Geronda Gabriel l’Athonite et Geronda Ephrem.

Geronda Gabriel K recadréGeronda Gabriel est l’un des ‘anciens’ athonites contemporains les plus connus. Depuis de nombreuses années, il mène son exploit ascétique dans la kelia de Saint Christodoulos, près de la capitale de l’Athos, Kariès. Il est impossible de dénombrer les pèlerins qui s’efforcent de rencontrer Geronda. Le site Pravoslavie.ru a publié en novembre 2012 un entretien avec Geronda. En voici deux extraits.

Pour nous sauver, Dieu attend que nous nous repentions. Le Seigneur ne souhaite ni guerre, ni malheur, ni maladie. Dieu ne nous a pas créés pour que nous souffrions sur terre et ensuite pour que nous tombions en enfer. Mais Il ne peut nous sauver si nous ne le voulons pas.
Les Saints Pères disent que le repentir peut sauver non seulement notre pays, mais l’humanité entière. Mais si nous ne nous repentons pas, nous serons perdus! Il nous adviendra la même chose qu’à Sodome et Gomorrhe: elles brûlèrent intégralement, excepté Lot et ses deux filles. Ou la même chose qu’à l’humanité de l’époque de Noé : nous périrons noyés dans le déluge.
Dieu nous a donné Sa Loi afin que nous puissions être heureux sur terre et hériter la joie éternelle du Paradis. Si seulement l’humanité observait un seul commandement de l’Évangile, nous serions déjà, ici, en cette vie, au Paradis.
De quel commandement s’agit-il ?
«Aime ton prochain comme toi-même». Si les gens commençaient à le mettre en pratique, toute armée serait superflue et on pourrait cesser de produire du matériel militaire. Les prisons, les facultés de droit et les tribunaux n’auraient plus aucune utilité. Les policiers seraient forcés de trouver un nouvel emploi. Et on n’aurait plus besoin de signalisation, ni de serrures.
Pourquoi ?
Parce que j’aimerai mon prochain comme moi-même. Vais-je me tuer moi-même? Vais-je me détrousser? Vais-je me porter préjudice? Dieu est très affligé par le comportement des Orthodoxes contemporains. Car enfin, ne l’avons-nous pas renié? Nous avons rejeté sa loi et avons institué nos propres lois.
Un jour, pendant une bataille, Alexandre le Grand vit un soldat qui se dissimulait derrière le dos de ses camarades. Il accourut et lui demanda : «Comment t’appelles-tu?» Le jeune homme lui répondit Geronda Gabriel ombre«Alexandre». Alors, Alexandre le Macédonien lui répliqua «Alexandre? Dans ce cas, ou tu changes de nom ou tu changes de comportement. M’as-tu jamais vu me cachant pendant une bataille?» Ainsi, le Parlement de Grèce doit changer de comportement ou de nom. Avec tout ce qu’il fait, il ne mérite pas de s’appeler «Vouli» [Le grec ‘βουλή’ fait partie du champ lexical indo-européen se rapportant à la notion de ‘vouloir’ N.d.T.] Il serait beaucoup plus approprié de l’appeler «dépourvu de volonté, inconsistant et irréfléchi» car il a abrogé les Commandements de Dieu et adopté ses propres «lois». Un des dix commandements dit :  «Tu ne tueras point». Les députés grecs ont dit : «A bas le Commandement de Dieu. Tue!» Et ils ont légalisé l’avortement. Le Seigneur a dit : «Tu ne commettras point l’adultère». Et eux de répliquer : «A bas le Commandement de Dieu». Et ils ont légalisé la prostitution, l’homosexualité, la crémation et le mariage civil. Ils ont ôté les icônes des bâtiments publics ainsi que la croix du drapeau grec. Les députés grecs se préoccupent-ils du bien de leur patrie? Lui veulent-ils du bien? Sont-ils les pères et les sauveurs du peuple ou le détruisent-ils et lui arrachent-ils ses racines? Par leurs propos et leurs actes politiques, ils démontrent qu’ils ne croient pas en Dieu, en l’immortalité de l’âme, au Paradis et à l’enfer, au Jugement Dernier et à la rétribution des péchés. Tout cela, ils considèrent que ce sont de dangereuses erreurs, «l’opium du peuple». S’ils ne se repentent pas, on ne les prendra même pas en enfer. Dieu créera un lieu de tourment particulièrement pour eux. Et avec tous leurs titres, leurs honneurs, leurs «mérites politiques» ils iront décorer les fosses les plus profondes et effrayantes de la géhenne!» C’est à Eleftherios Venizelos [Premier Ministre de Grèce à plusieurs reprises entre 1910 et 1932] qu’appartiennent les paroles suivantes: le politicien pense à la prochaine élection, l’homme politique, aux générations futures. Nos acteurs politiques pensent-ils au destin de notre Patrie? Les hommes politiques du passé vivaient pour la Patrie, et non sur son compte. Les députés d’aujourd’hui vivent-ils pour la Grèce ?
(…)

Je vais vous conter deux histoires.
ST EphremSur la Sainte Montagne de l’Athos, dans les Katounakia, vivait Geronda Ephrem. Un de ses voisins vint à construire une église près de sa kelia. Et il décida d’y ériger une iconostase. Il se rendit auprès d’un moine et lui demanda :
-Tu me demanderais combien de pièces pour me faire une iconostase ?
-Quinze pièces.
Il alla en voir un autre et demanda combien coûterait le travail.
-Douze pièces.
Ensuite, il se rendit auprès du Père Ephrem et lui dit: «Construis-moi une iconostase.» Geronda Ephrem, sans poser la moindre question, se lança à l’ouvrage. Quand tout fut terminé, le voisin proposa à Geronda deux pièces en échange de son pénible labeur de plusieurs jours et lui demanda :
-Est-ce suffisant, Père ?
-Cela suffit. Répondit Geronda Ephrem.
Après le départ du voisin, un novice vint auprès du Père Ephrem et dit :
-Mais Geronda, il t’a floué! Tu as travaillé si longtemps et tu n’as reçu que deux pièces?
Geronda Ephrem lui répondit :

-Fils, il nous faut garder quelque chose pour la vie à venir. Si ici sur terre, nous recevons tout «notre dû», quelle récompense aurons-nous quand nous arriverons dans l’éternité?
Les années passèrent. Geronda Ephrem mourut. Et voilà que le novice le vit en songe. Geronda se trouvait dans un vallon merveilleux et autour de lui étaient dispersées quelques jolies maisonnettes. L’une d’entre elles était particulièrement belle et le novice demanda:
-Père, elle vaut combien cette maison?
-Elle a été construite avec l’argent de l’iconostase. Ce que nous ne recevons pas sur terre, Dieu nous le donne plus tard.
Voici la seconde histoire.
Deux hommes se querellèrent à propos d’une parcelle de terrain. Ils ne parvenaient pas à résoudre le litige de façon paisible et décidèrent d’aller s’adresser à un sage geronda. Les ayant entendus, celui-ci proposa d’aller jusque la parcelle contestée, ce qu’ils firent. «Cette terre est à moi!», cria l’un. «Non, à moi!», répliqua l’autre. Alors, le geronda se mit à genoux et commença à prier. Ensuite, il se leva et dit :
-J’ai demandé à la terre.
-Que t’a-t-elle répondu ? S’enquirent les querelleurs.
-Elle a dit que c’est vous qui lui appartenez, et non le contraire.
Source