Le 24 mai/6 juin, on commémore la glorification de Sainte Xénia de Péterbourg. Les quelques éléments parvenus jusqu’à nous au sujet de la vie terrestre de la bienheureuse Folle-en-Christ sont bien connus de nombreux orthodoxes. Le texte ci-dessous est traduit du blog d’Alexandre Trophimov, un pieux orthodoxe de la région de Saint-Pétersbourg, qui consacre sa vie à divers travaux agiographiques et historiques. Cet extrait propose des éléments d’information sans doute un peu moins connus en Occident et concernant la période postérieure à la fin de la vie terrestre de Sainte Xénia. Les deux premières illustrations de l’article sont des photos de peintures dues à l’artiste Alexandre Prostev, qui a publié un album entier reprenant l’ensemble de ses peintures illustrant toute la vie de Sainte Xénia, dans le style qualifié en Russie de ‘réalisme angélique’. Alexandre Prostev a aussi peint toutes les fresques de la nouvelle église dédiée à Sainte Xénia sur l’Île de Petrograd à Saint-Pétersbourg, consacrée et ouverte en 2019.
(…) La Sainte décéda à la fin du XVIIIe ou au début du XIXe siècle, dans sa 72e année. Elle fut inhumée au cimetière de Smolensk à Péterbourg, là même où elle avait en son temps aidé à la construction de l’église dédiée à l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu de Smolensk. Les funérailles de cette Sainte qui fit de sa vie un martyre volontaire se déroulèrent dans l’église du Saint Apôtre Matthieu. Dès lors, les hommes et femmes qui avaient reçu auparavant l’aide de la Bienheureuse, affluèrent auprès de sa tombe, priant et continuant à implorer son intercession. Et la Sainte Mère Ksénia répondit à ces demandes par de nouveaux bienfaits et miracles. Read more
Né en avril 1937, Valerian Kretchetov, prêtre de village, est le prédicateur le plus âgé de l’Éparchie de Moscou. Fils d’un prêtre, frère d’un prêtre, l’Archimandrite Valerian est père de sept enfants, dont un prêtre, et grand-père de trente quatre petits enfants. Il fut ordonné diacre en novembre 1968, et prêtre en janvier 1969. En 1974, il succéda au Père Sergueï Orlov, comme recteur de l’église du Pokrov, au village d’Akoulovo, dans la région de Moscou. Il fréquenta les plus grands starets pendant des dizaines d’années et accomplit dix-huit séjours sur l’Athos. Une quinzaine de livres ont été édités, reprenant prédications, entretiens multiples et interventions devant des groupes très divers. Le texte ci-dessous révèle une dimension peut-être ignorée en Occident de l’Église en Russie à l’époque soviétique. Les dates précitées font du Père Valerian un témoin autorisé à ce propos.
«Entretiens au Pokrov d’Akoulovo», pages 77 & 78
Chez nous, pendant l’époque dite ‘soviétique’, nous avons connu la persécution, et il semblait que tout était fini. Mais ce n’était là que l’aspect extérieur de la situation; il restait des fidèles. Saint Seraphim de Sarov l’a très bien annoncé. Il recourut à l’exemple du Prophète Élie lorsque celui-ci dit:« Seigneur, ils ont tué vos prophètes, ils ont renversé vos autels, je suis resté moi seul, et ils en veulent à ma vie. »(Rom11,3). Le Prophète Élie, doté du regard de l’aigle, ne voyait plus aucun fidèle autour de lui! Mais le Seigneur lui répondit : « Je me suis réservé sept mille hommes qui n’ont pas fléchi le genou devant Baal. » (Rom.11,4) Sept mille! Il restait autant de fidèles, et le Prophète Élie ne les avait pas vus. Et Saint Seraphim dit alors : « Et chez nous, combien y en restera-t-il?»
Pendant l’époque des persécutions, de nombreux croyants occupaient des postes au sein du gouvernement, mais personne ne savait qu’ils étaient orthodoxes. C’était la même chose avec ce que l’on nomme aujourd’hui ‘l’Église secrète’. Jamais elle ne fut coupée, séparée, de l’Église officielle; mais elle fut cachée au monde afin de préserver la foi.
Traduit du russe
Le texte ci-dessous, propose la première traduction en français de la longue biographie du Saint Starets Jérôme (Solomentsov). En 2012, le Saint Monastère athonite de Saint Panteleimon a publié un épais «Paterikon des Athonites Russes des XIXe et XXe siècles». Ce texte en est extrait. Le 27/14 novembre 1885, le Starets et Père spirituel de tous les agiorites russes, Jérôme (Solomentsov) s’en est allé auprès du Seigneur. Ce puissant guide spirituel, élu par la bénédiction particulière de la Très Sainte Mère de Dieu, dirigea la communauté russe du Monastère Saint Panteleimon. Il devint par la suite le père spirituel de tous les moines russes de l’Athos. La Providence divine le chargea d’une obédience particulière et colossale: la restauration du monachisme russe sur le Mont Athos, non pas formellement, mais en profondeur, conformément aux meilleures traditions de la piété monastique. Le début du texte se trouve ici.
Il gît ainsi jusqu’à l’heure à laquelle il devait sonner la cloche pour les matines. Renouvelé, lumineux, joyeux, ressentant une légèreté inhabituelle en tout son corps, ce ne fut pas en courant mais volant qu’il se rendit à l’église rendre grâce au Dieu Qui aime les hommes pour la proximité de Dieu dont il venait de faire l’expérience. La cloche l’appelait littéralement et la maison de Dieu l’attendait et la prière enleva subitement son esprit et son cœur avec une telle puissance, une telle force, comme commandée d’En-haut, et elle les emmena aux pieds du Trône de Dieu dans les Cieux. Read more
Le court texte ci-dessous est traduit des pages 22 à 24 du livre «Vyritsa la bénie» (Благословенная Вырица), publié à Saint-Pétersbourg aux éditions Kontrast, en 2014. Il conte avec peu détails l’apparition et la disparition d’une communauté monastique, sur une période d’environ quinze ans. Le Père Séraphim dont il question dans le récit n’est pas le Saint Père Seraphim (Mouraviev, 1866-1949) de Vyritsa , qui vivait dans le même bourg à cette époque. Vyritsa était donc gardée par deux Seraphims… Dans le délabrement spirituel de l’Occident contemporain, l’attention est retenue par la puissance de la foi des justes qui formèrent cette petite communauté monastique, et l’élan spirituel, souffle de l’Esprit, qui les porta en ces temps d’oppression, de guerre et de persécution. A eux, éternelle mémoire. Puissions-nous avoir le courage de suivre leur voie.
Au début des années ’30, l’Archimandrite Seraphim (Protsenko), revenant des camps, arriva à Vyritsa. Là, au village, dans la maison de Vassili Petrovitch et Pélagie Dimitrievitch Sidorov, se constitua en secret la communauté monastique du Père Seraphim. Élisabeth, la fille aveugle des Sidorov, clouée au lit, reçut secrètement la tonsure monastique vers la fin des années ’30, alors qu’elle était encore enfant, l’Archimandrite Seraphim lui donnant alors le nom d’Euthimia. Dans les années précédant la guerre, le couple des Startsev, Grigori Ivanovitch et Zinaïde Petrovna se joignirent à la communauté et assistaient le Père Seraphim.
Dans la maison des Sidorov et la maisonnette adjacente du Père Seraphim, la communauté commença à se réunir pour les offices, qui étaient célébrés en secret. Participaient à ces offices tous les fidèles enfants spirituels du Père Seraphim vivant à Vyritsa : la famille de Mikhaïl et Maria Trophimenkov, le moine Mikhaïl et la moniale Veronika, la famille Sidorov, Alexandre Savine et une Angelina, une vieille femme très croyante. Outre les proches du Père Seraphim, habitants de Vyritsa, des invités de Leningrad participaient parfois aux offices.
A la fin des années ’30 et au début des années ’40, la communauté du Père Seraphim devint la seule subsistant à Vyritsa, car toutes les églises avaient été fermées par les autorités. Parfois, les habitants de la localité invitaient le Père Seraphim à venir prier et célébrer un office dans leur maison, et lui demandaient conseil. Nombre d’entre eux considéraient qu’il était clairvoyant, et nous en avons des témoignages. C’est ainsi que vivait cette petite communauté avant le début le la Grande Guerre Patriotique, en 1941.
Pendant la guerre, l’Archimandrite Seraphim (Protsenko) légalisa l’existence de sa communauté, créant sur cette base le Monastère de la Théophanie de Poselok, pour hommes. En 1942, le monastère du Père Seraphim reçut une parcelle de terrain jouxtant la forêt, non loin de la maison des Sidorov, sur le territoire de Poselok. En 1942, un des journaux publiés dans la zone occupée parla du monastère de Vyritsa.
«Un monastère pour femmes fut d’abord fondé, à quarante verstes de Leningrad, dans le bourg de Vyritsa, et à six verstes de Vyritsa, un monastère pour hommes. Celui-ci est dirigé par le Père Archimandrite Séraphim (dans le monde, Protsenko). C’est l’architecte F.M. Lartchenko qui construisit ces deux monastères. Un lopin de terre fut offert au monastère pour hommes, et les moines obtinrent des semences. Les gens des environs offrirent au monastère deux vaches et un cheval. Au bout de trois mois, juin, juillet et août fut construite l’église de Saint Jean le Précurseur, qui sera bientôt consacrée, avec la bénédiction de l’Exarque du Patriarcat Serge (Voskressenski), Métropolite de Lituanie et de Vilnius.»
Après qu’elle soit sortie de clandestinité, la communauté du Père Seraphim s’agrandit, avec l’ouverture du monastère, malgré les pénibles difficultés liées aux circonstances de l’époque, et avec l’aide des habitants de Vyritsa. Plusieurs moines vivaient au monastères. Le moine Lev, mort en 1942, fut auxiliaire de cellule du Père Seraphim. Il y avait aussi le Père Mikhaïl (Olenev) et le moine Ioann (Emelianov). En outre, le monastère recevait l’aide des moniales, filles spirituelles du Père Seraphim. Outre celles qui faisaient partie de la communauté avant la guerre, on comptait les moniales Theodora, tonsurée secrètement juste avant le début des hostilités et Ekaterina. L’architecte F.M. Lartchenko vivait lui aussi au monastère. L’ancien garde forestier, Nikolaï Koulikov (1879-après 1951) était le gardien du monastère. Après la guerre, il fut l’auxiliaire du staroste de l’église de la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan, à Vyritsa.
Avec le retour des autorités soviétiques, la répression reprit envers tous les membres du clergé régulier et séculier dépendant de la Mission Spirituelle de Pskov. La plupart des prêtres qui célébraient sur ce territoire furent arrêtés, incarcérés et envoyés dans les camps. Après la guerre, la plupart des membres de la communauté du Père Seraphim demeurèrent à Vyritsa. Leur refuge et leur centre spirituel était l’isba de Mère Euthimia. La majorité d’entre eux étaient paroissiens de l’église de la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan. Le Monastère de la Théophanie fut fermé et ses bâtiments devinrent un jardin d’enfants.
Traduit du russe.
La série de traductions proposant pour la première fois une version française des Huit Lettres d’Occident du Saint Hiéromartyr Hilarion (Troïtski) étant terminée, une nouvelle série débute ci-dessous, proposant la première traduction en français de la longue biographie du Saint Starets Jérôme (Solomentsov). En 2012, le Saint Monastère athonite de Saint Panteleimon a publié un épais «Paterikon des Athonites Russes des XIXe et XXe siècles». Le texte ci-dessous en est extrait. Le 27/14 novembre 1885, le Starets et Père spirituel de tous les agiorites russes, Jérôme (Solomentsov) s’en est allé auprès du Seigneur. Ce puissant guide spirituel, élu par la bénédiction particulière de la Très Sainte Mère de Dieu, dirigea, par la bénédiction du Starets Arsène, la communauté russe du Monastère Saint Panteleimon. Il devint par la suite le père spirituel de tous les moines russes de l’Athos, tant cénobites qu’ermites, qu’il rassembla sous l’aile de ses prières et de ses bénédictions. La Providence divine le chargea d’une obédience particulière et colossale: la restauration du monachisme russe sur le Mont Athos, non pas formellement, mais en profondeur, conformément aux meilleures traditions de la piété monastique. Il assuma merveilleusement cette tâche que Dieu lui confia et qui immortalisa son nom dans l’histoire de l’Athos et dans celle de la Sainte Rus’.
En 1840, le Hiéromoine du grand schème Paul, guide de la communauté des moines du Monastère de Saint-Panteleimon sur le Mont Athos s’en alla auprès du Seigneur. L’Higoumène Gérassime invita tous les moines à participer aux funérailles. Le chagrin causé par cette perte était d’autant plus profond que le Père Paul ne laissait pas de famille spirituelle derrière lui ; il n’avait pas de successeur qui aurait hérité de ses bénédictions et dons et spirituels et qui aurait rassemblé autour de lui le troupeau devenu orphelin du défunt starets. Et les pères russes ne voyaient parmi eux-mêmes personne qui fût capable de prendre sur lui la croix du supérieur. Par la volonté divine la lignée du très pieux Père Paul s’est éteinte, sans avoir poussé de rameaux. Toutefois, le guide principal et racine même de tous les Russes sur l’Athos, le grand starets et père spirituel, le Hiéromoine du grand schème Arsène, était encore vivant! Read more
Le site Pravoslavie.ru a publié fin 2019 et début 2020 une série de quelques textes portant le sous-titre de ‘Croquis de Pioukhtitsa’, écrits par l’Archiprêtre Oleg Vrona, né en Sibérie orientale, jadis diacre à Pioukhtitsa, et aujourd’hui recteur de l’église Saint Nicolas à Tallinn. Ces textes, à première vue peu spectaculaires, sans doute, proposent quelques pages de la vie spirituelle dans ce célèbre monastère, situé à la frontière de l’Estonie, mais aussi des portraits de certains «justes» qui y séjournèrent. Le présent texte, préparé par Stepan Ignachev, a été publié en russe le 20 janvier 2020.
Nous étions étendus sur l’herbe, non loin de l’église Saint Serge au pied de la colline, contemplant les ruchers du monastère, jouissant du doux soleil de juin, et nous conversions.
C’était en 1978. Nous étions trois candidats à l’ordination : Volodia, Leonid et moi. Un témoin occasionnel de notre conversation aurait immédiatement compris que nous nous étions rencontrés tout récemment et qu’un désir commun de service sacerdotal dans l’Église nous avait unis et rapprochés. Visiblement, à l’époque, aucun d’entre nous ne pouvait supposer que Leonid serait obligé de quitter l’Estonie au bout de quelques mois d’apprentissage au monastère, et irait chercher la possibilité d’être ordonné dans sa Tchouvachie natale. Un mois plus tard, j’étais ordonné diacre, pour les offices du monastère. Quant à Volodia, il irait célébrer ailleurs. Mais tout cela devait se dérouler plus tard. A ce moment-là, nous parlions de nous-mêmes, de ce qui nous avait amené, chacun, à souhaiter recevoir l’ordination. Nous nous écoutions mutuellement avec intérêt. Read more