Geronda Arsenios, le Spiléote. Vie et enseignements (1)

Le texte ci-dessous est le début de la traduction en français de la version russe du livre «Geronda Arsenios, le Spiléote, compagnon des exploits ascétiques de Geronda Joseph l’Hésychaste». Geronda Joseph a rejoint officiellement il y a peu le Chœur des Saints. Ce n’est pas encore le cas de Geronda Arsenios, qui demeure un des nombreux saints glorifiés par Dieu et par les fidèles mais pas encore par l’Église.
La version russe utilisée est «Старец Арсений Пещерник, сподвижник старца Иосифа Исихаста / Монах Иосиф Дионисиатис», éditée en 2002 à Moscou par le Podvorié de la Trinité-Saint Serge. L’original grec (Ο Γέρων Αρσένιος ο Σπηλαιώτης (1886-1983)) ne semble plus édité depuis 2008. Il en existe une version anglaise datée de 2005, sans mention de la maison d’édition. Une traduction officielle en français de ce remarquable petit livre n’existe pas à notre connaissance. Notre traduction est entamée ici et sera poursuivie sur le présent blog jusqu’où Dieu le voudra.

Dédicace de l’auteur
Le présent ouvrage est dédié à mon Geronda de bienheureuse mémoire et vénérable higoumène du saint monastère de Dionysiou, Charalampos.
Il fut écrit par devoir envers mon Geronda, mais aussi parce qu’il le méritait, faisant partie physiquement et spirituellement de la lignée de Geronda Arsenios le Spiléote.
Accepte dès lors, Père à la mémoire bénie, cet ouvrage comme une épitaphe manuscrite exprimant ma gratitude sans bornes.

Salutation de Sa Béatitude l’Archevêque Chrysostome
C’est avec notre intérêt paternel que nous saluons l’édition du livre «Geronda Arsenios le Spiléote»
Son auteur, le Père Joseph Dionysatis, est cypriote d’origine, et moine. Il vécut plus de trente ans à la Sainte Montagne, et eut le bonheur de rencontrer de saints hommes qui vivaient les commandements de l’Évangile et étaient des modèles de vertu et de sainteté. L’un d’eux, nos contemporains, fut Geronda Arsène. Le présent livre contient le récit de sa vie et ses enseignements.
Convaincu de ce que les lecteurs du livre «Geronda Arsenios le Spiléote» en tireront grand profit, nous bénissons son édition et en recommandons la lecture aux fidèles chrétiens de la plénitude de notre Église.
Nous accordons nos paternelles bénédictions à l’auteur, Père Joseph. Et nous exprimons notre profonde satisfaction de ce que les profits de la vente de l’ouvrage seront consacrés à l’aide de jeunes gens captifs du vortex de la dépendance narcotique.
Avec nos prières au Seigneur.
Votre intercesseur auprès du Seigneur, Chrysostome, Archevêque de Chypre
Saint Archevêché de Chypre, le 20 juin 2001

Préface.
Un grand et doux pratiquant des vertus

Geronda Arsenios

A Geronda Arsenios s’appliquent les paroles de l’Évangile : «Voici un vrai Israélite, en qui il n’y a pas de fraude» (J.1;47). Il était d’une nature spontanée, simple, ingénue, humble, obéissant. Il fut un rare héros de l’ascèse, et du dépouillement. Les mots de l’Évangile : «Que ton oui soit oui et que ton non soit non»(Mat.5;37) pouvaient en permanence être appliqués à Geronda Arsenios. Jamais il ne fut rancunier, quoi qu’on lui ait fait, jamais il ne se mit en colère, jamais il ne fit tort à personne. Son obéissance était parfaite ; grâce à cette obéissance et à sa foi absolue en son geronda, il vécut quotidiennement au-dessus des lois de la nature.
Le soir, il commençait ses vigiles durant lesquelles son labeur ascétique consistait en des milliers de grandes métanies, et en prière en station debout, jusqu’au lever du soleil. Il se concentrait de la sorte dans la prière et s’y attachait tellement intimement, qu’il ne pensait pas à l’interrompre quand venait le moment des travaux quotidiens. Alors, nous devions aller l’appeler, et nous approchant jusqu’à sa petite fenêtre, nous pouvions le voir se tenant droit comme un cierge, dans un autre monde.
– Geronda, l’heure des travaux est arrivée.
Et Geronda, revenant à lui nous répondait, incrédule :
– Est-ce possible que le soleil soit déjà levé ?
Dans son immense simplicité, ce geronda atteignit l’essence même de la vie monastique. Il se donna tout entier à ses obédiences et à ses exploits ascétiques, c’est pourquoi il atteignit ce qu’il souhaitait. Il acquit en lui la prière, il acquit Dieu en lui. Le moine qui ne s’efforce pas d’atteindre ce but avant tout essuiera un échec
Geronda Arsène était un grand et doux pratiquant des vertus. Il fut un des saints athonites contemporains. Que sa bénédiction soit sur nous.

Geronda Joseph de Vatopedi.

Introduction

«Souvenez-vous de ceux qui vous conduisent, qui vous ont annoncé la parole de Dieu ; et considérant quelle a été l’issue de leur vie, imitez, leur foi»(Heb.13;7).
Lorsque je décidai de visiter pour la première fois la Sainte Montagne de l’Athos, en la salutaire année 1964, la Divine Providence voulut que le monastère de Saint Denis l’Athonite fût le premier monastère de la Sainte Montagne à m’accueillir. J’y vécus une vingtaine de jours avec l’ami laïc qui m’accompagnait, aujourd’hui hiéromoine.
Là, on vénérait particulièrement, parmi d’autres pères, l’Higoumène Gabriel de bienheureuse mémoire. Par l’élévation, comme il disait, du niveau spirituel, ce merveilleux higoumène attira hors des ermitages athonites de vertueux porteurs de l’Esprit, pour l’aider dans ses saints labeurs. A cette époque, le monastère avait reçu une bénédiction particulière, s’enrichissant d’un de ces porteurs de l’Esprit, un des fils spirituels du grand hésychaste de notre temps, Geronda Joseph l’Ermite. Ce porteur de l’Esprit, ce père spirituel s’appelait Père Charalampos. Un des novices, originaire de notre région, proposa de nous emmener à la kaliva où ce père spirituel menait ses exploits ascétiques. Elle se trouvait à un peu plus d’une heure de marche du monastère, dans la direction de Nea Skiti.
Et un beau matin de printemps, mon ami, notre guide-novice et compatriote et moi, sommes sortis du monastère. Ma première impression, que je n’oublierai jamais, je la reçus de cette belle promenade le long d’un sentier étroit parmi la forêt et les buissons fleuris et parfumés à gauche, du côté du Mont Athos, et la pente raide et abrupte à droite, où l’on pouvait apercevoir l’immense Golfe Singitique au fond de la deuxième péninsule de Chalcidique. Plus loin, après l’une des descentes, surgit le monastère de Saint-Paul et juste au-dessus, une gorge enneigée et un Athos blanc éblouissant, comme un géant mythologique. Une vue panoramique s’ouvrit sur le saint sommet couvert de nuages blancs, comme d’un voile. Peu de temps après apparu la haute tour de Nea Skiti.Alors qu’on apercevait la première kaliva, notre guide nous dit :
– C’est le Père Ephrem, le frère spirituel de notre père spirituel. Vous voulez faire sa connaissance?
– Oui, évidemment !
Nous entrâmes. Geronda nous accueillit très chaleureusement et ses paroles éclairées produisirent sur nous une impression spirituelle extraordinaire. Une autre chose laissa sa marque dans mon âme; le comportement de trois ou quatre de ses novices, qui nous apportèrent la friandise habituellement servie dans de tels cas. Ils nous l’apportèrent en silence, seulement en murmurant continuellement la prière: «Seigneur Jésus–Christ, aie pitié de moi». J’eus l’impression qu’ils vivaient dans un autre monde.
De la fenêtre de la kelia, nous avions vue, vers le bas, sur deux autres petites kalivas.
– Quelles sont ces kalivas?
– C’est la kaliva de notre père spirituel.
– Et là-bas, la petite?
– C’est là que vit un saint vieillard, le Père Arsène… Mais ne vous pressez pas, nous verrons tout.
Après être sortis, nous descendîmes à la kelia du Père Charalampos, le père spirituel. Nous regardâmes. Quelqu’un travaillait dans le jardin. «Eh bien le voilà», nous dit notre guide. A peine nous eut-il vus que le Père Charalampos abandonna son labeur et nous accueillit avec beaucoup d’amour, nous invitant à entrer dans sa kaliva. Après les impressions merveilleuses reçues de notre contact avec le père spirituel, il nous restait à aller rendre visite au geronda qui vivait dans la kaliva non-loin.
Dès la première minute, nous vîmes sur son visage calme les traits du saint moine doté de nombreux dons, douceur, amour, humilité. Mais sa simplicité bienheureuse et sa gentillesse le démarquaient le plus. C’était Geronda Arsène.
C’est avec ce saint vieillard qu’il me fut donné de vivre les dix-huit années suivant de sa vie sur terre ; depuis le jour où la Très Sainte Mère de Dieu, notre Souveraine, m’enleva du monde et m’introduisit dans la jeune communauté du père spirituel, le Père Charalampos. Tout le monde considérait que le geronda de la communauté, c’était le Père Arsène, le plus âgé, mais la responsabilité administrative reposait entièrement sur mon geronda, le Père Charalampos.

Le Saint Geronda Charalampos

Beaucoup de livres ont été édités au cours des dernières années au sujet des gerondas du Mont Athos. Mais dans la mesure où jusqu’à ce jour, quasiment rien n’a été écrit au sujet de la vie miraculeuse vécue par le Père Arsène, particulièrement à propos de ces années qu’il vécut sous la direction de son grand compagnon d’exploits ascétiques, Geronda Joseph l’Ermite, mon indignité, malgré toute mon incapacité au travail littéraire, a estimé qu’il était obligatoire d’esquisser au moins quelques lignes sur ce saint geronda. En outre, tel était le souhait général de beaucoup de ses enfants spirituels.
Tout ce que j’écris ici est emprunté soit aux récit de geronda lui-même, soit aux récits de ceux qui composèrent son environnement le plus proche.
Cette édition peut être décrite comme une sorte de récit de synthèse sur la vie de deux grands compagnons, les Pères Joseph et Arsène, et avec eux, de leurs enfants spirituels. Cependant, le centre et le visage principal du récit demeure Geronda Arsène.
En ce qui concerne la langue, je transmets dans une certaine mesure librement et dans un style mélangé les expressions de geronda, parce que, comme on le sait, le Père parlait plutôt imparfaitement la langue Grecque moderne.
À tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont contribué à la rédaction de ce livre, j’exprime ma chaleureuse gratitude. (A suivre)
Traduit du russe

Source :

L’icône de la Très Sainte Mère de Dieu «Ciel d’Abondante Grâce ».

Le texte de la traduction ci-dessous a été composé à partir de trois sources référencés au bas de l’article, dont «l’Encyclopédie Orthodoxe». Il s’agit de la suite de la présentation d’une série d’icônes de la Très Sainte Mère de Dieu peut-être moins connues en Occident. L’icône De la Très Sainte Mère de Dieu «Ciel d’Abondante Grâce» fait partie du type des «icônes à Acathiste». Ce groupe est caractérisé par le but présidant à leur création : la glorification de la Très Sainte Mère de Dieu et Son exaltation en tant que Reine des Cieux.

Cette icône miraculeuse se trouve dans la Cathédrale du Saint Archange Mikhaïl au Kremlin de Moscou. Elle est nommée Ciel d’Abondante Grâce ou encore «Comment Te nommer?» 1 . Cette deuxième appellation fut écartée lors des réformes du Patriarche Nikon. Une des anciennes copies de l’icône, porte le texte du bogorodichen/theotokion de ton 1 : «Comment te nommerons-nous, Pleine de grâce? Ciel, car Tu as fait resplendir le Soleil de Justice; Paradis, car Tu as produit la fleur inflétrissable; Vierge, car Tu es demeurée sans corruption; Mère très pure, car Tu as porté dans Tes bras, le Fils, le Dieu de l’univers. Supplie-Le de sauver nos âmes».
La vénération de cette icône est liée à partir du XIXe siècle à l’activité du Métropolite Philarète (Drozdov), qui en 1853, lorsque fut rénovée la Cathédrale du Saint Archange Mikhaïl, commanda de collationner toutes les informations historiques relatives à l’icône. Dans un inventaire du XVIIe siècle, il est rapporté que l’icône était une copie exécutée par oukase du Tsar Fiodor Alekseevitch par les maîtres du Palais des Armures à partir d’une icône plus ancienne qui se trouvait dans la cathédrale. L’Archiprêtre A. Tiajelov a mentionné le récit avancé par un expert en antiquités, A. F. Malinovski, d’une tradition selon laquelle l’icône fut amenée à Moscou par Sofia Vitovtovna, fille du Grand Prince de Lituanie, lorsqu’elle devint l’épouse du Grand Prince Vassili Dimitrievitch. Cette tradition apparut comme l’interprétation d’une inscription dans les annales de la Trinité-Saint Serge pour l’année 1398 au sujet de l’expédition à Moscou par Sofia Vitovtovna, à partir de Smolensk, de nombreuses icônes anciennes envoyées de Constantinople, et cette tradition entra dans toutes les publications imprimées du XIXe et début du XXe siècle concernant les icônes miraculeuses de la Très Sainte Mère de Dieu. Dans le podlinnik de Klintsovski, manuel reprenant les canons de l’iconographie selon les thèmes, on trouve une indication selon laquelle cette icône fut envoyée par Sophie Thominitchna Paléologue, épouse de Ioann III, Grand Prince de Moscou et de Toute la Russie, depuis la Lituanie. L’indication souligne l’«adaptation occidentale» de l’icône.
L’icône «Ciel d’Abondante Grâce» (242×181 cm) se trouve aujourd’hui dans l’iconostase de la Cathédrale de l’Archange Mikhaïl, à gauche des portes royales. Elle fut écrite par les iconographes du Tsar lorsque l’iconostase fut restaurée, 1678-1680. Un an plus tard, elle reçut une chasuble d’argent martelé, portant la même inscription que celle se trouvant sur l’icône : le bogorodichen de ton 1. Cette chasuble fut volée en 1812, lors de l’invasion napoléonienne. Une nouvelle chasuble fut fabriquée en 1815. Elle fut remplacée en 1916 par une riza d’argent revêtue de chérubins d’argents.
Dans l’icône, la Très Sainte Mère de Dieu est représentée se tenant debout, tenant en Ses bras l’Enfant Christ. Elle est entourée d’une mandorle rouge vif faite d’une ondulation de rayons de gloire qui émanent d’Elle. Initialement, un croissant de lune était représenté sous Ses pieds. L’icône remonte aux illustrations des paroles de l’Apocalypse de Saint Jean le Théologien: «Et un grand signe apparut dans le ciel : une femme revêtue du soleil, et la lune sous ses pieds, … Et Elle enfanta un fils mâle qui doit paître toutes les nations avec une verge de fer…» (Apoc.12;1,5). Le prototype iconographique apparut en Allemagne au XVe siècle et se répandit dans l’art occidental. Au XVIIe siècle ce type de représentation arriva en Russie, par la Pologne, l’Ukraine, la Biélorussie et la Lituanie.
Une copie de petite taille de la Très Sainte Mère de Dieu «Ciel d’Abondante Grâce» fut placée dans un cadre en bois sculpté doré sur la colonne de gauche de l’iconostase. Proche de l’icône de la Cathédrale de l’Archange, cette petite icône fut réalisée en 1682 par l’isographe du Tsar Vassili Poznanski pour l’église de la Crucifixion du Christ au Grand Palais du Kremlin. Elle s’y trouve encore aujourd’hui. (…)
Pendant la seconde moitié du XIXe et au début du XXe siècle, l’icône était fêtée à deux reprises : le 6/19 mars et pendant la semaine de Tous les Saints. Les vendredis, après la liturgie, on célébrait un moleben devant elle, on chantait son acathiste, et on la bénissait d’eau sainte. De nombreux pèlerins offraient des lampades, des cierges et de l’huile.

On prie devant l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu “Ciel d’Abondante Grâce”, pour être guidés sur le chemin qui conduit au salut et à hériter du Royaume des Cieux, ainsi que pour la guérison de diverses maladies spirituelles et physiques, pour un voyage en toute sécurité, pour se protéger des hérésies et schismes, pour être conforté dans les dogmes de la foi orthodoxe.

Une protestante souffrit très longtemps d’une maladie grave. Un jour, elle fit un rêve prophétique. Elle vit l’icône «Ciel d’Abondante Grâce» en rêve et quand elle se réveilla, elle envoya sa gouvernante commander une prière pour sa santé devant cette icône. La jeune fille obéit et répéta sa démarche pendant 6 semaines. Après cela, sa maîtresse malade se rétablit complètement et elle-même put venir à l’église et commander un moleben d’action de grâce.

En 1885, l’artiste Vasnetsov fut invité à l’église de Vladimir pour en peindre les fresques. Mais l’artiste refusa à cause de la grave maladie de son fils. En arrivant à la datcha avec sa famille, l’artiste remarqua soudain sa femme tenant son fils dans ses bras, devant les rayons du soleil. Ce tableau le frappé tellement et s’imprima si profondément en lui, qu’il a compris : c’est ainsi que la Très Sainte Mère de Dieu devait être représentée. Après cela, Vasnetsov alla peindre les fresque de l’église.

Pendant la préparation pour la peinture des fresques, les murs de l’église de Vladimir furent enduits de plâtre à plusieurs reprises mais la masse appliquée séchait de manière inégale. Les ouvriers et les dirigeants qui observèrent cela remarqué un jours sur le mur l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu avec le Christ dans ses bras, exactement comme Vasnetsov l’avait vu dans sa datcha. On en fit le dessin, et quelques heures plus tard, le mur a finalement séché complètement.
Vasnetsov montra ensuite ses croquis aux responsables de l’église, qui les comparèrent au croquis du mur : les dessins étaient presque identiques dans leurs paramètres de composition. L’artiste fut stupéfait et dit: «C’est un commandement de Dieu

Maria Andreevna, aujourd’hui décédée était la plus ancienne gardienne de l’église de Moscou, la Trinité Vivifiante. Elle déclara un jour que la copie de l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu «Ciel d’Abondante Grâce» qui se trouve dans cette église avait été découverte dans une décharge près de l’auberge de l’Université d’État de Moscou par des étudiants qui l’utilisèrent comme lit, en plaçant un matelas dessus. Quelque temps après son arrivée à l’église, l’icône se renouvela miraculeusement à un point tel que le restaurateur ne put qu’ajouter un petit fragment dans un coin.

Très Sainte Mère de Dieu, sauve-nous!

Traduit du russe

Sources: 1, 2, 3

 

 

 

Le Moine Théraponte. Pâques a resplendi.

Les trois néomartyrs d’Optino

Dans plusieurs textes concernant le Hiéromoine Vassili et les Moines Théraponte et Trophime, les trois frères d’Optino Poustin’ assassinés dans l’enceinte du monastère la nuit de Pâques 1993, on lit qu’ils sont devenus extrêmement familier des fidèles qui les prient, aujourd’hui encore. Ces fidèles ont simplement lu et relu le livre «Pâques rouge», et les trois frères sont devenus comme des membres de leur famille. L’Église ne les a pas encore glorifiés, mais il est devenu impossible de tenir le compte des miracles attribués à leurs prières. Ce livre, «Pâques rouge», n’a pas été traduit en français. Il est bien sûr moins évident pour les fidèles francophones de considérer les trois frères d’Optino comme des membres de la famille et demander ainsi leur prière. En vue de faire mieux connaître chacun de ces trois merveilleux moines et afin donc d’aider les lecteurs de ce blog à adresser plus volontiers leurs prières à ces trois néomartyrs, nous poursuivons la traductions de plusieurs extraits de deux livres.

Au monastère, les obédiences changent souvent, pour que les frères ne s’engluent pas dans de vaines occupations et se souviennent toujours que la vie sur terre est brève. De plus, la pratique prolongée d’une obédience peut devenir prétexte à vanité ou à une forme de sécularisation.
Ainsi, Théraponte dut assurer la fabrication des planches à icônes et des croix de bois remises lors des tonsures monastiques. Un jour, un moine fit son éloge :
– Formidable, quelles superbes croix tu sculptes!
– Oui mais pour quel bénéfice? Un homme qui sculptait lui aussi des croix pensa un jour : c’est tout de même bien que je procure un tel bénéfice au gens. Très peu de temps après, il tomba gravement malade et il eut l’impression d’être dans son cercueil, couvert par le tas de croix qu’il avait sculptées. Et soudain, ces croix tombèrent en poussière sous ses yeux. Et il lui fut révélé que Dieu n’a pas autant besoin de nos œuvres que de la pureté de notre âme et de notre humilité. Sans humilité, toutes les œuvres sont vaines.
Théraponte était un taiseux. Il était capable de se taire très longtemps. Il avait appris cela dans la taïga quand il travaillait comme garde-chasse. Il lui arrivait alors de rester des mois sans rencontrer personne et sans parler. C’est dans les écrits des Saints Pères que Théraponte a lu que le début de l’humilité, c’est le silence. C’est ainsi que l’homme ne peut acquérir l’humilité avant d’avoir appris à se taire. Et le silence lui-même est la langue du siècle à venir car c’est la langue des Anges. Et il pensa également : l’homme étudie vraiment beaucoup de langues, mais on n’enseigne pas le silence.
Le futur martyr connaissait par sa propre expérience l’utilité du silence : celui qui parvient à le garder acquiert la lumière de l’âme, et cette lumière incite l’homme à se taire, car tout comme la chaleur sort de la pièce à travers la porte fermée, la chaleur du monde du cœur disparaît suite à la verbosité.
Un jour les frères tinrent la conversation suivante :
– Pour s’habituer au silence, il faut à peu près deux ou trois semaines, dit Théraponte. Mais j’ai lu que Abba Agathon garda des cailloux en bouche tant qu’il n’eut pas appris le silence. Visiblement, cela dépend beaucoup des prédispositions de chacun. Si auparavant on parlait peu, il ne faut pas longtemps pour savoir tenir sa langue, mais si on avait l’habitude de parler beaucoup, il faut travailler dur pour y parvenir. S’étant observé lui-même, Théraponte ajouta : le silence dévoile des passions qu’on ignorait, la curiosité, le murmure, le souhait de s’occuper de tout et de faire la leçon. C’est pourquoi il est très important d’apprendre le silence aussi bien de l’esprit que du cœur.
– «C’est quoi le silence de l’esprit et du cœur?», lui demanda-t-on.
– C’est ne pas permettre aux pensées et aux sentiments pécheurs de parler à l’intérieur de soi. Le silence est un médicament qui guérit l’âme.
– Et s’il est nécessaire de parler pour se défendre? Car enfin, si on te calomnie, tu dois pouvoir rétablir la vérité.
– Le Seigneur garde ton âme tant que tu tiens ta langue.Il faut savoir que, quelle que soit la situation dans laquelle tu te trouves, la victoire revient au silence. Et si tu te souviens toujours des paroles de l’Évangile, «…tu seras justifié par tes paroles, et tu seras condamné par tes paroles?»(Mat.12;37), tu verras bientôt qu’il vaut mieux te taire que parler.
Pour Théraponte, le Carême de 1993 se déroula dans les prières et les podvigs assidus. Chaque jour, il se rendait à l’église pour tous les offices. Il fut désigné pour lire les cathismes des heures, pour être sacristain et surveiller l’église. Peu de temps avant Pâques, Théraponte décida de sculpter pour lui-même une croix de tonsure, mais il y avait toujours quelque chose qui allait de travers et il dit à un frère :
– Écoute, frère, quelque chose de bizarre a lieu en moi. Je voudrais me sculpter une croix de tonsure, et je n’y parviens pas. J’en ai faites tellement pour les autres, mais pour moi, je n’y arrive pas. Sculpte-moi une croix.
Le frère acquiesça, mais le Seigneur préparait pour Théraponte non pas une croix de bois, mais la croix la plus précieuse de toutes, celle de martyr. Peu de temps plus tard, c’est précisément à ce frère que fut confiée la tâche de fabriquer les croix pour les tombes des néomartyrs les moines Trophime et Théraponte, et le hiéromoine Vassili.
… Juste avant Pâques, Théraponte commença à distribuer ses propres affaires. C’était étonnant ; il donna ses outils avec lesquels il sculptait les croix. Et il dit à un des frères :
– Comme c’est bien ici, en terre d’Optino! J’aimerais, je ne sais pourquoi, que cette Pâques soit éternelle, qu’elle ne finisse jamais, pour que sa joie demeure toujours dans mon cœur.
Théraponte soupira, regarda le ciel et, en souriant légèrement, ajouta :
– Le Christ est ressuscité !
Le frère se souvint : «Suite à ses paroles, je ressentis dans mon cœur une telle légèreté, une telle joie, qu’on aurait dit non ps les paroles d’un homme, mais celles d’un Ange».
Pendant l’office Pascal, Théraponte se tenait, tête baissée, près du porte-cierge pour les âmes des défunts. Quelqu’un lui donna un cierge. Il l’alluma mais, on ne sait pourquoi, il ne le plaça pas immédiatement, il le garda un temps en main. Ensuite il le plaça, se signa et partit se confesser.
«Le corps est endormi…» chantait le chœur des frères. Le canon des matines se termina et les prêtres en ornement rouge vif entrèrent lentement dans l’autel. On aurait dit des guerriers fatigués rentrant à la maison après une dure bataille. Ils portaient en eux la joyeuse nouvelle de la victoire, et en même temps, le souvenir de ceux qui ne reviendraient pas du champ de bataille. Nombreux sont ceux qui se souviennent que cet office Pascal fut assez inhabituel. On avait le sentiment que quelque chose d’important allait se produire.
Théraponte communia mais n’alla pas à l’autel, il se dirigea humblement vers le bout de l’église où il prit l’antidoron et la zapivka. Après, il alla devant l’icône des Startsy d’Optino, inclina la tête et plongea dans la prière. Une moniale âgée se souvient : «Son visage était imprégné de tendresse, et il avait l’air tellement rempli de grâce, mais d’une grâce…!». L’office Pascal prit fin. Tous se dirigèrent vers le réfectoire pour rompre le jeûne, mais Théraponte demeura pour surveiller l’église. Il voulait encore rester encore un peu, pour prolonger ce merveilleux triomphe comparable à nul autre, cette indescriptible joie Pascale dans l’âme.
Soudain, Trophime entra dans l’église. Il fit un signe et Théraponte se hâta à sa suite vers le clocher. …Les premiers rayons du soleil levant, se frayant un chemin à travers les sommets des pins centenaires, dissipèrent les ténèbres nocturnes qui pendaient au-dessus de la terre. Les merveilleuses modulations du chant des oiseaux rappelaient les demeures paradisiaques, où l’on chante constamment la louange Angélique à Dieu. Le son des cloches réveilla le silence de l’aube. C’étaient les moines Théraponte et Trophime qui annonçaient au monde une grande joie: le Christ Ressuscité des morts!
«Le moine Théraponte était un sonneur virtuose», se souvinrent les frères. «Il était très sensible au rythme et sonnait avec légèreté, sans aucune tension.»
– Seigneur, Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de nous pécheurs, s’écria-t-il d’un cœur rempli de tendresse, alors que le carillon sonnait Pâques.
À ce moment-là, le couteau du sataniste, long de soixante centimètres, portant la gravure du chiffre 666, perçait le cœur du pieux moine. Théraponte tomba. Son visage, tourné vers l’Est, se figea dans un calme silencieux. Il a toujours cherché à garder dans son âme la paix qui venait du Doux Jésus, avec elle, il entra dans la joie éternelle du Christ Ressuscité. Avant Pâques, Théraponte avait distribué tout ce qu’il avait. Maintenant, il avait donné avec joie la dernière chose, sa vie terrestre, transitoire.
À la suite de Théraponte, le moine Trophime fut tué, et non loin de la tour de l’Ermitage, le Hiéromoine Vassili. Le cœur des fidèles fut écrasé par le chagrin. Et comment ne pas pleurer ici, alors que les enfants du Christ ont eu en partage le sang (Hébr.2;14). Mais la Résurrection du Christ est la preuve que les frères ne sont pas morts. Ils sont seulement appelés par Christ à un autre ministère, céleste.
Leur vie terrestre, remplie du podvig de l’amour, s’était terminée et était devenue la prédication de la Résurrection du Christ.
… Le jour de l’enterrement, il tomba soudain de la neige mouillée. Les flocons blancs tombaient au sol et fondaient immédiatement. Il y avait beaucoup de gens, comme à Pâques. L’office funéraire, accompli selon l’oustav de Pâques, prit fin. Lorsque les cercueils des martyrs furent transportés au cimetière du monastère, surgi de derrière les nuages, le soleil printanier brillant parut soudainement et illumina la terre de ses rayons de vie, comme pour rappeler que le sang versé par les martyrs d’Optino n’est pas du simple sang, mais un sang digne du Ciel, un sang Saint, abreuvant la terre des âmes des hommes de la foi et de l’amour pour le Christ. Et ce sang ne crée pas dans le cœur des fidèles la peur du martyre, mais le regret que le Seigneur ne nous ait pas aussi accordé une récompense aussi précieuse.
Rien n’est plus fort que l’amour pour Dieu. Celui qui l’a acquis n’a pas peur des privations, des tortures, ni de la mort la plus violente, mais, plongé dans l’amour du Christ, il ne remarque plus rien du monde visible, car, ayant déménagé dans le ciel, il est semblable aux Anges.
Traduit du russe
Source :
Небесные ратники. Жизнеописания и чудеса Оптинских новомучеников (Les soldats célestes. Vie et miracles des néomartyrs d’Optino) Alexandre Ivanovitch Iakovlev. Éditions : Святитель Киприан, Moscou 2013. Pages 261 à 268.

Le Moine Théraponte. Secret monastique.

Les trois néomartyrs d’Optino

Dans plusieurs textes concernant le Hiéromoine Vassili et les Moines Théraponte et Trophime, les trois frères d’Optino Poustin’ assassinés dans l’enceinte du monastère la nuit de Pâques 1993, on lit qu’ils sont devenus extrêmement familier des fidèles qui les prient, aujourd’hui encore. Ces fidèles ont simplement lu et relu le livre «Pâques rouge», et les trois frères sont devenus comme des membres de leur famille. L’Église ne les a pas encore glorifiés, mais il est devenu impossible de tenir le compte des miracles attribués à leurs prières. Ce livre, «Pâques rouge», n’a pas été traduit en français. Il est bien sûr moins évident pour les fidèles francophones de considérer les trois frères d’Optino comme des membres de la famille et demander ainsi leur prière. En vue de faire mieux connaître chacun de ces trois merveilleux moines et afin donc d’aider les lecteurs de ce blog à adresser plus volontiers leurs prières à ces trois néomartyrs, nous poursuivons la traductions de plusieurs extraits de deux livres.

Malgré son dur labeur au réfectoire, d’où le futur martyr rentrait à sa cellule de la skite vers minuit, il priait la nuit et participait chaque jour à l’office du milieu de la nuit. Théraponte se couchait en même temps que les autres, mais ensuite, il se levait en douce et se retirait dans un endroit isolé pour prier. Un de ses voisins de cellule subit une tentation à cause de ce comportement. Voyant que le moine zélé travaillait tous les jours aux cuisines et participait à tous les offices, sans exception, il soupçonna que l’autre partait chaque nuit dormir ailleurs pour ne pas être dérangé par les ronflements des frères exténués. Et une nuit, il se leva discrètement et suivit Théraponte, qui entra dans une chambre vide et se mit à faire des grandes métanies. Read more

Le Moine Théraponte fait des provisions

Les trois néomartyrs d’Optino

Dans plusieurs textes concernant le Hiéromoine Vassili et les Moines Théraponte et Trophime, les trois frères d’Optino Poustin’ assassinés dans l’enceinte du monastère la nuit de Pâques 1993, on lit qu’ils sont devenus extrêmement familier des fidèles qui les prient, aujourd’hui encore. Ces fidèles ont simplement lu et relu le livre «Pâques rouge», et les trois frères sont devenus comme des membres de leur famille. L’Église ne les a pas encore glorifiés, mais il est devenu impossible de tenir le compte des miracles attribués à leurs prières. Ce livre, «Pâques rouge», n’a pas été traduit en français. Il est bien sûr moins évident pour les fidèles francophones de considérer les trois frères d’Optino comme des membres de la famille et demander ainsi leur prière. En vue de faire mieux connaître chacun de ces trois merveilleux moines et afin donc d’aider les lecteurs de ce blog à adresser plus volontiers leurs prières à ces trois néomartyrs, nous poursuivons la traductions de plusieurs extraits de deux livres.

Devenu novice, Vladimir n’enlevait jamais sa soutane. Il dormait dedans, comme le fait tout moine. Il avait toujours à portée de main le livre de Saint Jean Cassien et le lisait dès qu’il avait une minute de libre. Son amour sans bornes pour Dieu, remplissait Vladimir d’un sentiment de dévotion et de fidélité envers Lui et il versait d’abondantes larmes.
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Le Moine Théraponte. Cinq cents métanies

Les trois néomartyrs d’Optino

Dans plusieurs textes concernant le Hiéromoine Vassili et les Moines Théraponte et Trophime, les trois frères d’Optino Poustin’ assassinés dans l’enceinte du monastère la nuit de Pâques 1993, on lit qu’ils sont devenus extrêmement familier des fidèles qui les prient, aujourd’hui encore. Ces fidèles ont simplement lu et relu le livre «Pâques rouge», et les trois frères sont devenus comme des membres de leur famille. L’Église ne les a pas encore glorifiés, mais il est devenu impossible de tenir le compte des miracles attribués à leurs prières. Ce livre, «Pâques rouge», n’a pas été traduit en français. Il est bien sûr moins évident pour les fidèles francophones de considérer les trois frères d’Optino comme des membres de la famille et demander ainsi leur prière. En vue de faire mieux connaître chacun de ces trois merveilleux moines et afin donc d’aider les lecteurs de ce blog à adresser plus volontiers leurs prières à ces trois néomartyrs, nous poursuivons la traductions de plusieurs extraits de deux livres.

Il existe de nombreux coins de paradis en Russie, mais parmi eux, le glorieux Désert d’Optino est un des plus notables. Cet ancêtre du monachisme russe, coiffé d’ors, se trouve à la lisière d’une forêt, comme protégé du monde trépidant d’un côté par cette forêt de pins et de l’autre par la rivière Jizdra, à quatre verstes de la ville de Kozielsk, connue pour son opposition héroïque à la Horde de Khan Baty forte de milliers d’hommes. Le monastère est célèbre pour la foule des saints moines et sages startsy d’Optino, qui y vécurent jadis et y menèrent leur combat. La paternité spirituelle est un beau chemin divin vers le salut, le chemin de l’obéissance, au long duquel les novices atteignent aisément les sommets de l’humilité. L’Écriture Sainte dit : Tu te lèveras devant une tête blanchie, et tu honoreras la personne du vieillard.(Lev.19;32). Mais si l’écriture ordonne de se lever devant l’aîné aux cheveux blancs, combien plus de respect méritent ceux qui ont blanchi leur âme et sont parvenus à l’âge d’une parfaite impassibilité et de l’humilité! Tels étaient les saints startsy d’Optino, qui en incitèrent tant à se réveiller de leur rêve pécheur.
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