus commode. A un certain moment, le hublot congela, et sur la vitre se forma un merveilleux dessin en cristaux de glace, formant une étoile aux angles symétriques et aux rayons partant depuis l’icône dans différentes directions et formant une sorte de couronne à douze rayons, trois dans chaque direction. Par la suite, le pilote a raconté que de toute sa carrière, il n’avait jamais rien vu de pareil. Oleg Ivanovitch, pour vous, qui est le Souverain-Martyr Nicolas?
Je suis convaincu de ce qu’aujourd’hui, le Souverain est un des plus grands intercesseur devant Dieu en faveur de la Terre de Russie. En tant que gardien de son icône miraculeuse, j’ai lu de nombreux livres au sujet de la vie de la Famille Impériale. Et au plus je lis, au plus je suis émerveillé de l’authentique délicatesse de la noblesse et de la spiritualité de Nicolas II. Un souvenir me revient. J’ai lu toute la correspondance du Souverain. Un jour, une pauvre veuve qui avait perdu à la guerre son mari, unique soutien, lui écrivit une lettre disant qu’elle avait des enfants et que sa pension était très maigre. Le Souverain demanda alors au Ministre des Finances: «Pouvons-nous augmenter la pension de cette malheureuse femme?». Le Ministre répondit que non. Le Souverain répondit alors: «Augmentez sa pension en prélevant sur mes ressources». Après sa mort, son compte en Banque à Londres ne contenait réellement plus que quelques roubles… Le Tsar Nicolas avait l’âme généreuse. Et après sa fin en Martyr, rayonnant dans le chœur des saints, il continue à aider les gens qui lui adressent avec foi leurs prières. Source.