Le texte ci-dessous est la suite de la traduction d’un original russe mis en ligne sur le site Pravoslavie.ru le 12 août 2016. Il est consacré à Gerondissa Anastasia (Vlakhou), du Monastère de la Très Sainte Mère de Dieu «Kira Angelon» (La Dame des Anges), sur l’Île de Corfou.
L’auteur, Madame Ludmila Lis, introduit son texte par les phrases suivantes. «Un jour, passant à proximité du monastère détruit, la petite fille de dix ans entendit l’appel de la Très Sainte Mère de Dieu. Toute la suite de sa vie fut consacrée à Dieu et aux démarches de restauration du Monastère de la Très Sainte Mère de Dieu Dame des Anges». Ce monastère à l’état de ruine jusque 1933, année où débuta sa reconstruction par Gerondissa Anastasia, était un antique monastère pour hommes fondé au dix-septième siècle.
Épuisée par les persécutions, Gerondissa Anastasia emménagea dans un autre monastère, au Nord de l’Île de Corfou, mais rapidement, elle eut une vision: un hiérarque mitré lui ordonnant de retourner d’où elle était venue. Les persécutions furent remplacées par les railleries des juges. Elle fut souvent maltraitée par la police parce qu’elle refusait de quitter le Monastère de la Panagia Kira. Mais Anastasia pouvait-elle aller contre la volonté de Dieu?
Sa patience angélique finit par porter ses fruits. En dépit de toutes les difficultés, le Monastère de la Très Sainte Mère de Dieu Dame des Anges existe encore de nos jours et est préservé par une autorisation gouvernementale d’installer un monastère. Pendant toutes ces années, Gerondissa n’avait pas reçu la tonsure monastique. Elle demeurait simple novice. A cette époque l’institution monastique avait faibli en Grèce et ceux qui dirigeaient l’Église n’accordaient de l’importance qu’au monastères principaux. De façon générale, les monastères de village étaient laissés à leurs fonds propres, autonomes, mais c’est justement dans leurs terribles privations et leur dur labeur que purent apparaître des saints, les piliers de l’Orthodoxie. Cinquante cinq ans s’écoulèrent dans les travaux et les soucis. Par le labeur béni de Gerondissa Anastasia, le monastère fut relevé et restauré, l’église de la Très Sainte Mère de Dieu fut reconstruite, les possessions du monastères fut étendues : derrière le monastère se trouve une merveilleuse oliveraie, les mûriers et les figuiers y poussent aussi.
Malade, pauvre, munie de son komboschini, mais sans la tonsure monastique, elle attendait une fin sans honte et le repos éternel, après les durs travaux accomplis pendant sa vie en ce monde. Début septembre 1979, quasi infirme, la novice Anastasia se trouvait dans sa cellule lorsqu’elle reçu en visite inopinée le Métropolite de Corfou, Monseigneur Polycarpe (Vaguena). Le bonheur d’Anastasia ne connaissait pas de limite. Pendant toute sa vie, Gerondissa n’avait rencontré que de l’indifférence et de la négligence face à ses demandes d’aide, quand elle luttait pour défendre les droits du monastère. Et là, elle ne pouvait en croire ses yeux. Le Métropolite lui-même la plaignait et demandait la permission de pouvoir s’occuper lui-même d’elle et de son monastère. Alors elle sentit la proximité de sa propre fin.
Quelques jours plus tard, le Métropolite revint au monastère. Il confessa Anastasia et appela la Sœur Angélique, qui après la mort de Gerondissa allait devoir porter la responsabilité de prendre soin du monastère, ainsi que le Père Nicolas Boulgari. Le Métropolite commença l’office du rituel du grand schème, et revêtit Gerondissa de celui-ci. Elle reçut également un autre nom, Ambrosia. Elle reçut l’onction d’huile sainte, se confessa, communia aux Saints Dons. Elle était prête. C’était la Très Sainte Mère de Dieu Elle-Même qui avait envoyé le Métropolite pour que celui-ci la revête du grand schème. Le 22 septembre, Gerondissa s’endormit paisiblement dans le Seigneur. Pour la première et la dernière fois, les sœurs enlevèrent les lambeaux de vêtement qu’elle portait et lui passèrent un rasson neuf. La Soeur Nika coupa une mèche de cheveux de Gerondissa et la conserva avec trois cailloux de sa tombe. Par la suite, celle-ci est devenue un lieu de pèlerinage très important.
Témoignages d’événements miraculeux dans la vie de Gerondissa Anastasia.
Un soir, Gerondissa fut brusquement bouleversée. La nuit qui suivit, elle dit aux sœurs de continuer leur règle monastique et ajouta «Moi, je dois aller sauver des âmes». En ville, elle s’assit sur un sac pour se reposer un peu. Ce sac appartenait à un jeune homme qui, comme l’avait remarqué Gerondissa, était très énervé. Elle lui fit alors le récit d’un délit qu’il avait commis jadis. L’homme fut stupéfait : «C’est vrai. J’avais alors treize ans et mon frère, onze. Notre mère mourut et notre père épousa une femme capricieuse qui, littéralement, nous tourmentait. Je quittai la maison pour Athènes, où je me liai avec des gens de mauvaise compagnie. J’ai commis d’horribles méfaits, pour lesquels j’ai été incarcéré pendant quinze ans. Mais comment as-tu appris tout cela?».
«C’est la Très Sainte Mère de Dieu qui me l’a raconté», répondit humblement Gerondissa. «Je rentre au village pour tuer mon père», dit-il alors. «Oh mon fils, soupira Gerondissa, en dépit de toutes tes erreurs, tu es un homme bon. La Très Sainte Mère de Dieu m’a envoyée pour que j’empêche de se produire le mal que tu veux faire». L’homme tomba à genoux et se mit à embrasser ses pieds nus. Elle l’emmena au Monastère de Platitera, où il se confessa. Après sa confession, il demanda à Gerondissa : «Pourrais-je devenir moine?». «Bien sûr, répondit de tout cœur Gerondissa, tu pourrais même devenir saint». (A suivre)
Traduit du russe
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