Saint Luc de Crimée. Homélie pour la fête du Pokrov.

«... en 38 années de sacerdoce presbytéral et épiscopal, j'ai prononcé environ 1250 homélies, dont 750 furent mises par écrit et constituent douze épais volumes dactylographiés...»
(Le Saint Archevêque Confesseur et chirurgien Luc de Crimée)
1

Homélie prononcée par Saint Luc de Crimée, le jour de la fête du Pokrov en l’année 1958. Le texte original russe est la 22e homélie dans le Tome 2 des Homélies de Saint Luc de Crimée, publiées par l’Éparchie de Simféropol.

La Très Sainte Mère de Dieu est apparue à de nombreuses reprises à des grands saints. D’habitude, en compagnie de l’un ou l’autre Apôtre. Et à Saint Seraphim de Sarov, elle apparut aussi seule. Mais nulle part, à personne, Elle n’apparut dans une gloire telle que la Sienne dans l’église des Blachernes à Constantinople, en cette grande fête de Sa Protection. Dans l’église, il y avait une énorme foule, et dans cette foule se trouvaient André, le Bienheureux Fol-en-Christ, et son disciple Épiphane. C’était pendant les vigiles. Le peuple priait ardemment pour être délivré de l’invasion des barbares qui étaient arrivés devant Constantinople elle-même.
Vers quatre heures du matin, le Bienheureux André vit soudainement sous les voûtes de l’église la Très Sainte Mère de Dieu, debout sur des nuages, entourée d’une foule d’anges, d’apôtres, de prophètes, de saints évêques et de nombreux grands saints. Le Bienheureux André demanda à Épiphane: «Vois-Tu la Souveraine, la Reine du Monde?». «Je la vois, Père spirituel, et je suis terrifié», répondit Épiphane. Sous leurs yeux à tous les deux, la Très Sainte Mère de Dieu descendit, entra dans l’autel et pria longtemps Dieu, à genoux devant le Trône. Puis Elle se leva, avança sur l’ambon, et ôta de Ses épaules Son grand voile resplendissant de lumière céleste et lançant des éclairs, et Elle l’étendit sur tout le peuple qui priait. Alors, la vision miraculeuse d’André et d’Épiphane se termina soudainement.
Dans la matinée, tout le monde apprit qu’à l’aube, les barbares avaient levé le siège de Constantinople et étaient partis.
Je pense que vous comprenez tous à quel point la différence est grande, entre cette manifestation glorieuse et miraculeuse de la Protection de la Très Sainte Mère de Dieu, et Ses nombreuses apparitions à certains grands Saints, en compagnie d’un ou deux apôtres, ou même seule.
Je voudrais attirer votre attention et l’arrêter sur trois caractéristiques très importantes qui distinguent son apparition miraculeuse dans l’église des Blachernes le grand jour de sa Protection.
Bien sûr, la différence est grande entre ce que nous croyons seulement par ouï-dire ou par écrit et ce que les yeux des hommes voient. Certes, dans l’église des Blachernes aussi,la vision merveilleuse du Pokrov de la Très Sainte Mère de Dieu ne fut pas perçue par tous les fidèles, mais seulement par André le fol-en-Christ et par son disciple Épiphane, mais le témoignage du bienheureux fol-en-Christ, qui observait dans une large mesure le premier commandement des béatitudes, sur la pauvreté spirituelle, est tout à fait convaincant pour nous, car un si grand saint, bien sûr, ne pouvait pas mentir ou inventer une fiction, et à sa vision, nous pouvons y croire, comme si elle avait été la nôtre.
Que personne ne doute de ce que virent les yeux humains du Bienheureux André et de son disciple Épiphane. La Très Sainte Mère de Dieu n’est plus jamais apparue dans une si grande gloire, avec tant d’anges, d’apôtres, de prophètes et de saints. Cette suite si grande et glorieuse que virent André et Épiphane ne pouvait accompagner que Celle qui est plus sainte que tous les saints, et la signification de ce témoignage de Dieu à propos d’Elle est énorme pour nous.
Dans nos cœurs, nous croyons que la Très Sainte Mère de Dieu prie toujours pour les Chrétiens et intercède pour eux devant Son Fils Divin, et de leurs yeux humains, le Bienheureux André et Épiphane purent s’en convaincre, quand Elle descendit de sous les voûtes de l’église à l’autel et y pria longtemps, à genoux. Rappelez-vous que l’Apôtre Paul appelle le diable le prince régnant dans les airs, et alors, avec une grande gratitude pour Elle et pour Son Divin Fils, nous comprendrons l’importance de la divine lumière étincelante du voile de sa Protection, étalé au-dessus de la tête de tous ceux qui priaient, et qu’Elle protégeait ainsi du prince des ténèbres, qui rôdait bas dans les airs, avec ses anges ténébreux qu’elle frappait par les éclairs de Ses prières sortant de Son voile.
Voyez-vous, gens de Dieu, combien la signification de la fête du Pokrov de la Très Sainte Vierge et Mère de Dieu est grande et sainte pour nous, comment la vision du Bienheureux André et d’Épiphanie affermit notre foi en Elle, en Sa qualité d’Intercesseur diligent en faveur de notre monde. Nous L’aimerons de tout notre cœur, comme les petits enfants aiment leur mère, et nous rendrons une grande gloire et un grand honneur à Son fils divin selon la chair humaine, le Seigneur et notre Dieu Jésus-Christ, avec son père Éternel et sans commencement et son Saint-Esprit. Amen
Traduit du russe.

L’Archevêque Ioann (Snytchev) de Samara. Merveilleux Pokrov.

Peinture de P. Moskvitine (fragment)

Voici la traduction de l’homélie que l’Archevêque Ioann (Snytchev) de Samara (à partir de 1990, Métropolite de Saint-Pétersbourg et Ladoga), prononça le jeudi 14 octobre 1976 en la Cathédrale de l’Éparchie, à l’occasion de la fête du Pokrov de la Très Sainte Mère de Dieu. Le texte original est repris aux pages 285 à 287 du recueil d’homélies du saint Vladika Ioann, publié en 2012 à Saint-Pétersbourg (4e édition), par les éditions Tsarskoe Delo, sous le titre «La voix de l’Éternité» (голос вечности). Le journal qu’a laissé Vladika Ioann fournit une vision stupéfiante de la vie quotidienne des Orthodoxes en Union soviétique, au cours des cinquante dernières années de cette dernière. Ce journal permet aussi de comprendre pourquoi de nombreux Russes considèrent Vladika Ioann comme un saint.
Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit !
Aujourd’hui, nous célébrons triomphalement dans la prière, la fête de notre église, «La Protection de la Très Sainte Mère de Dieu». Cette divine protection de la Très Sainte Mère de Dieu s’étend non seulement sur ceux qui prient, mais sur le monde entier.
Voici d’où provient cette fête. Voilà bien longtemps, Constantinople, confluent symbolique de la foi chrétienne, courrait le grand danger d’être attaquée par les Sarrasins. Ses habitants pétris d’effroi, rassemblés dans l’église des Blachernes, prièrent Dieu et demandèrent l’aide de la Reine des Cieux. Et voici que pendant l’office, le Fol-en-Christ André, qui se trouvait parmi l’assemblée, éleva son regard, et il vit, en l’air, la Mère de Dieu, entourée par le chœur des anges, des prophètes et des apôtres, étendait Son omophore sur l’assemblée en prière. Ce fut un signe de victoire, et le peuple en larmes rendit grâce à la Reine des Cieux. C’est donc en l’honneur de cet événement que fut instauré dès l’époque où il survint, le fête de la protection (Pokrov) de la Très Sainte Mère de Dieu. Read more