Le Métropolite Ioann (Snytchev) aux yeux des startsy.

Portrait par Philippe Moskovitine

Portrait

Les deux premières citations qui suivent ont été traduites du livre intitulé «Barbarouchka» publié en 2015 à Saint-Pétersbourg par les Éditions Tsarskoe Delo. Ce livre raconte la vie de Valentina Sergueevna Diounine, qui devint la moniale du grand schème Barbara, et fut fille spirituelle du Métropolite Ioann dès 1955. Depuis lors, elle faisait partie de l’entourage permanent de celui-ci, en qualité de médecin et d’infirmière. Elle l’accompagnait dans la plupart de ses déplacements et vivait dans la petite communauté qu’il avait fondée et qui le servait fidèlement. Le livre précité est une compilation aménagée des notes qu’elle consigna dans son journal pendant quarante ans. Les passages ci-dessous montrent combien les startsy vivants à l’époque tenaient le Métropolite Ioann (Snytchev) en haute estime. Le premier extrait évoque une visite à la Laure des Grottes de Pskov. Le troisième extrait est traduit du livre «Il y eut un homme, envoyé par Dieu», (Был человек от Бога…), dans l’édition publiée en 2015 par les Éditions Tsarskoe Delo à Saint-Pétersbourg, à la page 742.

«30 mai 1992….Nous allâmes auprès des startsy. Le Père Ioann [Krestiankine. N.d.T.] nous accueillit avec joie et nous invita dans sa cellule. On me fit asseoir à côté du Père Adrian [Kirsanov.N.d.T.]. Il me dit que j’étais proche d’eux, comme de la famille, et il promit de prier pour nous, «pour que Vladika vive encore, serait-ce deux ou trois ans!1 » …le Père Ioann [Krestiankine. N.d.T.] … dit encore au sujet de notre Vladika … ‘celui-là, c’est en vérité un hiérarque de Dieu‘…» (pages 282-283)

«04 juillet 1991. Nina Stepanovna (elle est médecin et travaille en réanimation. Quelqu’un de très croyant) alla chez le Starets Nicolas (Gourianov), sur l’Île de Tabalsk (ou encore Île de Zalita) et raconta les problèmes de santé de Vladika, précisant que les médecins voulaient lui placer un stimulateur cardiaque. Le Starets Nicolas répondit : «Cela, je ne le conseillerais pas. Mais dites à la doctoresse (c’est-à-dire à moi), que ce sont des tentations que Vladika traverse. N’oubliez pas, dites-le. Vladika est un homme de bien, simple, très simple. Il est mon ami…». Il est intéressant de noter que notre Vladika n’avait jamais vu le Père Nicolas, et celui-ci dit que Vladika était son ami, et qu’il le connaissait bien». (pages 268-269).

«… le Starets Nicolas Gourianov, comme on le sait, vénérait beaucoup Vladika Ioann, et il disait aux nombreux pétersbourgeois qui venaient chez lui, sur l’île, demander des conseils spirituels, alors que le Métropolite était encore en vie : ‘Vous avez votre starets à Piter, Vladika Ioann, adressez-vous à lui‘».

Traduit du russe

La vie au Monastère de la Dormition de Pioukhtitsa.

L’Higoumène Philareta (Photo : Monastère de Pioukhtitsa)

Le texte ci-dessous est la traduction d’un extrait de l’entretien de M. Sergueï Moudrov avec l’Higoumène Philareta, du Monastère de Pioukhtitsa, publié le 14 juin 2013 sur le site Pravoslavie.ru, sous le titre «Malheureusement, aujourd’hui peu de gens entrent au monastère». Ce monastère, situé en Estonie, fondé en 1891 par Saint Jean de Kronstadt, à l’endroit où apparut miraculeusement, au XVIe siècle, une icône de la Très Sainte Mère de Dieu, était particulièrement apprécié par le Patriarche Alexis II de bienheureuse mémoire. Il devint d’ailleurs stavropégique en 1990. Il est évoqué dans nombreuses traductions de la Lorgnette Orthodoxe.

(…)
Depuis la fondation du monastère, sept higoumènes se sont succédées à sa tête. Entre 1968 et 2011, il était dirigé par l’Higoumène Barbara (Trophimova). En novembre 2011, Mère Philareta (dans le monde, Xenia Viktorovna Kalatcheva) devint la huitième higoumène. Originaire de Samara, elle entra au monastère en 1992. Read more

Paroles de Batiouchka (48)

Né en avril 1937, Valerian Kretchetov, prêtre de village, est le prédicateur le plus âgé de l’Éparchie de Moscou. Fils d’un prêtre, frère d’un prêtre, l’Archimandrite Valerian est père de sept enfants, dont un prêtre, et grand-père de trente quatre petits enfants. Il fut ordonné diacre en novembre 1968, et prêtre en janvier 1969. En 1974, il succéda au Père Sergueï Orlov, comme recteur de l’église du Pokrov, au village d’Akoulovo, dans la région de Moscou. Il fréquenta les plus grands starets pendant des dizaines d’années et accomplit dix-huit séjours sur l’Athos. Une quinzaine de livres ont été édités, reprenant prédications, entretiens multiples et interventions devant des groupes très divers. Celles et ceux qui apprécient les «Paroles de Batiouchka» pourront également se tourner vers le livre paru aux éditions Sofia en 2015 : «Le plus important. Toutes les façons de croire se valent-elles ?». Madame Laurence Guillon y a traduit en français une série d’entretiens et d’enseignements, toujours remarquables, du Père Valerian.

«Réflexions avant la Confession», pages 64 et 65.

Le livre dont a été tiré l’extrait.

Le malheur, c’est que l’homme vit ici sans penser à son âme. Mais elle existe ! Et plus encore, comme le disent les saints pères, de par ses aspirations, elle ne connaît pas de limite, car il lui est prescrit de devenir pareille à Dieu. «A l’image et à la ressemblance», cela signifie que nous avons été créés pour nous faire semblables à Dieu. Et cela , à l’infini! Mais voilà, si l’homme ne dirige pas vers Dieu cette aspiration de son âme, alors, malheureusement, elle sera dirigée vers le monde. Et cette folie débouche en fait sur l’impossibilité pour l’homme d’être rassasié par les biens de ce monde. (…)
Et si l’homme a aspiré à Dieu en cette vie, dans la vie future, il aura la possibilité de croître sans cesse spirituellement. Mais si l’homme s’est détourné de Dieu ici, qu’est-ce qui grandira en lui? Ses passions!

Traduit du russe

Matouchka Eupraxie. Le miracle des cafards et des chenilles.

Le texte ci-dessous est la traduction d’un extrait du livre «Nous allons te donner du souffle» (Дарим Тебе дыхание), écrit par Mère Eupraxie (Inber), Higoumène du Monastère de l’Ascension, à Orcha dans Éparchie de Tver et Kachine. Le livre est paru en 2019, aux éditions Sibirskaia Blagozvonnitsa.
Ekaterina (son prénom civil) Inber fut une fille spirituelle du Starets Naum (Baiborodine ; 1927-2017) de bienheureuse mémoire. C’est celui-ci qui éduqua spirituellement celle qui était alors une jeune intellectuelle d’une vingtaine d’années, convertie à l’Orthodoxie vers la fin des années ’70 «parce que cela se faisait». Elle reçut la tonsure monastique en 1992. Le Starets Naum envoyait la jeune femme apprendre les fondements de l’Orthodoxie, et du monachisme, dans des endroits divers et parfois éloignés, chez des clercs et des moines de ses connaissances. Ce sont ces expériences que conte le livre de Mère Eupraxie. Dans le récit ci-dessous, extrait des pages 108 à 112 du livre, l’Higoumène Eupraxie narre un événement qu’elle vécut dans l’isba occupée par le Hiéromoine Alexis, prêtre du village de Serbilovo, et par le novice Moïse, auxquels il arrivait d’accueillir chez eux l’un ou l’autre pèlerin. On atteignait Serbilovo en parcourant, depuis la gare de Gavrilovo Posad une drève de bouleaux longue de sept kilomètres, battue par les vents.

Un jour j’arrivai chez eux, fin août. Mon couchage, sur le poêle de la cuisine, était occupé. En fait, toute la cuisine était occupée. Un nombre incalculable de rustiques mouches d’automne y vivaient. J’enroulai un journal et m’apprêtai à les passer impitoyablement à tabac. Mais Batiouchka entra à ce moment et il me retira la gazette de la main en me disant :
Ce soir, Katia, nous allons célébrer le moleben d’envoûtement, tiré du Grand Trebnik, au Martyr Tryphon, pour se débarrasser des cafards et des chenilles. Prenez patience jusque là. Bienheureux, qui fait miséricorde à toute créature.
Read more

Métropolite Ioann (Snytchev). La maladie.

Entretien

Le texte ci-dessous est extrait d’un entretien accordé en 1993 par la Métropolite Ioann de Saint-Pétersbourg et Ladoga à Madame Irina Vanine, correspondante du journal ‘Saint-Pétersbourg Orthodoxe’ (Санкт-Петербург Православный), à l’occasion de la visite effectuée le 10 mai 1993 par le Métropolite Ioann à l’Hôpital du Pokrov, située sur l’Île Vassilievski à Saint-Pétersbourg. L’entretien a été publié dans le numéro 10 de l’année 1999 dudit journal, et un long extrait est repris aux pages 538 et 539 du livre «Il était un homme envoyé par Dieu…» (Был человек от Бога), publié par les Éditions Tsarskoe Delo en 2015 à Saint-Pétersbourg.

«… Nous savons que les maladies sont envoyées en tant que punitions, en tant que pansements destinés à guérir l’homme. Parfois donc la maladie elle-même est curative. Elle conduit au repentir. Mais ceux qui vont chez les thérapeutes sans penser aux causes spirituelles de leur maladie veulent être débarrassés de celle-ci au plus vite.
Mais l’Église dit que le fondement du rétablissement de la santé, c’est le repentir. Et quand l’homme travaille intérieurement, spirituellement, sur lui-même, se pose alors cette question : la guérison complète est-elle nécessaire? Car il est tout de même vrai que parfois, il est tout simplement nécessaire de vivre en permanence avec une dose d’infirmité naturelle, afin d’interrompre le mouvement du péché.
Il m’est arrivé d’observer que quand l’homme est délivré de la maladie par la prière, rapidement, il retombe dans le péché. La nature humaine est très faible, c’est pourquoi, parfois il vaut mieux vivre avec la maladie. (…)
Le miracle de la guérison peut provenir d’ailleurs que de Dieu, tout comme la maladie peut arriver non seulement pour des raisons naturelles ou être envoyée par Dieu comme un rappel à l’ordre, mais aussi suite à une attaque diabolique. Dans ce cas, il est nécessaire de recourir à l’intervention de l’Église. Dans l’Évangile, il est dit, au sujet de la femme courbée : «cette fille d’Abraham, que satan tenait liée depuis dix-huit ans» (Luc 13,16). Il s’agit précisément d’une maladie diabolique, et seule la force de Dieu permet de s’en débarrasser.
(…) Je pourrais dire qu’à cause de mes nombreux péchés, mon corps est infirme. Je ne puis me vanter de ma santé. Des infirmités j’en ai, et elles sont nombreuses. La première d’entre elles, c’est le diabète, que j’ai depuis plus de trente ans, je souffre du cœur1, d’une tension artérielle trop élevée, et de problèmes de circulation sanguine. Et j’en ai encore beaucoup d’autres.
Je considère la médecine de façon très positive, car il est dit, tant dans les Saintes Écritures que chez les Saints Pères qu’il ne faut pas négliger les médecins car ils sont donnés par Dieu. Le don de soigner est un don reçu de Dieu, et les médicaments proviennent de la nature, que Dieu créa. Ils nous aident à faire sortir la maladie de notre organisme. C’est pourquoi j’éprouve un grand respect envers le travail des médecins et je bénis ceux-ci afin qu’ils mettent tout en œuvre pour le bien des hommes.»
Traduit du russe.

Paroles de Batiouchka (47)

Né en avril 1937, Valerian Kretchetov, prêtre de village, est le prédicateur le plus âgé de l’Éparchie de Moscou. Fils d’un prêtre, frère d’un prêtre, l’Archimandrite Valerian est père de sept enfants, dont un prêtre, et grand-père de trente quatre petits enfants. Il fut ordonné diacre en novembre 1968, et prêtre en janvier 1969. En 1974, il succéda au Père Sergueï Orlov, comme recteur de l’église du Pokrov, au village d’Akoulovo, dans la région de Moscou. Il fréquenta les plus grands starets pendant des dizaines d’années et accomplit dix-huit séjours sur l’Athos. Une quinzaine de livres ont été édités, reprenant prédications, entretiens multiples et interventions devant des groupes très divers. Celles et ceux qui apprécient les «Paroles de Batiouchka» pourront également se tourner vers le livre paru aux éditions Sofia en 2015 : «Le plus important. Toutes les façons de croire se valent-elles ?». Madame Laurence Guillon y a traduit en français une série d’entretiens et d’enseignements, toujours remarquables, du Père Valerian.

«Réflexions avant la Confession», pages 63 et 64.

Le livre dont a été tiré l’extrait.

Le repentir existe par ses fruits. Raconter ses péchés, même un démon peut le faire, mais se corriger, ça il ne le fait pas. La raison en est que la première condition nécessaire pour se corriger, c’est prendre conscience de notre état de pécheur. Ce n’est pas simplement qu’on ait fait quelque chose, mais que ce qu’on a fait était mal. Parfois, en effet, les gens, conscients de leurs méfaits, se considèrent quasiment innocents, et ils ne pensent pas devoir se corriger. Le repentir diffère de la simple énumération des péchés ; il consiste en ce que l’homme prend conscience de sa peccaminosité et demande à Dieu pardon et aide. Pardon, avant tout. Et aide, aussi. Elle est nécessaire car nous ne pouvons nous débarrasser du péché par nos propres forces.

Traduit du russe