Le site Agionoros.ru a publié le 01 juillet 2016 le résumé d’un article paru le 30 juin sur le portail grec Ромфеа.gr, dans lequel le Métropolite Hiérotheos de Naupacte s’exprime à propos de la signature des documents finaux du Concile qui s’est déroulé en Crète. Le texte ci-dessous est la traduction de cet article russe, complété par certaines précisions tirées de l’original grec. Rappelons que le Métropolite Athanasios de Limassol s’est déjà brièvement exprimé sur le même sujet.
Monseigneur Hiérotheos a expliqué que des «motifs théologiques» l’ont empêché de signer le texte «Relations de l’Église Orthodoxe avec le Reste du Monde Chrétien». Il a toutefois signé, en accompagnant sa signature de réserves, les documents «La Mission de l’Église Orthodoxe dans le Monde Contemporain» et «Le Mystère du Mariage et ses empêchements».
Le Métropolite Hiérotheos explique que selon lui, lors de l’assemblée en Crète, tous les amendements proposés par la délégation de l’Église Orthodoxe de Grèce ont été rejetés. Read more
Primats ou papes ?
Le protopresbytre Anastasios Gotsopoulos, prêtre de la Paroisse Saint Nicolas à Patras, a écrit le texte ci-dessous le 10 juin 2016. Il a été publié, sur le site Impankratoros.gr.
Patras, le 10 juin 2016.
Finalement, les Églises orthodoxes ont-elles des primats ou des papes ? Peut-être d’aucuns voudraient-ils, à l’occasion du Saint et Grand Concile, conférer également aux primats des pouvoirs papaux ?
Ces questions émergèrent suite aux réactions de certains «défenseurs» du prochain Saint et Grand Concile, qui s’élevèrent contre les décisions unanimes des synodes des hiérarques des Églises de Serbie, de Bulgarie, de Géorgie et de Grèce au sujet des positions que ces Églises ont adoptées à propos du Concile Pan-orthodoxe. Sans fournir aucune réponse aux plaintes extrêmement sérieuses des Saints Synodes des Églises locales, ils se mirent dans tous leurs États et répètèrent de façon monotone : «Les primats avaient signé les textes et avaient décidé tant de la réunion que de la procédure et du règlement du fonctionnement du Concile. Par conséquent, les synodes locaux n’ont aucunement le droit d’émettre un avis à propos de la décision des primats». Le Saint Synode du Patriarcat Œcuménique lui-même s’est aligné sur cette même logique dans sa déclaration officielle du 06 juin 2016.
Excusez-moi?! Quand donc les primats des Églises Orthodoxes locales sont-ils devenus… des papes ? Depuis quand l’opinion ou la décision personnelle d’un primat lierait et obligerait-elle irrévocablement le synode de la hiérarchie à laquelle il appartient. Est-ce le primat ou est-ce le synode des hiérarques qui constitue la plus haute instance administrative des Églises Orthodoxes locales, conformément à la Tradition Orthodoxe ? Chacune des Églises se prononce-t-elle de façon synodique et s’exprime-t-elle à travers le synode ou est-elle liée par tout avis émis par le primat? (J’éviterai ici l’usage de l’expression ex-cathedra pour éviter que nos esprits ne s’envolent vers un autre horizon!).
C’est évident, les primats ont signé! Mais chaque primat, une fois revenu auprès de son Église locale, a soumis sa décision, et il était obligé de le faire, à son synode. Et chaque synode, souverain et responsable s’est prononcé, soir en accord avec la signature du primat, soit en désaccord, annulant ainsi la décision personnelle! D’aucun souhaiteraient peut-être dicter ce qu’un synode devrait décider? Il est louable que les Primats des Églises de Serbie, de Bulgarie, de Géorgie et de Grèce aient soumis leur décisions au jugement du collège hiérarchique, respectant par là même l’institution synodale. Mais plus encore, ils réunirent leur synode, ils parvinrent à un accord et co-signèrent une décision adoptée à l’unanimité par leur synode, se soumettant de la sorte à la lettre et à l’esprit du 34e Canon des Saints Apôtres : «Mais lui aussi, qu’il ne fasse rien sans l’avis de tous ; car la concorde régnera ainsi et sera glorifié le Père et le Fils et le saint Esprit». Voilà ce que signifie le respect de l’institution synodale ! Voilà ce que signifie le respect de l’unité de l’Église !
Malheureusement, d’aucuns se sont accoutumés au mode de fonctionnement des synodes de certains patriarcats (au Nord, au Sud et à l’Est… sans mentionner de noms, ni offenser de familles…), et ils ne peuvent digérer le fait qu’il existe des Églises locales dans lesquelles le système synodal soit pleinement mis en œuvre, avec des difficultés, sans aucun doute, mais pleinement en œuvre. Le primat ne donne pas d’ordre, comme dans le système papiste, les autres participants au synodes ayant à obéir que cela leur plaise ou non…
Le danger pour l’Orthodoxie elle-même consiste en ce que certains veulent imposer à toute l’Église ce mode de fonctionnement du «Synode» propre à quelques patriarcats et tentent à travers le Concile pan-orthodoxe d’élever les primats de «primus inter pares», premier d’entre les pairs, à «primus sine paribus», premier sans égaux (Elpidophoros de Prouse), en fait, revêtu d’une autorité papale ! Et ainsi, il sera plus aisé de reconnaître le Premier parmi les Premiers, qui sera à son tour «sine paribus». Ce sujet est fondamental et touche directement à l’essence de l’ecclésiologie orthodoxe.
Il est évident que l’image que l’Église Orthodoxe offre d’elle-même avant le Concile Pan-Orthodoxe n’est guère idéale. Refusant d’admettre l’ampleur de leur responsabilité dans la situation, certains individus chargés de responsabilités tentent de reporter le blâme sur le fonctionnement synodal des Églises locales. Mais le problèmes a surtout été créé par la manière anti-traditionnelle de préparer jusqu’à présent le Saint et Grand Concile, et particulièrement dans les règles de fonctionnement qui au nom du Concile Pan-Orthodoxe, ont fait fi de l’institution synodale des Églises locales.
Pour des sujets aussi importants que l’approbation de documents pré-conciliaires, il n’est pas possible que la décision prise en l’absence des hiérarques, par un représentant, revête un caractère irrévocable et lie les Églises. Il n’est pas possible que les hiérarques des Églises n’aient pas le dernier mot au sujet des règles de fonctionnement du Concile Pan-Orthodoxe. Il y eut, bien-sûr, une autorisation formelle, bureaucratique, mais comme on s’en est rendu compte, elle ne pouvait se substituer à la fonction essentielle du système synodal de chaque Église particulière, ni encore à celui de l’Église Orthodoxe Catholique, mondiale.
Une solution à ce problème émergeant peut exister, à condition de revoir la tactique appliquée jusqu’ici, et de se repentir, au niveau pan-orthodoxe. Puisse, en ces ultimes instants, un respect substantiel du système synodal, et particulièrement des décisions synodales que votèrent à l’unanimité les hiérarchies des Églises Locales, en être le commencement.
Source
Geronda Ephrem de Katounakia: L’œcuménisme est dominé par des esprits impurs.
Les saints gerondas de notre Église nous ont offert leurs enseignements, toujours au prix de leur vertigineuse ascèse. Il nous appartient, ainsi qu’aux hiérarques de l’Église, de les entendre et d’en tirer les conclusions. Le texte ci-dessous rapporte un témoignage de Geronda Ephrem de Katounakia auprès du Professeur de théologie Dimitrios Tselengidis, publié dans le numéro de Mars-Avril 2016 (page 42) de la revue «Περιοδικό Παρακαταθήκη». Ce texte est extrait du livre (en grec) «Le Grand et Saint Concile de l’Église Orthodoxe . Un Concile en déficit de conciliarité et de conscience orthodoxe» Trikala, Mars 2016. Ce livre est lui-même la transcription de trois heures de conversation entre le directeur de la station de radio ecclésiastique du Pirée, M. Lykourgos Markoudi et le professeur Dimitrios Tselengidis.
Dans ce qui suit, je vais évoquer ce qui constitue un témoignage personnel. Pendant plusieurs décennies, j’ai fréquenté Geronda Ephrem de Katounakia, dont l’ethos et la conscience sont renommés. Ce qui est bien connu également, c’est qu’il possédait une «télévision spirituelle». Pour ma part, je suis allé le voir à de nombreuses reprises, habité par l’intention de lui poser certaines questions, dans un ordre précis, avec mon propre vocabulaire. Quand je me retrouvais face à lui, avant que je lui demande quoi que ce soit, il répondait aux questions que j’avais l’intention de lui poser, dans l’ordre que j’avais imaginé, en recourant à mon vocabulaire. Il s’agit donc d’une expérience personnelle, mais pas d’un phénomène unique ; bien d’autres en ont également fait l’expérience. Read more
Geronda Anastasios de Koudouma 1/2
Le Métropolite Hierotheos de Naupacte, dont plusieurs textes ont déjà été traduits et publiés sur ce site, présente ci-dessous Geronda Anastasios, qui fut, et demeure, au-delà de cette vie, une des fleurs du jardin du Seigneur qu’est la Terre de Crète. L’article original, en langue grecque, est paru en décembre 2013.
Geronda Anastasios de Koudouma s’est endormi dans la paix le 2 décembre 2013. L’Office des funérailles fut célébré le lendemain, dans le Saint Monastère de Koudouma, de la Sainte Métropole de Gortynis et Arkadias, où il fut hiéromoine, en présence de son Éminence le Métropolite Makarios de Gortynis et de son Éminence le Métropolite Andreas d’Arkalochorion, du clergé, des moines et d’une foule de fidèles. Je vais présenter quelques informations concernant les derniers jours de sa vie terrestre, ainsi que notre rencontre à l’hôpital. J’espère et je crois que l’Higoumène et les Pères du Monastère de Koudouma, ainsi que le Père Archimandrite Antonios Fragakis écriront la vénérable vie de ce vénérable moine, l’altération de son cœur, l’ascension de son esprit et la divine sagesse de ses enseignements. Read more
Métropolite Athanasios : Raviver le feu de la foi chrétienne
En Grèce et en Russie, le Métropolite Athanasios de Limasol prodigue des enseignements spirituels nombreux et denses, dont la conformité avec la tradition est unanimement reconnue. Avec régularité, le site pravoslavie.ru présente à ses lecteurs russes des entretiens et conférences du Métropolite Athanasios. Nous en proposons ici la traduction française.
Votre Éminence, n’avez-vous pas l’impression que nous vivons des temps anormaux? Au risque de passer pour des ronchons, les gens ont toujours prétendu qu’avant le soleil brillait plus fort, que l’herbe était plus verte et les gens, meilleurs. Toutefois un sentiment généralisé d’anxiété et d’inquiétude est partagé aujourd’hui par tous, pas seulement par les Chrétiens.
Je pense que nous aussi, avons mûri et vieilli, et nous voyons le passé sous un éclairage qui lui est favorable, il en devient plus acceptable que le présent. Il ne fait aucun doute que le monde avance vers les temps derniers. Néanmoins, pour un Chrétien, «hier» et «demain» n’existent pas. Seul existe aujourd’hui, qui se vit dans les Mystères de l’Église, dans la Divine Liturgie, dans la présence de Dieu. Lors des fêtes de l’Église, nous disons «Aujourd’hui, le Christ est né, aujourd’hui, le Christ est baptisé, aujourd’hui, le Christ est cloué sur la croix». C’est ainsi que nous vivons aujourd’hui le Royaume des Cieux, qui avance vers la fin. Je pense que nous devons rendre grâce à Dieu pour le Royaume des Cieux. Comme disait Geronda Païssios, au plus nombreuses sont nos tribulations, au plus Dieu nous bénit. Read more
L’Unité du Monde Orthodoxe Russo-Grec.
Suite de la conversation avec Athanase Zoïtakis, chargé de cours à l’Université d’État de Moscou (МГУ) et rédacteur en chef du site «agionoros.ru», à propos de l’influence mutuelle des Églises russe et grecque. La première partie, concernant Saint Cosme d’Etolie, se trouve ici. Sur le plan professionnel, vous vous occupez d’histoire moderne et contemporaine, et de l’histoire de l’Église. Quelle fut l’influence réciproque des Églises russe et grecque au cours de l’histoire ? Quels ascètes orthodoxes russes furent porteurs d’un enseignement pour les Grecs ?
Selon les termes d’Alexandre S. Pouchkine, «La foi confessée par les Grecs nous donna notre caractère national propre». En acceptant l’Orthodoxie, le peuple russe s’est lié au peuple grec par des liens spirituels indissolubles. L’influence de la tradition grecque ne signifiait pas qu’il s’agissait simplement de copier sans faire preuve d’initiative et d’une vision originale. On reconnaissait des traits propres au type spirituel russe. Read more