A ce jour, trois volumes des Paroles de Saint Païssios l’Athonite ont été traduits en français. Alors que les six volumes en grec ont été traduits en russe depuis des années. Le texte ci-dessous est la traduction d’un extrait du volume VI De la Prière, dont la traduction russe a été publiée en 2021 aux Éditions Orthograph à Moscou. Le présent texte sera sans doute moins fidèle à la lettre de l’original grec que la traduction française officielle que nous attendons tous, mais malgré cela, les lecteurs francophones auront un avant-goût de ce que nous attendons tous et que la patience nous proposera dans plusieurs années peut-être, lors de la traduction de ce volume en français. Il s’agit d’un extrait du chapitre 4, intitulé «Venez, adorons,…», pages 79 et 80 de l’édition russe.
– Geronda, sans doute avez-vous mal aux jambes ?
– Non, je n’ai pas mal. Moi, je fais ma gymnastique spirituelle!
– A quoi faites-vous allusion, Geronda?
– Je fais des métanies, âme bénie! Comment l’homme s’en sortirait-il sans gymnastique? Dans le monde, ceux qui font de la culture physique se font ainsi un corps sain, et les moines, à l’aide des métanies se font un corps et une âme de vaillant guerrier. Les pauvres laïcs ne peuvent même imaginer combien les métanies sont utiles, non seulement pour la santé spirituelle, mais aussi pour la santé physique. Les métanies ne empêchent le développement des maladies articulaires, elles éliminent la mollesse, elles effacent les ventres pendants, elles remettent en ordre le système nerveux et de façon générale rendent l’homme robuste. De plus, elles lui donnent la possibilité de s’élever vers les hauteurs des vertus avec facilité, sans essoufflement, tout comme l’homme entraîné grimpe jusqu’au sommet de la montagne. Les métanies sont nécessaires aux jeunes comme aux vieux. A celui qui souffre d’attaques charnelles aussi bien qu’à celui qui s’est déjà libéré de celles-ci. Mais ceux qui sont les plus costauds doivent en faire plus que les faibles, tout comme on donne des tâches plus lourdes aux machines les plus puissantes. Les métanies sont particulièrement utiles aux jeunes pour brider le corps. C’est pourquoi je conseille toujours aux jeunes : «Faites autant de métanies que possible, pour vous, pour tous les malades et les gens âgés, qui n’ont plus la force de faire des métanies». Les métanies, c’est une prière. Mais en même temps, ce sont des exercices spirituels plus avantageux que n’importe quels autres occupations spirituelles. Non seulement les métanies aident à lancer notre moteur spirituel qui commence alors à produire la prière, mais elle offrent beaucoup d’autres avantages.Tout d’abord, quand nous faisons des métanies, nous nous prosternons devant Dieu Lui-Même et nous Lui demandons humblement Sa miséricorde, et cela, c’est l’essentiel. Deuxièmement, les métanies humilient notre corps débridé. Le calme s’y installe, et l’impassibilité charnelle. Et troisièmement, les métanies apportent aussi la santé du corps. Et donc, l’homme se fait une âme et un corps en meilleure santé, comme les guerriers doublement vaillants.
– Geronda, il m’est pénible de faire des métanies. Oh comme cela me déplaît…
– Pendant que tu fais des métanies, pense que tu te trouves devant Dieu Lui-Même, et que tu te prosternes devant Lui. Cette pensée t’aidera à les aimer. (…)
Traduit du russe
Source : Преподобный Паисий Святогорец «Слова. Том VI. О молитве». Издательство:Орфограф, Москва. Pp. 79-80
Le texte ci-dessous est la traduction d’une version russe mise en ligne le neuf février 2023 sur le site du Monastère Sretenie de Moscou, sous le titre :ПРЕПОДОБНЫЙ СТАРЕЦ ПАИСИЙ СВЯТОГОРЕЦ. ЧАСТЬ 3 Митрополит Морфский Неофит (Масурас). Dans ce texte, suite de la transcription d’une vidéo, le Métropolite Néophytos de Morfou décrit l’attitude du Saint Geronda Païssios envers Saint Isaac le Syrien.
Aujourd’hui, je veux présenter à votre amour un saint que Saint Païssios l’Athonite notre contemporain qualifiait de «saint le plus éludé de l’Église». Je veux parler du héros de l’ascèse qui vécut au VIIe siècle en Mésopotamie, Saint Isaac le Syrien. C’était un ascète et il a légué ses «recherches doctorales» en matière d’ascèse, si je puis m’exprimer ainsi, à tous les Chrétiens orthodoxes qui mènent leur podvig.
Rien ne surpasse l’œuvre de Saint Isaac le Syrien, et sa lecture est recommandée indépendamment du niveau et de l’état spirituel du lecteur. Saint Païssios, qui l’aimait beaucoup, m’a dit, ainsi qu’à beaucoup de ceux qui vinrent le voir : «La valeur du livre de Saint Isaac le Syrien «Discours Ascétiques» est égale à celle de dix bibliothèques remplies des livres des Saints Pères».
Ce livre fut rédigé en langue syriaque. Deux moines du Monastère Saint Sabbas le Sanctifié, en Palestine, qui maîtrisaient les langues syriaque et grecque, l’ont traduit en grec. Depuis lors, le livre n’a pas cessé d’être traduit dans toutes les langues du monde, même en japonais.
Saint Païssios m’a dit personnellement : – Parmi tes nombreux défaut, il en est un bien évident : tu es un rat de bibliothèque. Ce n’est pas une très bonne chose. Tu ne laisses pas suffisamment de temps à ton esprit pour la prière. Tu préfères toujours lire. Plus tard, cela posera un problème. Maintenant tu n’es pas en mesure de comprendre cela, et même, tu considères cela comme un avantage.
Il dit encore: – Mon fils, les livres des Saints Pères, il faut les lire petit à petit, mais chaque jour que Dieu fait. Quand je dis «petit à petit, cela signifie deux chapitres du Saint Évangile, trois cathismes du psautier et deux pages de Saint Isaac!
Dans la cellule de Saint Païssios, il y avait une icône en papier. Pas du genre de celles, «aristocratiques», qu’il y a chez nous… Sur cette icône Saint Isaac était représenté écrivant à la plume ses «Discours Ascétiques». Il se tourna vers elle et dit : – Mon Saint Isaac, j’aime annoter les livres, donne-moi ta plume pour que je puisse souligner tout ton livre! Toutes les paroles qu’il contient sont d’une valeur inestimable, tout ce qui y est écrit porte la lumière du Christ! Donne-moi ta plume pour que je souligne tout dans ton livre.
Non seulement il exprima cette pensée, mais il l’écrivit dans un livre, si bien qu’aujourd’hui, il existe un livre, qu’il lisait et dans lesquels étaient écrites ses propres paroles : «Mon Saint, donne-moi ta plume, pour que je souligne tout ton livre». Voilà la valeur que ce livre avait pour son âme. Et il me dit encore : – Où que tu ailles, quoi que tu fasses, sur ta table de travail un livre doit être ouvert, celui de Saint Isaac le Syrien. Ne le termine jamais (il voulait dire terminer la lecture des enseignements contenus dans le livre), quel que soit le nombre de tes années.
Et si vous visitez mon cabinet de travail, même si tous les autres livres sont fermés, vous verrez que Saint Isaac est toujours ouvert. Saint Païssios m’a également dit ceci : – Lis petit à petit, le livre contient tellement de «vitamines» que tu ne dois pas lire et ingurgiter plus de deux pages. Et quand tu reviens me voir, ne me dis jamais que tu as fini la lecture de Saint Isaac. Il n’y a pas de fin à la perfection. Et Saint Isaac est l’un des saints les plus parfaits, les plus grands!
Voilà pourquoi chaque jour je lis une où deux pages, sur lesquelles je souligne l’essentiel. Un jour, je fus tellement bouleversé par ce que j’avais lu que je me souvint de la plume. Je m’écriai alors : – Saint Isaac, Saint Païssios avait raison! Chacune de tes paroles vaut de l’or et doit être soulignée! Geronda Païssios, envoie-moi une plume, que je puisse souligner tout le livre.
Quelques jours plus tard, un de mes fils spirituels, Vassilis, de Thessalonique, est arrivé à la métropole. Dans mon bureau, il me dit : – Despotes, je vous ai apporté un cadeau, mais je ne sais trop s’il vous plaira. Pour autant que je sache, vous ne cessez jamais de lire, alors j’ai pensé vous offrir un cadeau que les érudits et les savants de jadis tenaient toujours à la main.
Je pensais que, sans doute, il m’avait apporté un Parker… J’ouvris la boîte et que pensez-vous qu’elle contenait? Une plume! Alors, je dis : – Seigneur prends pitié! Les Saints écoutent même nos plaisanteries!
Dans un livre que nous avons édité à la métropole, j’ai inséré une photo de cette plume. Et j’ai ajouté en légende sous la photo : «Cette plume fut donnée par Saint Païssios pour souligner les pensées ascétiques de notre bien-aimé Isaac le Syrien».
J’aimerais parler de ce que Geronda Païssios disait, semble-t-il, de Saint Isaac que celui-ci était le «saint le plus éludé». Dans le synaxaire et les livres liturgiques, on ne dit rien à son sujet. Certains moines dévots, bien au fait des ses écrits ascétiques et théologico-thérapeutiques, le commémoraient en même temps qu’un autre grand Syrien, Saint Ephrem le Syrien, dont la mémoire est célébrée le 10 février. Ces moines ajoutaient «Ainsi que notre Père saint et théophore, Saint Isaac le Syrien». Il n’y a pas de tropaire le concernant, ni de kondakion, ni de mégalinaire, ni d’office.
D’où provient une telle injustice? Elle vient du fait que certains accusent Saint Isaac de nestorianisme, car il vivait en Mésopotamie parmi les hérétiques nestoriens. A cause de cela, il fut tenu longtemps à l’écart du chœur des saints. Voyez comme étaient durs les Byzantins… Passèrent les années et les siècles et Saint Isaac demeurait un saint exclu , commémoré nulle part, sans gloire, «éludé».
Notre Saint Geronda Païssios avait un don. Il avait un «téléviseur» dans lequel il pouvait voir dans la vie céleste et terrestre, comme tous les grands saints. Et un jour alors que Geronda était au monastère, il entendit un moine énoncer des propos contre Saint Isaac : – C’est un livre tellement remarquable! Mais ce saint était un hérétique, il était dans l’erreur…
Geronda ne dit rien, mais fut attristé. Il racontait : – Je rentrais dans ma cellule. J’étais affligé par ces paroles au sujet de Saint Isaac. Dans chaque verset de ce livre, je sentais la grandeur de ce saint. D’un autre côté, j’étais décontenancé. Comment n’avait-on composé aucun tropaire pour lui? Il y a tellement de neomartyrs, et chacun d’eux a son tropaire… Quelque chose clochait dans sa vie?
Ainsi, un petit doute survint en Geronda. Alors qu’il entretenait ces pensées, montant vers sa cellule, un grand «écran» lui apparut sur le bord du chemin. Devant Geronda les saints commencèrent à se manifester… Quel tableau! D’abord, Saint Antoine, ensuite, Saint Pacôme, Saint Hilarion… Tous passaient devant lui. Il leur faisait des métanies et eux le bénissaient. A un certain moment, Saint Isaac apparut à côté de lui. Il s’arrêta et dit : – Père Païssios ne t’attriste pas. Oui j’ai entendu ces paroles… Père, j’ai vécu en Mésopotamie au milieu des hérétiques nestoriens, mais jamais je n’ai célébré la liturgie avec eux. Que du contraire, j’ai essayé de les amener à la foi orthodoxe. Tu peux vénérer mon icône et écrire mon office.
Le lendemain, Saint Païssios se mit en route à la hâte. Et où alla-t-il, selon vous? Auprès de l’hymnographe Gérasime à la Skite de la Petite Sainte Anne. Il parla avec larmes au vertueux Père Gérasime de sa vision, et le Père Gérasime composa l’office de Saint Isaac que chantent aujourd’hui nos chantres.
Ainsi un saint identifia un autre saint. Et il est important de vénérer nos saints, particulièrement les grands !
Traduit du russe Source
Le texte ci-dessous est la traduction d’une version russe mise en ligne le cinq février 2023 sur le site du Monastère Sretenie de Moscou, sous le titre :ПРЕПОДОБНЫЙ СТАРЕЦ ПАИСИЙ СВЯТОГОРЕЦ. ЧАСТЬ 2 Митрополит Морфский Неофит (Масурас). Dans ce texte, transcription d’une vidéo, le Métropolite Néophytos de Morfou illustre certains traits particuliers du Saint Geronda Païssios.
Saint Païssios reçut la visite non seulement de la Très Sainte Vierge Marie, mais aussi de nombreux saints. On connaît l’apparition de Saint Euphémie au Geronda Païssios. Une nuit, soudain, racontait Saint Païssios, ou plutôt, au petit matin, alors qu’il priait, on frappa à sa porte. Il demanda :
– Qui est là? – C’est moi, Euphémie, répondit une voix féminine. – Qui? – Euphémie!
Avant que la porte ne s’ouvrit complètement, la sainte l’avait traversée. Geronda Païssios, hardi, ne se troubla pas. – Qui es-tu, Euphémie, et comment te trouves-tu sur la Sainte Montagne de l’Athos ? – Je suis la martyre Euphémie, Père Païssios! Lui répondit-elle. – Si tu es la martyre Euphémie, va dans la chapelle, fais trois métanies, signe-toi du signe de la Croix à trois reprises, et puis reviens, alors nous discuterons!
Il se montra prudent, craignant que cette apparition fût une illusion diabolique. La Sainte entra dans la chapelle de la cellule et fit trois métanies. Il lui dit – Au nom du Père…
La Sainte avait une voix faible. – Au nom du Père, répéta Sainte Euphémie. – Plus fort, je ne t’entends pas!
Et quand le Saint Geronda vit qu’elle se signait, il se mit à genoux et lui dit : – Pardonnez-moi, mais parfois, semblables apparitions proviennent du tentateur!
Vous voyez, Saint Païssios ne cherchait pas les miracles. Même quand dans sa vie un miracle se produisait, il le vérifiait.
L’amour de Saint Païssios pour Chypre était inhabituel. Je vais vous raconter ce qui s’est produit voici peu. A Limassol, on construisait une grande église, consacrée à Saint Arsène et Saint Païssios. Le Métropolite Athanasios de Limassol me téléphona et demanda : – Accepteriez-vous de venir afin que nous célébrions ensemble la consécration de l’église? – Écoutez, Athanasios, vous souffrez des jambes. Les médecins veulent vous opérer! Moi aussi, je souffre des jambes car je manque de vitamines B12. Nous sommes deux évêques boiteux! Consacrez l’église, mais moi, je ne peux venir.
Je n’y allai donc pas. Mais je pensais souvent à la consécration de cette l’église. Je reçus un appel téléphonique d’un homme à l’âme toute pure, un habitant de Kapsalos, un de ces hommes dont la prière maintient notre pays en vie et libre. Il s’appelle Andreas. Il me dit : – Aujourd’hui, il y a eu un miracle pas loin d’où je vis. Je n’arrête pas de téléphoner à Limassol, mais personne ne décroche, donc je vous téléphone pour vous raconter le miracle. – Que s’est-il passé, Andreas? – En 1993, un an avant la mort de Saint Païssios, je suis allé le voir. C’était la seule fois que j’y suis allé. Deux hommes de Limassol m’accompagnaient. Geronda me demanda : – Tu t’appelles comment, mon enfant? – Andreas. – Tu fais quoi? – Je suis entrepreneur.
Alors, un des deux hommes de Limassol dit à Geronda Païssios : – Geronda, il ne vous dit pas la vérité. Il est entrepreneur, mais savez-vous ce qu’il fait? Il détruit les grands bâtiments.
Geronda Païssios répliqua :
– Oui, il détruit, mais pour autant que je puisse en juger, il en construit aussi. – Non, je n’en construit pas, je ne fais que les détruire, dit Andreas. – Non, Andreas, tu en construis car tu développes ton obéissance envers ton père spirituel!
Andreas allait se confesser auprès du Père Athanasios, le supérieur du Monastère de Stavrovouni. – Par cette obéissance, lui dit Geronda, tu construis progressivement un édifice que tu trouveras quand tu arriveras au paradis. Et sache que là où tu vis maintenant, je vivrai dans quelques temps. – Mais je vis à Limassol, dans le quartier de Kapsalos. Vous allez venir à Kapsalos? -On va m’y construire une grande demeure. Elle se trouvera à 635 mètres de ta maison. Et ne t’inquiète pas au sujet de tes parents. Tu ne te marieras pas, et tu ne deviendras pas moine. Ni le monastère, ni le mariage ne te sont nécessaires. Reste dans le genre de vie dans lequel tu te trouves aujourd’hui! – Geronda, j’ai peur de la solitude après la mort de mes parents! – Ne pense pas à cela, lui dit Saint Païssios, je viendrai près de toi, de ma grande demeure qu’on me construira à Limassol, et je te tiendrai compagnie! Et chaque fois que tu seras indécis, viens me voir dans la grande demeure. Mais tu sais, tu ne resteras pas longtemps un réfugié, et je ne resterai pas longtemps dans la grande demeure. Car alors une grande miséricorde se produira! Tu viendra avec moi et nous partirons pour ton coin de terre natal (dans la partie occupée de Chypre). Là, les Turcs construiront un grand port. Nous prendrons le bateau et nous naviguerons jusqu’à la rive d’en face, à Farassa! – Mais il n’y a pas de port dans ce coin-là. – Aujourd’hui, il n’y en a pas, mais les Turcs en construiront un.
Si vous allez aujourd’hui au Monastère du Saint Apôtre André, vous verrez que les Turcs ont construit là un grand port pour les yachts, le plus grand de la Méditerranée orientale. Geronda Païssios avait prédit cela dès 1993.
Notre relation avec ces événement est significative. Saint Païssios y pensait. Il voyait que nous recherchons uniquement, de façon maniaque, les miracles, les prédictions et les décisions faciles. Et nous vivons de grandes difficultés dans notre attitude vis-à-vis de ces choses, dans la façon de compatir avec les gens. Et quand je parle de «gens», je ne parle pas seulement de nos Cypriotes orthodoxes, mais aussi des Turcs. Nous devons veiller à ce que lors de ces événements, qui seront provoqués par les hommes mais que Dieu utilisera pour le bien des hommes, nous vivions dans le repentir, dans la prière, avec beaucoup de compassion pour tous les gens. Voilà ce que nous devons faire à notre époque. Pendant la crise économique, nous devons partager avec nos proches notre nourriture, notre argent, et nos bonnes paroles. Ce qui se produit maintenant, c’est une répétition, un entrainement. De grands événements nous attendent. Je ne veux pas clôturer mon propos par des histoires de miracles et de prophéties dont nous pourrions bavarder pendant des heures sans que cela ne nous soit d’aucun profit. Je terminerai par quelques mots au sujet de ce que le Saint Geronda aimait. Vous vous demandez ce qu’il aimait, à part la Cappadoce, la Sainte Montagne, Souroti?
Il aimait les gens qui souffraient, qui s’asseyaient et qui attendaient qu’il vienne et écoute leurs souffrances pendant des heures. Et en réalité, je crois qu’aujourd’hui, il n’existe aucun autre geronda qui accueille autant de gens et écoute leurs problèmes. Et Geronda Païssios devenait une mère aimante pour tous ceux qui souffraient. Même lorsque des étrangers, par exemple des Allemands, demeuraient seuls avec lui et lui parlaient en Allemand, et que Geronda leur parlait en Grec, ils se comprenaient l’un l’autre. Ils parlaient la langue de la Pentecôte. C’est très important, mais pour moi, ce qui est le plus important, c’est l’amour de Saint Païssios envers un grand saint, Saint Isaac le Syrien, considéré par beaucoup comme un «docteur» en ascèse. Saint Païssios disait qu’un des problèmes de notre époque consistait en ce que nous, les gens d’aujourd’hui, nous nous satisfassions de la lecture de livres, de l’écoute d’entretiens, sans avoir le souhait de faire les efforts nécessaires à quelques métanies et quelques signes de croix pour nos voisins, et nous ne prions pas pour ceux qui nous offensent, nous ne disons pas : «Seigneur, fais miséricorde à celui qui m’a injustement accusé et a déjà remis son esprit à Dieu». Un jour, je lui demandai : – Pourquoi est-ce que j’éprouve une joie immense quand je commémore les défunts? – La plus belle prière est la prière pour les défunts car eux ne peuvent plus se repentir.
Et nous pouvons les aider. Saint Païssios disait que, malheureusement, aujourd’hui, il y a de plus en plus de livres et d’entretiens spirituels, mais de moins en moins d’expérience spirituelle vécue car les gens se trouvent sous l’influence de l’esprit de ce monde qui les incite à se donner constamment aux conforts et à fuir le labeur physique. La plupart d’entre nous trouvons consolation dans la lecture de livres orthodoxes, mais nous n’appliquons pas dans nos vies ce que nous avons lu. Nous nous enthousiasmons devant les saints héros de l’ascèse de notre Église, mais ne parvenons pas à comprendre combien ils ont travaillé, nous n’essayons pas de mener comme eux notre podvig avec philotimo et à les imiter. Ce qui sauve le Chrétien, ce ne sont pas les enseignement théoriques, mais l’accomplissement des commandements de Dieu. J’ajouterai une citation d’un livre de Saint Isaac le Syrien : Discours ascétiques . Saint Païssios lisait quotidiennement un extrait de ce livre. Un jour, il me dit : – Chaque jour, je lis ce livre, mais pas plus de deux pages. Une page, c’est suffisant, maximum deux, pour que le cœur se mette à brûler.
Écoutez ce qui allume le feu dans le cœur de l’homme qui veut mener une vie ascétique : «Mieux vaut vivre en compagnie des bêtes sauvages qu’avec les amis des vices. Mieux vaut se lier d’amitié avec un assassin qu’avec celui qui aime la discorde. Assieds-toi avec les lépreux, pas avec les orgueilleux. Sois crucifié, ne crucifie pas. Sois injustement calomnié et ne te justifie pas. Endure la calomnie et ne calomnie pas. Sois indulgent et n’envie pas le mal. Réjouis-toi avec celui qui se réjouit et pleure avec celui qui pleure. Pleure avec le pécheur. Réjouis-toi avec le repentant, sois l’ami de tout homme». (A suivre)
Traduit du russe Source
Le texte ci-dessous est la traduction d’une version russe mise en ligne le cinq février 2023 sur le site du Monastère Sretenie de Moscou, sous le titre :ПРЕПОДОБНЫЙ СТАРЕЦ ПАИСИЙ СВЯТОГОРЕЦ. ЧАСТЬ 2 Митрополит Морфский Неофит (Масурас). Dans ce texte, transcription d’une vidéo, le Métropolite Néophytos de Morfou illustre certains traits particuliers du Saint Geronda Païssios.
Saint Païssios répétait souvent qu’il est bon que nous entretenions une bienveillante inquiétude au sujet de notre âme, de notre famille, de notre patrie, de l’Orthodoxie, des musulmans, des croyants, des incroyants. Pourquoi disait-il cela? C’est mon interprétation personnelle, et je peux me tromper, mais je pense que c’était parce qu’il était un réfugié. J’ai déjà souligné que Saint Jacques (Tsalikis) en était un aussi. Un jour, Saint Jean le Russe apparut au Geronda Jacques et lui dit : – Jacques, la guerre va arriver!
Et Geronda Jacques lui répondit : – Saint homme qui plut à Dieu, nous ne voulons pas une guerre de plus! – Une guerre doit se produire, sinon, le monde ne pourra se corriger! Jacques, ce n’est pas le Seigneur mais bien les hommes qui provoquent des guerres!
Saint Païssios a décrit ces événements en détail. Pourquoi? Parce qu’il ressentait une forte aspiration à la libération de notre pays asservi. Il est clair que Dieu, qui est Suprême Humilité, aide chaque saint dans ses aspirations les plus profondes. Le souhait le plus caché de Saint Païssios était de connaître profondément le monde entier et le Seigneur lui donna le don de clairvoyance, afin qu’il voie les étoiles, les planètes, l’univers, les eaux souterraines. Saint Païssios souhaitait sincèrement apprendre quand serait libérées sa terre natale d’Asie Mineure, et Chypre. C’est pourquoi le Seigneur lui donna le don de prévoir avec précision les événements futurs.
Très souvent, les gens ont déformés les propos de Saint Païssios, c’est pourquoi je souligne que nous, les Cypriotes qui avons enduré beaucoup d’épreuves, nous devons apprendre ceci : il ne faut pas essayer de savoir quand et comment se produiront tous ces événements importants qui naturellement nous inquiètent. La question est de savoir quelle doit être notre attitude envers eux. J’ai de plus en plus l’impression que Dieu nous prépare, mais à mon humble avis, ce serait bien que la meilleure des préparations aux événements qui se produiront et qui ont déjà commencé à se produire, ne consiste pas à remplir de provisions nos frigos, car un jour ou l’autre, ils se videront, mais à acquérir l’illumination. Dans les moments importants de sa vie, l’homme illuminé est capable de prendre des décisions rapides et justes. Mais pour être illuminés, nous devons en permanence purifier notre coeur et notre esprit par le repentir. Nous, les moines, nous annonçons que quoi que nous ayons fait, nous reviendrons vers le repentir personnel, non pas à une sorte de vague repentir de la société, mais au repentir personnel. Il est important de s’asseoir et de réfléchir. Quelles sont mes passions principales? Il faut les dénicher. Et si en moi se trouve tant d’égoïsme, tant de vanité que je ne parviens à trouver en moi aucune passion, il faut dire au Sauveur : «Mon Christ, montre-moi qui je suis!». Et Il nous montrera qui nous sommes. Quand l’homme apprend à se voir et à se repentir à certains moments de sa vie quotidienne, il entre dans le processus du repentir. Si nous n’apprenons pas à faire cela, notre prière sera mécanique et nous ignorerons ce qu’il faut faire dans les moments difficiles, quand nous devrons prendre des décisions, indépendamment du fait que cela concerne nos enfants, notre Patrie ou nous-mêmes.
Saint Païssios était un grand opposant de la sécularisation. Qu’entendons-nous par sécularisation? Précisément ce que nous vivons de nos jours, indépendamment du fait que nous soyons moines ou mariés. Geronda était inquiet du fait qu’aujourd’hui, la sécularisation apparaisse aussi dans les monastères. Il voyait cela même à la Sainte Montagne, où les supérieurs des monastères commençaient pour la première fois à construire des routes, à utiliser des téléphones et à admettre un mobilier coûteux dans les cellules. Voyant tout cela, Saint Païssios se demandait : «Mais où allons-nous?». J’introduis ici un exemple seulement. Il ne voulait pas que les moines fournissent des draps de lit aux pèlerins. Vous me demanderez : «Mais pourquoi?». Le Saint Geronda attachait de l’importance aux détails. Il disait : – Qu’ils se couvrent d’une couverture, ainsi, ils ne voudront pas rester longtemps dans le saint monastère!
N’aimait-il pas les pèlerins, celui qui nuit et jour les accueillait et les écoutait? Tout simplement, il ne voulait pas que le Mont Athos et ses monastères se transforme en un lieu touristique. Aujourd’hui, nous les hiérarques, nous avons fait du tourisme religieux une science. Dans un monastère pour femmes de l’Attique vivaient des moniales, d’authentiques ascètes. Saint Païssios alla leur rendre visite et proposa de les prendre sous sa direction spirituelle. Mais un monastère pour femmes, c’est un monastère fleuri. A peine en eut-il franchi le portail que les moniales lui firent visiter les lieux, et lui, au passage, renversait et cassait les pots de fleurs. Derrière lui, la supérieure du monastère nettoyait les débris à l’aide d’une pelle. Mais il lui dit : – Ne nettoie pas maintenant, je vais encore en casser beaucoup ! Si vous voulez vous placer sous ma direction spirituelle, je ne veux pas voir de pots de fleurs dans la cour.
N’aimait-il pas les fleurs? Lui qui souffrait pour une fourmi, et qui disait aux serpents : – Eh bien, je vous donne du lait, mais ne restez pas ici, les pèlerins ont peur de vous!
Et elles obéirent au Saint Geronda. Mais en fait, qu’est-ce qui l’inquiétait? Le temps. Si nous avons quelque chose qui nous appartienne complètement, c’est le temps. Le temps est précieux. Saint Païssios était inquiet en voyant à quoi les chrétiens, les hiérarques, les prêtres et les moines occupaient leur temps. Et il dit aux moniales :
La présente de nombreux pots de fleurs signifie que celles-ci nous prennent beaucoup de temps pour les arroser! Et combien de gens ont besoin de vos prières aujourd’hui! Que les femmes mariées cultivent des fleurs en pots. Les moniales n’ont pas besoin de faire ça.
Lisez la prière d’une des supérieures du monastère, qui fut la meilleure disciple de Saint Païssios. Lisez quelle prière elle prononça sous l’influence et l’impression de l’ascétisme de ce grand saint Geronda. Celle qui lui succéda m’a envoyé cette prière : …Accorde-moi, Mon Époux, une couverture, afin que personne ne me voie! Envoie-moi dans un monastère que personne ne connaît! Donne-moi la prière pure sans que je la comprenne! Aide-moi à accomplir avec précision Ta volonté dans ma vie et à accepter ma mort comme l’expiation de mes nombreux péchés, comme témoignage de mon peu d’amour pour Toi, par l’intercession de la Très Sainte Mère de Dieu et les prières de mon geronda!
Si vous me demandez ce qu’est la sécularisation, je répondrai que c’est un puissant attachement aux biens de ce monde et la dépendance d’eux. Le contraire de la sécularisation, c’est l’Éternité. Tout ce qui est éternel n’est pas du monde. (A suivre)
Traduit du russe Source
Le texte ci-dessous est la traduction d’une deuxième partie d’une version russe mise en ligne le premier février 2023 sur le site du Monastère Sretenie de Moscou, sous le titre :ПРЕПОДОБНЫЙ СТАРЕЦ ПАИСИЙ СВЯТОГОРЕЦ. ЧАСТЬ 1 Митрополит Морфский Неофит (Масурас). Dans ce texte, transcription d’une vidéo, le Métropolite Néophytos de Morfou illustre certains traits particuliers du Saint Geronda Païssios.
Un autre trait remarquable de Saint Païssios était l’acuité de son esprit. Avec l’aide de celle-ci, il s’adaptait à son interlocuteur. Avec les évêques, il parlait comme un évêque, avec le patriarche, comme un patriarche, avec un moine, comme un moine, avec un père de famille, comme un père de famille. C’était un trait étonnant chez cet homme qui aima l’ascèse dès son jeune âge : s’adapter à son interlocuteur, quel que soient l’âge et la situation de celui-ci. Il était un homme très sincère. Voulez-vous que je vous parle d’un petit défaut? Je vais le faire, car souvent, nous perdons notre crédibilité quand nous nous efforçons en permanence de construire une auréole de sainteté à quelqu’un. Saint Païssios était un homme sévère. Je dis cela non parce qu’étant moi-même sévère, je souhaite m’en consoler. Quand il essayait de corriger les situations dont on lui parlait, il devenait très dur. C’était un homme d’ascèse. Souvenez-vous du pain qu’il prépara lui-même et fit cuire dans un vieux morceau de tôle qu’il avait trouvé. Quand il eut terminé de cuire le pain, qu’il mangea pendant plus d’un mois, il jeta son «four fait maison». Je lui demandai : – Geronda, pourquoi le jettes-tu? Tu pourrais encore l’utiliser la fois prochaine!
Mais il répondit : – Je trouverai un autre morceau de fer et j’en ferai un «four». Je ne veux pas dépendre des choses.
Vous comprenez maintenant la différence entre sa mentalité et la mentalité qui prévaut aujourd’hui dans la société de consommation?
Il était aussi très compatissant. Un jour, alors que les médecins dirent à mon ami Dimitri qu’il était probablement atteint par la sclérose en plaques, Dimitri me dit : – Quand tu iras chez Geronda Païssios, dis-le lui, pour qu’il prie pour moi!
Arrivant chez Geronda, je l’informai avec ma loquacité coutumière de mes problèmes personnels et me souvins seulement à la fin de mon ami Dimitri, et j’ajoutai donc juste avant de partir : – Dimitri, un de mes amis demande que vous priiez pour lui ! – Demi-tour! Viens ici. Qu’est-il arrivé à Dimitri? Raconte-moi, afin que je puisse compatir avec lui! – Il m’a dit de vous demander de prier pour lui. – Oui, mais que t’a-t-il demandé, concrètement, de me dire? Que lui est-il arrivé? Raconte-moi, pour que ma prière soit compatissante!
Pour lui, le préalable à la prière était la douleur de l’homme. Si nous voulons prier pour quelqu’un, nous devons prendre sur nous son problème, quel qu’il soit, physique, psychologique, financier, social.
Le Saint Geronda Païssios aimait beaucoup la douleur, le labeur, les larmes. Il soupirait en voyant comment ma génération (aujourd’hui, j’ai cinquante trois ans, mais alors, j’en avais entre vingt et trente) n’aimait pas travailler. Il me disait : – Votre génération veut se sanctifier en appuyant sur un bouton! L’homme s’imagine que s’il pousse sur un bouton, il va devenir saint!
Je sens que je ne parle pas ainsi d’un inconnu, mais d’un homme qui m’est proche. De plus, les saints sont les hommes de Dieu et deviennent «les leurs» pour les croyants. Saint Païssios ressentait de l’amour pour les réfugiés, indépendamment du fait qu’il viennent d’Asie Mineure, de Chypre ou de Constantinople. La clé, c’était «réfugié», et cette clé ouvrait immédiatement non pas sa cellule, mais son cœur.
Il était un homme de sens pratique. Si une femme venait auprès de Saint Païssios et lui disait : «J’ai un problème avec mon mari». Il ne lui répondait pas avec de la théorie mais obligeait à prendre des mesures pratiques. Son activité de pasteur consistait en une multitude de recettes pratiques. Permettez que j’en propose un exemple. Je dis un jour à Geronda Païssios : – Je suis perturbé quand une pensée me vient, ou un souhait, et que je ne parviens pas à les dépasser ; cela me met en colère. Je me mets très vite en colère! – Moi aussi !, Me répondit-il. – Mais cela ne me console pas. Répliquai-je. – Écoute, je vais te dire ce que tu dois faire quand ces pensées et souhaits viendront encore te rendre visite. – D’accord, mais seulement, ne me répétez pas ce que vous m’avez déjà dit à Koutloumoussiou, que je dois réciter la prière «Seigneur Jésus Christ, aie pitié de moi, pécheur!» – Pourquoi cela te paraît-il insuffisant? – Dites-moi ce que je dois faire ; – Récite la prière «Grand est le nom de la Sainte Trinité» et «Très Sainte Mère de Dieu, sauve-nous». Quand je récite ces prières, je ressens l’aide de la Sainte Trinité et de la Très Sainte Mère de Dieu et la tentation disparaît. Récite ces prières et si elles ne t’aident pas, viens me tirer les oreilles!
Et quand Saint Païssios te parle ainsi, la seule chose que tu puisses faire, c’est mettre en pratique ses paroles. Je retournai à Athènes. «Des pensées et encore des pensées, et ça, ce sont des souhaits», me dis-je et je commençai à prier «Grand est le nom de la Sainte Trinité! Très Sainte Mère de Dieu, sauve-nous!». Et je découvris que les pensées commençaient immédiatement à disparaître, et les souhaits à s’éteindre. Voilà un exemple de la dimension pratique des paroles de Saint Païssios. C’est sans doute à cause de cela que les contemporains l’aiment tellement, las qu’ils sont des théories en tous genres.
Une tentation survint dans la famille d’un de mes proches. Je craignais qu’il ne tombe en dépression. De nos jours, les gens sont facilement déprimés. Mais je constatais qu’il restait heureux et je me dis : «Seigneur prend pitié! Peut-être a-t-il un problème de santé? Comment cela se fait-il qu’il soit aussi joyeux?». Je lui demandai : – Mon enfant, une grande tentation s’est abattue sur ta maison. Aujourd’hui, tu vis loin de ton épouse et de tes enfants. Vous vous êtes séparés, et toi tu as l’air si heureux ! – Tu sais, je fais ce que toi tu fais quand tu répares ta voiture. – Et je fais quoi? – J’ai remarqué que quand tu répares ta voiture, tu répètes de temps en temps «Grand est le nom de la Sainte Trinité. Très Sainte Mère de Dieu, sauve-nous». Je fais la même chose, et je ressens cette immense joie!
Les saints soignent les maladies latentes sans opérations traumatisantes, sans incision.
Un autre trait de Saint Païssios, commun à tous les saints, était qu’il aimait beaucoup la Très Sainte Mère de Dieu. Saint Païssios dit un jour à un moine cypriote : – Père, les faits que les Turcs n’ont pas pris l’entièreté de Chypre, que Chypre sera libérée, que ne se produira pas là tout le mal qui envahira le monde, tout cela est dû à la protection de la Très Sainte Mère de Dieu. Nous, les Grecs contemporains, nous devrions crier : «Très Sainte Mère de Dieu, sauve nous!». Il ressentait fortement la protection de la Très Sainte Mère de Dieu. Un jour, pendant la prière, il vit que les Turcs se préparaient à envahir la Mer Égée et la Très Sainte Mère de Dieu entendit alors Sa Protection sur toute la Grèce. Imaginez donc quelles relations les saints entretiennent avec la Très Sainte Mère de Dieu pour qu’Elle étende, juste à cause de quelques-uns d’entre eux, Sa Protection à tout notre peuple! La Très Sainte Mère de Dieu est le modèle de l’homme, de la femme, équilibrés. Qui est l’être humain le plus équilibré de tous les temps? La Mère de Dieu. Elle concentre en Elle l’Épouse et l’Inépousée, la Mère et la Vierge, le Ciel et la Terre, l’Esprit et la Mère. Tout cela s’unit dans Sa personnalité, et donc, celui qui veut être un homme équilibré doit aimer fortement la Très Sainte Mère de Dieu. (A suivre)
Traduit du russe Source
Le texte ci-dessous est la première partie d’une version russe mise en ligne le premier février 2023 sur le site du Monastère Sretenie de Moscou, sous le titre :ПРЕПОДОБНЫЙ СТАРЕЦ ПАИСИЙ СВЯТОГОРЕЦ. ЧАСТЬ 1 Митрополит Морфский Неофит (Масурас). Le Métropolite Néophytos de Morfou propose de garder en mémoire certains traits particuliers du Saint Geronda Païssios.
Saint Païssios est un saint homme e avec lequel la Divine Providence me jugea digne de faire connaissance en 1982, quand j’étais étudiant à la Faculté de Droit. Par la suite, étant devenu diacre à Chypre, je me rendais de temps à autre à la Sainte Montagne. Je ne cache pas que l’aimant le plus puissant pour beaucoup de visiteurs, c’était la personnalité du saint Geronda Païssios. C’était quelqu’un qui pouvait sentir la douleur de l’autre, qui pratiquait la prière du cœur. C’était un grand héros de l’ascèse en ce monde. Les gens lui ouvraient leur cœur et il leur ouvrait son esprit. Il insista pour que je ne devint pas moine au Mont Athos. – Vas à Chypre, me disait-il. Construis-y des bases et elles chasseront les bases militaires. – Je ne comprends pas de quelles bases vous parlez? – Eh quoi, tu es américain? Qu’est-ce que tu ne comprends pas? Je parle pourtant le Grec. A Chypre, il existe un problème spirituel. Alors, la loi spirituelle va agir : quand vous construirez des monastères, des paroisses orthodoxes, des familles orthodoxes, alors les bases pécheresses des occupants disparaîtront.
Nous sortîmes de sa cellule, dans la cour, et il dessina sur le sol un grand triangle rectangle qu’il divisa en deux triangles et me dit : – Il viendra un temps où tu construiras des monastères. Tu feras deux cours, une pour les laïcs et l’autre pour les moines ou les moniales.
J’étais stupéfait par ce qu’il me racontait. A l’époque, j’étais un étudiant normal de vingt ans, un paquet de «Rothmans» en poche. Je ne dis pas ceci pour me vanter. Fumer était une des passions qui m’affligeaient. Je me dis avec surprise en moi-même, en entendant parler des monastères : «Est-ce possible que moi je construise de saintes demeures?». Voyant ma surprise, Geronda Païssios me dit : – Tu ne vas pas les construire maintenant, plus tard, quand tu seras devenu une personnalité officielle.
Et en effet, plus tard, devenu hiéromoine, et puis évêque, je commençai avec Geronda Siméon à construire le Monastère Saint Georges à Mavrovouni. Et puis, en tant qu’évêque, je construisit le Monastère Saint Nicolas à Orounda, avec deux cours, comme l’avait dit Geronda Païssios. Aujourd’hui, moines et moniales en sont reconnaissants, car si d’une part les laïcs qui souffrent ont accès au monastère, les moines et les moniales conservent leur espace, leurs cellules, leur chapelle intérieure, leur réfectoire, inaccessibles aux laïcs.
Depuis lors, chaque fois que j’allai à la Sainte Montagne, je rendais visite à Geronda Païssios, et il me raconta beaucoup de choses très intéressantes, dont je ne parlerai pas dans le présent entretien. Je vais juste résumer en quelques phrases qui était pour moi Saint Païssios.
Saint Païssios était cappadocien. J’insiste, c’était un Cappadocien, un réfugié d’Asie Mineure devenu moine athonite. Aujourd’hui, c’est un Saint universel, un maître de vie orthodoxe, de vie monastique et de vie familiale, un prophète remarquable pour notre peuple au sein duquel nombreux sont ceux qui sont mis à l’épreuve de la foi et l’incroyance.
Personne ne veut écouter aucune idée, même si celles-ci sortent de la bouche d’un saint homme, mais on veut «capturer» le cœur des autres. Saint Païssios était notre homme de l’Est, d’Asie Mineure, tout comme Saint Jacques d’Eubée. Ils étaient originaires de deux régions différentes d’Asie Mineure, et réfugiés dès leur enfance. Ceux qui ont été réfugiés peuvent le mieux comprendre Geronda Païssios et Geronda Jacques. Comme le disent les médecins d’aujourd’hui, et particulièrement les psychiatres qui ont étudié Lacan, les dix premières années de la vie s’avèrent décisives pour tout le monde, indépendamment du fait qu’on soit saint ou pas. Pour bien comprendre Saint Païssios, nous devons examiner les dix premières années de sa vie.
Saint Païssios naquit à Farassa, en Asie Mineure, dans une famille comptant huit enfants. Il fut baptisé, rapidement après sa naissance, par le prêtre du village, Saint Arsène de Cappadoce, qui lui donna son nom, Arsène. Quand les parents émirent une objection, Saint Arsène leur répondit, de façon prophétique : – Permettez que je laisse un moine après moi!
Le quatorze septembre 1924, la famille s’installa dans l’Île de Corfou, et puis, à Konitsa. C’est là que le petit Arsène termina l’école primaire. Le dix novembre 1924, son protecteur, Saint Arsène, mourut, à Corfou. Telles furent les dix premières années de la vie de Saint Païssios. Un de ses camarades de classe raconta que dès son enfance, le Saint se distinguait par sa compassion ; cela a une importance fondamentale. Un autre de ses traits est son aspiration à l’ascétisme. Les mercredi et vendredi, il refusait de manger de l’huile d’olive et du lait, et il commença à jeûner quand il était encore très jeune, tout comme Saint Jacques d’Eubée. Imitant leurs maman respectives, Saint Païssios, sa maman Evlampia et Saint Jacques, sa maman Theodora, voyant comment elles faisaient des métanies, ils étaient encore petits enfants quand ils commencèrent eux-mêmes à faire des métanies devant les icônes. Plus tard, à l’âge de sept ans, ils ressentirent la nécessité de quitter leur maison et de se rendre dans des chapelles éloignées de leur village pour y faire les prières du soir. Ils agissaient ainsi parce que cela leur procurait de la joie et la prière était pour eux quelque chose de tangible. Et qu’apprenons-nous de Saint Païssios? Que la grâce est tangible. L’homme sent la grâce, son action, et s’il ne la sent pas, cela veut dire qu’il a en lui l’un ou l’autre problème psychologique ou spirituel. Même les enfants atteint du syndrome de Down, quand on les amène à la divine liturgie dans une église, ils la vivent. Dès leur petite enfance, les deux gerondas goûtèrent à la grâce et y aspirèrent de toutes leurs forces, particulièrement par l’ascétisme, devenant des exemples de vaisseaux de l’Esprit-Saint. Qu’entendons-nous par «vaisseau» ? C’est de la théologie de Saint Païssios. Il me dit : – Écoute, le Seigneur t’a donné un grand vaisseau. Il te sera difficile de le remplir!
Je ne comprenait pas ce à quoi il faisait allusion avec le terme vaisseau. Il me dit : – Il y a des gens qui naissent avec un vaisseau de la taille d’un dé à coudre. Si ce dé à coudre est rempli de la grâce de Dieu, pour eux, cela suffira. Ils y a des hommes dont le vaisseau a la taille d’une tasse de café. Si la grâce de Dieu remplit cette petite tasse, ce sera suffisant pour eux. D’autre ont un vaisseau spirituel de la taille d’un verre d’eau, d’autres encore, la taille d’une carafe, et d’autres, la taille d’un réservoir d’eau, rempli de temps à autres et utilisé pour arroser les champs voisins. Au plus grand est notre vaisseau devant accueillir la grâce, au plus grande est notre responsabilité devant Dieu, Qui nous l’a donné, et devant nos bons parents, qui ont «fabriqués» ce vaisseau. Il ne dépend pas de nos capacités ni de notre dignité, mais de notre maman, de notre grand-mère, de notre père, de notre grand-père, de l’un ou l’autre prêtre ou moine ou moniale ou de bienfaiteurs dans notre lignée. Les gens d’aujourd’hui peuvent appeler ça dna, ou hérédité, ou encore d’un autre terme issu de la psychologie contemporaine. Mais aucune explication n’est aussi précise que celle de Saint Païssios. Sois attentif au vaisseau que t’a donné le Seigneur afin que tu le remplisses! (A suivre)
Traduit du russe Source