Saint Seraphim de Vyritsa : «Lis la prière de départ» (8)

Le texte ci-dessous est la suite de la traduction ( proposée en plusieurs parties) d’un résumé détaillé de la vie de Saint Seraphim de Vyritsa écrite par Alexandre Archakovitch Trofimov à partir de son livre qui compte 240 pages. L’original russe du résumé traduit ici, agrémenté de nombreuses photographies, a été publié en six parties sur le site de l’auteur, le 14 mars 2014.

Cellule de Saint Seraphim de Vyritsa

On se souvient du cas suivant. Un jour, des voleurs sont entrés dans la maison où vivait Batiouchka. Ils ont cassé la fenêtre de la cuisine, mais ils ne parvinrent pas à pénétrer dans la cellule du Starets, ni encore à trouver l’entrée de la cellule de Matouchka Seraphima. N’arrivant à rien, ils repartirent.
Beaucoup de ceux qui vinrent auprès du Starets se souviennent que près de la maison où il vivait, on sentait un parfum extraordinaire, l’air était spécial, et tout les gens qui venaient chez Batiouchka ressentaient la grâce qui remplissait l’espace-même qui entourait la maison. Arriva l’année 1949. Le Starets tomba gravement malade. Ses enfants spirituels priaient pour sa guérisons, disant que ce serait très dur d’être séparé de Batiouchka. Mais le Père Seraphim répondait :
Parce que vous imaginez peut-être que le Seigneur n’entend pas? Il suffirait que je tende juste la main vers Lui et Il me guérirait immédiatement. Mais ce n’est pas cela que je veux ; que Ta volonté, Père, soit faite, et non la mienne, maintenant et dans les siècles. Que n’importe quelle maladie me visite, que Ta volonté soit faite!
Le Starets s’affaiblit notablement; il ne pouvait plus se lever du lit, mais il exigeait que l’on continue à laisser tous les gens venir à lui. Ceux qui entouraient Batiouchka et prenaient soin de lui le plaignaient et ne laissaient plus entrer les pèlerins. Mais en esprit, il savait qui venait le voir et pourquoi il venait. Il faisait revenir ceux qu’on n’avait pas laissés entrer. Parfois on allait les rechercher jusque sur le quai de la gare; le Starets l’avait exigé!
Peu de temps avant sa mort, il arriva au Père Seraphim de dormir, sans se réveiller pendant douze jours consécutifs. Le médecin venait le voir chaque jour et surveillait le travail du cœur. Le pouls était à peine audible. Quand le Père se réveilla, il a dit, s’adressant Matouchka Seraphima:
– J’ai visité de nombreux pays. Je n’ai pas trouvé mieux que mon pays et je n’ai pas vu mieux que notre foi. Dis à tout le monde que personne ne renie l’Orthodoxie.
Avant sa mort, la Très Sainte Mère de Dieu apparut Elle-même au Père Seraphim. C’était la nuit. Le Starets savait Qui allait lui rendre visite et dit aux femmes qui s’occupaient de lui:
– Allumez toutes les lampes.
La Mère de Dieu apparut au Starets près du bouleau sous la fenêtre de sa cellule. Le Père Seraphim dit que ce bouleau ne devait en aucun cas être coupé.
Deux semaines avant sa mort, le Starets annonça au Père Alexis Kibardine que la Très Sainte Mère de Dieu lui avait ordonné de lui donner les Saints Dons chaque jours. Le Père Alexis raconta: «Chaque nuit, j’ai donné la Sainte Communion au Starets, suite à ses paroles. Et voilà qu’un jour, j’ai dormi sans entendre la sonnerie du réveil. Je me suis éveillé à quatre heures du matin (habituellement je lui donnais la Communion vers deux heures), j’enfilai l’ornement muni de la poche pour le transport des Saints Dons et je courus littéralement chez le Starets. Quand je pénétrai dans la maison, puis dans la cellule, le Starets était allongé, exceptionnellement rayonnant. J’ai demandé pardon d’avoir trop dormi, ce à quoi le Père Seraphim a répondu:
Batiouchka, ne te tourmente pas, les Anges sont venus me donner la Communion.
Observant son visage, je réalisai qu’il en avait véritablement été ainsi».
Le Starets demanda au Père Alexis d’aller à Moscou et de dire au Patriarche Alexis Ier que le misérable Seraphim s’en irait au Seigneur dans deux semaines et demandait que des émissaires du Séminaire et de l’Académie de Théologie viennent prendre congé de lui. Le Starets transmit une grande métanie et demanda pour lui les saintes prières du Patriarche. Comme l’a raconté le Père Alexis Kibardine, quand il transmit à sa Sainteté les paroles du Starets et fit la grande métanie devant le Patriarche, sans rien répondre, celui-ci se tourna vers les icônes, fit trois grandes métanies en se signant chaque fois. Puis il se retourna, et des larmes coulaient sur son visage. Il dit avec douceur:
– Voilà quatre ans déjà que je suis Patriarche. Je le suis devenu par ses prières. Il me reste encore vingt-et-un ans à servir. C’est ce qu’a dit le Starets. Dites-lui que je demande ses saintes prières.
Le jour de son décès, Batiouchka dit :
– Aujourd’hui, je ne peux accueillir personne. Je vais prier.
Le soir, il appela ses proches dans sa cellule, les bénit les uns après les autres, avec l’icône de Saint Seraphim de Sarov. On alluma les lampes et tous s’agenouillèrent. On commença à lire les acathistes à la Très Sainte Mère de Dieu, à Saint Nicolas et à Saint Seraphim de Sarov. Après, on envoya chercher le recteur de l’église de Kazan, le Père Alexis Kibardine. Dans leurs souvenirs, les témoins de la scène se rappellent que le Père Alexis pleurait pendant la dernière confession du Starets. Après avoir reçu les Saints Dons, le Père Seraphim s’enquérait sans cesse de l’heure. Finalement, il bénit l’auxiliaire de cellule :
– Lis la prière du départ.

Photo : Pravoslavie.ru

Il demanda l’heure une dernière fois. Il était environ deux heures du matin.
– «Voilà, c’est fini».
Il se signa une dernière fois : «Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Amen. Sauve, Seigneur, et aie pitié du monde entier». Et il plaça ses main sur sa poitrine.
Il décéda vers trois heures du matin le trois avril 1949 dans la maison de l’Avenue de Mai. Pendant la semaine qui suivit son décès l’air de Vyritsa était imprégné d’une sorte de parfum merveilleux. (A suivre)
Traduit du russe
Source

Saint Seraphim de Vyritsa : «Le Seigneur a entendu ta prière» (7)

Le texte ci-dessous est la suite de la traduction ( proposée en plusieurs parties) d’un résumé détaillé de la vie de Saint Seraphim de Vyritsa écrite par Alexandre Archakovitch Trofimov à partir de son livre qui compte 240 pages. L’original russe du résumé traduit ici, agrémenté de nombreuses photographies, a été publié en six parties sur le site de l’auteur, le 14 mars 2014.

…Un jeune homme se saoulait sans cesse, traînant tout le temps hors de la maison. Sa femme ne pouvait plus supporter une telle vie et elle fuit avec leur enfant. Un ami lui apprit qu’un vieux moine qui vivait à Vyritsa pouvait traiter les alcooliques, et le persuada d’y aller: peut-être le starets l’aiderait-il à guérir. Il refusa longtemps, mais finalement il céda à la persuasion. Ils achetèrent des billets de train et se rendirent à Leningrad. Quand ils arrivèrent à la gare de Vitebsk, l’ami de cet ivrogne alla à la caisse pour acheter les billets pour Vyritsa, mais alors qu’il faisait la file, son protégé fila aux toilettes et offrit ses vêtements à quelqu’un pour un quart de litre : il a donna sa chemise, ses sous-vêtements, et resta en chandail et en pantalon. Il but le quart immédiatement. Son ami le retrouva, mais ne put comprendre quand et où il avait eu le temps de boire. Ils prirent le train. Arrivés à la maison du Starets, ils avancèrent dans le porche d’entrée. A ce moment-là, Batiouchka expliquait la parabole de la brebis perdue et du berger qui va la chercher. L’ivrogne dit alors:
«Où m’as-tu amené? Ce ne sont pas des gens mais des sortes de moutons». Les ivrognes deviennent souvent effrontés, bavards, et l’ennemi leur donne la capacité de parler et de parler de manière sarcastique et moqueuse des choses saintes. Il s’appuya contre la porte: Read more

Saint Seraphim de Vyritsa : «Tout à côté d’elle» (6)

Le texte ci-dessous est la suite de la traduction ( proposée en plusieurs parties) d’un résumé détaillé de la vie de Saint Seraphim de Vyritsa écrite par Alexandre Archakovitch Trofimov à partir de son livre qui compte 240 pages. L’original russe du résumé traduit ici, agrémenté de nombreuses photographies, a été publié en six parties sur le site de l’auteur, le 14 mars 2014.

La guerre venait d’éclater, mais le Starets prévoyait déjà le retour d’une vie paisible et donnait des conseils, comment s’organiser, que faire après la guerre. Il évoquait les transformations dans la pays, la restauration des églises, des monastères, la renaissance de la Sainte Orthodoxie.

Matouchka Seraphima

En 1945 mourut la moniale du grand schème Seraphima, qui avait partagé avec lui toutes les peines et les joies de la vie à Vyritsa. Elle fut inhumée à côté de l’église de la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan à Vyritsa. Batiouchka dit alors : «C‘est ici que je serai, tout à côté d’elle». A l’été de cette même année, le Père Alexis Kibardine fut nommé recteur de l’église de la Très Sainte Mère de Dieu de Vyritsa. La moniale Taïssia se souvient : «A partir de 1945, c’est le Père Alexis Kibardine qui célébra à l’église de Kazan. Il avait alors soixante-trois ans. Il était beau, majestueux, paisible. C’était un sage pasteur, un intercesseur, pareil aux saints. Quand le Père Seraphim commençait un podvig de jeûne, le Père Alexis allait souvent lui rendre visite à la maison et lui donner les Saints Dons». Read more

Le Métropolite Néophytos de Morfou : «Saint Spyridon, garde-moi!»

Le texte ci-dessous est la traduction de la première partie d’un texte original préparé par Madame Olga Orlova et publié le 29 juin 2021 sur le portail Pravoslavie.ru. Le Métropolite Néophytos (Massouras) de Morfou nous parle de l’offense, et partage sa propre expérience concrète du pardon, expliquant comment attirer l’aide et la grâce de Dieu afin d’avoir la force de pardonner aux ennemis et ce faisant, de remplir notre devoir de chrétien et d’avancer vers notre salut.

Un jour, je me suis retrouvé providentiellement chez le père Siméon dans la ville de Larnaca, à Chypre. Il était iconographe. Mais surtout, il était clairvoyant. Il voyait littéralement ‘à travers’ les gens. Mais nos caractères nous opposaient complètement. Et puis, j’étais encore jeune à l’époque… Et donc, je me souviens, Abba attendit patiemment sans me faire aucune remarque, et seulement après quatre ans, il me parla pour la première fois d’un de mes défauts. J’ai un caractère vif, en colérique. C’est clairement la raison pour laquelle Geronda ne se hâta pas de me faire des remarques… Read more

Saint Seraphim de Vyritsa : «Vous serez Patriarche» (5)

Le texte ci-dessous est la suite de la traduction ( proposée en plusieurs parties) d’un résumé détaillé de la vie de Saint Seraphim de Vyritsa écrite par Alexandre Archakovitch Trofimov à partir de son livre qui compte 240 pages. L’original russe du résumé traduit ici, agrémenté de nombreuses photographies, a été publié en six parties sur le site de l’auteur, le 14 mars 2014.

Les proches du Starets se souvinrent de ce podvig : «En 1941, Grand-Père avançait dans sa 76e année. Alors, il était très affaibli par la maladie, et il pouvait à peine se déplacer sans qu’on l’aide. Dans le jardin derrière la maison, à une cinquantaine de mètres, un roc de granit émergeait de terre. Un petit pommier poussait juste devant. C’est sur cette pierre que le Père Seraphim élevait ses demandes vers le Seigneur. On le conduisait par la main jusqu’à ce lieu de prière, et parfois même, il fallait tout simplement l’y transporter. Une icône avait été attachée au pommier, et Grand-Père, ses genoux malades sur la pierre, tendait les mains vers le ciel… Qu’est-ce qu’il lui en coûta! Il souffrait de maladies chroniques des jambes, du cœur, des vaisseaux sanguins et des poumons. Manifestement, c’est le Seigneur Lui-même qui l’aidait, mais il était impossible de regarder ce tableau sans verser de larmes. Souvent, nous l’avons supplié d’abandonner ce podvig. Il pouvait en effet prier dans sa cellule. Mais en l’occurrence, il demeura impitoyable vis-à-vis de lui-même, et de nous. Le Père Seraphim priait tant qu’il en avait la force, parfois une heure, parfois deux, parfois des heures durant… Je me souviens que Grand-Père me disait : «Un seul intercesseur pour le pays peut sauver les villes et tout…».
La moniale Taïssia se souvient : «Avenue Pilnyi, Batiouchka priait sur une pierre, imitant Saint Seraphim de Sarov. Lorsque la parcelle fut morcelée, le Père Seraphim fit placer une autre pierre. Ces pierres existent encore aujourd’hui. A cette époque, le père Séraphin était tout diaphane. Il était alité et prenait si peu de nourriture qu’il ne lui restait que de la peau couleur cire et les os. Le Père Seraphim jeûnait très strictement: il mangeait un prosphore par jour et un peu de carottes râpées, et buvait de l’eau sainte. Sa santé était très précaire et il ne venait qu’occasionnellement à l’église de Kazan où il célébrait dans la chapelle de Saint Seraphim de Sarov».

Pierre de Saint Seraphim. Photo prise en 2018.

Les proches et les enfants spirituels du Starets, qui logèrent à Vyritsa se souviennent que Batiouchka priait toute la nuit. Pendant la journée ceux qui venaient auprès du Starets déposaient d’innombrables notes pour la santé de leurs proches et le repos des âmes de leurs défunts. La nuit, Batiouchka lisait obligatoirement ces notes, et le lendemain, elles étaient apportées à l’église de l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan à Vyritsa. Il y faisait emmener une grande partie des cadeaux et de l’argent que les visiteurs apportaient.
Une fille spirituelle de Batiouchka décida d’aller lui demander sa bénédiction pour déménager et quitter Vyritsa; son mari insistait. Quand elle dit qu’elle allait demander à Batiouchka, le mari s’indigna:
– Encore! Mais tu vas le voir sans cesse!
Mais elle alla auprès du Starets, et celui-ci lui dit:
– Laisse-le partir, mais toi, reste.
Peu de temps après le départ du mari, la guerre éclata et l’homme disparut.
Pendant la guerre, avant l’évacuation, une femme accompagnée de sa fille vinrent demander à Batiouchka sa bénédiction avant leur départ. Le Starets les retint, cajolant la fillette, les faisant rester là pendant qu’il priait longuement. Ensuite il leur dit :
– Vous êtes sauvées.
Et il les bénit pour qu’elle partent. Le train qu’elle empruntèrent avait eu du retard et avait été retenu avant d’entrer en gare. A ce moment, les Allemands avaient pilonné la gare et le convoi dans lequel elles auraient dû se trouver brûla, alors que le train retardé ne subit aucun dommage.
…Au tout début de l’occupation une femme accourut en larmes auprès du Père Seraphim:
– Batiouchka, les Allemands sont venus dans notre maison, ils nous ont dit de partir!
– Soyez tranquille, on restera ensemble, on n’ira nulle part.
Après un certain temps, les Allemands revinrent, menaçants. Les propriétaires commencèrent à rassembler leurs affaires. Mais le Starets répéta :
– Restez.
Les Allemands ne revinrent plus jamais dans cette maison.
…Pendant l’occupation, une habitante de Vyritsa fut enceinte et décida d’avorter. Elle dissimula sa situation à son mari et attendit un moment propice pour mettre en œuvre son intention. Un jour, elle passa voir Batiouchka Seraphim, qui lui dit:
– Tu sais ce qui se passe maintenant? Certaines mères, imitant la cruauté d’Hérode, deviennent les meurtrières de leurs propres bébés innocents!
La femme comprit que le Starets savait tout, et avec des larmes de remords, elle s’agenouilla devant lui. Quand l’enfant naquit, c’était une petite fille, le Père Seraphim lui choisit son nom et désigna les parrain et marraine.
…En 1944, les Allemands envoyèrent en Allemagne les habitants de Vyritsa capables de travailler. Le Père Seraphim prédit à une famille qui partait que tous ses membres reviendraient dans leur patrie et vivraient dans une grande ville. Il en fut ainsi. Malgré le fait que la famille se retrouva dans un camp de concentration, le Seigneur la préserva. À leur retour de captivité, ils réussirent à s’installer à Leningrad.
… On a conservé l’histoire d’une femme qui vivait à Vyritsa pendant la guerre et allait chez le Père Seraphim presque tous les jours. Pendant les bombardements, c’était très effrayant, c’est pourquoi sa mère et elle avaient peur de passer la nuit dans leur maison et se réfugiaient souvent dans la maison du Starets. Là, elles se sentaient parfaitement à l’aise bien qu’il n’y ait ni cave ni abri contre les bombes.
… Pendant la guerre, une femme arriva en larmes chez le Père Seraphim; elle venait d’apprendre que son fils avait disparu, et ne savait comment prier pour lui, pour sa santé ou le repos de son âme. Le Starets lui dit:
– Va immédiatement à Novorossiysk, sinon tu seras en retard.
La femme partit immédiatement de chez le Starets, et elle arriva à temps pour enterrer son fils. C’était un marin militaire. Son navire avait coulé et tout l’équipage était mort. Le fils de cette femme avait été ramené par la mer sur le rivage. Le jour où elle arriva, le marin n’avait pas été identifié et il allait être enterré dans une fosse commune; aucun document n’ayant été trouvé sur lui. La mère reçut le réconfort d’accompagner son enfant dans la toute dernière partie de son chemin. Il est bien sûr important pour une mère de savoir où se trouve la tombe de son fils!
Alors qu’il était encore confesseur de la Laure Saint Alexandre Nevski, le Père Seraphim avait prédit à l’archevêque Alexis (Simanski) de Khoutyne qu’il deviendrait patriarche. En 1944, lorsque le blocus fut levé, Mgr Alexis, alors Métropolite de Leningrad, rendit visite au Starets à Vyritsa. Ce jour, le Père Seraphim, s’adressant à ses proches, avait dit:
– Aujourd’hui, le métropolite vient nous voir.
Entendant ces mots, Matouchka Seraphima sourit en elle-même, décidant que ce n’était pas possible. Un témoin se souvient: Quelqu’un frappa à la porte. Les hypodiacres du Métropolite Alexis de Leningrad sont entrés, disant que Mgr Alexis venait rendre visite au Starets. A leur suite, le Métropolite Alexis entra dans la cellule de Batiouchka et s’agenouilla devant le Starets couché sur son lit. Batiouchka avança les mains, demandant la bénédiction. Vladika bénit, après quoi le Père embrassa la main du hiérarque. Alors Vladika, restant à genoux, embrassa lui-même la main du Starets.
Le Père Seraphim demanda au Métropolite de se relever, en disant que c’était lui qui devait s’agenouiller devant le Patriarche de Moscou:
– Vous serez Patriarche de Moscou pendant vingt-cinq ans, tout comme votre Saint patron céleste.
Vladika commença à expliquer que cela n’était guère possible, à en juger par l’état actuel des choses. Le Starets dit alors:
– Staline enverra un appel et vous serez élu Patriarche.
Et tout se passa comme Batiouchka l’avait prédit. Toute sa vie, le Patriarche honora la mémoire du Saint Starets avec une vénération particulière. (A suivre)
Traduit du russe
Source

Saint Seraphim de Vyritsa : «Viens sans faute vendredi» (4)

Le texte ci-dessous est la suite de la traduction ( proposée en plusieurs parties) d’un résumé détaillé de la vie de Saint Seraphim de Vyritsa écrite par Alexandre Archakovitch Trofimov à partir de son livre qui compte 240 pages. L’original russe du résumé traduit ici, agrémenté de nombreuses photographies, a été publié en six parties sur le site de l’auteur, le 14 mars 2014.

Dans leur immense majorité, les gens venaient auprès du Starets de Vyritsa chercher aide et soutien spirituel, ce qui, évidemment, ne pouvait être dissimulé aux autorités. Des perquisitions eurent lieu plus d’une fois dans la cellule du Starets. D’habitude, ils débarquaient la nuit. Mais une fois, une voiture arriva en plein jour, et trois hommes en civils exigèrent d’être introduit auprès du Père Seraphim, afin de l’arrêter. Marguerite Nikolaevna, la petite-fille du Starets se plaça devant eux et leur dit :
– Vous devrez passer sur mon cadavre. Je ne vous livrerai pas Grand-Père! Il est très malade et ne résisterait aucun déplacement.

Margarita Nikolaevna et sa grand-mère, Matouchka Seraphima

Le plus ancien des perquisiteurs ordonna d’appeler leur médecin. Cela fut fait, et ce dernier confirma que les maladies dont souffrait le Père Seraphim empêchaient qu’on le transporte où que ce soit. Ainsi, le Seigneur protégea le Starets. Dans ces années-là des membres du NKVD firent régulièrement des descentes, soi-disant à la recherche de biens ecclésiastiques de valeur provenant de la Laure.
Il y eut un cas au cours duquel, pendant la perquisition, le Père Seraphim malade et alité appela auprès de lui un des tchékistes. Il lui adressa un regard de bonté et d’amour, priant intérieurement pour lui, et il lui prit la main, la caressa , et ensuite plaça sa propre main droite sur la tête de l’homme et dit :
Que tous tes péchés te soient pardonnés, serviteur de Dieu, et il cita son nom.
Et la puissance de l’amour fit son œuvre. Le visage menaçant du visiteur s’adoucit. Une conversation s’en suivit, comme si le Starets et lui étaient les meilleurs amis. Et s’adoucirent également les cœurs des autres perquisiteurs.
Nonobstant infirmités et maladies, le Père Seraphim priait toute la nuit, et pendant la journée, des milliers de personnes lui apportaient leurs tribulations, leurs maladies et leurs soucis. Il n’est pas exagéré de dire qu’un océan de miracles furent accomplis à Vyritsa par les prières du Starets, surtout pendant la Grande Guerre Patriotique.
A la veille de la guerre, le Starets dit à une de ses filles spirituelles :

Saint Seraphim dans sa cellule

Viens sans faute vendredi. Dimanche, la guerre va commencer et nous ne nous verrons pas pendant longtemps.
Elle ne vint pas le vendredi. Le dimanche qui suivit fut le 22 juin 1941. [Premier jour de la Grande Guerre Patriotique. N.d.T.]
Quand la guerre commença, de nombreux habitants de Vyritsa vinrent demander ce qu’ils devaient faire ; quitter leur maison et évacuer, ou rester. Le Starets leur répondit d’une voix assurée :
Vos maisons demeureront indemnes. Vyritsa sera protégée ; ici, pas un seul ne mourra.
Et il en fut ainsi. Les Allemands entrèrent à Vyritsa en septembre 1941, mais il n’y eut ni meurtre ni pillage dans le bourg. A cette époque, le Père Seraphim priait tout particulièrement pour le salut de l’âme des habitants, pour la protection du bourg et de ses églises. Selon les récits des anciens de Vyritsa, l’église de la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan fut fermée par les autorités après Pâques de l’année 1938. Quasiment dès le début de l’occupation allemande, les églises ouvrirent, et on y célébra les offices. Les fidèles y étaient nombreux. Pendant les années de guerre, l’église de Kazan fut la seule église en service dans la zone d’occupation derrière la ligne de front.

Vyritsa, église de la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan

Il n’y eut pas d’objections de la part des autorités allemandes, car le poste de commande arrière des roumains (alliés d’Hitler) était stationné à Vyritsa. Ces roumains étaient originaires de la partie orientale de leur pays, adjacente à la Russie. Ils parlaient un peu le russe, comprenaient les offices en slavon d’église et fréquentaient donc souvent l’église de Kazan. Les paroissiens louchaient d’abord un peu sur ces soldats en uniforme allemand, mais ils s’habituèrent, voyant comment ils priaient, et observaient les règles de l’église. Leur dirigeant était un capitaine allemand.
Les Allemands, ayant entendu parler du Saint Starets et de sa clairvoyance, venaient auprès de lui, lui demandaient quand la guerre allait finir, si Hitler allait gagner. Le Père Seraphim répondait clairement qu’Hitler ne pourrait pas vaincre la Russie:
– Vous ne prendrez jamais Leningrad. Nous sommes une puissance orthodoxe. La foi est maintenant persécutée, mais bientôt, l’Église renaîtra.
Au capitaine, dirigeant le poste, le Père Seraphim dit:
– Si tu vas en Pologne, ce sera ta fin. Tu ne rentreras pas à la maison!
… Après de nombreuses années, dans les années 1970, un Roumain âgé vint à Vyritsa. Il avait servi dans ce poste de commandement, et il raconta que leur capitaine avait été tué près de Varsovie, comme l’avait prédit le Père Seraphim.
Le Starets avait vu qu’au Val du Prince, où se dressait l’église de la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan, le sang humain ne serait pas versé. Et malgré qu’en 1944, à trois kilomètres du village, à la gare de Vyritsa se déroulèrent de violents combats, pas une seule maison du Val du Prince ne fut endommagée. Le Starets répétait sans cesse que les Allemands partiraient :
– Ils sont chez nous de passage. Les gens de passage ne restent pas longtemps ; ils doivent rentrer chez eux.
Quelqu’un rapporta ces paroles au commandant et celui-ci ordonna de tuer le Père Seraphim. Aux soldats qui vinrent le trouver, le Starets dit :
Oh, les assassins sont arrivés ! Sur qui allez-vous tirer? Regardez, je porte sur moi la croix avec le Sauveur. Vous allez tirer sur le Christ, et après cela, vous direz encore que vous êtes croyants.
Il dit cela en allemand, car lorsqu’il était commerçant, il allait en Allemagne pour affaires et y avait appris la langue. Il ajouta encore, s’adressant à chaque soldat :
– Zwei Kinder, drei Kinder ( C’est-à-dire, tu as deux enfants, toi, trois), et il conclut l’entretien en disant : Dites au commandant que ce qu’il a semé en Russie, il le récoltera à la maison.
Les soldats ne touchèrent pas au Starets. Ils partirent et firent leur rapport au capitaine. Les témoins de cette conversation se rappellent que Batiouchka transmit au capitaine une prédiction qui le concernait personnellement. Après cela, il décida de ne plus causer aucun tort au Starets.
Pendant la guerre, en plus d’un jeûne sévère et de la prière permanente, le Starets prit sur lui un podvig particulier pour le salut de la Russie et de son peuple : pendant mille nuits, il se tint sur une pierre «dans le jardin, dans la nuit calme» les mains tendues vers l’icône de Saint Seraphim de Sarov, imitant ainsi le podvig de son protecteur céleste. Au sujet de ces veilles, le Starets rédigea des vers spirituels, en 1942 :

Saint Seraphim, sur la pierre

Dans la joie ou la tristesse, le moine, starets malade,
Va vers la sainte icône dans le jardin, dans la nuit calme,
Prier Dieu pour le monde et tous les hommes.
Et le Starets vénère sa patrie :
Prie la Souveraine de Bonté, grand Seraphim,
Elle est la Dextre du Christ, l’Aide des malades,
L’Avocate des pauvres, le Vêtement des déshérités,
Dans les grandes et nombreuses afflictions, Elle sauve Ses serviteurs…
Dans les péchés, nous périssons en nous éloignant de Dieu,
Et nous offensons Dieu par nos actes.
Le Starets priait la Très Sainte Mère de Dieu et Saint Seraphim. Et nous avons un témoignage remarquable de l’efficacité de sa prière. L’hiver 1942, Matouchka Seraphima eut un songe : Le Père Seraphim en bottes de feutre et en long sarrau blanc au milieu d’une plaine enneigée chassait une multitude de soldats allemands armés, fuyant devant lui, terrorisés (A cette époque, les Allemands occupaient encore Vyritsa). Le matin, quand Matouchka Seraphima vint demander la bénédiction du Starets et lui raconter quel rêve incroyable elle avait fait, il lui dit, avant qu’elle ne parle:
– Ah, tu as vu ! Maintenant, va faire sécher les bottes de feutre et le sarrau.
En ces nuits d’hiver, il sortait dans le jardin et priait sur une pierre, chaussé de bottes de feutre, et se couvrait d’un long sarrau blanc pour se dissimuler afin que les voisins ne le reconnaissent pas. Les bottes et la robe, comme se rappelait Matouchka Seraphima, étaient mouillées. Comment le Starets résista à ces veillées nocturnes avec ses jambes malades, Dieu seul le sait.(A suivre)
Traduit du russe
Sources 12