A ce jour, trois volumes des Paroles de Saint Païssios l’Athonite ont été traduits en français. Alors que les six volumes en grec ont été traduits en russe depuis des années. Le texte ci-dessous est la traduction d’un extrait du volume VI De la Prière, dont la traduction russe a été publiée en 2021 aux Éditions Orthograph à Moscou. Le présent texte sera sans doute moins fidèle à la lettre de l’original grec que la traduction française officielle que nous attendons tous, mais malgré cela, les lecteurs francophones auront un avant-goût de ce que nous attendons tous et que la patience nous proposera dans plusieurs années peut-être, lors de la traduction de ce volume en français. Il s’agit d’un extrait du chapitre 3, qui concerne l’aide de la Très Sainte Mère de Dieu et des Saints, pages 108 à 111 de l’édition russe.
[Note du traducteur russe, p. 108: L’église Saint Arsène de Cappadoce fut construite avec la bénédiction de Saint Païssios dans l’hésychastère pour femmes de Souroti en 1974. Après la glorification de Saint Païssios en 2014, en cette église fut célébré un grand office la consacrant aux deux saints pères, Arsène et Païssios.]
– Geronda, que ressent Saint Arsène, maintenant qu’il a son église?
– De la joie! Il a maintenant sa bergerie où il rassemble ses brebis et les protège.
– Geronda, après qu’un saint soit glorifié, les gens reçoivent plus d’aide de sa part qu’auparavant?
– Bien entendu. Quand l’Église a glorifié un saint, il sent qu’il a l’obligation de nous aider. Si je peux m’exprimer ainsi, il est obligé de nous aider plus qu’avant sa glorification. De plus, le Seigneur l’envoie aider les gens.
– Geronda, un saint peut-il demander à Dieu que les fidèles honorent sa mémoire?
– Non, les saints n’adressent pas de pareilles demandes à Dieu. Il ne disent pas à Dieu : «Seigneur, que les fidèles vénèrent ma mémoire, et Toi, aide-les à le faire», ou encore «Aide seulement ceux qui vénèrent ma mémoire». Les saints disent plutôt : «Seigneur, ces gens vénèrent ma mémoire récompense-les pour cela».
– Geronda, j’éprouve une plus grande vénération envers l’Évangéliste Jean le Théologien qu’envers le saint dont je porte le nom.
– Ne t’inquiète pas, ton saint n’est pas jaloux de l’Apôtre Jean parce que tu aimes celui-ci plus que lui. Évidemment, tu dois le vénérer car il est le protecteur de votre hésychastère, mais même s’il n’était pas votre protecteur, ton saint, comme tous les autres saints, se réjouit quand ton cœur est solidement attaché à n’importe quel autre saint et que tu reçois de l’aide de ce dernier. Les saints sont saints et ils n’ont aucune passion humaine, aucune mesquinerie humaine. L’homme reçoit de l’aide de la part du saint qui lui est particulièrement proche. L’un demandera de l’aide à un grand saint et il la recevra, tout comme l’autre en demandera à un saint quasi inconnu et la recevra aussi, car dans un cas comme dans l’autre, c’est la force de Dieu qui agit.
– Geronda, qu’est-ce qui doit précéder le fait qu’un homme ressente une dévotion particulière pour un saint?
– Quand survient une dévotion particulière pour un saint, cela signifie que le cœur de l’homme a d’une façon ou d’une autre entendu la voix de ce saint. Quand l’un ou l’autre parmi nous a reçu l’aide d’un saint, il peut éprouver pour celui-ci un amour particulier, que cette aide concerne des choses importante ou des détails. Dès mon enfance, j’ai fréquenté l’église Sainte Barbara à Konitsa, ainsi j’éprouve une vénération particulière pour cette sainte megalomartyre. La Sainte m’a aidé quand j’étais à l’armée, quand on m’a pris comme radiotélégraphiste alors que cela demandait une formation préalable. Et elle m’aida plus tard aussi, dans la clinique pour tuberculeux après mon opération aux poumons. Les médecins m’avaient prévenu qu’ils enlèveraient les sondes et les appareils de drainage seulement quand les poumons seraient nettoyés. D’habitude, cela prenait environ cinq jours. Mais moi, vingt-cinq jours plus tard, les sondes étaient toujours en place et cela m’occasionnait de grandes douleurs. Le samedi trois décembre, j’attendais les médecins, espérant qu’ils me libèrent de ce martyr, mais ils ne vinrent pas. Le dimanche matin, jour de la Fête de Saint Barbara, je dis : «Si la sainte voulait m’aider, elle l’aurait fait depuis longtemps. Les médecins sont partis, aujourd’hui, c’est dimanche, personne en viendra. Qui donc va me libérer de ces tuyaux?». Je dis encore avec amertume : «Tant de fois j’ai allumé les lampes à huile dans l’église de la Sainte, combien de flotteurs pour les lampes, combien d’huile ai-je apporté là, combien de fois ai-je nettoyé, mais quoi, c’est si difficile de m’enlever deux tuyaux?». Toutefois, après, je pensai : «Sans doute ai-je d’une manière ou d’une autre chagriné Sainte Barbara, c’est pour cela qu’elle ne s’occupe pas de me les faire retirer». Soudain, j’entendis du bruit. Je m’étonnai : «Que se passe-t-il? A qui est-il arrivé quelque chose?». On me dit : «Les médecins arrivent». Je ne sais quelle mouche avait piqué le médecin en chef, mais tôt le matin il avait téléphoné aux médecins en charge de mon cas et leur avait ordonné : «Allez enlever les sondes du moine». Ils entrèrent et dirent : «On nous a donné pour instruction d’enlever le dispositif de drainage». Visiblement mes paroles amères avaient touché Sainte Barbara. (…)
Traduit du russe
Source : Преподобный Паисий Святогорец «Слова. Том VI. О молитве». Издательство:Орфограф, Москва. Pp. 79-80