Saint Païssios l’Athonite pendant la guerre

A ce jour, trois volumes des Paroles de Saint Païssios l’Athonite ont été traduits en français. Alors que les six volumes en grec ont été traduits en russe depuis des années. Le texte ci-dessous est la traduction d’un extrait du volume II L’Éveil Spirituel, dont la traduction russe a été publiée en 2001 aux Éditions Orthograph à Moscou. Le présent texte sera sans doute moins fidèle à la lettre de l’original grec que la traduction française officielle que nous attendons tous, mais malgré cela, les lecteurs francophones auront un avant-goût de ce que nous attendons tous et que la patience nous proposera dans plusieurs années peut-être, lors de la traduction de ce volume en français. Il s’agit d’un extrait du chapitre 3 de la quatrième partie, pages 206 à 209 de l’édition russe.

(…)Pour le Christ, je n’ai rien fait. Si j’avais fait pour le Christ dix pourcents de ce que j’ai fait pendant la guerre, aujourd’hui, je ferais des miracles ! Voilà pourquoi, dans ma vie de moine je dis «A l’armée, quel martyr j’ai enduré pour la Patrie! Mais après qu’ai-je fait pour le Christ?». En d’autres mots, par comparaison au martyre que j’ai enduré à l’armée, dans ma vie de moine, je me sens comme le fils du roi ! Cela ne fait pas de différence que j’aie du sucre ou non. Parce qu’alors, pendant les opérations, quel jeûne on devait supporter! On mangeait la neige! Certains se risquaient aux alentours pour essayer de trouver quelque chose de comestible, mais moi, je devais surveiller les rations, je ne pouvais pas m’en éloigner. Une fois, nous sommes restés treize jours sans nourriture, juste une part de pain et un demi hareng par homme. Je buvais l’eau dans les traces des sabots, et pas de l’eau de pluie pure, de l’eau mélangée à de la boue. Un jour, il m’est arrivé de devoir goûter de la «limonade»! Ce jour-là, je me suis éloigné et j’ai trouvé des traces de sabots, remplies d’eau. Jaune. Et j’en ai bu encore et encore!… C’est pourquoi plus tard, au cours de ma vie monastique, l’eau m’a toujours semblé être une grande bénédiction, même quand elle était pleine d’insectes. Au moins elle ressemblait à de l’eau.
Un soir, on constata que le câble de liaison avait été coupé. C’était en décembre 1948. Partout, de la neige. Des congères. A quatre heures de l’après-midi, on nous donne un ordre : aller jusqu’au village, à deux heures de marche, rétablir la connexion, et revenir. Deux heures plus tard, la nuit allait tomber. Les soldats étaient déjà morts de fatigue. Ils n’avaient pas le courage d’y aller. Et comment retrouver là-bas le câble rompu, en dessous des congères?
Eh quoi, Geronda, vous ne connaissiez pas le chemin, ni le trajet du câble?
Ehhh, le chemin, je le connaissais très bien, mais la nuit allait nous tomber dessus en cours de route. Bref, on me donna quelques hommes, et on se mit en marche. Au début, on se trouvait encore dans le périmètre du camp, et on déblayait la neige du chemin avec des pelles, pour rassurer le commandant et on avançait un peu seulement. Plus loin, je leur dit : «En avant, en avant, on n’est pas encore arrivés, et après on doit encore revenir!». Je suis passé devant parce que les autres n’arrêtaient pas de maugréer. Ils me disaient : «La Grèce, elle, ne peut pas mourir, mais nous, on peut bien mourir!». Et sans fin ils répétaient la même ritournelle. Nous progressions ainsi : je me laissais tomber dans la neige, ils me tiraient. Et je me jetais de nouveau dans la neige et ils me tiraient… J’avais un sabre et je m’en servais pour sonder un peu la neige devant moi pour trouver vers où avancer. Il fallait sans cesse tester. J’avançais en tête et je disais : «En avant, avançons, il n’y a pas de bétail qui passe de ce côté, ce n’est pas ici que le câble peut être endommagé. Nous devons atteindre l’un ou l’autre ravin où le câble pend en l’air, et là uniquement on testera». Finalement nous approchâmes du village devant lequel s’étageaient des terrasses cachées au regard par l’épaisseur de la neige. Je glissai dans la neige et me retrouvai sur une terrasse juste en-dessous. Les autres avaient peur d’avancer pour me tirer de là. Finalement, nous sommes descendus de terrasse en terrasse, comment, il vaut mieux ne pas en parler. Et tard le soir, nous sommes entrés dans le village. Dans un ravin d’un peu moins de deux mètres, je découvris la rupture du câble. Je le réparai et établis la liaison avec le commandant. «Maintenant, rentrez!» nous ordonna le commandant. Mais comment réussir à retourner là-bas? Non seulement la nuit était tombée, mais il fallait encore remonter toutes les terrasses. Et nous les avions descendues tête la première! Et comment retrouver le chemin? Je répondis au commandant : «Mais comment pourrions-nous rentrer? Descendre, nous y sommes parvenus tant bien que mal, mais comment remonter? Ce serait mieux de repartir demain matin, nous sortirons par l’autre côté du village et nous ferons le tour.» «Rien du tout! Vous rentrez aujourd’hui!», répliqua le commandant. Pour notre plus grand bonheur, cette conversation fut entendue par un adjudant qui demanda au commandant de nous autoriser à passer la nuit au village. Nous restâmes donc. Dans une maison, on nous donna deux ou trois couvre-lits en laine. Je me mis à frisonner. C’était bel et bien moi qui avait ouvert et déblayé le chemin. J’étais complètement trempé. Les camarades me plaignaient, j’en avait bavé plus qu’eux, alors, ils me placèrent au milieu du groupe. Nous avons alors soupé avec notre ration de pain seulement. Je ne me souviens pas avoir éprouvé une si grande joie de toute ma vie ultérieure.
Je vous ai raconté cette histoire pour que vous compreniez ce qu’est le sacrifice. Je n’ai pas raconté cela pour que vous me félicitiez, mais pour que vous compreniez d’où provient le joie véritable.
Par la suite, dans le peloton de liaison, les autres me roulaient dans la farine. «Mon père va arriver, je dois aller à sa rencontre, prends ma place pour la garde, s’il-te-plaît», me dit l’un. «Ma sœur va arriver», me dit un autre. Il n’avait pas de sœur, en réalité. Un autre devait aller éclaircir quelque chose, et j’acceptai de me sacrifier. Quand j’avais fini la garde, il fallait remettre de l’ordre. L’entrée des locaux de la section de liaison était interdites à ceux qui n’en faisaient pas partie, même aux officiers des autres services. On était en temps de guerre. Si bien qu’on ne pouvait bénéficier de l’aide de personnel de nettoyage. Je prenais le balai et nettoyais tous les locaux. C’est là que j’ai appris à balayer. Je disais : «Ici, nos locaux de service, c’est une sorte de lieu saint ; il est impossible d’en délaisser le nettoyage». Je n’étais pas obligé de balayer, et je ne savais comment m’y prendre ; à la maison, je n’avais jamais tenu de balai en main. Et si j’avais voulu le faire, ma sœur m’aurait arraché le balai des mains. Les copains plaisantaient à mon sujet : «La nettoyeuse, l’éternel sacrifié!» Mais je n’accordais aucune importance à cela. Je faisait cela non pour entendre «merci», mais parce que j’en sentais la nécessité et je m’en réjouissais.(…)
Traduit du russe

Source :  Преподобный Паисий Святогорец «Слова. Том II. Духовное пробуждение». Издательство:Орфограф, Москва. Pp. 206-209

Archimandrite Raphaël (Kareline) Le temps, l’Église, la mort, l’éternité.

Le texte suivant est composé de la traduction de deux passages du livre de l’Archimandrite Raphaël Kareline «A propos du temps, de la mort et de la vie éternelle», édité en 2019 à Moscou par la «Société ecclésio-historique». Les passage sont tirés des pages 36 à 40 et 42 à 45. Plusieurs textes de l’Archimandrite Raphaël, qui vit à Tbilissi, ont été traduits sur le présent blog.

(…) Les anciens ne sont pas parvenus à percer le secret du temps. Ils ne purent percer le secret de l’éternité, qui pour eux n’était qu’une sorte d’arrêt statique, une pause entre les cycles de l’histoire cosmique. C’est pourquoi le temps signifiait pour les anciens une situation désespérée, sans issue, semblable à un terrible serpent enserrant sa proie dans ses anneaux, jusqu’à la mort.
Mais l’Église maîtrise le mystère du temps ; il s’agit d’un mystère simple. Dieu a créé le temps en guise de préparation à l’éternité. Le temps n’est pas dépourvu de commencement, ni de fin ; il s’écoule sur fond d’éternité. Le temps est une situation de préparation et de choix, un carrefour des chemins, où se décide la question essentielle de l’existence humaine : «avec qui est l’homme?», avec Dieu ou sans Dieu. Le temps, c’est la possibilité de se transformer, de devenir une personne humaine, de manifester ou de perdre la ressemblance de Dieu, l’acquisition de ce qui va se déployer dans l’éternité. Ici sur terre, il s’agit d’un séjour, dans l’éternité, c’est la vraie existence. Le temps est un champ d’expérimentation pur l’homme,tandis que l’éternité est l’appartenance à Dieu, c’est pourquoi pour le Chrétien, le temps s’ouvre sur l’éternité, à travers la relation à la grâce primordiale, éternelle, incréée. Exprimé de façon imagée, l’éternité est comme la respiration de Dieu que l’âme peut ressentir, percevoir, pendant la prière. Pour l’incroyant, comme pour les anciens païens, le temps est juste le seuil de la mort, une existence en négatif, l’écrasement des espoirs humain. C’est pourquoi il ne reste aux incroyants qu’un seul moyen de lutter contre le temps et la mort: les oublier. Pour le Chrétien, le temps est un grand cadeau de Dieu. Et en même temps, une grande responsabilité, car l’éternité peut être aussi pour nous la perte définitive de Dieu. (…)
(…) Le temps s’autodétruit en permanence. Les anciens le représentaient sous forme du serpent qui engloutit sa propre queue. Le temps est l’attribut de l’existence relative. Dans le temps, il n’y a pas de passé, il a disparu sans retour. Dans le temps, il n’y a pas de futur, on peut seulement le supposer. Dans le temps, il n’y a pas de présent, c’est un rayon qui n’a ni longueur ni largeur, qui glisse continuellement du passé déjà perdu vers un futur qui n’existe pas encore. Alors que les organes de nos sens tente de fixer le temps en tant que présent, il est déjà passé, il s’est transformé en passé et la vague nous a balayé. Cela veut dire que le présent est seulement le souvenir d’un passé tout récent, le produit du conservatisme des organes de nos sens, qui font parvenir à nous un instant qui déjà n’est plus, et donc, le présent est uniquement la trace du passé et l’attente du futur.
La mort elle-même ne signifie pas sortir du temps. L’âme de l’homme passe simplement dans une situation caractérisée par une nouvelle acception du temps, qui nous est inconnue. Le temps disparaîtra quand le ciel et la terre brûleront dans un brasier cosmique qui ne détruira pas le monde mais le transfigurera. Jusqu’au Jugement Dernier, le temps régnera non seulement sur terre, mais aussi dans les Cieux et aux enfers. Les âmes des saints attendent la résurrection des corps et les âmes des pécheurs, la miséricorde de Dieu par les prières de l’Église et par les aumônes faites en leurs noms par ceux qui sur terre leur veulent du bien.
Le temps est le potentiel et la possibilité de la transformation. Il représente symboliquement le mouvement horizontal. L’éternité est un mouvement vertical ; en elle il n’y a aucune transformation ni passage d’un état à l’autre, en elle se déploie le contenu de l’âme humaine. Dans l’éternité, il n’y a pas cette perte d’existence que les philosophes nomment l’asymétrie du temps, il n’y a pas de périodes qui se succèdent. L’éternité n’est toutefois pas immobilité, ni statisme, mais mouvement, mais d’une autre nature que le mouvement du temps.
Le temps est unidimensionnel, l’éternité, multidimensionnelle. Ce n’est pas facile à comprendre. Prenons une surface, bidimensionnelle. Si elle reçoit une troisième dimension, elle devient volume. Il en va ainsi de l’éternité, pour le dire de façon figurée, ce qui était unidimensionnel devient multidimensionnel et l’homme, sans perdre le passé, élargit le présent, et dans ce présent s’ouvre sans cesse le nouveau, par le relation à la grâce, de nouveaux volumes d’existence, de nouvelles capacités de perception. Le temps, c’est la transformation, liée à une perte. L’éternité, c’est le nouveau, sans perte. L’éternité est la véritable existence alors que le temps est étape. Le temps ne passe pas vers éternité, ni l’éternité vers le temps. Le temps se déroule sur fond d’éternité. C’est une période de devenir, la période de gestation de l’éternité. L’Apocalypse dit que le temps cessera après le Jugement Dernier. (…)
Traduit du russe


Source

Saint Païssios l’Athonite. L’aide des saints.

A ce jour, trois volumes des Paroles de Saint Païssios l’Athonite ont été traduits en français. Alors que les six volumes en grec ont été traduits en russe depuis des années. Le texte ci-dessous est la traduction d’un extrait du volume VI De la Prière, dont la traduction russe a été publiée en 2021 aux Éditions Orthograph à Moscou. Le présent texte sera sans doute moins fidèle à la lettre de l’original grec que la traduction française officielle que nous attendons tous, mais malgré cela, les lecteurs francophones auront un avant-goût de ce que nous attendons tous et que la patience nous proposera dans plusieurs années peut-être, lors de la traduction de ce volume en français. Il s’agit d’un extrait du chapitre 3, qui concerne l’aide de la Très Sainte Mère de Dieu et des Saints, pages 108 à 111 de l’édition russe.

[Note du traducteur russe, p. 108: L’église Saint Arsène de Cappadoce fut construite avec la bénédiction de Saint Païssios dans l’hésychastère pour femmes de Souroti en 1974. Après la glorification de Saint Païssios en 2014, en cette église fut célébré un grand office la consacrant aux deux saints pères, Arsène et Païssios.]
– Geronda, que ressent Saint Arsène, maintenant qu’il a son église?
– De la joie! Il a maintenant sa bergerie où il rassemble ses brebis et les protège.
– Geronda, après qu’un saint soit glorifié, les gens reçoivent plus d’aide de sa part qu’auparavant?
– Bien entendu. Quand l’Église a glorifié un saint, il sent qu’il a l’obligation de nous aider. Si je peux m’exprimer ainsi, il est obligé de nous aider plus qu’avant sa glorification. De plus, le Seigneur l’envoie aider les gens.
– Geronda, un saint peut-il demander à Dieu que les fidèles honorent sa mémoire?
– Non, les saints n’adressent pas de pareilles demandes à Dieu. Il ne disent pas à Dieu : «Seigneur, que les fidèles vénèrent ma mémoire, et Toi, aide-les à le faire», ou encore «Aide seulement ceux qui vénèrent ma mémoire». Les saints disent plutôt : «Seigneur, ces gens vénèrent ma mémoire récompense-les pour cela».
– Geronda, j’éprouve une plus grande vénération envers l’Évangéliste Jean le Théologien qu’envers le saint dont je porte le nom.
– Ne t’inquiète pas, ton saint n’est pas jaloux de l’Apôtre Jean parce que tu aimes celui-ci plus que lui. Évidemment, tu dois le vénérer car il est le protecteur de votre hésychastère, mais même s’il n’était pas votre protecteur, ton saint, comme tous les autres saints, se réjouit quand ton cœur est solidement attaché à n’importe quel autre saint et que tu reçois de l’aide de ce dernier. Les saints sont saints et ils n’ont aucune passion humaine, aucune mesquinerie humaine. L’homme reçoit de l’aide de la part du saint qui lui est particulièrement proche. L’un demandera de l’aide à un grand saint et il la recevra, tout comme l’autre en demandera à un saint quasi inconnu et la recevra aussi, car dans un cas comme dans l’autre, c’est la force de Dieu qui agit.
– Geronda, qu’est-ce qui doit précéder le fait qu’un homme ressente une dévotion particulière pour un saint?
– Quand survient une dévotion particulière pour un saint, cela signifie que le cœur de l’homme a d’une façon ou d’une autre entendu la voix de ce saint. Quand l’un ou l’autre parmi nous a reçu l’aide d’un saint, il peut éprouver pour celui-ci un amour particulier, que cette aide concerne des choses importante ou des détails. Dès mon enfance, j’ai fréquenté l’église Sainte Barbara à Konitsa, ainsi j’éprouve une vénération particulière pour cette sainte megalomartyre. La Sainte m’a aidé quand j’étais à l’armée, quand on m’a pris comme radiotélégraphiste alors que cela demandait une formation préalable. Et elle m’aida plus tard aussi, dans la clinique pour tuberculeux après mon opération aux poumons. Les médecins m’avaient prévenu qu’ils enlèveraient les sondes et les appareils de drainage seulement quand les poumons seraient nettoyés. D’habitude, cela prenait environ cinq jours. Mais moi, vingt-cinq jours plus tard, les sondes étaient toujours en place et cela m’occasionnait de grandes douleurs. Le samedi trois décembre, j’attendais les médecins, espérant qu’ils me libèrent de ce martyr, mais ils ne vinrent pas. Le dimanche matin, jour de la Fête de Saint Barbara, je dis : «Si la sainte voulait m’aider, elle l’aurait fait depuis longtemps. Les médecins sont partis, aujourd’hui, c’est dimanche, personne en viendra. Qui donc va me libérer de ces tuyaux?». Je dis encore avec amertume : «Tant de fois j’ai allumé les lampes à huile dans l’église de la Sainte, combien de flotteurs pour les lampes, combien d’huile ai-je apporté là, combien de fois ai-je nettoyé, mais quoi, c’est si difficile de m’enlever deux tuyaux?». Toutefois, après, je pensai : «Sans doute ai-je d’une manière ou d’une autre chagriné Sainte Barbara, c’est pour cela qu’elle ne s’occupe pas de me les faire retirer». Soudain, j’entendis du bruit. Je m’étonnai : «Que se passe-t-il? A qui est-il arrivé quelque chose?». On me dit : «Les médecins arrivent». Je ne sais quelle mouche avait piqué le médecin en chef, mais tôt le matin il avait téléphoné aux médecins en charge de mon cas et leur avait ordonné : «Allez enlever les sondes du moine». Ils entrèrent et dirent : «On nous a donné pour instruction d’enlever le dispositif de drainage». Visiblement mes paroles amères avaient touché Sainte Barbara. (…)

Traduit du russe

Source :  Преподобный Паисий Святогорец «Слова. Том VI. О молитве». Издательство:Орфограф, Москва. Pp. 79-80

Saint Théophane le Reclus : «Racontez tout à la Très Sainte Mère de Dieu »

Le texte ci-dessous est la deuxième partie de la traduction d’un original russe, une homélie pour le jour de la fête de l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan, prononcée par le Hiéromoine Ioann Loudishchev et mise en ligne le 4 novembre 2018 sur le site Pravoslavie.ru, à l’occasion de la fête de l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan. Au-delà de l’événement fêté, c’est surtout le lien entre la Très Sainte Mère de Dieu et l’espérance qui rend ce texte particulièrement intéressant. Le titre russe de l’article sur Pravoslavie.ru est d’ailleurs : «L’espérance, ferme appui de l’âme. Homélie pour le jour de la fête de l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan»

C’est ainsi que le Père Ioann (Krestiankine) a écrit: «Après tout, la foi ne se manifeste pas seulement dans l’arrêt dans la prière et dans la fréquentation de l’église; la vraie foi est témoignée dans la confiance en Dieu et dans l’acceptation de Lui de tout ce qu’Il a trouvé bon de nous envoyer sur notre chemin de vie… Et remerciez Dieu pour tout, marchant sans crainte vers la vie de la terre promise».
Si tu veux être orné de l’espérance, commence à travailler selon le Seigneur, à l’accomplissement de Ses commandements, et tu grandiras dans l’espérance vivante. L’espérance, à son tour, alimentera plus encore l’ardeur de ton adoration de Dieu. L’adoration diligente de Dieu nous fortifie de nouveau dans l’espérance. Et ainsi ils se soutiennent, se fortifient et se nourrissent. Et, au contraire, même chez ceux qui ont vécu saintement, quand ils enfreignent délibérément les clairs commandement de Dieu, l’espérance s’éteint.
Ayant appris à tout remettre entre les mains de Dieu, l’homme «avance toujours avec une grande espérance en Dieu». Selon Saint Païssios l’Athonite, «En faisant confiance en Dieu, avec humilité, tous les problèmes se résolvent. Fais ce que tu peux faire… et ensuite remets-toi à la Divine Providence et à la volonté de Dieu. L’espérance en Dieu est la garantie la plus sûre pour l’homme».
«Commence dès aujourd’hui à faire tout ce que tout ton possible, et Dieu Tout-Puissant fera ce que tu ne peux pas faire.»
«Il faut laisser agir Dieu. Il ne faut pas faire quoi que ce soit sans avoir confiance en Dieu»
«Il faut tout confier à Dieu avec confiance».
«Si l’homme s’accroche dans une certaine mesure à son “moi”, dans cette même mesure, il restera à la traine. Il ne réussira pas spirituellement parce qu’il freine la miséricorde de Dieu. Pour réussir, il faut beaucoup de confiance en Dieu.»
Aujourd’hui, c’est la fête de l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan : combien de Ses miracles sont attestés! Combien de fois dans les événements difficiles de notre histoire, la Très Sainte Mère de Dieu Se fit l’Intercesseur instantané de toute la Terre russe! Combien de fois à travers cette icône, et à travers Ses autres icônes, la Très Sainte Vierge Marie a apporté de l’aide suite aux demandes personnelles qui Lui étaient adressées! Ainsi, à un homme qui n’avait jamais vu, la Très Sainte Mère de Dieu donna la vue: il avait vénéré avec une foi sincère Son icône miraculeuse de Kazan, et il reçut la guérison. Une femme, aux jambes complètement paralysées demanda qu’elle fût transportée auprès de l’icône miraculeuse de la Toute Pure Mère de Dieu de Kazan; après le moleben, elle implora la miséricorde, en pleurant et avec une grande foi. Et elle fut également guérie. La Très Sainte Mère de Dieu ne refuse Son aide à personne. Gardons dans notre cœur le souvenir de ces miracles manifestant Son aide et Son intercession, et adressons-nous à la Très Sainte Mère de Dieu dans nos besoins. Ainsi, en traversant avec Elle les événements difficiles de notre vie, nous grandirons en notre espérance en la Très Sainte Mère de Dieu. Tous nous sommes appelés à l’espérance vivante et à une relation vivante avec la Très Sainte Mère de Dieu, car Elle voit tous nos besoins.
Saint Théophane le Reclus a écrit à l’un de ses enfants spirituels : «Maintenant, racontez tout à la Mère de Dieu et demandez pardon pour vos infirmités et pour votre attachement à l’avenir». Ce conseil du Saint: «dites tout à la Mère de Dieu» devrait être notre vivante relation à la Sainte vierge à travers toutes nos difficultés et nos joies, dans tous nos soucis. Les paroles qui portent cette relation remplissent les acathistes et les canons qui Lui sont dédiés.
«Vers qui crierai-je, Souveraine, vers qui accourrai-je dans mon chagrin, sinon vers Toi, Reine des Cieux? Qui accueillera mes pleurs et mes soupirs recevront-ils, sinon Toi, Toute Pure, Espérance des chrétiens et notre Refuge à nous, pécheurs?» C’est ainsi que les paroles de la prière nous apprennent à nous adresser à la Très Sainte Mère de Dieu. Comme on le chante dans le Canon de l’une des fêtes de la Très Sainte Mère de Dieu: puisque Toi, Très Sainte Mère de Dieu Toute-Chantée et inépousée, Tu es devenue la Mère du Créateur, le Christ de Dieu, nous nous tournons vers Toi dans la prière: ne cesse pas de Le prier pour nous, en Toi nous plaçons notre espérance et mettons tous nos espoirs en Dieu.
A sa fille spirituelle qui travaillait dans l’Altaï, Higoumène du Monastère de la Très Sainte Mère de Dieu «Joie de tous les affligés», à Tchemalska, et qui y rencontrait de nombreuses difficultés et se décourageait, le Saint Hiérarque Macaire (Nevski) rappelait également l’espérance en la Très Sainte Mère de Dieu: «Rappelle-toi ce que vous aviez et ce que vous avez maintenant. Qui vous a envoyé ces gens qui vous aident? Qui collecte des fonds pour vous? Qui a construit des logements pour vous, pour les enfants, des bâtiments pour les écoles? N’est-ce pas la Très Sainte Mère de Dieu, n’est-ce pas votre Protectrice? N’est-ce pas Elle qu’on a vue venir pour la consécration de votre église? N’est-ce pas Elle qui donna la terre à votre communauté? N’est-ce pas Elle qui incita un bienfaiteur à déposer ses biens aux pieds des servantes encore indignes du Christ? Qui est le médecin des malades, la Consolation des affligés? N’est-Elle pas la Joie de tous les affligés? Le péché serait grand si nous qui avons des yeux ne voyions pas la main bienveillante de Dieu sur votre coin de terre». «En vérité,, elle est visible, la Protection de la Reine des Cieux et de Son Fils Divin, notre Dieu, notre Cher et Bon Seigneur, sur votre coin de terre. Tu dis la vérité: à chaque étape, des miracles sont visibles, surtout pour ceux qui prêtent attention aux voies de Dieu.»
Que le Seigneur nous accorde à nous aussi d’augmenter notre espérance en Dieu et en la Très Sainte Mère de Dieu, afin que, «en nous tenant fermement à l’espérance en la miséricorde de Dieu et en plaçant notre espoir en l’aide de la Très Pure Mère de Dieu», nous surmontions résolument toutes les épreuves et les difficultés sur le chemin du salut dans cette vie terrestre. Amen.

Source

Elle conservait ces paroles dans son cœur.

La Très Sainte Mère de Dieu de Kazan

Le texte ci-dessous est la première partie de la traduction d’un original russe, une homélie pour le jour de la fête de l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan, prononcée par le Hiéromoine Ioann Loudishchev et mise en ligne le 4 novembre 2018 sur le site Pravoslavie.ru, à l’occasion de la fête de l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan. Au-delà de l’événement fêté, c’est surtout le lien entre la Très Sainte Mère de Dieu et l’espérance qui rend ce texte particulièrement intéressant. Le titre russe de l’article sur Pravoslavie.ru est d’ailleurs : «L’espérance, ferme appui de l’âme. Homélie pour le jour de la fête de l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan»

Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit!
Aujourd’hui, c’est la fête en l’honneur de l’icône de Kazan de la Très Sainte Mère de Dieu. Quand nous nous souvenons de la Très Sainte Mère de Dieu, nous parlons d’Elle avec espérance comme Celle qui aide et intercède ceux qui ont été offensés, comme l’Espoir des désespérés, la Consolation des affligés, la Nourricière de ceux qui ont faim, le Vêtement de ceux qui sont nus, la Guérison des malades, le Salut des pécheurs, l’Auxiliatrice et l’Intercesseur de tous les Chrétiens. Nous la nommons Refuge salvateur des fidèles, notre prompte Consolatrice dans nos malheurs, la Réjouissance permanente des pieux, Celle qui nous représente devant Dieu, qui délivre le monde de ses calamités, l’Avocate dévouée de tous les Chrétiens.

Très Sainte Mère de Dieu “de Tendresse”

Lors de chaque office, nous entendons les mots : «Nous souvenant de notre Très Sainte, Très Pure, Toute bénie et Glorieuse Souveraine, la Mère de Dieu et toujours Vierge Marie, avec tous les saints, confions-nous nous-mêmes, les uns les autres et toute notre vie au Christ notre Dieu». Pourquoi nous souvenons-nous de la Très Sainte Mère de Dieu et de tous les saints? Afin que nous nous confiions plus fermement et décidément au Seigneur, comme eux se sont auparavant confiés au Seigneur.
Et en ce jour de sainte fête nous nous souvenons également de ce que nous a enseigné la Mère de Dieu par l’exemple de Sa vie. L’évangéliste Luc attire l’attention sur ce qui a fortifié et soutenu la Très Sainte Mère de Dieu dans Son don de Soi au Seigneur. Il s’agit de Son attention sincère aux dits et aux paroles de Dieu et aux œuvres de la Providence Divine. Ainsi, l’évangéliste dit: «Marie conservait avec soin toutes ces choses, les méditant dans son cœur»(Lc.2;19). Comment? Les paroles de Dieu qui Lui étaient adressées étaient des paroles vivantes pour le cœur de la Très Sainte Mère de Dieu. Elle entendit les paroles prophétiques à propos de Son Fils en tant que Sauveur du monde, et vit l’accomplissement des paroles concernant le gloire de Son Fils dans des événements merveilleux. Et Elle conservait ces paroles dans son cœur. La Très Sainte Mère de Dieu, alors enfant de trois ans, supporta Sa séparation de Ses parents lorsqu’Elle entra, pour Son éducation, dans le Temple du Seigneur, parce que déjà dans la maison de Ses parents, Elle avait appris à entendre les paroles de Dieu et à leur faire confiance. Et comment put-Elle, sans méfiance et sans exaltation, recevoir l’annonce archangélique selon laquelle Elle allait donner naissance au Fils de Dieu? Peut-être parce qu’Elle gardait déjà dans son cœur les paroles prophétiques au sujet du Christ. Comment traversa-t-elle les difficultés, les malheurs, les peurs qui entourèrent la naissance et l’enfance de Son Fils? Sans aucun doute, avec une fermeté et une espérance inébranlables, car Elle gardait dans son cœur les paroles de promesses Le concernant. Comment a-t-elle souffert de l’éloignement de Son Fils quand il partit prêcher le salut aux gens, ce qui Lui valut de courir des dangers considérables? Sans aucun doute avec don de Soi, car elle conservait Ses paroles à Lui dans Son cœur à Elle. En fait, si vous demandez ce que faisait la Très Sainte Mère de Dieu quand le Seigneur Jésus prêchait, accomplissait des miracles, souffrait, mourut, ressuscita, et monta au ciel, on peut donner une réponse à tout cela: «Elle conservait ces paroles» Et en les préservant, Elle plaçait Son espérance en Dieu en toutes choses.
Comment ne fut-Elle pas tuée par l’arme du chagrin qui perça Son âme aux heures des souffrances et de la mort de Son Fils et Son Dieu? Elle ne fut pas tuée, parce qu’Elle avait déjà vécu l’expérience de cette arme, quand celle-ci sortit de la bouche du Saint et Juste Siméon qui reçut Dieu en ses mains, et Elle avait préparé son cœur à accepter la blessure de paroles mortelles et à guérir par les paroles de la résurrection. Comment continua-t-Elle à vivre quand, avec l’Ascension du Seigneur au ciel, l’unique raison pour laquelle Elle avait vécu fut cachée à la terre? Le Christ et Ses paroles continuèrent à vivre dans Son cœur, et Elle vécut une vie de foi, d’amour et d’espérance.
Et si les gens gardaient eux aussi en leur cœur les paroles de Dieu, ils pourraient affirmer avec l’Apôtre «Qui nous séparera de l’amour du Christ ?», rien ni personne. Les apôtres éprouvaient eux aussi du chagrin quand ils étaient dans des circonstances affligeantes; mais ils enduraient les tribulations et se réjouissaient dans leur espérance.
Il leur était aussi difficile d’être fermes et inébranlables dans la vie par la foi; mais ils vainquirent toutes les difficultés, par l’espoir que celui qui est fidèle dans ce qui est petit on lui confiera beaucoup (Math.25;21), par l’espoir que si nous persévérons dans l’épreuve, nous régnerons avec Lui ; mais si nous Le renions, Lui aussi nous reniera (2Tim.2;12).
Voici donc, la clé de la vie est en Jésus-Christ, notre Seigneur! Dans l’espérance vivante! Et il est nécessaire que cette espérance devienne le support solide de l’âme. Mais souvent, au son du mot espérance, du cœur viendra pour écho, selon les saints, un questionnement perplexe: qu’est-ce que l’espérance, et à quoi sert-elle dans la vie? Cela signifie alors que le mot espérance n’est pas compris par l’esprit, et n’a pas sa place dans le cœur.
Il faut reconnaître que si les problèmes rencontrés affaiblissent l’esprit et font naître des murmures, si le travail d’accomplissement des responsabilités tue toute ardeur à leur égard, c’est un signe clair que l’espérance ne fait pas partie de notre vie spirituelle, que cet hôte céleste n’a pas visité notre âme. Car, lorsqu’il s’y rend, tout se reconstruit comme il faut et sa présence devient claire. Et lorsque la maison de notre âme est éclairée par l’espérance, cette lumière ne peut se cacher, mais se retrouve immédiatement dans la bonté d’âme et la paix de l’âme, malgré tous les obstacles extérieurs, dans le zèle constant et incessant de travailler pour le Seigneur dans le cercle dans lequel Il nous a mis, en dépit de tous les labeurs requis. (A suivre)

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L’arbre du Juste Lot

 

L’Archimandrite Naum (Baiborodine)

Le texte suivant est la traduction des pages 51 à 56 du livre de l’Archimandrite de bienheureuse mémoire Naum (Baïborodine), starets de la Laure de la Trinité-Saint Serge, intitulé «Le Chemin du Repentir» (Путь покаяния) dans son édition de 2019, édité à Moscou par les Éditions Sibirskaia Blagozvonnitsa. Le saint Père Naum était doté, en plus de charismes accordés par Dieu, de connaissances encyclopédiques. Ce texte montre comment sont reliés des événements de trois époques éloignées les unes des autres et illustre ainsi la continuité entre l’Ancien et le Nouveau Testament, la continuité de l’Histoire Sainte sous la Providence de Dieu.

Pas loin de Jérusalem se trouve la Mer Morte, dont la salinité est telle que pas un seul poisson ne peut y vivre. Elle s’est formée sur l’emplacement des antiques villes de Sodome et Gomorrhe, où vécurent des gens pervers qui refusaient de se repentir. Le Seigneur punit ces villes par le feu et elle disparurent de la surface de la terre. Mais, sa femme et leurs deux filles vivaient une vie juste. L’Esprit Saint leur ordonna de sortir de la ville qui devait être détruite. Ainsi, ils eurent la vie sauve.
Toutefois, plus tard, Lot, tomba et commit un lourd péché : dans son ivresse, il connut ses deux filles comme si elles étaient, successivement, sa femme. Quand plus tard il reprit ses sens, cela le mit hors de lui et il pleura amèrement. Il se rendit auprès du patriarche Abraham, son oncle, et il lui raconta tout ce qui s’était passé. Abraham lui répondit : «Tu as commis un grand péché. Je vais prier Dieu. Il me parlera». Abraham était un tel juste qu’il pouvait appeler Dieu et Dieu lui répondait ; il s’entretenait alors avec Dieu. Il revint et dit : «En guise de repentir tu feras ce que je vais te dire». Abraham prit trois branches desséchées, une d’un cyprès, une d’un cèdre et une d’un pin. Il les serra fortement l’une contre l’autre, planta le tout en terre et continua à transmettre le commandement de Dieu : «Voilà ce que tu feras en guise de repentir : va jusqu’au Jourdain, à trente kilomètres. Puises-y de l’eau et revient en arroser ces trois branches sèches, ces trois baguettes mortes, jusqu’à ce qu’elles reverdissent, jusqu’à ce qu’elles commencent à pousser ici».
Quelle foi fut nécessaire à Lot, quelle espérance, quel labeur, pour que reverdissent des baguettes sèches et sans vie, pour qu’elles fleurissent et qu’un arbre pousse à partir d’elles. Et il alla au Jourdain pendant trente ans avec une mule, remplissant une grande jarre d’eau et revenant arroser le triple plant.
Le Monastère de la Croix se trouve dans un faubourg de Jérusalem. On y montre justement l’endroit où poussa cet arbre. Il fut préservé, car c’est de cet arbre que fut façonnée la Croix sur laquelle fut crucifié le Sauveur du monde.
Que ne dut-il pas endurer, Lot! La chaleur torride de Palestine, la distance de trente kilomètres à parcourir, et les embûches que le diable ne manqua pas de monter. Il prit un jour la forme d’un vieillard et il arrêta Lot sur son chemin de retour. Il lui dit : «Homme de Dieu, donne-moi à boire, je meurs, tu en répondras devant Dieu!» Et il se lamenta jusqu’à ce que Lot cédât et lui donnât la grande cruche. Le vieillard but à la cruche et ensuite vida se qui restait. Lot hocha la tête et s’en retourna vers le Jourdain, chercher de l’eau.
Et un jour, la joie de Lot fut grande ! Les trois branches s’étaient unies et poussaient en un seul tronc, grand et beau, qui se divisait en trois cimes.
Quand le Roi Salomon décida de construire le temple à Jérusalem, sur le Mont Moriah, il donna pour instruction d’y amener tous les beaux et grands arbres pour la construction. On en amena même par la mer, les nombreux cèdres du Mont Liban. L’arbre de Lot fut abattu et amené lui-aussi. Mais les constructeurs ne parvinrent pas à en faire usage. Pour les uns, il se faisait démesurément gros, pour les autres,il s’amincissait et pour d’autres encore, il s’écourtait. Ils cognèrent tant et plus et finirent par dire : c’est l’arbre de Lot, l’arbre du péché. Et ils le rejetèrent. Il gît pendant presque un millénaire dans la piscine de Siloam. Et lorsque le Sanhédrin eut décidé de la manière dont il fallait punir Jésus-Christ, l’Homme qui s’était «fait égal à Dieu» (J.5;18), ils se rappelèrent l’existence de l’arbre de Lot, l’arbre du péché, et il l’utilisèrent pour en fabriquer la Croix. L’ancienne prophétie s’accomplit, et de l’arbre à la triple origine fut faite la Croix, et sur ce bois, le Christ fut crucifié, expiant nos péchés, et il vainquit la mort et nous donna la résurrection.
Traduit du russe.
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