Métropolite Athanasios : A propos de Geronda Philotheos (Zervakos)

COE Métropolite AthanasiosLe Métropolite Athanasios de Limassol partage avec nous, dans son livre «Le Cœur Ouvert de l’Église», publié en 2016 par les Éditions du Monastère de la Sainte Rencontre à Moscou, l’immense trésor de l’expérience spirituelle qu’il a accumulée au cours des six décennies de sa vie, dans sa prière, au contact de ses frères et sœurs en Christ, et surtout au contact des saints de notre Église qu’il a eu la grâce de rencontrer. Le texte précédent se rapportait à Geronda Joseph l’Hésychaste, le texte ci-dessous présente Geronda Philotheos et est traduit des pages 24 à 32 du livre précité.
Par la grâce de Dieu, en octobre 1979, alors que j’étais encore étudiant, j’ai pu rendre visite à Geronda Philotheos Zervakos, sur l’île de Paros, au Monastère de Longovarda. Le Père Philotheos d’éternelle mémoire y fut higoumène pendant de nombreuses années. C’était le jour de la fête de Saint Philotheos, dont Geronda avait reçu le nom. Et pour éviter d’être fêté, Geronda s’était retiré au monastère. Une poignée de gens seulement y était venus, pour le rencontrer, et je me trouvais parmi eux. Ce fut la première fois que je le vis. Nous avions beaucoup entendu parler de lui, et beaucoup lu à son propos.
%ce%b3-%cf%86%ce%b9%ce%bb%cf%8c%ce%b8%ce%b5%ce%bf%cf%82-%ce%b6%ce%b5%cf%81%ce%b2%ce%ac%ce%ba%ce%bf%cf%82-3J’étais tout jeune et j’allais à lui la tête bouillonnante de questions. J’ajoute sans aucune hésitation que tout ce que j’avais pu entendre à son propos s’avéra exact. Nous séjournâmes relativement longtemps au monastère et à l’issue de ce séjour, j’étais convaincu de la sainteté et de la puissance d’âme de ce geronda d’éternelle mémoire. Nous nous entretînmes souvent. Je me confessai auprès de lui. Quand arriva le moment du départ, un événement me surprit très fort. Mais maintenant, il semble tout à fait compréhensible.
Geronda s’obstinait à chercher pour moi un certain encolpion, ce petit reliquaire que nous portons sur la poitrine, contenant l’image de Saint Nikon le Métanoïète (N.d.T.: Saint Nikon vécut au Xe siècle et il consacra sa vie à prêcher la repentance). Mais il ne parvenait vraiment pas à le retrouver. Je lui dis alors : «Geronda, ce n’est pas grave, donnez-moi autre chose». J’avais pitié de lui, il fouillait et retournait vraiment toutes ses affaires. Mais il me répliqua : «Non, c’est cet encolpion que je dois te donner!». Je lui demandai alors : «Est-ce si important ?». Il finit par le retrouver et me le donna en disant : «Prends-le et prêche toujours le repentir». Je lui répondis : «Mais Geronda, je suis moine à la sainte Montagne, où donc prêcherais-je le repentir ?». Et il me répondit simplement : «Tu te souviendras de moi». Et aujourd’hui, je peux dire que c’était un signe qui m’était adressé. Des paroles très fortes. Je pense que ce qu’il m’a dit venait de l’Esprit Saint. Et outre cela, il y eut d’autres choses que je ne peux narrer ici.
La grâce de l’Esprit Saint était si fortement sur lui, que simplement en le rencontrant, en s’approchant de lui, il était impossible de ne pas sentir que cet homme n’était pas de ce monde, mais un saint accompli. Le lendemain de notre arrivée, lorsque nous avons célébré la liturgie (j’étais alors jeune diacre), Père Philotheos se trouvait dans le sanctuaire, et il nous servait comme si nous étions les petits enfants du prêtre, avec tant de simplicité, d’humilité et de piété. J’en fus profondément  impressionné. Ensuite, quand j’ai eu l’occasion de le rencontrer seul à seul, il m’a rapporté plusieurs épisodes de sa vie, qui jalonnèrent son chemin spirituel. Je vais vous en raconter deux dont je me souviens particulièrement.
A cette époque, le Père Philotheos avait le front bandé et il me demanda en le touchant de son doigt, tout en souriant : «Vous savez ce que c’est?». Je répondis : «Vous avez dû heurter quelque chose, Geronda». Et il me dit : «Effectivement, et je vais vous raconter comment cela s’est passé. Pendant toute une semaine, le soir, lors de la prière dans ma cellule, le diable est venu, sous sa forme visible, et il me disait : «Je vais te tuer! Je vais te tuer!». Mais je lui ai répondu : Si Dieu t’accorde ce pouvoir, alors, vas-y, tue-moi. Rien ne t’en empêche. Maintenant, je suis déjà un vieil homme. Fais donc ce que tu veux. C’est pour moi une excellente occasion de m’en aller plus rapidement de cette vie!». Ainsi, au moment où je me trouvais devant la porte de ma cellule, soudain, d’une façon tout à fait incompréhensible pour moi, une force m’a poussé, je suis tombé et mon front a heurté le seuil en briques. Mais Gloire à Dieu! Il n’a pas permis que le diable me tue». Dieu a rendu possible ce petit événement afin de montrer la férocité de la haine qu’éprouve le diable envers cet homme. Il en va souvent ainsi dans la vie des ascètes. Ils font l’expérience d’attaques évidentes du diable pour que les choses soient claires : la lutte ne se mène pas seulement contre des pensées et des fruits de l’imagination, mais contre des êtres spirituels qui s’insurgent et s’attaquent aux hommes qui s’efforcent de vivre en Christ.
dimitri-myroblyteAprès avoir raconté cette histoire, il s’intéressa à l’endroit où j’étudiais. «A Thessalonique, Geronda», lui répondis-je. Et il me demanda alors si j’aimais Saint Dimitri. Je lui dis alors «Évidemment, Geronda, j’aime Saint Dimitri et tous les Saints». Et il répliqua : «Non, aime-le particulièrement fort! Je vais te raconter ce qui m’arriva, alors que j’étais encore jeune». Un jour, le Père Philotheos, encore jeune donc, voulut se rendre au Mont Athos. A Thessalonique, les Turcs s’emparèrent de lui et l’emprisonnèrent à la Tour Blanche. Sa situation devint dramatique ; les Turcs voulaient le mutiler et le tuer. Mais il fut miraculeusement sauvé par Le Saint Mégalomartyr Dimitri, qui apparut aux Turcs sous l’aspect d’un officier. Mais ce n’est pas tout. Le Père Philotheos fit alors une promesse à Saint Dimitri : il viendrait chaque année le 26 octobre, jour de la fête de Saint Dimitri, célébrer la Liturgie dans la Basilique Saint Dimitri à Thessalonique. Une dizaine d’années avant que je ne rencontre Geronda, les intempéries qui s’abattirent sur Paros à la fin octobre furent telles que les bateaux ne pouvaient prendre la mer. Aucun d’entre eux ne quitta le port. Le Père Philotheos ne put quitter l’île pour rejoindre le Pirée et, de là, Thessalonique afin d’accomplir sa promesse et satisfaire son souhait : participer à la fête de Saint Dimitri dans son église. Il demeura donc au monastère, très attristé. Après avoir célébré l’office des Vêpres dans le catholicon du monastère, le Père Philotheos se retira dans sa cellule, peiné et déprimé. Il s’assit sur la chaise et se mit à prier : «Saint Dimitri! Hélas, je ne peux accomplir ma promesse. Je t’en prie, pardonne-moi et souviens-toi de moi». Et soudain, il réalisa qu’il se trouvait, avec son corps sous sa forme habituelle, dans l’église de Saint Dimitri ; il avait instantanément été transporté de façon inexplicable de Paros à Thessalonique. Il salua tous ceux qui se trouvaient déjà là, sans leur expliquer ce qui venait de lui arriver. Tous savaient qu’il venait chaque année, et personne ne s’étonna de le voir avec eux. Il participa aux Vêpres, passa la nuit à Thessalonique et le lendemain matin, participa à la Liturgie. Lorsque les célébrations prirent fin, le Père Philotheos s’en retourna à Paros. Au monastère, les moines étaient plongés dans l’inquiétude car la porte de sa cellule était fermée à clé de l’intérieur et ils pensaient qu’il était mort. Je me souviens que lors de notre entretien, je lui ai alors demandé : «Père Philotheos, comment êtes-vous retourné?». J’imaginais qu’il était reparti de Thessalonique de la même façon qu’il y était arrivé. Il me répondit : «J’ai pris le bateau. Pour y aller, Saint Dimitri m’a transporté à travers les airs, mais pour retourner, j’ai dû me débrouiller». Les pères du monastère étaient tellement inquiets de ce que la porte soit fermée de l’intérieur qu’ils la brisèrent pour entrer, mais ils ne trouvèrent pas Geronda à l’intérieur. Dans cet événement, la grâce donnée à Geronda se manifesta avec une force particulière. Mais il en va ainsi avec tous les gerondas. La grâce de l’Esprit Saint se manifeste de bien des façons, selon les besoins des membres de l’Église et en fonction de la perception et de la compréhension qu’ils ont de Dieu.
Nombreux sont les hommes et femmes liés à Geronda Philotheos, particulièrement à Thessalonique, où nous étudiions. De nombreux étudiants et beaucoup de familles entrèrent en contact avec lui et ont bien des choses à raconter. J’ai connu personnellement un militaire qui s’appelait Kalkandis. Geronda Philotheos l’a guéri, en priant Saint Nectaire, qui fut son père spirituel, alors décédé. Kalkandis était paralysé, depuis bien des années, et les médecins affirmaient qu’il ne pourrait plus jamais marcher. Quand il fut guéri par les prières du Père Philotheos à Saint Nectaire, Kalkandis fit appeler ces mêmes médecins et devant leurs yeux, il marcha jusqu’à l’église de l’hôpital. Cet homme avec qui j’avais accompli quelques missions m’emmena un jour en voiture et me raconta l’événement. Le Père Philotheos l’avait découvert, alité et malade, dans une maison. Alors qu’il passait devant celle-ci, Geronda Philotheos entendit une voix venue du ciel lui dire : «Entre dans cette maison et parle avec l’homme!». «Comment cela? Entrer dans cette maison? Et pour dire quoi?» La voix continua : «Entre! Tu trouveras l’homme». C’est ainsi que cela se passa ; Saint Nectaire, le père spirituel de Geronda Philotheos l’avait voulu ainsi.
1109nectaire-egine-icone-russeGeronda racontait aussi que lorsqu’il vint à hésiter, ne sachant dans quel monastère il devait aller, il voulut entendre Saint Nectaire et se rendit à Égine pour lui parler. Ils tinrent de longs entretiens. Le Père Philotheos se confessa à plusieurs reprises pendant son séjour à Égine, et Saint Nectaire lui conseilla d’entrer au Monastère de Longovarda. Cette idée ne réjouissait guère le Père Philotheos; il se disait: «Pourquoi donc dois-je aller sur une île, pourquoi Paros? Je préférerais de loin la Sainte Montagne». Il s’adressa à Saint Nectaire, lui disant : «Geronda, s’il te plaît, donne-moi ta bénédiction pour aller sur l’Athos. Je pense qu’il serait mieux pour moi d’aller à la Sainte Montagne plutôt qu’à Longovarda». Saint Nectaire lui répondit : «Fais comme tu veux, mais sache que si tu essaies d’aller à la Sainte Montagne, tu n’arriveras pas jusque là et tu seras forcé de faire demi-tour». Mais le Père Philotheos ne se laissa pas convaincre par ces paroles. Il se mit en route pour le Mont Athos et survint alors cet épisode que j’ai déjà évoqué, au cours duquel il se fit emprisonner dans la Tour Blanche par les Turcs qui avaient l’intention de le tuer». Après avoir été délivré par Saint Dimitri, il fut  bien obligé de se conformer à la recommandation de Saint Nectaire.
L’activité du Père Philotheos fut incessante. Il fit partie de cinq patriarcats orthodoxes. Des milliers de gens venaient se confesser auprès de lui, des évêques, des membres du gouvernement, des acteurs sociaux importants. Il fut l’un des grands spirituels de notre époque en Grèce. Il n’avait reçu aucune formation particulière, c’était l’Esprit Saint qui l’éclairait. Ses livres et ses lettres revêtent une grande importance.
geronda-philotheos-zervakosA propos de ses lettres, il me raconta qu’il vint jadis à être taraudé par l’idée d’écrire une lettre, en sa qualité de confesseur connaissant bien le cœur de milliers de gens, au Président de la République de Grèce, pour attirer l’attention de celui-ci sur la direction que prenait la Grèce. «Mais je pouvais écrire la lettre, c’était une chose. Une autre consistait à savoir comment la remettre au Président. Comment la lui transmettre? Et puis, la lirait-il? Pourquoi saurait-il qui je suis?…» Mais, la grâce de l’Esprit Saint le convainquit, au plus profond de son âme, d’écrire cette lettre. Et il finit par le faire. Une fois la lettre écrite, il la relut et se dit «Mais qui suis-je donc pour que cette lettre parvienne à un tel homme?». Il se fait qu’en ces jours-là, une moniale séjournait au monastère. Et elle vint dire au Père Philotheos : «Geronda, en bas, une dame vous attend. C’est l’épouse du Président de la République; elle est accompagnée de son fils. Ils veulent vous voir». Il les reçut sur le champ et leur remit la lettre. Et le Président la lut. Voilà comment le Seigneur résolut la question de la transmission de la lettre. Et le Président prit très au sérieux l’avis qui lui était proposé, et cela lui permit de prendre de justes décisions.
Sur l’île de Paros, tout le monde aimait beaucoup le Père Philotheos. Sa présence était importante au point où chacun voyait en lui son propre père et un véritable saint. Geronda me parla avec insistance du Mystère de la Confession, de la conversion et du repentir, et de la grande importance pour l’homme de vivre dans l’Église, de prendre part à la Sainte Eucharistie et de se confesser. Il y revenait encore et sans cesse, s’appuyant sur sa propre expérience. Il disait : «Si l’homme aspire de toutes ses forces à ces deux mystères, la confession et la Sainte Communion, je garantis qu’il réussira à atteindre le Divin». C’est dans cette voie qu’il orientait tous ceux et celles qui venaient à lui pour se confesser.
Traduit du russe.

Métropolite Athanasios : A propos de Geronda Joseph l’Hésychaste

COE Métropolite AthanasiosLe Métropolite Athanasios de Limassol partage, dans son livre «Le Cœur Ouvert de l’Église», publié en 2016 par les Éditions du Monastère de la Sainte Rencontre à Moscou, l’immense trésor de l’expérience spirituelle qu’il a accumulée au cours des six décennies de sa vie, dans sa prière, au contact de ses frères et sœurs en Christ, et surtout auprès des saints de notre Église qu’il a eu la grâce de rencontrer. Dans le texte ci-dessous, Monseigneur Athanasios présente Geronda Joseph l’Hésychaste, il s’agit de la traduction des pages 17 à 23 du livre précité.
Geronda Joseph l’Hésychaste est un saint homme qui joue un rôle important en ces temps modernes. Sa présence sur la Sainte Montagne où il vécut constitue pour l’Église un trésor inestimable. Geronda Joseph l’Hésychaste fut le geronda de mon geronda, Joseph de Vatopedi ; il est notre ‘grand-père spirituel’ comme on dit dans le langage monastique.
geronda-joseph-lhesychasteCe grand Saint qui vécut sur l’Athos naquit sur l’île de Paros au début du siècle passé. Quand l’Ancien Joseph était encore bébé, à l’heure de la prière, sa mère, qui était une sainte femme (plus tard elle reçut, elle aussi, la tonsure monastique) eut la grâce d’une vision angélique. L’ange apparut dans la pièce, avança vers l’enfant et se mit à le démailloter, afin de l’emporter. La mère lui demanda «Mais que fais-tu ? Tu veux enlever mon bébé?» L’ange répondit «Oui j’emmène le bébé avec moi. C’est un ordre d’en haut». Il lui remit alors une médaille en or et partit avec l’enfant. Ce fut une prémonition du futur chemin emprunté par l’ancien.

Geronda Joseph en 1930
Geronda Joseph en 1930

Quand le futur geronda grandit, il déménagea à Athènes. Il y travailla et pratiqua la boxe, car physiquement, il était très costaud. A environ vingt  ans, suite à la lecture de la vie des saints, il décida de se consacrer à Dieu. Ayant entendu parler de la Sainte Montagne, il se proposa d’y aller. Toutefois, avant de réunir les conditions lui permettant de mettre son projet à exécution, et de trouver un moyen de s’y rendre, il avait commencé à mener une vie ascétique, jeûnant sévèrement et participant aux vigiles, offices et liturgies nocturnes qui étaient habituels à cette époque à Athènes. Il alla jusqu’à s’établir au sommet d’un arbre, à l’image des stylites ; il avait lu leurs vies et dans son zèle d’adolescent, il était convaincu qu’il devait les imiter. Il finit par faire la connaissance d’un moine de la Sainte Montagne, et partit avec lui pour l’Athos.
Dès son arrivée, il se lança au plus profond de la Sainte Montagne, dans le désert, où il devint novice auprès d’un ancien très simple et brûlant de zèle. A cette époque, le futur geronda Joseph se lia avec le Père Arsenios, un homme bon, natif du Pont.

Geronda Joseph et Geronda Arsenios
Geronda Joseph et Geronda Arsenios

Jeunes moines, ils n’avaient pas de lieu de vie fixe et voyageaient sur l’Athos, s’installant là où ils arrivaient, d’habitude dans des monastères proches du sommet de l’Athos, à proximité de la Grande Laure. Ils allaient de grotte en grotte, d’église en église, pratiquant l’ascèse de la prière ininterrompue. Ils se nourrissaient d’environ 80 grammes de pain sec par jour, et buvaient de l’eau. Rien de plus. En chemin, le Père Joseph interdisait au Père Arsène de discuter afin de pratiquer la prière sans s’interrompre. L’ancien menait un combat dépassant les forces humaines. Pendant huit ans, il fit l’expérience d’attaques féroces des démons, souffrant le martyr jour et nuit. Il endurait la lutte spirituelle dans la douleur et les larmes, le jeûne le plus strict et les veilles nocturnes en prière. Pendant les huit années de cette effroyable lutte, il ne dormi pas une seule fois dans un lit ; il restait assis sur un petit banc et sommeillait en priant. Au bout de ces huit années, la lutte prit fin et la paix s’installa en son cœur.
Dans les moments où Geronda endurait ces attaques démoniaques, le Seigneur le consolait en le visitant de sa grâce. Une nuit, alors que Geronda était plongé dans ce terrible combat, il en vint à n’être plus capable de se tenir debout. Le désespoir le saisit et il se mit à pleurer, criant : «Seigneur une guerre pareille ne va-t-elle pas briser toute volonté humaine?» Il pleurait car il n’avait plus de force en lui. Il entendit alors une voix lui disant : «N’est-ce pourtant pas pour Mon Amour que tu endures tout cela?» Et instantanément, il reçut force et patience. Une autre fois, la veille d’une grande fête, Geronda (qui à cette époque ne participait pas aux offices des fêtes afin de ne pas interrompre sa prière), seul dans sa kaliva, priait en pleurant de ne pouvoir ni participer à la liturgie ni communier. Il priait en son cœur et soudain, comme il le décrit lui-même, l’endroit où il se trouvait fut illuminé et un ange apparut avec la Saint Coupe, lui dit : «Avec crainte de Dieu, foi et amour, approchez!», puisa dans le Saint Calice une parcelle du Corps du Christ et lui offrit la communion. Ceci signifie donc que Geronda a reçu la Saint Communion des mains d’un ange !
Une autre fois, lors de la Théophanie, il veillait et priait quand la Sainte Trinité lui apparut. Geronda reçut la visite de trois jeunes adolescents, âgés de pas plus de dix ans, de même taille, au même visage, aux mêmes vêtements. Geronda était stupéfait et ne pouvait détacher son regard de cette vision. Tous trois le bénirent en même temps et chantèrent «Vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ, Alléluia!».

Une nuit, ce fut la Très Sainte Mère de Dieu elle-même qui vint rendre visite à Geronda dans sa chapelle dans la grotte, alors qu’assailli par les afflictions et les tentations, il pleurait et suppliait la Très Sainte Mère de Dieu de lui venir en aide. La Mère de Dieu se tint alors devant lui, avec l’Enfant Jésus dans ses bras, et elle lui parla : «Ne t’ai-Je pas dit de mettre ton espoir en Moi ? Pour désespères-tu?» Geronda tomba à genoux et se remit à pleurer.  Alors, la Mère de Dieu lui dit : «Mets ton espoir en moi et ne perds pas courage. Et maintenant, viens, et prends le Christ». Et Elle lui donna l’Enfant. Geronda tremblait tellement et était si troublé qu’il n’osait prendre l’Enfant. Et c’est alors le Christ Lui-même qui quitta les bras de Sa Mère et vint sur les bras de Geronda, le regardant à trois reprises. Depuis ce jour, l’endroit où la Mère de Dieu se tint et parla à Geronda Joseph est saturé d’un parfum merveilleux, et ce, bien que Geronda soit mort depuis longtemps et que ces lieux soient inhabités. Je souhaite souligner que toute la grâce que portait Geronda, de même que son don de la prière du cœur ininterrompue, il les reçut de la Très Sainte Mère de Dieu.
Geronda Joseph décéda à l’âge de soixante et un an. Quelques semaines avant sa mort, il fut averti de ce que sa vie sur terre touchait à sa fin. Ce fut à nouveau la Mère de Dieu qui vint à lui et dit «Je vais te prendre avec Moi le jour de Ma fête». Geronda s’attendait donc à mourir le jour de la Dormition de la Mère de Dieu. Et effectivement, sa santé se mit à décliner progressivement. Il se rendit pour la dernière fois aux offices de la fête de la Dormition et chanta avec les moines. Au moment de communier, il dit : «Comme viatique pour la Vie éternelle» (N.d.T. Première prière de Saint Basile le Grand dans le Canon de la Sainte Communion). Ses derniers mots furent : «Tout est terminé, je m’en vais. Je pars. Bénissez». Et il remit son âme entre les mains de Celui auquel il aspirait depuis sa jeunesse. Les hommes de Dieu possèdent un certain pouvoir, pendant leur vie et après leur mort, dans la mesure où leur vie surpasse les possibilités humaines. Ils atteignent la vie de l’autre monde, le monde de la grâce. Après la mort de Geronda, il se produisit de nombreux événements, des miracles et des apparitions, témoignant de la sainteté de cet homme.

Il est notre grand-père spirituel ; demandez sa prière, il fait preuve d’une grande audace devant Dieu. Il est extraordinaire que Geronda ait annoncé qu’à travers quatre de ses disciples, la sainte Montagne toute entière allait se remplir de moines. Aujourd’hui, à partir des graines semées par Geronda Joseph l’Hésychaste, ont germé plus de sept cents moines et moniales. Vingt monastères aux États-Unis, six sur l’Athos et de nombreux autres en Grèce et à Chypre considèrent Geronda Joseph comme leur ancêtre-fondateur spirituel.
geronda-joseph-fraterniteIl est possible de décrire en quelques mots l’enseignement de Geronda. En premier lieu, en ces temps d’errements théologiques et de déchéance spirituelle, Geronda a restauré les fondements de l’enseignement de la prière du cœur. La notoriété dont jouit aujourd’hui dans le monde la prière du Cœur, la prière de Jésus «Seigneur Jésus Christ, aie pitié de moi», nous en sommes redevables à Geronda Joseph et à ses disciples, Geronda Ephrem de Philotheou (N.d.T. On l’appelle plus couramment de nos jours Geronda Ephrem d’Arizona), Geronda Joseph de Vatopedi, Geronda Charalampos et Geronda Ephrem de Katounakia. Tous ont enseigné la prière de Jésus tant aux moines qu’aux laïcs. Par ailleurs, Geronda Joseph l’Hésychaste parlait de la nécessité de revenir à la communion fréquente aux Saint Mystères du Christ. Certains théologiens considèrent que la communion fréquente est une hérésie. Un des succès de Geronda fut le retour des moines et des laïcs à la communion fréquente.
Le trait le plus caractéristique de Geronda et de son ascèse consista en ce qu’il conserva toujours le zèle de ses débuts. Du premier jour où il posa le pied sur le sol de la Sainte Montagne jusqu’à son dernier souffle, il préserva un zèle inextinguible. Jamais il ne se laissa aller au moindre compromis avec le péché, avec la transgression de la volonté divine. Geronda Sophrony (Sakharov) d’Essex connut Geronda Joseph, et il racontait que la première fois qu’il le vit, Geronda Joseph lui donna l’impression d’être en guerre. Il était un homme tellement courageux qu’il ne reculait devant rien. Une âme aussi puissante, on la distingue immédiatement, même en regardant seulement une photo de lui.
Les Saints de notre Église ne sont pas morts. Ils vivent. Ils sont autour de nous, tout près, et ils nous soutiennent. Je souhaite que leurs prières nous accompagnent et nous protègent tous.
Traduit du russe.

Qui est le Métropolite Athanasios de Limassol?

COE Métropolite AthanasiosLe texte ci-dessous est la traduction de l’introduction remarquable (pages 4 à 14), rédigée par Athanasios Zontakis, du livre intitulé «Le Cœur ouvert de l’Église», publié en 2016, en russe, par les Éditions du Monastère de la Sainte Rencontre (Сретенский монастырь) à Moscou. Le Métropolite Athanasios est l’un des prédicateurs les plus connus dans l’Église Orthodoxe grecque contemporaine. Il a connu de nombreux gerondas et ils l’ont nourri de leur tradition spirituelle. Nonobstant les obligations dues à son rang archiépiscopal, le Métropolite Athanasios continue aujourd’hui encore à confesser et à dispenser la guidance spirituelle. Depuis de nombreuses années, il s’entretient familièrement avec son troupeau, ce qui lui assure un grand succès, particulièrement auprès des jeunes. En Grèce et ailleurs, les entretiens avec le Métropolite font régulièrement l’objet d’enregistrements. Le présent livre est le premier recueil d’entretiens du Métropolite Athanasios qui soit publié avec sa bénédiction. Certains entretiens furent transcrits à partir d’enregistrements et d’autres proviennent du journal de la Métropole de Limassol, «Paraklisis». Read more

Le Monastère de la Panagia Palianis.

paliani_680_1Le Saint Monastère stavropégique de la «Panagia Palianis» est situé dans l’environnement pittoresque de la municipalité de Paliani, (à une vingtaine de kilomètres au Sud d’Heraklion, sur la route de Mires) au sommet d’une colline d’une altitude de 280 m. Il ne s’agit pas d’une communauté cénobitique, mais idiorythmique ; les moniales qui y vivent doivent vivre de leur travail. Elles brodent des pièces d’étoffe et des couvertures et proposent une exposition permanente de leurs travaux de tricot et de broderie. L’église comporte trois nefs et constitue un vestige du plus ancien monastère de Crète, érigé au cours de la première période byzantine.

Quelques éléments d’Architecture du Monastère.
La fête de la dédicace du monastère est célébrée le 15 août, jour de la fête de la Dormition de la Mère de Dieu. La nef centrale de la basilique est dédiée précisément à la Dormition de la Theotokos. La nef Sud est dédiée aux trois Saints Hiérarques et la nef Nord à Saint Panteleimon. A cette dernière est accolée la chapelle des Saints Apôtres. La nef centrale est la plus grande ; une voûte cylindrique la surmonte, tandis que les nefs latérales, plus petites, sont surmontées de voûtes en quart de cercle. Les nefs sont séparées par des colonnes de marbres aux chapiteaux byzantins ornés de feuilles d’acanthe. Deux des chapiteaux sont en marbre byzantin. Un troisième chapiteau de l’époque a été conservé et se trouve dans la cour. Le linteau de l’entrée du narthex est lui aussi en marbre ancien, et il est sculpté d’un relief représentant l’Annonciation à la Mère de Dieu. D’autres éléments en marbre ancien sont intégrés dans diverses parties de l’édifice et on peut observer des dalles de ce marbre dans la cour. En outre, quatre de ces chapiteaux forment la base de la Sainte Table. Portant un monogramme cruciforme, l’un d’eux remonte à la première période byzantine de l’île. Les cellules des moniales DSCF2392_optont été construites à l’aide de toutes sortes d’éléments architecturaux anciens, frises, corniches, colonnes, etc… L’église s’élève au centre du monastère et tout autour ont été construits les locaux communs et les cellules monastiques. L’entrée du monastère se trouve dans la partie occidentale du complexe d’édifices. L’ancienne entrée en pierres fut démolie vers 1970 et remplacée par une nouvelle, en béton. Un monastère de moniales doit être un endroit sûr et isolé. Le personnel non religieux et les visiteurs demeuraient dans la zone située avant l’entrée de sorte que lorsque celle-ci était fermée, elle assurait un lieu de séjour isolé aux moniales. Les interventions opérées au cours des dernières années ont fortement altéré l’aspect du complexe d’édifices. Les cellules des moniales ne doivent toutefois guère différer des maisons crétoises typiques du siècle dernier, sauf en ce qu’elles doivent être adaptées aux exigences de base de la vie monacale.

Quelques éléments d’histoire.
L’histoire ancienne. Il s’agit du plus ancien monastère encore en fonctionnement sur l’île de Crète. Sa fondation remonte au IVe siècle. Il fut érigé en un lieu occupé par un temple ancien, sans doute dédié à la déesse Athina. Le P. Faure situe dans cette zone l’antique cité d’Apollonia, dont le nom du monastère représenterait une déformation.
La première période byzantine. En 668, Vitalien, Pape de Rome, envoie à Paul, Archevêque de Crète, deux missives relatives au règlement de certaines questions d’ordre administratif dans l’Église crétoise. Il y est déclaré, entre autres, que les monastères ‘Palaia’ et ‘Arsilli’ doivent retourner sous la juridiction de l’Évêque de Lappa. Cette missive documente donc l’existence du Monastère de Paliani dès le VIIe siècle. Et il était donc déjà considéré comme ancien (palea) à cette époque. Il a vraisemblablement conservé cette appellation d’où découle le nom actuel : ‘Paliani’. Par ailleurs, les chapiteaux byzantins et autres vestiges architecturaux appuient la thèse selon laquelle l’actuelle église était au départ une basilique paléochrétienne à trois nefs dont les vestiges sont intégrés dans l’édifice contemporain.
Arabocratie. Seconde période. On ne sait rien de l’histoire du monastère durant la période arabe (824-961) ; on suppose qu’il continua à fonctionner. Après la reconquête de la Crète par les Byzantins, il semble que le monastère connu un nouvel essor. Entre 961 et 1024, on a des raisons de supposer qu’il devint un des monastères les plus riches appartenant au Patriarcat Œcuménique de Constantinople ; il dépendait directement du sommet de l’Empereur et disposait de ce fait d’une fortune immense et de vastes propriétés, surtout dans le centre de la Crète.

Vénétocratie. En 1211, la Crète devint possession Vénitienne. Le Monastère de Paliani demeura sous la juridiction du Patriarcat de panagia palianisConstantinople jusqu’en 1304. Toutefois, en raison de ses nombreuses propriétés, il attira l’attention du clergé latin de Crète. Un document daté de 1248 détaille l’ensemble des propriétés foncières détenues par le monastère en ‘tempore Graecorum’. Par décision du Pape Clément IV, le monastère fut placé sous la juridiction de l’archevêque latin de Crète, en dépit de la résistance offerte par le Patriarche. Commença alors un long conflit auquel il fut mis un terme en faisant passer le monastère sous la juridiction du Doge de Venise, en 1323. Pendant les derniers siècles de la domination vénitienne, le monastère comptait vingt à trente moniales, et, fonctionnant normalement, il parvint à préserver ses importantes richesses. Et on sait que déjà à cette époque il s’agissait d’un monastère de moniales. C’est de cette période que daterait la superbe icône de la Mère de Dieu de Paliani, intégrée dans l’iconostase de l’église du monastère. L’icône est considérée comme étant vraisemblablement la plus ancienne icône de la Mère de Dieu en Crète.
La Turcocratie. L’invasion turque en Crète (1645-1669) sonna la fin d’une longue période, et aussi celle de la domination des catholiques sur les monastères. Les riches propriétés furent usurpées par les envahisseurs et distribuées aux hauts fonctionnaires turcs. Un document patriarcal, daté de 1781, indique que le monastère dépend alors de l’évêque de Cnossos. Jusqu’en 1821, le monastère était célèbre pour son artisanat. Les données en notre possession permettent de supposer qu’il ne possédait plus de propriétés foncières, et que les moniales pratiquaient l’artisanat. Le 24 juin 1821, la «grande bagarre» (N.d.T. : αρμπεντές, du turc ‘arbedes’. Épisode de résistance violente, écho crétois du soulèvement de 1821 en Grèce) s’étendit à partir d’Héraklion vers la Province de Melevizi. Les Turcs envahirent le monastère, massacrèrent 70 moniales et détruisirent les vases sacrés, le polyeleos, les icônes et les veilleuses avant d’incendier les lieux. Trois moniales seulement en sortirent vivantes. L’une d’entre elles, Parthenia Neonaki du village de Miamou Kainouriou,  entreprit de faire reconstruire l’église, de 1826 à 1840. Lors du séisme de 1856, le monastère subit des dommages et les réparations engendrèrent des modifications à la forme originale de l’église. En 1866, le

Mihalis Korakas
Mihalis Korakas

Capitaine Mihalis Korokas trouva refuge à Paliani, après avoir tué le terrible Turc Aliko et il obtint les armes nécessaires pour lancer son mouvement révolutionnaire. Cette année-là, pendant la Révolution Crétoise, malheureusement, le monastère fut de nouveau détruit par les occupants turcs. Malgré les difficultés, les moniales réussirent à reconstruire l’église, qui fut inaugurée le 15 août 1872 par le Métropolite de Crète. Tous les Chrétiens de Crète participèrent à l’effort de reconstruction de l’église ainsi qu’à la résolution des problèmes financiers du monastère. Des collectes de fonds furent organisées, jusqu’au sein de la florissante communauté grecque en Égypte. Dans les dernières années du XIXe siècle, le monastère parvint à mieux s’organiser ainsi qu’à acquérir vignes et oliveraies. Mais les épisodes révolutionnaires se succédaient et tout cela occasionna grands dégâts et tourments au monastère. Comme il se trouve à côté de la route de Messara, il fut une cible facile pour les pillards ottomans et l’armée turque régulière.
L’époque contemporaine. Au début du XXe siècle, les problèmes économiques continuèrent, mais le nombre des moniales se mit à augmenter,

Entrée du Monastère en 1927
Entrée du Monastère en 1927

pour atteindre 65 en 1930 et 85 en 1942. Le monastère compte actuellement 25 moniales, dont la majorité est très âgée. Au cours des dernières années, dès projets visant à faciliter le confort de vie ont été entamés, mais ils ont malheureusement altéré la physionomie originale du monastère. Paliani est l’un des monastères les plus fréquentés en Crète. Depuis dix an, un musée tout à fait remarquable est ouvert et expose des icônes, des reliques ainsi que des livres de grande valeur historique et archéologique. Divers travaux d’entretien et de restauration du monastère sont en cours actuellement.

Le Myrte sacré.
Le ‘Myrte Sacré de Paliani’ joue un rôle majeur dans la tradition et la dévotion au Monastère de Paliani. Un énorme arbre dont l’âge est estimé à 1600 ans se dresse dans la cour, au Sud-est de l’église, à côté d’une source qui existe depuis toujours et que les moniales nomment ‘kavousi’ (N.d.T. ‘source’ en dialecte crétois). Une icône de la Panagia se trouve à l’intérieur de cette iconostase très particulière que constitue le tronc de ce myrte, qui en devient porteur de la grâce de la Mère de Dieu et est constamment illuminé par une veilleuse.
Panagia MyrtidiotissaConformément au souhait des moniales, la cérémonie de la fête du ‘Myrte Sacré’ a lieu séparément de celle de l’église du monastère. C’est donc le 24 septembre qu’est célébrée la ‘Panagia Myrtidiotissa’. Il s’agit en Crète de l’unique lieu où l’on vénère la Panagia Myrtidiotissa. Ailleurs en Grèce, à Cythère par exemple, on l’y célèbre à cette même date, séparée de la fête de la Dormition par  quarante jours. De façon très typique, pour la bénédiction de l’Artos, qui se déroule au pied de l’arbre, c’est un des antiques chapiteaux provenant de la basilique paléochrétienne qui fait office de table. Les branches inférieures de l’arbre sont dépouillées de leurs Paliani chapiteau tablefeuilles de façon systématique par les pèlerins de Paliani qui les gardent sur eux en guise de bénédiction ou les accrochent à leur iconostase domestique.
Le myrte sacré de Paliani est le centre d’un culte particulier pendant la période autour de la Dormition de la Mère de Dieu. A cette période, chaque soir, les moniales viennent y prier. Il s’agit là d’un rituel à la signification particulière dans la tradition orthodoxe. Chaque moniale estime, à titre individuel, que cette prière à la Panagia du ‘Myrte Sacré’ fait partie de ses obligations. On observe également, suspendus aux branches du myrte, de très Myrtia_optnombreux ex-voto, et même, déposées contre le tronc, béquilles, cannes et prothèses devenues inutiles après la guérison obtenue. « Innombrables sont les miracles de notre Panagia de Paliani, Elle à qui Dieu fait faveur de Sa Grâce », sous cet arbre, des possédés furent délivrés, des aveugles ont retrouvé la vue, des hommes et femmes ont retrouvé l’usage de membres paralysés, et nombreux sont ceux et celles que torturaient de graves maladies qui ont trouvé la guérison à cet endroit. C’est ce dont témoigne la Gerondissa de la communauté, Theopisti, arrivée au monastère de Paliani en 1942 et âgée aujourd’hui de près de 90 ans. Elle ajoute encore «Le Saint Myrte est une bénédiction spéciale pour notre monastère historique. Nous avons cette pieuse tradition consistant à enlever de petites branches sèches du myrte sacré et à y sculpter de petites croix que nous distribuons aux pèlerins en guise de bénédiction ». Et elle termine : «La Très Sainte Mère de Dieu accorde aux femmes stériles la grâce de la fertilité. Les femmes prennent la mèche de Sa veilleuse, et quand, après, la mèche apparaît quelque part sur leur corps, cela veut dire qu’elle auront un enfant». [N.d.T. Gerondissa Theopisti est décédée le 03 février 2017. Puissions nous continuer à bénéficier de ses prières et intercessions. Gerondissa Theotimi est maintenant la nouvelle higoumène.]

Texte traduit du grec à partir des sources suivantes et adapté après plusieurs visites au monastère. Sources 1,2,3.
Crédit pour la majorité des photos.

Saint Myron de Crète, le Thaumaturge.

agios%20myrwn%20-%20ekklisiaLe bourg d’Agios Myronas, situé à environ 20 km au Sud d’Héraklion, se retrouve au centre de l’intérêt religieux pendant deux jours chaque année ; tout y est alors  dédié à la célébration de la grâce du Saint Père, qui a lieu le 8 Août et attire des dizaines de milliers de pèlerins venus de toute la Crète et même de Grèce.

Toute l’année se déroulent des préparatifs autour de l’église pour accueillir les milliers de pèlerins qui s’y presseront les  7 et 8 Août pour rendre grâce, allumer un cierge, vénérer les reliques et l’icône merveilleuse, mais aussi puiser à la source d’Agiasma, l’eau sainte, qui s’écoule depuis des siècles dans le petit ermitage du Saint, situé au pied de l’église qui abrite le tombeau  et les reliques de Saint Myron. Les Vêpres commencent à 19h30 le 7 Août et sont suivies à 22h le soir par les Saintes Vigiles, selon le typikon du Mont Athos. Le 8 août  à 7h on chante l’Orthros et la Divine Liturgie. Suit alors la procession des reliques et de l’icône du Vénérable Saint à travers les rues du centre de la petite ville, sous la conduite, ces dernières années, de Son Éminence Irénée, Archevêque de Crète.(…)

La Vie de Saint Myron

DSCF24100Cette fête est l’occasion de se remémorer quelques éléments et aspects de la vie du Saint. Celui-ci naquit au village de Rafkos, qui reçut plus tard l’appellation d’Agios Myronas. Saint Myron naquit environ en l’an 250, sous le règne de l’Empereur Dèce. Il est mort à peu près en 350. Il accéda au trône épiscopal de Gortyne entre 320 et 330. La tradition semble divisée quant à la question de savoir s’il devint évêque de Gortyne, c’est-à-dire Primat de toute la Crète, ou s’il fut tout simplement évêque de Cnossos. Les textes anciens le désignent en effet en qualité d’évêque de Gortyne et de Crète, alors que les textes plus récents le présentent comme évêque de Cnossos. Il est vraisemblable que nous devions retenir le témoignage de la biographie la plus ancienne, texte crédible du Xe ou XIe siècle, qui présente Saint Myron comme ‘Proèdros de Crète’, c’est-à-dire comme évêque de Crète (et donc de Gortyne). Pour ce qui concerne la tradition plus récente désignant Saint Myron comme évêque de Cnossos, elle naquit vraisemblablement en raison du transfert de l’ancien évêché de Cnossos vers Rafkos, c’est-à-dire Agios Myronas, au cours de la seconde période byzantine de l’île.
Tout jeune, l’enfant faisait montre d’une grande charité ainsi que de dons miraculeux, illustrés, à titre d’exemple par l’histoire des raisins et du vin.
La tradition rapporte qu’une année, le jeune distribua aux pauvres tout le raisin des vignobles de ses parents. Sa mère lui fit remarquer qu’après avoir trimé toute l’année dans les vignes, il ne leur restait pas de raisin pour faire le vin. S’abstenant de répliquer à sa mère, il dit seulement, de façon caractéristique : «Dieu veille sur nous, Mère!». Il se rendit à la vigne et trouva une seule grappe portant trois grains. Il la ramena à la maison et la mit dans un récipient. Immédiatement, le moût se mit à couler, et il s’écoula jusqu’à remplir les fûts de la famille et du village tout entier.
Lorsqu’il fut en âge, Myron devint agriculteur. Au cours de cette période de sa vie, il continua à aider autrui tant qu’il le pouvait, nourrissant ceux qui avaient faim, vêtant ceux qui étaient déguenillés, prenant soin des veuves et des orphelins, accueillant les étrangers et offrant aide aux nécessiteux.
Une autre fois, le Saint se rendit compte, un soir, que des voleurs étaient occupés à dérober du grain sur l’aire de battage, pensant que le propriétaire dormait. Un des voleurs, aidé d’un complice, hissa sur son épaule l’un des sacs qu’ils avaient remplis, et il s’enfuit. Mais le second n’avait personne pour l’assister et il s’efforçait en vain de soulever le sac. Le Saint se présenta et de ses propres mains, souleva le sac et le posa, en disant «Dieu te pardonne», sur l’épaule du deuxième voleur qui s’en alla stupéfait.
Ayant atteint l’âge de se marier, il épousa une jeune femme pieuse et fidèle. Celle-ci vint toutefois à mourir. Mais rien ne pouvait le distraire de sa dévotion à Dieu. Quotidiennement, il étudiait les Saintes Écritures, il observait le jeûne et une règle de prière, tout en poursuivant son œuvre de charité. Ses vertus le rendirent célèbre et il fut ordonné, tout d’abord lecteur, et en suite, prêtre.
Dans les années qui suivirent, les persécutions cessèrent, avec l’avènement de Constantin le Grand. Myron s’employa alors à la prédication de l’Évangile, non seulement par les paroles, mais surtout par ses œuvres et sa vertu. Sa réputation se répandit largement, et lorsque l’évêque mourut, le clergé, les archontes et le peuple se tournèrent vers Saint Myron et le prièrent de se charger de paître leurs âmes.
Ainsi, Myron fut ordonné Évêque de Crète, et revêtu de cette dignité, il poursuivit son travail de thaumaturge  et ses œuvres de charité.
Un jour, lors d’une de ses tournées dans la région, il dût traverser la rivière alors appelée Triton, aujourd’hui, Giofiro. Mais c’était l’hiver et le cours d’eau en crue débordait. S’approchant, il traça sur la rivière un signe de croix à l’aide de son bâton épiscopal, et en arrêta subitement le cours. Il la traversa, suivi par son entourage. Ayant remis son bâton à un diacre, il dit à celui-ci de tracer un signer de croix sur la rivière. Et celle-ci reprit son cours.
Saint Myron vécut jusqu’à un âge très avancé. On estime que sa dormition eut lieu alors qu’il avait environ cent ans. Il a ouvert la voie de la vie chrétienne à des centaines d’hommes et de femmes, depuis son époque jusqu’aujourd’hui.
agios%20myrwn%20-%20eikona%201881Les innombrables miracles qui lui sont attribués jalonnent non seulement sa vie terrestre, mais aussi les siècles qui nous séparent de son époque. Certains de ces miracles se déroulèrent pendant l’époque de la turcocratie. En 1826, les Turcs de ‘Megalo Kastro’ (Héraklion), marchèrent, sous le commandement d’Hassan Pacha, sur les villages de la Province de Malevizi. De nombreux habitants furent arrêtés, amenés au bourg d’Agios Myronas et enfermés sur le toit d’un immeuble à côté de l’église, les uns pour être emmenés à la ville le lendemain, d’autres pour être tués et d’autres encore, ‘turquisés’. Afin de prévenir toute fuite, une double garde fut instaurée pour la nuit. Pendant toute cette nuit, les prisonniers prièrent et invoquèrent l’aide du Saint. A minuit une lumière apparut dans le ciel et des langues de feu vinrent se placer au dessus de l’église. En même temps résonnait un vacarme assourdissant pareil aux déflagrations du tonnerre. Les Turcs pensèrent qu’ils étaient encerclés par l’armée des Chrétiens et cédant à la panique, ils s’enfuirent, alors que les villageois se précipitaient pour libérer les captifs qui remerciaient Saint Myron de les avoir sauvés.
En 1826, Hussein Agha, de Archanès, qui prit part à de nombreux massacres de Chrétiens, devint aveugle. Il n’avait trouvé ni mage ni médecin qui sache le guérir. Quand Hussein apprit que Saint Myron accomplissait des miracles, il demanda qu’on l’emmène au bourg. Il pénétra dans l’église et se prosterna devant le tombeau du Saint. Il demeura agenouillé pendant tout l’office. Et lorsque le prêtre lut l’Évangile, l’aveugle cria : «Gloire à Dieu et honneur au Saint Geronda ; je vois…! » Et effectivement, à la fin de la liturgie, l’Agha turc descendit à la grotte où le Saint mena son combat ascétique, et il y lava ses yeux avec l’Agiasma miraculeuse et il se sentit tout à fait bien. Dès lors, et jusqu’à son décès en 1859, il rendit très souvent visite au bourg et à l’église de Saint Myron, y apportant des dons.
Parmi les centaines de miracles recensés, un autre concerne la période de l’occupation allemande. A cette époque, le Sergent allemand Aifren faisait partie des soldats stationnés dans le bourg. Dans son sommeil, il vit Saint Myron qui lui promit de l’aider à retourner sain et sauf en son pays pour autant qu’il s’abstienne de faire du mal aux villageois. A son réveil, très étonné, il se demanda de qui il pouvait s’agir. Plus tard, alors qu’il se rendit à l’église et vit l’icône du Saint, il reconnut celui qui lui avait rendu la visite nocturne. Dès lors, les habitants ne furent plus importunés, et le sergent assista à la liturgie chaque dimanche jusqu’au retrait définitif des troupes allemande de l’île.
On compte par centaines les miracles qui se sont produits au cours des siècles et par lesquels d’innombrables hommes et femmes, qui parfois ne connaissaient pas du tout le Saint, trouvèrent le soulagement, le réconfort ou la guérison, par la grâce déversée à travers Saint Myron.

Le Miracle de l’Eau bénite et du dragon.
Lorsqu’on descend, depuis  la cour de l’église le raidillon côté Ouest, on remarque une petite grotte dans les rochers, qui se prolonge sous l’église. Cette grotte est le lieu où Saint Myron vécut son ascèse, et elle est directement liée à un miracle accompli par le Saint. Un jour, rapporte la tradition, une créature effrayante, un dragon, arrivé du Nord, entra dans le village. Les habitants étaient effrayés et obligés de rester à l’abri. C’était l’époque où Saint Myron, venant d’être ordonné évêque, était absent du bourg. Toutefois, alors qu’il y était de retour, le dragon fit à nouveau une apparition. C’était un dimanche matin ; le Saint célébrait la liturgie dans l’Église du Christ Sauveur, qui existe encore de nos jours. Libre de toute crainte, Saint Myron rassura les fidèles et ordonna au diacre de prendre le bâton épiscopal et d’aller commander, au nom du Christ, à la bête de demeurer à l’endroit où elle se trouvait. Celle-ci demeura en effet immobile, morte. A la fin de la liturgie, Saint Myron, se tenant dans la cour de l’église jeta une grosse pierre sur la bête couchée au pied de la pente. En même temps, venue on ne sait d’où, une pluie de pierres s’abattit sur la bête qui se fossilisa instantanément, se transformant en rocher. Selon la tradition, le rocher emprisonna donc le dragon, et aujourd’hui, il porte le nom de agios%20myrwn%20-%20to%20kefali%20toy%20drakou‘rocher du dragon’. De nos jour, on peut observer la ‘queue du dragon’ dans la partie Nord-Ouest du village, et la tête pétrifiée au Sud-ouest, dans la grotte même où coule l’Agiasma. On accède à cette grotte, lieu assez étroit, en descendant trois escaliers. La tête de la bête est visible en haut de la paroi droite. Sur la gauche, un gradin d’une hauteur d’un demi-mètre constituait la couche du Saint. Le sol est creusé de trois nids de poule, et l’Agiasma suinte en permanence. Devant les icônes de Saint Myron accrochées à la paroi, une veilleuse brûle jour et nuit. Depuis des siècles, villageois et visiteurs viennent recueillir l’Agiasma, et personne n’est en mesure d’expliquer comment elle continue à s’écouler sans cesse. Et depuis les temps anciens jusqu’aujourd’hui, un curieux phénomène survient dans cette roche. La roche du dragon est une masse de granit d’environ 1000m², et elle fonctionne comme un prévisionniste météo infaillible. Parfois, de petites bulles ressemblant à une mousse blanche sortent des microfissures et indiquent l’arrivée prochaine de la pluie. Les habitants du bourg affirment que c’est toujours le cas. A d’autres moments, on peut entendre un bruit sourd dans la roche, signe que l’hiver sera lourd.
De nombreux témoins locaux ont attesté ces phénomènes, et de nombreux étrangers, géologues et ingénieurs sont venus examiner le rocher du dragon, mais ils ont été, à ce jour, incapables d’expliquer ce phénomène particulier lié à la foi et la tradition, et se manifestant, avec la grâce du Saint, comme un baromètre original.

Saint Père Myron, Prie Dieu pour nous.

Apolytikion, ton 3
Comme un Grand Soleil sur la Crète, tu te levas,
Illuminant tout de tes miracles innombrables, Père Myron, Saint Hiérarque thaumaturge,
D’un geste tu arrêtas le cours du fleuve Triton
Et le dragon semant désolation, tu l’abattis.
Dès lors, O Saint, implore le  Christ notre Dieu, de nous faire don de Sa grande miséricorde.

Kontakion ton plagal 4
Tu parus tel une divin Pasteur inspiré par Dieu,
Instrument divin de l’amour et de la miséricorde,
Thaumaturge de l’inépuisable fontaine divine.
En tant que Saint Hiérarque, supplie Dieu
De nous délivrer de toute affliction et nécessité,
Nous qui te crions Réjouis-toi, Myron, Notre père.

 

Traduit et adapté du grec. Il n’existe pas de version française ‘officielle’ de l’Apolytikon et du Kondakion, la traduction ci-dessus est une adaptation ‘libre’ à partir de l’original grec.

Sources 1, 2, 3 : «Άγιος  Μύρων,  Επίσκοπος Κρήτης, ἀκολουθία και βιος» Héraklion, 2003.

Père J. Romanidès. Maladie de la Religion, Civilisation hellénique et Mensonge de Charlemagne. 8/8

maxresdefaultLe site Romanity.org propose une série de textes du Père Jean Romanidès. Certains en Anglais, d’autres en grec. La traduction ci-dessous est celle du début d’un très long texte en anglais dont le titre complet est : «Thérapie de la maladie neurobiologique de la Religion.La Civilisation hellénique de l’Empire Romain, Le Mensonge de Charlemagne en 794 et son Mensonge aujourd’hui.» Ce texte est présenté sur le site précité comme celui d’une conférence donnée à deux reprises aux États-Unis en 1997, et dont la base fut un long article écrit en grec et publié dans un ouvrage édité par le Saint Monastère de Koutloumousiou en 1996. La longueur de ce texte obligé d’en proposer la traduction en extraits successifs. En voici le huitième et dernier.

La Version finale de l’Histoire romaine.
Nous invitons le lecteur à examiner le volume VII de la «Cambridge Ancient History», intitulé «Les Monarchies Hellénistiques et l’Ascension de Rome», 1954 (pp.312-864), et à constater que le terme ‘aborigènes’, l’une des deux épines dorsales de l’histoire romaine y est introuvable. Il en va de même du rôle des Grecs pélasgiens dans l’histoire romaine. Read more