Le texte ci-dessous est la deuxième partie de la traduction d’un texte russe de Madame Maria Poukhova «Сильный о Боге» К пятилетию со дня кончины архимандрита Адриана (Кирсанова), publié le 28 avril 2023 sur le site Pravoslavie.ru pour le cinquième anniversaire de la natalice de l’Archimandrite Adrian (Kirsanov)
Voici cinq ans, le 28 avril 2018, décédait dans sa 97e année l’Archimandrite Adrian (Kirsanov), starets clairvoyant et moine du Monastère de la Dormition de la Très Sainte Mère de Dieu à Pskov-Petchory. A l’occasion du cinquième anniversaire de la juste dormition du starets, nous publions quelques souvenirs de ses enfants spirituels.
Quand le tirage du premier livre concernant le Père Adrian, «Le Thaumaturge de Petchory» fut envoyé à Moscou, des paroissiens de notre église se réunirent à l’entrepôt pour le déchargement. Un homme se tenait près d’eux. Il venait de déposer son véhicule aux installations juste à côté du dépôt, pour le faire nettoyer. L’homme fumait nonchalamment en attendant que sa fourgonnette soit prête. Quand la camionnette de la typographie arriva et que les palettes du livres furent déchargées, il… se mit soudain à aboyer. Il se tenait là debout et aboyait d’une voix profonde. Il fut incapable, le pauvre, de s’arrêter tant que les portes du dépôt ne se refermèrent sur les palettes de livres, car il aboyait contre eux…
Le Père Adrian disait que si nous faisons un seul faux pas, nous pouvons devenir la proie des démons. Lui, il les combattit toute sa vie. Le Seigneur lui donna une grâce spéciale permettant de vaincre ce mal antique. Une de mes connaissances suspendit au-dessus de sa table une photo du Starets. Et quand son parent buveur vint la voir et entra dans la pièce, il frissonna «Qui est-ce?». Le pauvre, il ne pouvait pas supporter la photo du Père d’Adrian et s’efforça de quitter les lieux rapidement! Comme pendant sa vie, les malades sentaient son approche, après sa mort, il brûle encore l’ennemi par la simple reproduction de son apparence.
Le Père Adrien reçut une grâce, une force spéciale du Seigneur, celle de combattre les mauvais esprits de l’air. Avec la bénédiction du Patriarche Alexis Ier de Moscou et de toute la Russie, il a porté pendant plus de 30 ans la lourde Croix d’un service ecclésiastique rare, celui de célébrer les offices pour expulser les mauvais esprits.
«Il n’est pas raisonnable pour n’importe qui de contredire le diable, mais seulement pour les forts de Dieu, à qui obéissent les démons, a déclaré Saint Barsanuphe le Grand. Si l’un des faibles les contredit, il tombe sous leur pouvoir, les démons le maudissent, affirmant qu’il les contredit. Beaucoup de saints ont-ils barré la route au diable, comme Saint Michel l’Archange, qui le fit parce qu’il en avait le pouvoir? Les expulser est l’affaire des grands hommes… Nous, les faibles, ne pouvons que recourir au nom de Jésus.»
Des enfants spirituels du Starets se souviennent :
«Celui qui aime Dieu, il est tout lumineux, et tout son amour se déverse sur son prochain, et le prochain baigne dans cet amour. C’est pourquoi autour du Père Adrian tout était toujours chaleureux, l’âme s’apaisait, le cœur se réchauffait, s’emplissait de la joie céleste.»
Des iconographes venus pour la première fois de Géorgie chez le Père Adrian se souvinrent chaleureusement de cette rencontre. Ils s’approchèrent de lui pour recevoir l’onction, et Batiouchka leur dit :
– Ah, des yeux familiers!
– Nous sommes iconographes!
– Alors je comprends, sourit le Starets…
Un jour, des amis, une famille nombreuse portant le «délicieux» patronyme d’Abricot, arrivèrent chez le Starets. Et il leur a dit: «Oh, les abricots sont arrivés, mais je ne vois pas de fruit!» Il y avait là de quoi réfléchir…
Nadejda, une fille spirituelle du Starets, se souvient : «Le Père Adrian est un thaumaturge. Il y avait un nombre incroyable de guérisons autour de lui. Je peux dire que je suis handicapée depuis mon enfance et que je serais morte depuis longtemps sans ses prières». Quand chez Nadejda du myrrhon s’écoula d’une photo du Père d’Adrian, elle vint au monastère et le raconta au Starets. Le Père se tut pendant longtemps, puis dit pensivement: «Ce ne sont que mes larmes pour vous...».
Un jour, une institutrice s’adressa au fils de Nadejda : «Je sais que votre famille va à Petchory voir Batiouchka Adrian. Dites à votre maman de lui demander s’il peut prier pour ma petite-fille Juliette : elle doit subir une nouvelle opération des reins. Elle est déjà couverte de cicatrices, une plaie vivante!». A cette époque, cette pauvre femme avait perdu tout courage, comprenant que les médecins ne pouvaient aider sa petite-fille. Et comme celle qui va se noyer se raccroche à la moindre paille qui flotte, elle demanda l’aide de gens croyants. Elle n’avait plus personne en qui espérer, sinon en Dieu. Nadejda communiqua bien sûr cette demande au Père Adrian, et il bénit «Dis-lui : qu’elle donne de la kacha à la petite». Voilà tout ce que fut sa réponse. Rentrée à la maison, Nadejda téléphona immédiatement à l’institutrice : «Ne vous étonnez pas, le Starets a béni que vous nourrissiez la petite avec de la kacha. Faites-la obéir». A ce moment, on récoltait déjà les fonds pour faire opérer la fillette en Israël. Mais mère et fille prirent la réponse de Batiouchka comme parole de Dieu et nourrirent consciencieusement la petite de kacha, d’abord par cuillerée, puis deux, puis une pour mami et une pour papi… D’où aurait-elle tiré son appétit? La maladie l’avait rendue diaphane; il ne restait quasi plus de vie en elle. Et cette seule kacha, bénie par le Starets, agit de façon miraculeuse sur le petit enfant. Juliette reprit vie, retrouva de la joie, et son appétit revint. La joie de la mère ne connaissait pas de limite en voyant son enfant chéri, qu’elle avait été à deux doigts de devoir enterrer, et que le Starets avec arraché à la tombe. Et bien sûr, il n’était plus question d’aucune opération.
Nadejda racontait que quand elle «se souvenait de Batiouchka, ces paroles de l’Évangile lui venaient à l’esprit : «Il ne disputera point, il ne criera point, et on n’entendra pas sa voix dans les places publiques. Il ne brisera point le roseau froissé et n’éteindra point la mèche qui fume encore»(Mat.12;19-20). Ainsi, patiemment et avec bienveillance, le Père Adrian me mena de sa main, des ténèbres à la lumière. Quand Batiouchka passa dans l’autre monde, j’ai cessé d’être maternée, portée dans les bras. Je pensais que je ne pouvais tenir sur mes jambes, que je tomberais sans cesse. Mais le Père Adrian est tellement fort dans ses intercessions devant le Seigneur, qu’il continua à m’aider après sa dormition : comme s’il me tenait d’une main ferme par la peau du cou : «Avance Nadejda, avance!» Et j’essaie, j’avance, par ses saintes prières…»
On pouvait aller poser n’importe quelle question au Père Adrian, même les plus insolubles. Et soudain, tout se mettait en place, et le pèlerin voyait s’ouvrir à lui la suite de son chemin, le chemin le plus court vers le salut. Et le Starets le guidait. Ce n’était pas par hasard qu’on surnommait le Père Adrian «Batiouchka le consolateur».
Ses enfants spirituels racontaient qu’«il consolait toujours, calmait, trouvait les paroles qu’il fallait. On le quittait comme avec des ailes, comme si on n’était plus sur terre mais au-dessus».
En 2018, Mikhaïl Ivanovitch T. vint de Biélorussie voir son père spirituel, le Père Adrian. Après la liturgie dans l’église, l’auxiliaire de cellule vint le trouver et lui dit que Batiouchka l’appelait. «Quand nous sommes entrés dans la cellule, se souvient Mikhaïl Ivanovitch, le Starets était tout faible, allongé. Me voyant, il se réjouit et s’assit sur son lit. Et soudain, à ce moment, le Père Adrian et toute la cellule resplendirent d’une lumière exceptionnelle!». Batiouchka tenta de minimiser : «C’est le Père Supérieur qui a installé un si bon éclairage dans le monastère!». Mais Mikhaïl Ivanovitch et l’auxiliaire de cellule était pétrifiés, ils ne pouvaient reprendre leurs esprits, tellement ils étaient stupéfaits par cette lumière non-terrestre, par le sentiment de joie, de grâce, qui émanait du Starets, et par la beauté spirituelle exceptionnelle de son visage. Et Mikhaïl Ivanovitch ajoutait : «Batiouchka ne nous donna pas l’occasion de reprendre nos esprits, il commença à parler de divers péchés, et dit ensuite : ‘Tu vois, Michenka, je me prépare à la confession, et après l’office, on va me donner les Saints Dons !‘. Ensuite il me fit une onction d’huile sainte et dit : ‘Viens me voir le 28 avril, le jour anniversaire de ton épouse!‘».
Visiblement, le Père Adrian connaissait le jour de sa dormition : le 28 avril 2018, dans sa 97e année Batiouchka s’en alla vers le Seigneur. Ses enfants spirituels étaient orphelins. Notre «Batiouchka consolateur» nous avait quittés, mais sa prière ne s’éteignit pas, elle resplendit avec plus de clarté encore devant le Trône du Seigneur, et la Sainte Rus’ acquit un nouvel intercesseur céleste.
Batiouchka disait : «Quand je serai parti, ma prière sera encore plus forte, plus puissante, venez seulement me demander, venez, demandez !…»
Traduit du russe
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