La Bienheureuse Staritsa Matouchka Théodosia (Skopinskaïa) . Résumé de sa vie (1)

Le texte ci-dessous est la traduction d’un original russe publié sur un site russe consacré à une staritsa contemporaine très attachante, émouvante et pourtant peu ou pas connue en Occident, mais largement vénérée en Russie, Matouchka Théodosia, que certains appelaient «la deuxième Matrone». La traduction du résumé de sa vie est proposée en deux parties. Ensuite, plusieurs textes viendront compléter le portrait de cette merveilleuse représentante de la maternité spirituelle en Russie.

Matouchka Théodosia naquit en 1922. Elle considérait le quatre novembre comme jour anniversaire de sa naissance, au village de Velemia, dans le Raïon de Skopinska, Oblast de Riazan. Elle fut nommée Natalia, c’était une jeune fille simple, plutôt humble et bonne. Sa famille était pauvre. Tous travaillaient au village. Un accident de travail survint et Natalia tomba malade. Ensuite, lors d’un autre accident, l’arrière d’un camion la heurta, directement à la tête. Elle avait trente trois ans. Le diagnostique des médecins fut : commotion cérébrale. Avant tous ces événements, plus tôt, Natalia avait fait un songe dans lequel une femme venait vers elle en disant «Ne te marie pas, tu seras entourée de fleurs!». Lors de l’accident, Natalia fut hospitalisée. Ses sœurs pleuraient. Un jour un vieillard vint à elles, plus tard, il s’avéra que c’était Saint Nicolas le Thaumaturge, et leur dit: «Ne pleurez pas! Beaucoup de gens viendront chez vous. Vous ne serez pas seules».
Le mal de tête de Natalia était terrible ; elle pleurait et criait de douleur. Elle fut emmenée à Riazan où on la reconnut comme invalide. Plus tard, alors que Natalia avait perdu conscience, on la plaça dans une clinique neuro-psychologique. Natalia réclama avec insistance qu’on la sortît de là car on lui administrait des injections qui rendaient son état plus insupportable encore. Alors, sa soeur Olga la prit chez elle. La maladie causée par le traumatisme crânien se développa et fut qualifiée d’encéphalopathie traumatique avec changement de personnalité. L’invalidité reconnue fut élevée au degré le plus haut. Soudain, Matouchka s’endormit, non pour un jour, ni encore pour deux, mais pendant quasiment quatorze ans.
Après l’accident, Matouchka Théodosia se réveilla à Pâques 1971, le 18 avril. À l’Ascension, le 27 mai, elle ouvrit les yeux. Il fallut longtemps pour s’habituer à son nouvel état. Ses yeux ne s’ouvraient pas. Le premier mot qu’elle prononça fut «maman». Son sommeil s’était poursuivi depuis l’automne 1957, soit environ 13 ans et 5 mois. Quand elle s’est réveillée, elle avait quarante-huit ans. Pendant que Matouchka Théodosia dormit, elle ne vieillit pas. À la surprise de beaucoup, Matouchka sembla soudainement connaître tout l’Évangile, les psaumes, les prières, les acathistes, alors qu’elle était complètement analphabète.
Matouchka a dit plus tard: «Quand mes yeux se sont ouverts, ils étaient tout remplis de sang. On y mit des gouttes. Mes yeux ont commencé à briller et j’ai finalement vu la lumière. Et puis j’ai commencé à voir». Pendant qu’elle dormait, on la nourrissait de la tétine et à la cuillère. Si elle était rassasiée ou pas, on n’en savait rien. Quand elle se réveilla, elle dit: «J’étais rassasiée, la Mère de Dieu m’a nourrie. Ne vous inquiétez pas pour moi, ma joie! Et j’ai tout entendu pendant que je dormais, et les mouches m’ont mordu! Mais dans cet autre monde, ils lisent, ils chantent, et je répétait après eux. C’est là que j’ai appris! Je dois servir Dieu!» Le plus souvent, Matouchka parlait en paraboles et dévoilait tout de façon particulière.
A propos de la façon dont Matouchka dormit et où elle était pendant ce temps-là, elle ne l’a pas dit, mais elle a dit un jour: «Par exemple, l’une d’entre elles a dormi, a dormi… elle a dormi pendant une petite semaine. Elle a été conduite dans l’autre monde, et là, on lui a tout montré. Et non seulement ils ont montré qui d’entre les morts était où, mais même où les vivants vivront maintenant. Et puis ils lui ont dit : «ce que tu as vu, ne le dis à personne!».
Mère Théodosia dit alors: «Le Seigneur a tout préparé pour nous, il y a tout, et le paradis, et l’enfer, et nous répondrons de tout!».
Un jour, Matouchka nous raconta ce qui suit, pour nous affermir. Elle était fatiguée d’être tout le temps en position allongée, cela lui était pénible. Et elle se mit à pleurer : «Seigneur, je suis si fatiguée! Reprends-moi!». Et longtemps, elle pleura… Le toit de la maison s’ouvrit, dit-elle, les cieux s’ouvrirent, et un Ange apparut. L’Ange déposa un livre sur la table, l’ouvrit et dit «Lis!». Elle lut et se calma, la vision se dissipa. C’était le livre de sa vie. Alors, elle se résigna.
On appelait souvent Matouchka «notre petit soleil!». Elle rayonnait la lumière bien qu’elle accomplissait un podvig insupportable pour la majorité des gens, complètement immobile et dépendante de ceux qui s’occupaient d’elle. Pélagie, qui s’occupait de Matouchka, la rudoyait souvent, ne lui donnait pas à manger, ne laissait pas approcher les gens. Avec quelle humilité Matouchka supportait tout cela, ne se plaignant jamais, que du contraire, c’était elle qui plaignait Pélagie! Comment imaginer chose pareille?
Matouchka se révéla particulièrement à une certaine femme : en entrant dans la cellule, celle-ci vit toutes les icônes vivantes, tous les saints bougeaient et Matouchka leur parlait. Matouchka Théodosia dit alors : «Ce que vous avez vu, ne le dites à personne!». Et elle disait aussi: «Depuis longtemps, je suis prête à partir, mais vous ne me lâchez pas, vous priez tous pour moi!»
Pour Matouchka Théodosia, sa propre sœur a renonça à sa vie personnelle et lui sacrifia toute sa vie. L’amour pour ses sœurs infirmes (il y avait en plus la sœur Anna) était supérieur à l’amour pour l’élu qui voulait prendre Olga comme épouse. Ce podvig, Olga le porta jusqu’à la fin de sa vie. Matouchka aimait beaucoup sa sœur, elle disait qu’elle avait survécu grâce à elle. Des médecins de Moscou vinrent la voir; ils voulaient savoir quelle était cette maladie, ils demandèrent de la mettre à la disposition de l’institut pour la recherche, mais Olga répondu sévèrement: «Tant que je serai en vie, je ne donnerai pas Natasha pour l’envoyer où que ce soit!». Quand Olga mourut, Matouchka Théodosia souffrit de son départ. Elle sanglotait si fort que son lit en tremblait.
Matouchka fut également douloureusement éprouvée et pleura amèrement quand sur NTV dans l’émission «Maximum», elle fut déshonorée, comparée à Vanga, une sorcière diseuse de bonne aventure. Ils avaient envoyé des femmes alcooliques de la région dans la cellule de Matouchka, avec une caméra cachée. A la suite de cela, des enfants spirituels de Matouchka adressèrent une lettre au Président de la Fédération de Russie sur ce qui s’était passé et, bientôt cette émission fut interdite. (A suivre)

Bienheureuse Matouchka Théodosia, prie Dieu pour nous!
Traduit du russe
Source

Le Starets Kirill, les justes et le monde contemporain (2)

Le texte ci-dessous est deuxième partie de la traduction d’un original russe publié sous le titre «Sois forte, mère! Tu as vu quelqu’un qui a enduré plus et qui a eu le pouvoir d’aimer! L’Archimandrite Kirill (Pavlov) dans les mémoires de son auxiliaire de cellule, la moniale Euthymia (Axamentov)» («Крепись, мать! Ты видела того, кто терпел поболее и имел силы любить!»). Le texte a été mis en ligne sur le site pravoslavie.ru le 10 mars 2022. Il y est précédé de l’introduction suivante. La moniale Euthymia (Aksamentova) passa plus de deux décennies de sa vie, à commencer par sa jeunesse monastique, aux côtés de l’Archimandrite Kirill (Pavlov). Elle est son disciple, son enfant spirituel. Mais nous avons décidé de parler avec la moniale Euthymia non seulement du Père Kirill, mais aussi des justes et de ce qu’est être juste, de la façon dont c’est possible dans le monde moderne, ce qui nous manque pour au moins en approcher.

Dans mon petit livre de souvenirs du Père Kirill, publié récemment grâce aux éditions de la Métropole de Simbirsk, il y a cette dédicace : «A mes chers amis partis pour l’autre monde…». Cette dédicace est très importante pour moi, car ce sont eux, précisément, mes chers défunts, qui furent les modèles de la vie de juste dans les conditions réelles du monde contemporain. Le chemin parcouru par certains d’entre eux, qui vécurent dans des conditions de vie dramatiques, fut la voie, dirais-je, du martyr non-sanglant sur cette terre. Ce ne fut peut-être pas un chemin irréprochable, sans erreur, mais il fut grand par sa tendance décidée vers la justice d’En-Haut.
Oui, le Père Kirill fut une pépite, un homme rare, et de plus, un starets béni par la grâce… Toutefois, je dois préciser ce qui suit. Je vis maintenant au Monastère de l’Exaltation de la Sainte Croix de Jérusalem dans la périphérie de Moscou. Après la mort du Starets, je craignais un peu de vivre dans une communauté monastique, de plus, de façon générale, dans la vie, on s’habitue à ce qu’il y ait à côté de nous un homme parfait. Et quand il part pour l’éternité, on a peur de la froideur de la solitude… Et donc, je regardai autour de moi et observai que pratiquement toutes mes sœurs actuelles sont des justes et des héroïnes de l’ascèse, chacune à sa mesure!

Moniale Euphémia, auteur du texte

Elles travaillent humblement de l’aube à l’aube, endurant les défauts les unes des autres, essayant de garder la paix et le bien dans l’âme; que faut-il de plus?! Parfois, je les admire toutes et je ne cesse de remercier Dieu pour le fait que j’ai encore le bonheur de voir de belles personnes autour de moi, des gens qui se sacrifient, gentils, sensibles!
Et je remercie mon précieux starets de m’avoir exaucée par ses podvigs et ses souffrances avant sa mort. Voici donc un regard sur le monde qui m’entoure:un regard reconnaissant.
J’entendis un jour des mots amers, de la bouche d’un célèbre hiérarque : «Dès ma jeunesse, j’ai reçu la tonsure monastique pour éviter les compromis moraux inévitables dans le monde, mais dans ma vie ecclésiastique, et en particulier épiscopale, ces compromis se sont révélés beaucoup plus importants que ce qu’ils auraient été dans le monde». De quoi cela dépend-il ? De ce que l’un est prêt à faire des compromis et que l’autre ne l’est pas pas? Est-ce exact que c’est inévitable? Est-ce que cela dépend de l’homme lui-même, ou des circonstances aussi? En termes simples: pourquoi le Père de Kirill a-t-il réussi à éviter les compromis avec la conscience chrétienne, et d’autres, apparemment aussi des gens bons et sincères, n’y parviennent pas?
J’ai connu des moines qui avaient du mal à vivre le fait que notre vie monastique moderne vous met parfois devant un choix qui, par définition, ne devrait pas surgir dans notre environnement… Oui, nous, comme on dit, n’atteignons pas la hauteur du podvig qui nous est destiné. Beaucoup d’entre nous ne voient même pas notre sécularisation et notre hypocrisie, ou celle-ci sont devenues la norme habituelle, ce qui est effrayant… Mais il y a aussi dans les monastères ceux qui souffrent profondément, réalisant à quel point nous sommes loin des idéaux d’une véritable solitude. Et maintenant, ces hommes et ces femmes qui souffrent, peu de gens les connaissent, même au sein de leur communauté. Ce sont les justes de nos jours. Souvent, ils sont étrangers parmi les leurs. Je pense que le Père Kirill ressentait profondément l’imperfection de ce monde et souffrait également intérieurement, et ne fut jamais vraiment satisfait de lui-même. Il n’avait aucune illusion sur la qualité de notre vie monastique. Mais il devait «porter les fardeaux» de tous ceux qui l’entouraient, et dans le rayonnement de sa bienveillance envers tout homme, il croyait en quelque sorte au meilleur, l’âme s’ouvrait à l’espoir que tout n’était pas perdu…
Pour être honnête, je n’en suis qu’à apprendre cette véracité intérieure. Et je me trompe, et je me mens à moi-même, et je suis hypocrite, très souvent. Mais j’ai remarqué une chose: la grande force motrice de la justesse de l’homme, c’est l’amour de Dieu. Seulement l’amour de Dieu! C’est tellement simple de se dire: «C’est fini, à partir de demain, l’intransigeance sera mon deuxième prénom!»… secousse d’air dans le vide. Devenir juste pour se prouver quelque chose est une motivation insignifiante. Et la grandeur du plan c’est de se tenir devant la Face de Dieu. Ensuite de Lui seul viennent et la force et le courage. Le Père Kirill était un homme qui aimait Dieu et l’Évangile… En disant cela, tout est sans doute dit…
Je me souviens de vos paroles au sujet du Père Kirill: «Jamais, même dans les conversations sur des sujets domestiques, il n’y avait un sentiment de glissement superficiel.» Pourriez-vous expliquer ce qui nous rend superficiels? Pourquoi glissons-nous l’un sur l’autre?»
Je pense que c’est parce que nous ne nous intégrons pas complètement à l’autre, à l’interlocuteur, pendant la conversation avec lui. Nous ne donnons pas à l’autre l’attention qu’elle devrait recevoir : à la périphérie de la conscience, nous réfléchissons déjà à ce que nous dirons en réponse, ou en général nous pensons à nos affaires… le Père était extrêmement attentif à chaque moment de sa conversation avec autrui. Et il priait. Par conséquent, toute situation devenait aux yeux de Dieu votre présence commune à vous et lui…
Vous écrivez que le Starets Kirill restera dans votre mémoire «non un clairvoyant, non le prédicateur visionnaire de certains événements du futur (bien que dans le trésor de la mémoire de mon cœur il soit tout cela), mais un bon maître qui, choisissant avec précision et délicatesse ses outils, fit de vous, avec chaleur et grande sagesse un être humain». Je ne suis pas la seule à jeter un regard en arrière sur ma vie et à voir à quel point j’ai manqué d’éducateurs intelligents… pourquoi un tel déficit? N’est-ce pas parce que seule l’attitude évangélique envers l’homme peut être à la base de la pédagogie morale?
Oui, nous manquions tous cruellement de maîtres intelligents et doués à cette époque. Ils manquent aujourd’hui, et les monastères ne font pas exception… Mais vous avez tout à fait raison de noter que seul l’exemple moral, l’exemple de l’attitude évangélique d’homme à homme, c’est la vraie pédagogie. Et il arrive que de tels exemples nous soient donnés par des gens qui ne sont ni particulièrement mécréants, ni vraiment religieux… En vérité, «l’âme humaine est par nature chrétienne». Je me souviens maintenant comment mon papa «mécréant» me fit honte, avec cœur, parce que j’avais agi de manière impolie et arrogante envers une fille malade mentale. L’âme de papa avait senti que «nous, les forts, devons supporter les infirmités des faibles plutôt que nous satisfaire» (Rom.15,1). Cela, je ne le comprenais pas encore à ce moment-là… Mais jusqu’aujourd’hui, je lui suis reconnaissante pour cette leçon. De même, au monastère, nous apprenons tous les uns des autres, une fois par des erreurs, une fois par des exemples très dignes du comportement de nos frères et sœurs. Dans le monastère, quand j’avais admis certaines erreurs, j’étais toujours fortement impressionnée par la non-sévérité, la clémence douce des autorités, la générosité, le pardon, une telle attitude secoue votre conscience et vous encourage à changer pour le mieux…
A propos de l’amour. C’est incroyablement difficile d’apprendre l’amour le plus élevé, d’ordre évangélique, pas l’amour-réaction («Ici avec cet homme, je suis bien; il me réchauffe, me soutient, me protège, m’inspire, c’est pourquoi je l’aime»), mais l’amour-compassion, l’amour-don. Vous essayez de le faire, mais vous vous fatiguez très vite des gens. Vous voulez pardonner, mais vous ne le pouvez pas. L’exemple du Père de Kirill est frappant; mais pouvez-vous dire qu’il a enseigné cela aux autres? Mais est-ce même possible de l’enseigner?
Non, évidemment! J’étais si proche de lui, mais je n’ai pas appris… Et ce n’est pas de la coquetterie. Mais combien il est encore important qu’un échantillon d’un tel amour et d’une telle considération pour autrui ait été devant vos yeux! Dans un moment d’extrême faiblesse, je peux me dire en toute responsabilité «Sois forte, matouchka! Tu as vu quelqu’un qui a enduré plus que toi et qui a eu la force d’aimer!» Et, qui sait, peut-être que cette mémoire me sauvera à elle seule d’un pas qui me perdrait. Mais, d’un autre côté, il n’est pas nécessaire d’être avec quelqu’un dans la même pièce pour apprendre de lui ses meilleures qualités. Et maintenant se promènent sur terre des gens qui ont rendu visite au Starets seulement deux ou trois fois, et qui ont gravé à jamais dans leur cœur l’exemple de son humilité et de sa bonté, et qui imitent cet exemple. Et Dieu leur donne Sa grâce. Et ils acquerront, le moment venu, l’amour dans lequel Dieu agit….
Le sacrifice le plus dur du Père Kirill fut ses treize ans de maladie, pénétrés de faiblesse, très difficile à accepter. Une question involontaire se pose «Pourquoi? Pourquoi ce tourment pour lui?..» Avez-vous eu des questions similaires? Si oui, qu’est-ce qui a aidé à trouver la réponse?
Aujourd’hui, je peux dire une chose : ce sont les voies de Dieu… et c’est la dernière gloire du Starets à son Créateur, si je peux le dire ainsi. Un homme n’est pas toujours noble et beau pendant les périodes de souffrance qui précèdent sa mort. Le Père Kirill était beau et noble pendant toutes ces treize années de tourments. Sa souffrance, comme si elle avait donné une taille particulière à la pierre précieuse de son âme, est devenue comme le sommet de son exploit monastique et pastoral. Voilà ce que je pense… (…)
Traduit du russe
Source

Le Starets Kirill, les justes et le monde contemporain (1)

Le texte ci-dessous est la traduction (en deux parties) d’un original russe publié sous le titre «Sois forte, mère! Tu as vu quelqu’un qui a enduré plus et qui a eu le pouvoir d’aimer! L’Archimandrite Kirill (Pavlov) dans les mémoires de son auxiliaire de cellule, la moniale Euthymia (Axamentov)» («Крепись, мать! Ты видела того, кто терпел поболее и имел силы любить!»). Le texte a été mis en ligne sur le site pravoslavie.ru le 10 mars 2022. Il y est précédé de l’introduction suivante. La moniale Euthymia (Aksamentova) passa plus de deux décennies de sa vie, à commencer par sa jeunesse monastique, aux côtés de l’Archimandrite Kirill (Pavlov). Elle est son disciple, son enfant spirituel. Mais nous avons décidé de parler avec la moniale Euthymia non seulement du Père Kirill, mais aussi des justes et de ce qu’est être juste, de la façon dont c’est possible dans le monde moderne, ce qui nous manque pour au moins en approcher.

Matouchka Euthymia, il y eut beaucoup de justes dans votre vie, pas seulement le Père Kirill ; pourriez-vous parler brièvement de ceux d’entre eux qui jouèrent un rôle qui orienta votre vie?
Bien sûr, je pourrais commencer à énumérer des noms, connus de bien d’autres que moi, à commencer par l’Archimandrite Adrian (Kirsanov) qui me donna sa bénédiction quand j’étais encore toute jeune, pour entrer au monastère. C’était ma première rencontre avec un homme possédant le don de clairvoyance. A cette période de ma vie, je ne cherchais que timidement mon chemin, mais j’avais fermement compris une chose: je n’avais pas de place dans le monde qui m’entourait, je ne survivrais tout simplement pas. Et ce n’était pas dû à certaines situations socio-politiques, mais simplement une perception de moi-même… en Passant, au départ, je ne cherchais pas de «startsy clairvoyants» et, on peut dire que je me suis retrouvée par hasard aux grottes de Pskov-Petchory, faciles d’accès à l’époque déjà, depuis Leningrad.

Et voilà que, le Père Adrian, tout droit sorti des pages des anciens paterikons, s’est adressé à moi par mon nom, bien qu’il ne me connaissait pas du tout, puis, après m’avoir extraite de la foule des pèlerins, il m’a conduite dans la pièce où il recevait, et où je n’ai même pas eu le temps d’ouvrir la bouche. Tout mon chemin de vie était devant cet homme comme dans la paume de sa main, même le dernier souffle de ma vie… Et j’ai remercié le Seigneur de ce que mon désir de devenir moniale coïncidait avec Sa volonté toute bonne.
Une autre vraie femme juste rencontrée sur mon chemin fut l’higoumène Georgia (Chtchoukine), qui m’étonna, toute jeune novice, par son cœur miséricordieux et sa clairvoyance…Voici juste un épisode caractéristique: depuis décembre 1989, nous, les jeunes habitants de Pioukhtitsa, sous la direction de l’higoumène, avons travaillé à la restauration du Monastère de Saint-Jean à Saint-Pétersbourg sur la Karpovka. Pour tous les novices, vous savez, elles sont difficiles, les premières années de cette vie inhabituelle pour eux. L’higoumène nous surveillait avec sévérité, mais je n’oublierai jamais avec quelle tendresse sincère elle s’est excusée auprès de nous lorsqu’à notre demande d’aller au zoo (c’était un cadeau promis depuis longtemps pour notre travail acharné) elle a dû répondre par refus. Je me souviens de la première fois qu’elle m’a imposé des grandes métanies; il n’y en avait que sept! Mais à la première occasion, elle a compensé sa rigueur par des éloges publics. Et j’étais si heureuse de ces métanies; pour moi, c’était un signe que j’étais enfin moi-même parmi les miennes, et que je pouvais être réprimandée! Mais je voudrais faire remarquer que parfois dans la vie, ce sont pas seulement des «célébrités» ou des personnes de haut rang qui jouent un rôle d’orientation. Combien de soutien spirituel et humain inestimable ai-je reçu de gens merveilleux dont je suis peut-être la seule à avoir être témoin de ce qu’ils étaient des justes…
Avant d’entrer au monastère, je connaissais une famille de Saint-Pétersbourg, le père à moitié aveugle, un soldat de première ligne, «détenu» sur base de l’article 58, et un fils, un jeune homme solitaire qui se consacrait à son père, à prendre soin de lui. Ce jeune homme ne se permettait même pas de balayer la pièce, si pour quelque raison, son père en était gêné ou simplement irrité… En regardant leur existence simple, paisible, faite de respect mutuel, et à quel point ils la partageaient généreusement avec d’autres, je me disais: «Apprends! Voici de vrais moines!» Ces exemples et bien d’autres sont restés dans la mémoire de mon cœur, comme une grande miséricorde de Dieu, comme un don de la grâce…

Monastère de Pioukhtitsa

Et encore ceci. A la fin des années 1980, à Pioukhtitsa, il y avait une abondance de dignes moniales à la vie juste, de simples moniales à la spiritualité remarquable! Je ne doute pas qu’il y en avait aussi, et qu’il y en a encore, dans d’autres monastères, mais je mentionne ce que j’ai pu observer de mes propres yeux. Dommage que je vécus trop peu de temps à Pioukhtitsa pour apprendre de ces sœurs et acquérir semblable expérience… Les plus âgées de ces moniales décédèrent dans les années 1990′ déjà, mais aujourd’hui encore, là-bas, vivent celles qui continuent leur humble podvig. Dans le monde, elles sont évidemment inconnues, mais elles sont nos contemporaines.
Nous vivons aujourd’hui dans un monde turbulent et imprévisible. Chaque jour il y a des événements que nous ne pouvions même pas imaginer hier… Peut-être arrive-t-il que quelqu’un vous demande: «Et comment le Père Kirill réagirait à cela? Que dirait-il de ça?» Je comprends toute l’incorrection de ces questions: après tout, de cette façon, nous lui attribuerions nos propres pensées et opinions. Mais-pouvez-vous dire que vous avez reçu du père de Kirill une sorte de clé universelle pour toutes les situations possibles?
Question difficile… Je dirais plutôt que je sens que, grâce à certains conseils de mon père spirituel, j’ai ma propre clé particulière. C’est ma clé à moi. Non pas parce que je sois tellement unique, mais simplement parce que c’est comme ça que ça marche. La conscience de chacun doit ressentir quelque chose de semblable lorsqu’il prend des décisions. Vous pouvez appeler cela un diapason spirituel intérieur, probablement. Mais il n’y a pas de modèle commun. Je me souviens des craintes qui ont renversé les gens pendant la longue histoire du numéro d’identification fiscale: aucune de nos sœurs au Patriarcat, quand j’y accomplissais mon obédience, ne voulait donner son passeport, à cause de ces craintes. Je ne me souviens plus maintenant pour quelles procédures ces passeports étaient alors nécessaires, mais on m’a appelée, comme on dit, «à me rallier au peuple» et à ne pas le donner non plus. Je regimbai contre cet aiguillon; complètement indifférente à cette histoire de numéro d’identification fiscale, je me rendis directement dans le bureau du Patriarche et déposai tranquillement mon passeport devant lui. Il fut tellement ému, en ces jours sinistres, qu’il me serra dans ses bras en me disant : «Comme tu comprends bien!». Il y avait tant de remue-ménage autour du fait que le Père Kirill aurait été catégoriquement opposé au numéro d’identification fiscale, et tout cela introduisit même certaines tensions dans sa relation avec le Patriarche Alexis. C’est-à-dire que si nous étions plus attentifs aux hommes de Dieu, si nous écoutions de tout notre cœur et très sérieusement ce qu’ils veulent nous dire, nous vivrions, en effet, notre vie dans toute son authenticité: elle ne serait peut-être pas simple, ni facile, mais ce serait notre vie…
J’ai l’impression, peut-être ne serez-vous pas d’accord avec moi, que la vie de juste en tant que norme de vie est perdue aujourd’hui. C’est cette justice tranquille des obscurs et pauvres batiouchkas de village qui n’émerveillaient personne, qui n’attiraient personne… et dont nous lisons les nécrologies détaillées dans les «Feuillets Diocésains» d’avant la révolution. Justice et simplicité. L’homme moderne, même sincèrement croyant et aspirant au bien, est complexe, confus, contradictoire, tout en problèmes douloureux. La vie au multiples difficultés l’attaque de tous les côtés, le secouant et le retournant, l’épuisant et le dévastant. Il n’y a plus de silence en l’homme, il y a une cacophonie mentale-émotionnelle constante. Peut-on aujourd’hui revenir à la vie de juste, à la simplicité et au silence? Le Starets Kirill ne fut-il pas le «dernier des Mohicans»?
Ce monde, comme nous le savons vous et moi, se serait effondré il y a longtemps si les justes n’existaient plus du tout… «Il n’y a pas de village sans un juste», n’est-ce pas?.. Ils sont toujours là et, comme je l’ai dit plus haut, ils ne sont pas nécessairement largement connus. Ou, selon vous, personne ne va vers eux. Peut-être une telle obscurité les garde-t-elle de l’hypocrisie et du jeu d’acteur avec lesquels beaucoup masquent avec succès leur indifférence au podvig moral…
Les temps présents ne favorisent pas vraiment l’homme à se consacrer profondément et fondamentalement, par exemple, à l’examen de ses pensées et de ses actions à la lumière des commandements de l’Évangile. Beaucoup de tentations extérieures, de pièges… D’où cette cacophonie mentale-émotionnelle, comme vous le dites. Mais le choix nous appartient. Le chemin de beaucoup de chrétiens aujourd’hui est même tragique, mais si quelqu’un cherche Dieu, si pour lui la voix de la conscience n’est pas un son vide et si elle travaille sur son âme, cela sera payant. Peut-être que le silence et la paix souhaités seront rares, mais le cœur informera un tel travailleur de la justesse de son chemin. Et il sera heureux, je pense. (A suivre)
Traduit du russe
Source

Saint Luc de Crimée. Homélie pour la fête de la Nativité du Christ

«... en 38 années de sacerdoce presbytéral et épiscopal, j'ai prononcé environ 1250 homélies, dont 750 furent mises par écrit et constituent douze épais volumes dactylographiés...»
(Le Saint Archevêque Confesseur et chirurgien Luc de Crimée)
1

Homélie prononcée par Saint Luc de Crimée, le jour de la fête de la Nativité du Christ en l’année 1957. Le texte original russe est la première homélie du Tome 2 des Homélies de Saint Luc de Crimée, publiées par l’Éparchie de Simféropol en 2004.

Je vois un Mystère étonnant qui dépasse l’entendement:une grotte est devenue le Ciel et la Vierge remplace le trône des Chérubins;la crèche est la demeure où repose celui que l’univers entier ne pouvait contenir, le Christ notre Dieu infini que nous chantons et magnifions (Irmos de la Nativité, neuvième ode)
En ce grand jour, la Sainte Église se souvient d’un grand événement profondément mystérieux et incompréhensible, devant lequel tous les autres événements de l’histoire du monde sont complètement insignifiants : la Nativité du Fils Coéternel de Dieu dans la chair humaine par la Toute Sainte Vierge Marie, pour le salut du genre humain tombé dans les péchés. La crèche dans laquelle ce profond mystère a eu lieu est devenue vraiment le ciel, car Dieu y est apparu. La petite crèche, à partir de laquelle les animaux se nourrissaient, abrita le Dieu de l’univers entier. Du prophète Isaïe, du Psalmiste David, dans les Livres des Rois, nous lisons que Dieu est assis sur les chérubins, comme sur Son trône, et maintenant nous voyons le Fils Coéternel de Dieu reposer sur une humble couchette et sur les bras de sa Très Pure Mère terrestre, Qui est maintenant en vérité nommée Trône des Chérubins.
Prosternons-nous devant la crèche de Bethléem, dans laquelle le Roi des cieux, en Son Image d’Homme-Dieu, s’est manifesté au Monde dans les conditions les plus misérables.
Insondable pour nous est cette immense humilité, insondable, ce mépris du Seigneur Jésus né maintenant, envers toute gloire de ce monde. Mais rappelez-vous les paroles de Dieu annoncées par le prophète Isaïe: «Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, – oracle de Yahweh. Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies et mes pensées au-dessus de vos pensées» (Is.55, 8-9).
Et non pas à notre manière, mais à Sa manière, le Seigneur notre Dieu, Jésus-Christ, a souligné la grandeur de Sa Nativité dans la crèche de Bethléem.
Quel miracle, cette faculté propre à Dieu seulement, d’annoncer Sa naissance terrestre aux proches et à ceux qui étaient loin, au simple et à l’analphabète comme au sage et au savant. Les simples étaient proches de lui. C’est de leur milieu que plus tard, Il élit Ses Apôtres. Ils appartenaient au peuple qu’Il avait choisi, ils croyaient en le Vrai Dieu, ils comprenaient la langue des de la Sainte Écriture. A eux, Il envoya au milieu de la nuit profonde, Son ange, qui leur dit: «Ne craignez point, car je vous annonce une nouvelle qui sera pour tout le peuple une grande joie. Il vous est né aujourd’hui, dans la ville de David, un Sauveur, qui est le Christ Seigneur. Et voici ce qui vous servira de signe : vous trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une crèche.»(Lc.2,10-12). Et soudain, le ciel s’ouvrit devant les yeux des bergers, et une foule d’anges apparut devant eux, confirmant ce qui venait de leur être annoncé par un chant céleste étonnant: «Gloire à Dieu au plus haut des cieux, paix sur la terre et aux hommes, bienveillance»(Lc.2,14).
Tout à fait différente, mais tout aussi miraculeuse, est la révélation par le Seigneur Dieu du grand secret de la descente sur la terre de Son fils Coéternel à d’autres gens, très éloignés, les mages de l’Orient, savants sages, gens nobles qui ne connaissaient pas encore Le vrai Dieu. Par l’apparition miraculeuse de l’étoile, il les convainquit de parcourir un long chemin et aller adorer le Fils de Dieu Qui venait de S’incarner, le Sauveur du monde.
Qui étaient ces mages de l’Orient? Des scientifiques très éminents du monde antique, des observateurs profonds et incessants du ciel étoilé, du mouvement et du courant des étoiles.
Les moyens dont disposait leur science étaient très primitifs. Ils n’avaient pas de télescopes et d’autres instruments optiques puissants dont disposent les astronomes actuels, mais ils connaissaient profondément les mathématiques, cette science très importante, car sans elle, il est impossible de comprendre le mouvement des étoiles et des planètes. Leur science, l’astrologie, est maintenant considérée comme une fausse science, car ils croyaient que, par le mouvement des étoiles et surtout par l’apparition de nouvelles étoiles, il était possible de reconnaître et de prédire les événements historiques, la naissance et le destin des grands hommes.
Il plut à Dieu d’attirer l’esprit et le cœur de ces anciens savants vers la Nativité de notre Seigneur Jésus-Christ, de la Deuxième Personne de la Sainte Trinité, qui prit chair à leur époque, le Sauveur du monde.
Comme je voudrais que de tout cela, des anciens savants, les mages, de la miraculeuse étoile qui les amena à Bethléem, se souviennent aussi les savants actuels, qui, pour la plupart, ont remplacé la foi en Dieu par la foi en la science; afin qu’ils se souviennent qu’il y a deux sphères d’existence: l’existence matérielle et l’existence spirituelle. La puissance de la science est extrêmement grande, pénétrant de plus en plus profondément dans les mystères de l’être matériel, et on ne voit pas la fin de ses grandes réalisations. Mais que les savants ne tirent pas fierté de leur sagesse! Et je rappellerai à ceux qui ne vivent que par la foi scientifique la parole étonnante du Seigneur Jésus-Christ: «Je contemplais satan tombant du ciel comme la foudre»(Lc.10,18). On ne tombe que de haut en bas, et la chute de satan du ciel sur terre montre que les cieux, cette sphère de l’être spirituel, sont bien au-dessus de l’existence matérielle. Cela nous est également confirmé lors de la tentation de notre Seigneur Jésus-Christ par le diable après son jeûne de 40 jours dans le désert. Le diable a emmené le Seigneur Jésus sur une haute montagne, et Lui a montré en un instant tous les royaumes de la terre et leur gloire, il a dit: «Je Te donnerai toute cette puissance et toute la gloire de ces royaumes; car elle m’a été livrée, et je la donne à qui je veux. Si donc Tu Te prosternes devant moi, elle sera toute à Toi» (Lc.14,6-7).
Il est fort possible que la science si puissante révèle un jour tous les mystères de l’existence matériel. Mais comme le diable, rejeté du ciel pour son orgueil, fut privé de sa participation aux grands mystères de la sphère spirituelle, aux orgueilleux savants qui ont perdu la foi en Dieu, sera inaccessible tout ce qui se rapporte à la sphère supérieure de l’être spirituel, dans laquelle existent et agissent ses lois propres, inaccessibles à l’esprit humain. Ces lois ne sont accessibles qu’aux saints qui sont devenus des temples de l’Esprit de Dieu, des amis et même des frères du Seigneur et Dieu Jésus-Christ, descendu maintenant du ciel sur la terre pour sauver le genre humain par Sa divine prédication, et non seulement par elle, mais même, et il est terrible de le dire, par Sa Chair et Son Sang. Vous et moi, marchons à Sa suite, vous tous, frères et sœurs.
Amen.

Traduit du russe.

Récits de la Nativité dans un monastère de l’Oural.

Madame Rojniova

Madame Olga Rojniova a écrit une série de textes relatifs à la communauté de moniales du Monastère, ou ‘Désert’, de la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan-Saint Tryphon, situé sur une colline de la région de Perm, qu’elle a intitulés «Histoires de la Colline Miteïnaia». La traduction d’une série de plusieurs de ces textes est proposée sur ce blog. Celle-ci est consacrée à plusieurs récits relatifs à la période de la Nativité, vécue dans le monastère pour hommes situé en face du Désert  de la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan-Saint Tryphon sur la rive opposée de la Tchoussova .

Où est notre Michenka?
En automne, lorsque le feuillage jauni est parsemé dans tout le monastère, des visiteurs arrivèrent au monastère: la maman, le papa et leur fils de quatorze ans. Les parents devaient partir pour un long voyage d’affaires, et ils avaient peur de laisser le garçon avec sa grand-mère. Le problème s’est avéré être ceci: le fils passait tout son temps à l’ordinateur, refusant de dormir et de manger. Avec difficulté, ses parents l’avaient envoyé à l’école, mais il s’obstinait à s’enfuit et courir à sa seule joie : l’ordinateur. Il était difficile de compter sur la grand-mère: elle regardait des séries et la plupart du temps, elle vivait les aventures de leurs héros. C’est ainsi que Micha fit son apparition au monastère, mince et dégingandé, les yeux éteints et une pâleur malsaine. Il considérait avec horreur ce monastère éloigné de la civilisation, et dans ses yeux se cachait une angoisse pas du tout enfantine : ici, il n’y avait pas son ordinateur bien-aimé.

L’Higoumène Savva (Roudakov)

L’higoumène Savva écouta attentivement les parents, regarda le mélancolique Micha et accepta que le garçon reste au monastère pendant leur voyage d’affaires. L’école se trouvait à une dizaine de kilomètres, et deux écoliers y étaient déjà transportés, les enfants d’un prêtre qui vivait à côté du monastère.
Les deux premiers jours, Micha fut en état de choc. Il répondait aux questions brièvement et de façon morose nourrissant visiblemment des rêves d’évasion. Peu à peu, il commença à prendre vie. Et puis il se lia d’amitié avec le novice Piotr. Petya était le plus jeune dans le monastère, il avait terminé l’école quelques années auparavant. Et maintenant, le rôle de mentor des jeunes lui réchauffait l’âme. Il patronna généreusement Micha, et parfois il se laissait aller et folâtrait comme un enfant, sur un pied d’égalité avec son pupille. Mais un moine, le Père Valérien, avait pour obédience de veiller sur les deux jeunes.
Après les leçons à l’école du village, Micha accomplissait une obéissance à l’écurie et il aimait Yagodka, le cheval du monastère. Il semble que Yagodka soit devenu le premier animal de compagnie dont Micha se fut approché. Il prit soin du cheval, à la surprise de la communauté, avec tendresse. Et ainsi ils se prirent d’amitié l’un pour l’autre, à un point tel que quelques semaines plus tard, Micha et Piotr se relayaient à faire le tour du monastère, montés sur Yagodka, toujours sous la surveillance vigilante du Père Valérien.
Discrètement, l’hiver s’installa au monastère. Et l’hiver y était des plus réels, pas comme l’hiver en ville. Il n’y avait pas de publicité au néon et de vitrines brillantes, il n’y avait pas d’agitation urbaine et de neige sale fondue sous les pieds.
C’est peut-être pour cette raison que les étoiles dans le crépuscule bleu de l’hiver brillaient de façon exceptionnellement éclatante, que les sentiers blancs étonnaient par leur pureté et que la pénombre de l’aube sombre n’était éclairée, en ce temps de l’année, que par la lumière des fenêtres des cellules des moines. Les gelées et les vents, les flocons de neige, mais aussi les tempêtes de neige, frappaient aux portes des moines. Alors, dans les poêles, le feu crépitait calmement et affectueusement, rivalisant avec le mauvais temps.
Après avoir terminé l’obéissance, Micha et Piotr faisaient de la luge sur les pentes de la colline. Petya, cependant, était gêné au début: un adulte… sur un traîneau… et sûrement un membre de la fraternité le verra… les moqueries seront inévitables. Mais aucun des moines ne pensa à se moquer d’eux, et peu à peu Piotr se prit au jeu. Et ils glissaient donc sur leur traîneau, et au son de la cloche, tout couverts de neige, rougis, joyeux, affamés, ils se retrouvaient au réfectoire. Et là,même si c’était le temps du Carême de la Nativité, tout était délicieux. La nourriture du monastère l’est toujours, même quand il s’agit de soupe maigre ou des tartes fourrées sans huile, à l’eau. Les moines cuisinent avec la prière aux lèvres et dans le cœur, voilà pourquoi c’est délicieux. Petits pains aux pommes de terre ou tendre tarte au chou, soupe monastique aux ouïes de poisson, et le dimanche, du poisson sorti tout chaud du poêle, quels parfums! Et ensuite, gelée de canneberges ou d’airelles accompagnée de thé aux herbes parfumées, et craquelins aux raisins secs… Les moines anciens mangeaient peu; l’Archimandrite du grand schème Zacharie mangeait quelques cuillerées de soupe et un petit quartier de tarte. Même le Père Valérien, grand, costaud, mangeait peu. Il est vrai qu’ils étaient au monastère depuis longtemps… Le père spirituel avait donné à Piotr et Micha sa bénédiction de manger à satiété. Ils le firent.
Pour la Nativité, selon la tradition, les moines montèrent une crèche. Juste à côté de l’église, au milieu de la congère d’hiver, dans une grotte de glace éclairée par des lanternes, il y avait une crèche en bois, du vrai foin dans la crèche, à côté d’un cheval et d’un âne de chiffon et, surtout, la Très Sainte Mère de Dieu avec l’enfant Christ emmailloté. Il était particulièrement agréable de regarder cette grotte le soir, quand il faisait sombre et d’énormes étoiles brillaient dans le ciel. Alors, le foyer dans la crèche brillait avec une douceur particulière; les lanternes attiraient le regard et dispersaient l’obscurité environnante. Et le Père Valérien avait ramené de la forêt un grand sapin de Noël aux aiguilles denses. Micha et Piotr vidèrent un placard où étaient rangées boules et décorations, une pluie de lumière. Les boules étaient si brillantes, elles sonnaient clairement comme le cristal. Jamais auparavant, Micha n’aurait cru qu’il était possible de décorer avec joie un sapin de Noël: c’était une activité pour les enfants… Mais maintenant il l’avait décoré et il avait écouté comment le poêle bourdonnait et crépitait dans le réfectoire chaleureux et confortable. Des odeurs merveilleuses et savoureuses arrivaient de la cuisine, derrière les fenêtres couvertes d’arabesques de glace, on voyait les arbres blanchis comme neige par le givre. Des flocons de neige tourbillonnaient doucement.
Le soir, le Père Savva appela Micha et Piotr dans sa cellule. Ce fut un moment tellement précieux! Dans la cellule de Batiouchka, le parfum était si merveilleux, celui de l’encens de l’Athos, des icônes tout autour des murs, des livres. Et quand le Père Savva commença à parler de l’Athos, des sentiers de montagne, des monastères de la Sainte Montagne…
Quand ils sont sortis de la cellule de l’higoumène, la nuit bleue était déjà tombée sur le monastère. D’énormes étoiles brillaient dans le ciel. Un petit foyer brûlait dans la grotte de la crèche de Noël et la lumière de ses Saints Habitants éclairait le chemin menant aux cellules. Ils s’arrêtèrent une minute près de la grotte de neige. Restèrent là, debout. Et Micha sentit soudain une plénitude inhabituelle de la vie, telle qu’il est impossible de transmettre avec des mots. Il n’y parvint pas. Quand Piotr demanda: «Mich’, qu’est-ce qui t’arrive?», il dit doucement:
«Tu sais, Petya … c’est pourtant bien de vivre dans le monde!» Il craignit que son ami ne comprenne pas, rie, que son humeur soit gâchée. Mais Petya avait compris et répondit sérieusement:
– Oui, frère Micha, c’est bien… «Je vois, j’entends, tout en moi est heureux…» C’est du Bounine, frère…
La Nativité approchait. Ils attendaient les gelées, et après le repas, toute la petite communauté transporta sur des luges et un grand traîneau du bois de chauffage depuis la remise à bois jusque dans les cellules et au réfectoire, afin de pouvoir célébrer la fête de la Nativité et se reposer, sans devoir se soucier du bois de chauffage. Tout le monde en bottes de feutre, épais blouson et bonnet de feutre. Du travail efficace. De retour avec une luge chargée de bûches, Piotr et Micha se figèrent soudain sans plus avancer vers leur cellule : les parents de Micha se précipitaient à leur rencontre. Ils avaient l’air inquiets. Ils passèrent devant eux, hochant tout juste la tête pour les saluer. Micha n’en croyait pas ses yeux: ses parents ne lui avaient accordé aucune attention. Ils approchèrent de la remise à bois, firent le tour de tous les moines qui travaillaient et se hâtèrent de revenir. Ils revinrent auprès de Micha et Piotr figés toujours pétrifiés et s’arrêtèrent à quelque distance. La maman demanda :
– Pères, auriez-vous vu notre Michenka? Michenka, notre garçon?
Et le papa confirma d’un hochement de tête. Micha et Petya les fixaient avec étonnement, et la maman se plaignit plus encore:
– Mais qu’est-ce que c’est?! Chers Pères! Vous n’avez pas vu notre petit Micha?
Alors, enfin, Micha retrouva l’usage de la parole. D’une voix embarrassé, il grogna :
– Mais m’man, qu’est-ce qui te prend? C’est moi…Micha.
Piotr regarda attentivement son ami: gros chandail, bottes de feutre et chapka couvrant les oreilles, enfoncée jusqu’aux sourcils. Mais ce ne sont pas ses vêtements qui l’avaient rendu méconnaissable. Au lieu du garçon pâle, aux yeux éteints, qui était arrivé au monastère il y a quelques mois, les parents voyaient en face d’eux un Micha aux joues vermeilles, costaud et au regard vif et joyeux. Voilà une histoire de la Nativité au monastère.
«Je n’ai pas fermé l’oeil»

Les pèlerins étaient arrivés au monastère pour la Nativité. L’hôtellerie était bondée et Volodia, l’un d’eux, avait reçu la bénédiction pour passer la nuit dans la cellule du Père Valérien, auquel il était venu rendre visite. Ils ouvrirent un lit pliant pour Volodia.
Avant de se coucher, le Père Valérien avertit son invité:
– Je ronfle parfois dans mon sommeil. Pousse-moi si tu veux.
Ceci convenu, la nuit tomba. Immédiatement, le Père Valérien se mit à ronfler. Volodia n’avait pas encore eu le temps de s’endormir, et maintenant il ne pourrait pas. Il siffla, et le père de Valérien cessa de ronfler. Ça a marché!!! se réjouit Volodia. Mais quinze minutes plus tard, le ronflement résonna à nouveau. Et puis encore… et encore…
Le matin, Volodia, qui n’avait pas dormi, décida d’exprimer son mécontentement en plaisantant:
quelqu’un a tellement ronflé toute la nuit que je n’ai pas pu dormir!
Le Père Valérien encore endormi lui répondit : Et moi, je n’ai pas fermé l’œil: quelqu’un a sifflé toute la nuit!
Du bois de chauffage pour le père Théodore

Le Père Théodore, vieux moine du grand schème, était petit, mince, mais très actif. Malgré son âge, souvent, il donnait des sueurs aux frères de la communauté:
– Nous n’avons pas d’ordre dans ce monastère! C’est comme ça qu’on enlève la neige?!
Il arracha la pelle des mains d’un moine et se mit à déblayer à sa manière, qualitativement! Tout le monde connaissait le Père Théodore, mais on l’aimait aussi: il n’avait aucune mauvaise intention. Un jour, le jeune Hiéromoine Siméon décida d’aider secrètement le vieil homme.
La pile de bois était quasi vide chez le Père Théodore et il fallait aller loin pour le bois de chauffage. Sachant que le vieux moine du grand schème était susceptible, le Père Siméon apporta secrètement, la nuit sur un traîneau, le bois de chauffage le plus tendre, en quantité pour une pile de bûches. Après avoir monté la pile jusqu’au sommet, il rentra dans sa cellule avec le sentiment joyeux du travail accompli. Le matin, dans le monastère, tout le monde fut assourdi par les cris du Père Théodore. Regardant depuis leurs cellules, les frères furent témoins du tableau suivant : toute la pile de bûches se trouvait dehors, les bûches attentivement sélectionnées s’étaient envolées du couloir.
– Qui a apporté ce bois?! Tout était obstrué! Le vieux n’avait qu’à déblayer! Quel malin! Ce n’était pas du bouleau, mais du tremble! Pas du bois de chauffage, on se demande à quoi il sert! Il n’y a pas d’ordre dans ce monastère! Asséna le Père Théodore. Si vous pensiez que le Père Siméon se sentit offensé, alors écoutez la suite de l’histoire: le lendemain matin, les frères furent à nouveau réveillés par un grand cri du vieux moine du grand schème dans le couloir :
– Ah, du bouleau, voilà ce dont on a besoin! On a enfin compris! On a finalement fait fonctionner sa tête vide! Ce n’aurait pas pu être fait correctement dès le premier coup?! Tu enseignes l’ordre à ces jeunes, tu leur enseignes, et tout est inutile! Il n’y a pas d’ordre dans ce monastère!
Les frères secouaient la tête, et seuls l’higoumène Savva et le Père Zacharie, archimandrite du grand schème, souriaient. Ils se souvenaient bien de la règle monastique: «Qui nous fait des reproches nous fait cadeau. Et qui nous offre louanges, nous vole».
Et ils savaient aussi que le Père Théodore qui avait crié fermerait la porte de sa cellule, et se calmerait immédiatement, rejetant toute trace de l’apparence de la colère. Il se calmera, se posera tranquillement sur ses vieux genoux douloureux et priera longuement pour son bienfaiteur et pour toute la fraternité monastique.
«Et qui a préparé cette beauté?»

Un jour pendant la Nativité, le Père Théodore fut très malade. Presque 90 ans, toute sa vie dans les travaux! Les frères étaient affligés, mais les moines essaient toujours de se souvenir de la mort, et pour le Père Théodore, ils avaient préparé un cercueil et une croix.
Le Hiéromoine Siméon prit les Saints Dons et alla communier le malade. Le Père Théodore était allongé sur son lit sans mouvement. Son regard errait; tout témoignait de l’approche du mystère de la mort. Le Père Siméon l’oignit d’huile consacrée et communia le mourant d’une goutte du Sang du Christ. Le lendemain, pendant le dîner du jour de la fête, la porte du réfectoire s’ouvrit avec fracas. Sur le seuil se tenait, bien vivant, le Père Théodore! Aucune trace de l’infirmité mortelle de la veille!
Et sur le chemin du réfectoire, il avait remarqué le nouveau cercueil qui séchait au soleil d’hiver. Ce cercueil était un beau travail: Petya, le novice du monastère aux mains d’or avait imaginé l’orner d’une sculpture, pour le Père Théodore! Le Père Théodore aima beaucoup cette sculpture.
Et qui a préparé cette beauté? Demanda à haute voix le Père Théodore tout en avançant.
Comment le Père Théodore se préparait pour le repas

Photo : A. Kouzmine

Le Père Théodore avait subi deux crises cardiaques, mais il était encore assez éveillé pour ses 90 ans. Toutefois, il ne pouvait pas mâcher les aliments fermes. Et pour ne pas gâcher le pain, il venait toujours au réfectoire à l’avance, pour séparer la mie des croûtes.
Aujourd’hui encore, Dionysi n’avait pas encore sonné la cloche pour éveiller le monastère, que le Père Théodore était déjà assis à sa place et se préparait pour le repas. Arriva la semaine de la Nativité. Les frères se réjouissaient, et le Père Théodore était également de belle humeur. Il émiettait les croûtes de pain dans sa soupe et souriait joyeusement en regardant l’élégant sapin de Noël dans le coin du réfectoire.
Le Père Valérien, ayant par hasard jeté un coup d’œil dans le réfectoire, avait aperçu le Père Théodore et demanda joyeusement :
– Eh quoi, Père, tu fais tremper les croûtes?
Et le Père Théodore hocha joyeusement la tête.

Traduit du russe
Source

Saint Jean de Kronstadt: le prêtre est un ange.

Le texte ci-dessous est la traduction d’extraits tirés du journal de Saint Jean de Kronstadt, et consacrés à la prêtrise. Il s’agit toutefois en même temps de la traduction des pages 583 à 585 du livre «Le Père Jean de Kronstadt» («Отец Иоанн Кронштадский»), du Métropolite Benjamin Fedtchenkov, au Chapitre 8 de la partie de ce livre intitulée Journal «Ma vie en Christ», extraits, dans laquelle le Métropolite Benjamin a repris les extraits qu’il avait sélectionnés, en leur ajoutant des intertitres. L’édition utilisée est celle publiée en 2000 à Moscou par Palomnik. En ce jour, 20 décembre / 02 janvier, nous célébrons la fête de la natalice du Saint et Juste Père Jean de Kronstadt.

Le Christ est le vrai Pasteur
«Maître! Ma prière avec larmes pour mes enfants spirituels et pour tous les chrétiens orthodoxes qui te plaisent, accueille-la, à cause des soins que je leur donne pour leur salut, à cause de mes soins pastoraux! Sois, à cause de ma prière, Toi-même pour eux… Sois pour eux tous, l’amour maternel, dont moi je suis pauvre, dévoué tendrement à leur vrai bien, «afin de les sauver tous»(1Cor.9,22). Tu es le seul vrai Pasteur, qui pait invisiblement et secrètement les âmes humaines, Tu es le seul vrai et sage Maître, Qui au cœur même de ceux qui sont à Toi; Tu es le Seul à aimer vraiment Tes créatures, Tes enfants par la grâce; en Toi est la sagesse, l’abîme de toute-puissance.
Sois donc, Vladika, à ma place, Pasteur et Maître de Tes brebis qui me sont confiées par Toi. A ma place sois pour eux la lumière, l’œil, les lèvres, la main, et la sagesse, et plus que tout l’amour, dont je suis pauvre, moi le grand pécheur.»

La grâce de la prêtrise

«Moi, prêtre et pasteur, je suis pécheur et impur plus que tout homme, mais ne regarde pas mes péchés, Seigneur, méprise-les par Ta grande miséricorde et à cause de ma prière, à cause de la grâce de la prêtrise qui repose sur moi et qui demeure en moi, écoute-moi en cette heure, que la grâce de la prêtrise ne soit pas vaine en moi, Seigneur, mais qu’elle brûle en moi toujours par la foi, l’espérance, l’amour et l’audace filiale de la prière pour Ton peuple.»

LA Grâce de la prêtrise et la médiation

«La grâce a magnifié et élevé le prêtre au niveau de l’ange terrestre qui accomplit les Mystères vivifiants et terribles de Dieu, du réconciliateur des créatures avec le Créateur, de celui qui éclaire les âmes raisonnables par ses conseil, le médiateur entre Dieu et l’homme déchu, le divinificateur qui divinifie les fidèles par les Mystères. Cela, il doit le comprendre, le ressentir et en rendre grâces. Cependant, il y a peu de prêtres qui sont conscients de toute la hauteur de leur ministère, et qui s’efforcent de répondre aux intentions de Dieu à leur sujet et à celui de leurs ouailles. Comme les laïcs, ils sont séduits par la vie terrestre, les richesses terrestres et les plaisirs, ils luttent peu pour leurs intérêts spirituels et ceux de leurs brebis; ils sont fascinés par les pensées terrestres, par les passions charnelles et tombent très bas de la hauteur de leur rang. Et ainsi, le diable, l’antique ennemi de Dieu et des hommes, se moque de nous à l’extrême et nous oppose le mal aux œuvres de Dieu et détruit beaucoup de gens. Comme il est nécessaire de mépriser le monde, et tous ses charmes, hostile à Dieu, de mépriser notre chair corrompue et toutes ses passions, et de voir toute l’affliction qui y et liée. Que celui qui a des oreilles entende!»

Du rang de prêtre

«Comme la lumière et la chaleur sont inséparables du soleil, de même, de la personne du prêtre doivent être inséparables la Sainteté, la capacité d’enseigner, l’amour, la miséricorde envers tous, car quel rang porte-t-il? Le rang Christique. A Qui communie-t-il si souvent? Au Christ Dieu Lui-même, son Corps et son Sang. C’est pourquoi le prêtre doit être dans le monde spirituel, au milieu de son troupeau, tout que le soleil est au milieu de la nature: il doit être la lumière pour tous, la chaleur vivifiante, l’âme de tous.»

De l’Autorité du prêtre

«Ceux qui rejettent la prêtrise ne peuvent avoir de sainteté et ne peuvent plaire à Dieu. Les prêtres sont revêtus du pouvoir de la grâce de la prêtrise, du pouvoir du Saint-Esprit. L’autorité des prêtres est extrêmement grande et importante. Ce sont en quelque sorte des dieux terrestres par don de Dieu et divinisant autrui par les Mystères. Ce sont des bergers spirituels qui paissent le troupeau du Christ. Ils ont été rachetés par le Sang et les souffrances du Grand-Prêtre Éternel Jésus-Christ Lui-même. Sans le prêtre, il n’y a personne pour remettre les péchés, personne pour baptiser, appliquer l’onction de l’huile, et pour accomplir les Mystères du Corps et du Sang du Christ. Quelle puissance d’intercession le Seigneur a donné aux prêtres, en les autorisant à prier pour le monde entier, pour tous les hommes, pour toute l’Église, pour toutes et tous, sur terre et aux enfers! Chéris, prêtre, cette grâce! Elle vient en vertu du Christ Omnipotent, «seul médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus fait homme, qui s’est donné lui-même en rançon pour tous»(1Tim.2,5-6) et S’est adjoint des prêtres des hommes et pour les hommes. Et j’ai l’audace d’espérer en le Seigneur, en ce qu’Il me sauvera, moi l’indigne, à cause de Sa bonté».

Qui est cet Ange qui se tient devant le Seigneur?

Car il est propre aux anges de sans cesse servir et se tenir devant Son Trône. C’est un homme qui intercède pour les hommes, qui porte l’image de l’Intercesseur, l’Homme-Dieu Jésus-Christ, c’est l’un des hommes établis au service de Dieu (Héb.5,1), comme le dit l’Apôtre Paul, mais son ministère est angélique. Il est un intermédiaire entre Dieu et les hommes, un ami proche de Lui. Selon la parole du Seigneur «Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande»(Jn.15:14). C’est comme s’il était dieu pour les hommes, avec le pouvoir de lier et de délier les péchés des hommes, et d’agir sacerdotalement pour eux par les Mystères vivifiants et terribles, d’être divinisé par ceux-ci et de diviniser autrui à travers eux. C’est un deuxième Moïse, dans le Nouveau Testament, qui guide la multitude du peuple de Dieu dans le désert de ce monde jusqu’à la terre promise, c’est l’Élie du Nouveau Testament, qui nourrit ses frères avec le pain du ciel, dans les temps de famine spirituelle. C’est un Prêtre. Élevé est le rang de Prêtre!»

Prêtre-médiateur

«Dans quelle Grandeur radieuse et divine baigne le prêtre devant le Trône de Dieu pendant la liturgie, en particulier lors de l’accomplissement du sacrifice non-sanglant, le plus saint, très céleste et terrible sacrifice transformant pain et vin en le Corps et le Sang du Christ! Les anges le regardent avec révérence et une certaine jalousie, contemplant cette condescendance de Dieu envers nous, une telle intime union du Seigneur Dieu avec notre nature mortelle. Le prêtre ici est le médiateur le plus proche entre Dieu et l’humanité coupable, qui plaide pour toute l’Église, pour le monde entier. Non seulement le prêtre est ici serviteur, mais aussi ami de Dieu, auquel Dieu confie le plus grand secret caché à toutes les générations en Dieu. Et pour qui, pour quoi, en sa prière ardente, ne prie-t-il pas le Seigneur, alors que c’est par sa prière, qu’un telle mystère s’accomplit, lorsque le Seigneur Lui-même Se donne en nourriture et boisson de vie éternelle? Celui qui n’a pas épargné Son Fils pour nous, ne nous donnera-t-Il pas tout ce que nous Lui demanderons avec foi selon Sa volonté?»

Prêtre représentant du Christ

«Tu es le représentant de la foi et de l’Église, ô prêtre, tu es le représentant du Christ-Seigneur.
Tu fais l’œuvre de Dieu, et devant personne tu ne dois perdre courage, personne tu ne dois flatter, ni être servile et considérer ton œuvre au-dessus de toutes les œuvres des hommes.»

Prêtre, ange du Seigneur

«Le prêtre, comme ange du Seigneur Tout-Puissant, doit être au-dessus de toutes les passions et de toutes les indignations de l’esprit, de toutes les dépendances du monde ou de toutes les peurs infâmes causées par les démons; il doit être tout en Dieu, l’aimer Lui seul et Le craindre. La peur de l’homme signifie qu’il n’est pas tout entier attaché à Dieu.»

Serviteur De Dieu

«Le prêtre est le serviteur de Dieu, revêtu de Son pouvoir et de Sa puissance (dans le repentir); la force de la Croix est une bénédiction sacerdotale.»

Prêtre apôtre

«Chaque prêtre est un apôtre dans son village ou dans sa paroisse (ou dans l’église de sa ville) et doit aller dans les maisons, évangélisant le Royaume de Dieu, instruisant les ignorants, appelant à la vie chrétienne les négligents, les insouciants, ceux qui vivent dans les passions et les convoitises, encourageant et affermissant les pieux et les sobres par les récompenses futures, soutenant et réconfortant (…) les belliqueux.»

Traduit du russe

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