Saint Païssios l’Athonite. La logique ruine la foi.

A ce jour, trois volumes des Paroles de Saint Païssios l’Athonite ont été traduits en français. Alors que les six volumes en grec ont été traduits en russe depuis des années. Le texte ci-dessous est la traduction d’un extrait du volume II L’Éveil Spirituel, dont la traduction russe a été publiée en 2001 aux Éditions Orthograph à Moscou. Le présent texte sera sans doute moins fidèle à la lettre de l’original grec que la traduction française officielle que nous attendons tous, mais malgré cela, les lecteurs francophones auront un avant-goût de ce que nous attendons tous et que la patience nous proposera dans plusieurs années peut-être, lors de la parution de ce volume en français. Il s’agit ici d’un extrait du chapitre 2 de la quatrième partie, pages 275 à 278 de l’édition russe.

– Geronda, certains mettent en doute toute la Providence Divine.
Mais comment est-il possible de prendre l’histoire du Christ pour une fable? Et bien sûr, tout ce qu’écrivirent au sujet du Christ les prophètes qui vécurent sept siècles avant Lui et parlèrent de Lui avec tant de détails, cela ne fait pas réfléchir tous ces gens? Dans l’Ancien Testament, on mentionne même avec exactitude la somme pour laquelle le Christ allait être trahi1 , et le fait que les Juifs ne placèrent pas cet argent dans le trésor du temple car il était le prix du sang, et qu’ils allaient s’en servir pour acheter une parcelle de terre pour y enterrer les étrangers2. Ce qu’ont prophétisé Zacharie et les autres prophètes s’est accompli jusque dans les détails. Tout est tellement clair! Les détails sont minutieux! Les Saintes Écritures indiquent même ce que l’on fit des vêtements du Christ3. Et tout cela fut dit de nombreuses années avant Sa Nativité. Mais comment alors, après tout cela puis-je admettre l’idée d’incroyance? Plus tard, nous voyons l’Apôtre Paul. C’était un persécuteur des chrétiens, et il se dirigeait vers Damas dans ce but. En chemin, le Seigneur lui apparut et lui dit : «Saul, Saul, pourquoi Me persécutes-tu?» «Qui es-Tu, Seigneur?», demanda Saul. «Je suis le Christ que tu persécutes», lui répondit le Seigneur. Ensuite, le Christ informa Ananias, qui baptisa le persécuteur. Que d’amertume l’Apôtre Paul dut-il avaler après cela, que d’exploits ascétiques dut-il accomplir, prêchant dans toutes les nations! Après vinrent les martyrs. Onze millions de martyrs! Eh bien, quelque chose n’aurait pas fonctionné pas dans la tête de chacun d’eux? Comment peut-on oublier tout cela? L’homme qui lit un tant soit peu l’Évangile peut-il ne pas croire? Peut-être que si les Évangiles contenaient plus encore de détails, cela aiderait beaucoup de gens à croire. Mais Dieu n’a expressément pas permis cela, pour que les gens soient passés au crible, pour qu’on sache clairement qui L’aimera, qui se sacrifiera pour Lui, sans attendre de miracle ni rien de la sorte. Je pense que quel que soient les blasphèmes qu’entend l’homme rempli de philotimo 4, ils ne le touchent pas, ils ne l’influencent pas.
Il faut croire en Dieu avec philotimo, et ne pas demander de miracle. Tu sais comme je suis troublé quand des adultes viennent me dire qu’ils voudraient voir un petit miracle qui leur permettrait de croire. S’ils étaient encore enfants, ils auraient une excuse liée à l’âge. Mais dire que «pour croire, il faudrait voir quelque chose», alors que soi-même, on ne fait rien pour le Christ, c’est si vil. Et même s’ils voyaient un miracle, cela leur serait-il utile? Ils diraient que c’est de la magie ou quelque chose du genre.
«Augmente notre foi»(Lc17;5)
Geronda, comment se fait-il que certains saints, anciens et nouveaux, savaient quand allait arriver leur dernière heure ou quand un événement particulier allait se produire.
Ce qui les distinguait, c’est leur grand philotimo, leur grande simplicité, leur humilité et leur foi. Il ne mêlaient pas à leur vie la logique, qui déstabilise et ruine la foi. La foi, quelle grande chose! Vous avez vu que l’Apôtre Pierre, par sa foi, a marché sur l’eau, mais dès que la logique s’en mêla, il se mit à couler. Vous ai-je déjà parlé du Père Charalampos qui vivait encore il n’y a pas si longtemps au Monastère de Koutloumoussiou ? Il était tout simple, ardent au labeur, et c’était un moine de grande spiritualité. Quand il était vieux, une méchante grippe le cloua au lit. Le médecin ordonna aux moines du monastère de ne pas le quitter de l’œil parce qu’il ne lui restait plus guère de temps à vivre. Entendant cela, le Père Charalampos sous sa couverture intervint : «De quoi te mêles-tu? Moi, tant que Pâques n’est pas arrivée et que je n’ai pas dit «Christos Anesti!», je ne mourrai pas». Et effectivement, deux mois quasiment passèrent, et Pâques arriva. Il dit «Christos Anesti!», reçut les Saints Dons et s’endormit paisiblement dans l’éternité. Ce geronda tout simple, plein de philotimo était devenu un vrai enfant de Dieu, et avec Dieu, il désigna le jour de sa propre mort!
– Geronda, comment renforcer la foi?
La foi se renforce par la prière. L’homme qui n’a pas cultivé la foi en lui-même dès son enfance, mais qui est disposé à le faire, il peut la faire grandir par la prière en demandant au Christ d’augmenter sa foi. Nous devons demander au Christ d’augmenter notre foi et de la faire grandir. Que demandèrent les Apôtres au Christ? «Augmente notre foi». Si tu dis augmente, cela signifie que tu te confies à Dieu. Car si l’homme ne se confie pas à Dieu, qu’est-ce que Dieu pourrait augmenter en cet homme? Nous devons demander à Dieu d’augmenter notre foi non pour faire des miracles, mais pour L’aimer plus. Tout contribue à l’augmentation de la foi en Dieu, tant les fleurs que les sauterelles, les étoiles et la foudre. Nous voyons tout cela, mais nous n’en tirons aucun profit car nous acceptons les «télégrammes», les pensées que nous envoie l’ennemi. Par exemple, s’il n’y avait pas le sel, la mer pourrirait. Toutefois, si un homme dépourvu de foi analyse de l’eau de mer dans son laboratoire, il n’en tire aucun profit car il n’a pas purifié son propre cœur du sel. Si l’homme travaillait avec philotimo, avec de bonnes pensées il verrait même ce qui lui semble absurde d’un œil différent, à l’aide de l’éclairage de Dieu. Et il rendrait gloire à Dieu.
Traduit du russe

Source :  Преподобный Паисий Святогорец «Слова. Том II. Духовное пробуждение». Издательство:Орфограф, Москва. Pp. 275-278.

Quand le Christ apparut à Saint Païssios l’Athonite

A ce jour, trois volumes des Paroles de Saint Païssios l’Athonite ont été traduits en français. Alors que les six volumes en grec ont été traduits en russe depuis des années. Le texte ci-dessous est la traduction d’un extrait du volume II L’Éveil Spirituel, dont la traduction russe a été publiée en 2001 aux Éditions Orthograph à Moscou. Le présent texte sera sans doute moins fidèle à la lettre de l’original grec que la traduction française officielle que nous attendons tous, mais malgré cela, les lecteurs francophones auront un avant-goût de ce que nous attendons tous et que la patience nous proposera dans plusieurs années peut-être, lors de la parution de ce volume en français. Il s’agit ici d’un extrait du chapitre 2 de la quatrième partie, pages 273 à 275 de l’édition russe.

Geronda, je suis perturbée par des pensées d’incroyance qui s’abattent sur moi.
Le fait que tu sois perturbée et que tu n’acceptes pas ces pensées, cela signifie qu’elles viennent du mauvais. Parfois, Dieu permet que nous ayons des doutes ou une hésitation dans notre foi, pour vérifier nos dispositions et notre philotimo 1 . Mais notre Dieu, ce n’est pas une fable, comme celle au sujet de Zeus, Apollon et les autres soit-disant «dieux». Notre foi, elle est vraie et vivante. Nous avons une nuée de saints (Heb.12;1), comme l’écrit l’Apôtre Paul. Ces gens connurent le Christ, ils firent l’expérience d’une relation personnelle avec Lui, et ils se sacrifièrent pour Lui. A notre époque aussi, il y a des gens qui se consacrent à Dieu et qui font l’expérience d’états célestes. Ils sont en contact avec les anges, avec les saints, et même avec le Christ et la Très Sainte Mère de Dieu. Pour t’aider, je vais te raconter quelque chose à mon sujet. Tu vois, moi aussi, je «donne mon sang», je parle d’actions pour aider les autres.
Voyant comment les connaissances recueillies par l’homme chassent la foi hors de lui, je veux la renforcer, en racontant quelques événements dans le domaine de la foi.
Quand j’étais petit, nous vivions à Konitsa. Je lisais beaucoup de vies de saints, et je les donnais à lire à d’autres enfants, ou je rassemblais les copains et nous lisions ensemble. Je me réjouissais particulièrement des grands saints, héros de l’ascèse de la foi et du jeûne qu’ils s’imposaient, et j’essayais de les imiter. Mon jeûne eut pour conséquence que mon cou ressemblait à une queue de cerise. Les copains se moquaient de moi: «Ta tête va tomber». Qu’est-ce que j’ai enduré à cette époque !… Mais laissons ça. Mon frère aîné, voyant que je devenais malade à cause des jeûnes craignit que je ne puisse terminer l’école, me prit les brochures avec la vie des saints que j’étais en train de lire. Une fois, un de nos voisins, appelé Costas, dit à mon frère : «Je vais lui remettre le cerveau en ordre. Je vais faire en sorte qu’il jette les livres qu’il lit et qu’il arrête le jeûne et les prières». Eh quoi, il vint me trouver. J’avais environ quinze ans, alors. Et il m’enseigna la théorie de Darwin. Il parla et parla, jusqu’à ce que j’en perde la tête. Et avec la tête toute embrouillée, je me précipitai directement dans la forêt, à la chapelle de Sainte Barbara. Y entrant, je demandai au Christ : «Mon Christ, si Tu existes, apparais devant moi!». Je répétais cela sans cesse, en faisant des métanies. C’était l’été. La sueur dégoulinait le long de mes bras, j’étais trempé. Finalement, je m’écroulai de faiblesse. Mais je ne vis rien, ni n’entendis rien. Eh bien, il s’avère que Dieu ne m’aida pas, même pas d’un petit craquement, d’une ombre, rien ; mais finalement, je n’étais encore qu’un gamin. Observant du point de vue humain, ou à l’aide de la logique, ce qui se passa, on pourrait dire : «Mon Dieu, c’est triste pour lui, le pauvre! A partir de onze ans, il a commencé à gravir les échelons, il a mené une fameuse ascèse, et maintenant, il est en crise. Il avait la tête embrouillée par des théories farfelues, à la maison, son frère lui mettait des bâtons dans les roues, il s’est enfui dans la forêt pour demander Ton aide…». Mais pas de réponse, rien de rien !!! Épuisé par les métanies, je m’assis et je me dis : «Mais bon, quelle réponse fit Costas quand je lui demandai son avis sur le Christ?» «C’était l’Homme à la plus grande bonté, le plus juste. Par Ses enseignements, Il a bousculé les intérêts des Pharisiens, qui L’ont crucifié par envie». Alors je décidai ceci : «Puisque le Christ fut cet Homme si bon et juste, à un point tel qu’il n’y en eut pas un autre pareil à Lui, puisque les mauvaises gens Le tuèrent par envie et méchanceté, alors, pour cet Homme, je dois faire plus que ce que je n’ai fait. Je dois même être prêt à mourir pour Lui». Je venais à peine de me dire cela que le Christ m’apparut. Il apparut au milieu d’une lumière intense, la chapelle resplendissait. Il me dit «Je suis la Résurrection et la Vie. Celui qui croit en Moi, fût-il mort, vivra»(Jean11;25-26). D’une main, Il tenait un Évangile ouvert, sur lequel je lus les mêmes paroles. Il se produisit un tel changement intérieur en moi, que je répétais sans aucune arrêt: «Eh ben, Costas, vient donc ici maintenant, et on discutera pour voir si Dieu est ou s’Il n’est pas!»
Tu vois, avant de m’apparaître, le Christ a attendu que je prenne une décision pleine de philotimo. Et s’Il veut une décision pleine de philotimo d’un gamin, combien plus la veut-Il d’un adulte ?
Traduit du russe

Source :  Преподобный Паисий Святогорец «Слова. Том II. Духовное пробуждение». Издательство:Орфограф, Москва. Pp. 273-276.

Saint Luc de Crimée. La commémoration des défunts.

«... en 38 années de sacerdoce presbytéral et épiscopal, j'ai prononcé environ 1250 homélies, dont 750 furent mises par écrit et constituent douze épais volumes dactylographiés...»
(Le Saint Archevêque Confesseur et chirurgien Luc de Crimée)
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Homélie prononcée par Saint Luc de Crimée,le 11 avril 1948. Le texte original a été publié sur le site Na gore.ru

A mon plus grand chagrin, certains d’entre vous on commencé à fréquenter les assemblées des sectateurs et y ont été contaminés par leurs enseignements mensongers. Certains ont été infectés par l’enseignement mensonger selon lequel il ne faudrait pas prier pour les défunts et ne pas offrir d’aumônes pour le repos de leur âme. Mais vous savez très bien que pendant le Grand Carême, on commémore les défunts chaque samedi. Par conséquent, vous devez vous affermir dans la doctrine orthodoxe au sujet de la commémoration des défunts, et il est nécessaire que vous ne croyiez pas ce que vous entendez de la bouche des renégats sortis de l’Église.
Qu’enseigne l’Église? Nous disposons de preuves anciennes, très anciennes, selon lesquelles même les Saints Apôtres commémoraient les défunts et priaient pour eux. Dans les ouvrages des Pères de l’Église qui sont parvenus jusqu’à nous, nous avons des preuves que déjà dès le début, dès les tout premiers siècles du Christianisme, on priait pour les défunts et ils étaient commémorés. La première liturgie dont il est fait mention est la liturgie dite de Saint Jacques, le frère du Seigneur. Et écoutez quelle prières contient cette liturgie pour ceux qui se sont endormis: «Souviens-toi, Seigneur, Dieu des esprits et de toute chair, des orthodoxes dont nous avons fait mémoire ou pas. Donne-leur le repos dans la terre des vivants, dans les délices du Paradis, dans le sein d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, là où il n’y a ni douleur, ni chagrin et ni gémissements, où la lumière de ton visage veille et brille sur nous pour toujours. Et donne une fin chrétienne à nos vies, agréable, sans péché et en paix, Seigneur, nous rassemblant autour du trône de tes élus, dans la honte et avec transgressions, quant tu veux et comme tu veux, par ton Fils Unique-engendré, notre Seigneur et Dieu et Sauveur Jésus Christ, car il est le seul sans péché qui soit apparu sur terre.» Voyez comme cette antique prière est semblable à celle que vous entendez lors de chaque liturgie : «Dieu des esprits et de toute chair…». Nous y retrouvons les mêmes mots. Comprenez ainsi que la coutume de la commémorations des défunts par l’Église remonte aux temps apostoliques et qu’à toutes les époques de l’histoire de l’Église, on a commémoré les défunts.
Et dites-moi donc, qui convient-il d’écouter, les renégats qui se sont éloignés de l’Église, les sectateurs ou Saint Jean Chrysostome? Écoutez les paroles de celui-ci : «Ce n’est pas en vain que les apôtres ont établi de commémorer avant les Saints Mystères ceux qui se sont endormis : ils savaient que les Saints Mystères présentaient un grand bénéfice pour les défunts, une grande bénédiction. Les offrandes pour les défunts ne sont pas vaines, les prières ne sont pas vaines, les aumônes ne sont pas vaines, tout cela a été établi par l’Esprit-Saint, souhaitant que nous recevions les faveurs des uns les autres». Souvenez-vous de ces paroles, et soyez convaincus que la commémoration de ceux qui se sont endormis a été instaurée par les apôtres et, comme le dit Saint Jean Chrysostome, par l’Esprit-Saint Lui-même.
Et ce n’est pas seulement à l’époque du Nouveau Testament, mais déjà à celle de l’Ancien Testament , qu’on commémorait les défunts et pratiquait des offrandes pour eux.Voici les paroles du Prophète Baruch : «Seigneur, Souverain de l’univers, Dieu d’Israël, écoute donc la prière des morts d’Israël, des fils de ceux qui ont péché contre toi,(…)» (3;4). Comme vous le constatez, le prophète parle des prières des défunts eux-mêmes, cela ne signifie-t-il pas que nous devons soutenir la force de leurs prières par nos prières pour eux?
Dans l’Écriture Sainte, on trouve des affirmations claires de la pratique d’offrandes pour les défunts des siècles avant la Nativité du Christ.
Vous ne connaissez malheureusement pas la grande histoire des guerres de partisans lancées par les frères Maccabées emmenés par le premier d’entre eux Judas, contre le roi Épiphane d’Antioche, qui s’était fixé pour objectif de détruire la foi du peuple juif, de les convertir tous au paganisme. Cette histoire est frappante: leur courage est frappant, l’aide de Dieu à leur cause est frappante. De façon générale, le Seigneur les a tous préservés. Mais un jour, plusieurs hommes tombèrent au combat. Judas était très confus: «comment, Seigneur, Tu nous as quittés?». Mais quand ils examinèrent les cadavres des victimes, ils trouvèrent des objets volés à ceux contre lesquels ils combattaient. Affligés profondément, tous se sont tournés vers la prière, demandant que le péché commis par leurs soldats déchus soit complètement effacé. Et le vaillant Judas, après avoir collecté jusqu’à 2000 Drachmes d’argent, les envoya à Jérusalem pour offrir un sacrifice expiatoire pour leur péché, afin qu’ils soient tous absous de ce péché (2 Mac. 12:32-45). N’est-ce pas une preuve vivante que l’Ancien Testament ne rapporte pas seulement les prières, mais aussi les offrandes pour les pécheurs morts?
Sur quel fondement reposent les doutes de ceux qui écoutent les sectaires, qui écoutent les luthériens? Ils sont basés sur le fait que, comme l’indiquent les sectaires baptistes, les évangélistes, il n’y a pas d’indications directes dans les Saintes Écritures invitant à prier pour les morts, mais cela signifie-t-il que ces prières soient inutiles et même qu’elles ne plaisent pas à Dieu? Cela ne le signifie pas, car le Saint Apôtre Jacques, dans l’épître conciliaire, dit de prier les uns pour les autres (5;16). Cela ne veut pas dire que nous ne devons prier uniquement pour ceux qui sont vivants, qui sont autour de nous, car vous savez que «Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais le Dieu des vivants» (Mc.12:27). Car Il a témoigné Lui-même que tous sont vivants devant Dieu.
Quand un homme vient à mourir, cela ne signifie as que son âme cesse d’exister : le corps se désintègre mais l’âme est immortelle, elle est vivante, même si elle ne vit pas ici avec nous mais dans l’autre monde, tout comme les saints vivent dans l’autre monde, ces saints auxquels les luthériens et les sectateurs ne veulent rendre aucun hommage ni adresser aucune prière. Ne s’agit-il pas d’incroyance en l’immortalité de l’âme? Car s’ils croyaient que tous sont vivants devant Dieu, que «Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais le Dieu des vivants», ils ne croiraient pas qu’ils ne faut pas commémorer ceux qui se sont endormis. Ils croiraient alors qu’il faut comprendre le commandement de l’Apôtre Jacques comme nous intimant de prier aussi pour ceux qui sont dans l’autre monde. Nier l’immortalité de l’âme, cela veut dire nier le Christianisme lui-même, car l’enseignement du Christ est l’enseignement de la vie éternelle. La vie éternelle serait-elle possible sans l’immortalité? Nier l’immortalité signifie mettre à rien les paroles directes et claires du Seigneur Jésus, prononcées dans la parabole du riche et de Lazare, qui décrit le sort dans l’au-delà tant du riche que du pauvre Lazare (Lc. 16:20-31). Eh bien, si certains ne reconnaissent pas, comme les matérialistes, l’immortalité; nous devons être affermis dans l’idée qu’il y a de l’espoir aussi pour les frères qui se sont éloignés de nous.
Vous entendez souvent, chaque samedi, dans la liturgie les paroles de Saint Paul: «Mais nous ne voulons pas, frères, que vous soyez dans l’ignorance au sujet de ceux qui se sont endormis, afin que vous ne vous affligiez pas, comme les autres hommes qui n’ont pas d’espérance. Car si nous croyons que Jésus est mort et qu’il est ressuscité, croyons aussi que Dieu emmènera avec Jésus ceux qui se sont endormis en lui. Voici, en effet, ce que nous vous déclarons d’après la parole du Seigneur : Nous, les vivants, laissés pour l’avènement du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui se sont endormis. Car, au signal donné, à la voix de l’archange, au son de la trompette divine, le Seigneur lui-même descendra du ciel, et ceux qui sont morts dans le Christ ressusciteront d’abord. Puis nous, qui vivons, qui sommes restés, nous serons emportés avec eux sur les nuées à la rencontre du Seigneur dans les airs, et ainsi nous serons pour toujours avec le Seigneur.» (1Thes.4:13-17).
«Ceux qui se sont endormis en Jésus», ce sont ceux qui se sont endormis avec la foi en Christ, et Dieu les emmènera Lui-même là où Il est. Dites-moi, seraient-ils rares parmi nous, ne sont-ils pas la grande majorité, les pécheurs, ceux qui n’ont pas encore eu le temps de laver leurs œuvres pécheresses avec des larmes de repentir? C’est la grande majorité, et l’Apôtre Paul dit qu’ils ne s’affligent pas, car Dieu peut les emmener avec Lui à cause de leur foi en Jésus. Et que, dans la vie future, dans la vie outre tombe, avant le Jugement Dernier, les péchés peuvent être pardonnés à ceux qui n’ont pas eu le temps de produire les fruits dignes du repentir. N’en trouve-t-on pas un témoignage direct dans les paroles du Christ: «C’est pourquoi je vous dis : Tout péché et tout blasphème sera remis aux hommes ; mais le blasphème contre l’Esprit ne leur sera pas remis. Et quiconque aura parlé contre le Fils de l’homme, on le lui remettra ; mais à celui qui aura parlé contre l’Esprit-Saint, on ne le lui remettra ni dans ce siècle, ni dans le siècle à venir.» (Mat.12;31-32). Dieu ne pardonnera pas le blasphème contre l’Esprit-Saint, ni en ce siècle, ni dans le siècle à venir. Mais s’il en est ainsi, si dans le siècle à venir, dans la vie outre-tombe, il est possible d’obtenir le pardon de péchés moindres que le blasphème contre l’Esprit-Saint, cela signifie que nous devons croire que le sort de nos proches qui se sont endormis tout en étant chargés d’impuretés, de beaucoup de péchés, peut être allégé car Dieu est miséricordieux, tous sont aimés par Dieu. La même pensée est contenue dans d’autres paroles de notre Seigneur Jésus Christ : «Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, et qui après cela ne peuvent rien faire de plus. Je vais vous apprendre qui vous devez craindre : craignez celui qui, après avoir tué, a le pouvoir de jeter dans la géhenne ; oui, je vous le dis, craignez celui-là.»(Lc12;4-5) Le Christ n’a pas dit qu’il fallait craindre celui qui après la mort jette le corps dans la géhenne. Il a dit «celui qui a le pouvoir de jeter dans la géhenne». Le corps peut donc être jeté, mais il peut aussi être épargné. Luther et les sectateurs fondent leur rejet de la commémoration des défunts sur les paroles de la Sainte Écriture qui affirmeraient que chacun recevra exactement selon ses mérites. «Car nous tous, il nous faut comparaître devant le tribunal du Christ, afin que chacun reçoive ce qu’il a mérité étant dans son corps, selon ses œuvres, soit bien, soit mal»(2Cor.5;10). Ils affirment que ce passage dit clairement que chacun recevra selon ses mérites, et pourquoi donc prier si on reçoit selon ses mérites? Mais ce passage ne parle pas du tout du jugement qui sera prononcé lors du Jugement Dernier. Il parle du jugement provisoire prononcé sur chaque défunt lors de sa mort, et qui peut être très différent de celui du Jugement Dernier. Les luthériens et les sectateurs disent ce que disaient les anciens hérétiques : «S’il était vrai que la prière allège le sort des défunts, alors tout le monde serait sauvé». Quelle malice dans ces mots. Comme si cela leur était désagréable, que tous soient sauvés!
Mais c’est agréable à Dieu. Le Seigneur ne souhaite la perte d’aucun homme. Dieu veut que tous soient sauvés. Et s’il est possible d’alléger le sort de nos proches qui se sont endormis par des offrandes pour eux, cela ne procurera-t-il pas de la joie à Dieu, à nous et aux anges de Dieu? Seul l’ennemi du genre humain ne veut pas le salut des hommes. Dieu veut les sauver tous. Mais à celui qui nie qu’il faille prier pour les défunts, cela lui est désagréable, comme s’il ne voulait pas que tous soient sauvé. Ils se basent sur les paroles du psaume : «qui te louera dans le schéol?»(Ps.6;6). Ils disent que c’est une indication certaine du Psalmiste qu’en enfer on ne peut plus se confesser. Oui, se confesser dans le sens où on le fait quand on vit sur terre, c’est réellement impossible, car quelle est la vraie confession qui lave nos péchés? C’est cette confession qui, après la confession des péchés devant le prêtre, fixe pour tâche obligatoire de corriger son chemin, de s’éloigner du chemin du péché, de ne pas répéter le péché duquel on s’est repenti. Une telle confession est impossible pour les morts, car tout est fini: la vie ne peut plus être changée, car cette vie n’est plus. Nos frères malheureux, qui sont morts dans les péchés et qui se sont présentés devant Dieu lors du jugement préliminaire, souffrent, pleurent et regrettent de ne pas avoir produit les fruits dignes du repentir durant leur vie. Leurs soupirs, leurs afflictions, leurs remords, bien sûr, ils peuvent les adresser à Dieu. Aidons-les donc par nos prières pour eux, car la prière pour eux exprime notre amour pour eux, et l’amour est une force toue puissante et irrésistible. L’amour vient de Dieu, l’amour ne cesse jamais, et tout don d’amour, et toute prière d’amour pour nos proches endormis, et toute offrande d’amour pour eux sont agréables à Dieu, comme toutes les manifestations de l’amour Lui sont agréables. Nous devons donc continuer à prier constamment pour nos morts. Pour tous? Non, pas tous. La Sainte Église indique qu’il y a des pécheurs pour lesquels on ne peut pas prier, et il ne faut pas: ce sont ceux qui sont morts dans l’endurcissement contre Dieu, contre le Christ, qui sont morts dans l’incrédulité, qui ont commis de graves péchés. Saint Jean le Théologien écrit à leur sujet: «Si quelqu’un voit son frère commettre un péché qui ne va pas à la mort, qu’il prie, et Dieu donnera la vie à ce frère, [à tous ceux dont le péché ne va pas à la mort]. Il y a tel péché qui va à la mort ; ce n’est point pour ce péché-là que je dis de prier»(1Jean 5;16). Celui qui a commis des péchés mortels ou des péchés qui ne seront pas remis dans cette vie ni dans la vie future, qui a blasphémé contre Dieu, nié Son existence, bafoué Sa loi, on ne peut alléger son sort dans la vie outre-tombe.
Il existe encore d’autres moyens très efficaces d’alléger le sort des morts. La Sainte Église depuis les temps anciens attache une grande importance à toutes les œuvres de charité accomplies en mémoire des défunts. Et l’Église attache la plus grande importance à la commémoration des défunts lors de la célébration de la liturgie, lorsque pendant la Proscomédie, les parcelles sont extraites pour les défunts, et à la fin de la liturgie, quand elles tombent dans la Coupe du Sang du Christ, et le prêtre dit: «Remets, Seigneur, les péchés de ceux qui ont été commémorés ici, par Ton Sang Très Pur, et par les prières de Tes saints.» Le Sang du Christ serait donc impuissant? Les péchés de ceux que nous commémorons ne seraient-ils pas lavés?
Rappelez-vous ces moyens essentiels, rappelez-vous que la prière pour le repos des âmes de vos proches qui se sont endormis est très importante, rappelez-vous que vous devez faire de bonnes œuvres, des œuvres de miséricorde, des œuvres d’amour en leur mémoire.
De tels œuvres, chacun de vous en a beaucoup à faire, voyez vous-même, vous trouverez vous-même. Mais je vais vous indiquer une chose par laquelle vous pouvez alléger le sort de vos proches endormis. Vous avez entendu l’appel du recteur à manifester de l’amour chrétien à ces malheureux petits enfants qui sont tous abandonnés. Vous savez combien d’orphelins ont eu leurs parents tués pendant la guerre. Vous savez que notre gouvernement organise pour eux un orphelinat et une maison d’accueil des bébés, mais il y a tellement d’orphelins qu’on n’a pas le temps d’organiser tout pour tous ces petits, il y a encore beaucoup de petiots que vous rencontrerez dans les rues et les gares.
Ceux qui sont placés dans des orphelinats vivent, pauvres, sans amour et affection maternels. Aujourd’hui, j’ai été très ému d’entendre que des femmes au bon cœur se sont rassemblées et sont allées les voir. Les petits enfants se sont précipités à leur rencontre en criant: «Maman, maman est venue!». Il est nécessaire que parmi vous, les chrétiennes, il y ait de telles mères. Il faut qu’il y ait de bonnes personnes qui prennent soin de ces enfants malheureux pas encore adoptés et placés dans des orphelinats, et même, peut-être, qu’elles les adoptent.Amen
Traduit du russe
Source 

Saint Païssios l’Athonite pendant la guerre

A ce jour, trois volumes des Paroles de Saint Païssios l’Athonite ont été traduits en français. Alors que les six volumes en grec ont été traduits en russe depuis des années. Le texte ci-dessous est la traduction d’un extrait du volume II L’Éveil Spirituel, dont la traduction russe a été publiée en 2001 aux Éditions Orthograph à Moscou. Le présent texte sera sans doute moins fidèle à la lettre de l’original grec que la traduction française officielle que nous attendons tous, mais malgré cela, les lecteurs francophones auront un avant-goût de ce que nous attendons tous et que la patience nous proposera dans plusieurs années peut-être, lors de la traduction de ce volume en français. Il s’agit d’un extrait du chapitre 3 de la quatrième partie, pages 206 à 209 de l’édition russe.

(…)Pour le Christ, je n’ai rien fait. Si j’avais fait pour le Christ dix pourcents de ce que j’ai fait pendant la guerre, aujourd’hui, je ferais des miracles ! Voilà pourquoi, dans ma vie de moine je dis «A l’armée, quel martyr j’ai enduré pour la Patrie! Mais après qu’ai-je fait pour le Christ?». En d’autres mots, par comparaison au martyre que j’ai enduré à l’armée, dans ma vie de moine, je me sens comme le fils du roi ! Cela ne fait pas de différence que j’aie du sucre ou non. Parce qu’alors, pendant les opérations, quel jeûne on devait supporter! On mangeait la neige! Certains se risquaient aux alentours pour essayer de trouver quelque chose de comestible, mais moi, je devais surveiller les rations, je ne pouvais pas m’en éloigner. Une fois, nous sommes restés treize jours sans nourriture, juste une part de pain et un demi hareng par homme. Je buvais l’eau dans les traces des sabots, et pas de l’eau de pluie pure, de l’eau mélangée à de la boue. Un jour, il m’est arrivé de devoir goûter de la «limonade»! Ce jour-là, je me suis éloigné et j’ai trouvé des traces de sabots, remplies d’eau. Jaune. Et j’en ai bu encore et encore!… C’est pourquoi plus tard, au cours de ma vie monastique, l’eau m’a toujours semblé être une grande bénédiction, même quand elle était pleine d’insectes. Au moins elle ressemblait à de l’eau.
Un soir, on constata que le câble de liaison avait été coupé. C’était en décembre 1948. Partout, de la neige. Des congères. A quatre heures de l’après-midi, on nous donne un ordre : aller jusqu’au village, à deux heures de marche, rétablir la connexion, et revenir. Deux heures plus tard, la nuit allait tomber. Les soldats étaient déjà morts de fatigue. Ils n’avaient pas le courage d’y aller. Et comment retrouver là-bas le câble rompu, en dessous des congères?
Eh quoi, Geronda, vous ne connaissiez pas le chemin, ni le trajet du câble?
Ehhh, le chemin, je le connaissais très bien, mais la nuit allait nous tomber dessus en cours de route. Bref, on me donna quelques hommes, et on se mit en marche. Au début, on se trouvait encore dans le périmètre du camp, et on déblayait la neige du chemin avec des pelles, pour rassurer le commandant et on avançait un peu seulement. Plus loin, je leur dit : «En avant, en avant, on n’est pas encore arrivés, et après on doit encore revenir!». Je suis passé devant parce que les autres n’arrêtaient pas de maugréer. Ils me disaient : «La Grèce, elle, ne peut pas mourir, mais nous, on peut bien mourir!». Et sans fin ils répétaient la même ritournelle. Nous progressions ainsi : je me laissais tomber dans la neige, ils me tiraient. Et je me jetais de nouveau dans la neige et ils me tiraient… J’avais un sabre et je m’en servais pour sonder un peu la neige devant moi pour trouver vers où avancer. Il fallait sans cesse tester. J’avançais en tête et je disais : «En avant, avançons, il n’y a pas de bétail qui passe de ce côté, ce n’est pas ici que le câble peut être endommagé. Nous devons atteindre l’un ou l’autre ravin où le câble pend en l’air, et là uniquement on testera». Finalement nous approchâmes du village devant lequel s’étageaient des terrasses cachées au regard par l’épaisseur de la neige. Je glissai dans la neige et me retrouvai sur une terrasse juste en-dessous. Les autres avaient peur d’avancer pour me tirer de là. Finalement, nous sommes descendus de terrasse en terrasse, comment, il vaut mieux ne pas en parler. Et tard le soir, nous sommes entrés dans le village. Dans un ravin d’un peu moins de deux mètres, je découvris la rupture du câble. Je le réparai et établis la liaison avec le commandant. «Maintenant, rentrez!» nous ordonna le commandant. Mais comment réussir à retourner là-bas? Non seulement la nuit était tombée, mais il fallait encore remonter toutes les terrasses. Et nous les avions descendues tête la première! Et comment retrouver le chemin? Je répondis au commandant : «Mais comment pourrions-nous rentrer? Descendre, nous y sommes parvenus tant bien que mal, mais comment remonter? Ce serait mieux de repartir demain matin, nous sortirons par l’autre côté du village et nous ferons le tour.» «Rien du tout! Vous rentrez aujourd’hui!», répliqua le commandant. Pour notre plus grand bonheur, cette conversation fut entendue par un adjudant qui demanda au commandant de nous autoriser à passer la nuit au village. Nous restâmes donc. Dans une maison, on nous donna deux ou trois couvre-lits en laine. Je me mis à frisonner. C’était bel et bien moi qui avait ouvert et déblayé le chemin. J’étais complètement trempé. Les camarades me plaignaient, j’en avait bavé plus qu’eux, alors, ils me placèrent au milieu du groupe. Nous avons alors soupé avec notre ration de pain seulement. Je ne me souviens pas avoir éprouvé une si grande joie de toute ma vie ultérieure.
Je vous ai raconté cette histoire pour que vous compreniez ce qu’est le sacrifice. Je n’ai pas raconté cela pour que vous me félicitiez, mais pour que vous compreniez d’où provient le joie véritable.
Par la suite, dans le peloton de liaison, les autres me roulaient dans la farine. «Mon père va arriver, je dois aller à sa rencontre, prends ma place pour la garde, s’il-te-plaît», me dit l’un. «Ma sœur va arriver», me dit un autre. Il n’avait pas de sœur, en réalité. Un autre devait aller éclaircir quelque chose, et j’acceptai de me sacrifier. Quand j’avais fini la garde, il fallait remettre de l’ordre. L’entrée des locaux de la section de liaison était interdites à ceux qui n’en faisaient pas partie, même aux officiers des autres services. On était en temps de guerre. Si bien qu’on ne pouvait bénéficier de l’aide de personnel de nettoyage. Je prenais le balai et nettoyais tous les locaux. C’est là que j’ai appris à balayer. Je disais : «Ici, nos locaux de service, c’est une sorte de lieu saint ; il est impossible d’en délaisser le nettoyage». Je n’étais pas obligé de balayer, et je ne savais comment m’y prendre ; à la maison, je n’avais jamais tenu de balai en main. Et si j’avais voulu le faire, ma sœur m’aurait arraché le balai des mains. Les copains plaisantaient à mon sujet : «La nettoyeuse, l’éternel sacrifié!» Mais je n’accordais aucune importance à cela. Je faisait cela non pour entendre «merci», mais parce que j’en sentais la nécessité et je m’en réjouissais.(…)
Traduit du russe

Source :  Преподобный Паисий Святогорец «Слова. Том II. Духовное пробуждение». Издательство:Орфограф, Москва. Pp. 206-209

Saint Païssios l’Athonite. L’aide des saints.

A ce jour, trois volumes des Paroles de Saint Païssios l’Athonite ont été traduits en français. Alors que les six volumes en grec ont été traduits en russe depuis des années. Le texte ci-dessous est la traduction d’un extrait du volume VI De la Prière, dont la traduction russe a été publiée en 2021 aux Éditions Orthograph à Moscou. Le présent texte sera sans doute moins fidèle à la lettre de l’original grec que la traduction française officielle que nous attendons tous, mais malgré cela, les lecteurs francophones auront un avant-goût de ce que nous attendons tous et que la patience nous proposera dans plusieurs années peut-être, lors de la traduction de ce volume en français. Il s’agit d’un extrait du chapitre 3, qui concerne l’aide de la Très Sainte Mère de Dieu et des Saints, pages 108 à 111 de l’édition russe.

[Note du traducteur russe, p. 108: L’église Saint Arsène de Cappadoce fut construite avec la bénédiction de Saint Païssios dans l’hésychastère pour femmes de Souroti en 1974. Après la glorification de Saint Païssios en 2014, en cette église fut célébré un grand office la consacrant aux deux saints pères, Arsène et Païssios.]
– Geronda, que ressent Saint Arsène, maintenant qu’il a son église?
– De la joie! Il a maintenant sa bergerie où il rassemble ses brebis et les protège.
– Geronda, après qu’un saint soit glorifié, les gens reçoivent plus d’aide de sa part qu’auparavant?
– Bien entendu. Quand l’Église a glorifié un saint, il sent qu’il a l’obligation de nous aider. Si je peux m’exprimer ainsi, il est obligé de nous aider plus qu’avant sa glorification. De plus, le Seigneur l’envoie aider les gens.
– Geronda, un saint peut-il demander à Dieu que les fidèles honorent sa mémoire?
– Non, les saints n’adressent pas de pareilles demandes à Dieu. Il ne disent pas à Dieu : «Seigneur, que les fidèles vénèrent ma mémoire, et Toi, aide-les à le faire», ou encore «Aide seulement ceux qui vénèrent ma mémoire». Les saints disent plutôt : «Seigneur, ces gens vénèrent ma mémoire récompense-les pour cela».
– Geronda, j’éprouve une plus grande vénération envers l’Évangéliste Jean le Théologien qu’envers le saint dont je porte le nom.
– Ne t’inquiète pas, ton saint n’est pas jaloux de l’Apôtre Jean parce que tu aimes celui-ci plus que lui. Évidemment, tu dois le vénérer car il est le protecteur de votre hésychastère, mais même s’il n’était pas votre protecteur, ton saint, comme tous les autres saints, se réjouit quand ton cœur est solidement attaché à n’importe quel autre saint et que tu reçois de l’aide de ce dernier. Les saints sont saints et ils n’ont aucune passion humaine, aucune mesquinerie humaine. L’homme reçoit de l’aide de la part du saint qui lui est particulièrement proche. L’un demandera de l’aide à un grand saint et il la recevra, tout comme l’autre en demandera à un saint quasi inconnu et la recevra aussi, car dans un cas comme dans l’autre, c’est la force de Dieu qui agit.
– Geronda, qu’est-ce qui doit précéder le fait qu’un homme ressente une dévotion particulière pour un saint?
– Quand survient une dévotion particulière pour un saint, cela signifie que le cœur de l’homme a d’une façon ou d’une autre entendu la voix de ce saint. Quand l’un ou l’autre parmi nous a reçu l’aide d’un saint, il peut éprouver pour celui-ci un amour particulier, que cette aide concerne des choses importante ou des détails. Dès mon enfance, j’ai fréquenté l’église Sainte Barbara à Konitsa, ainsi j’éprouve une vénération particulière pour cette sainte megalomartyre. La Sainte m’a aidé quand j’étais à l’armée, quand on m’a pris comme radiotélégraphiste alors que cela demandait une formation préalable. Et elle m’aida plus tard aussi, dans la clinique pour tuberculeux après mon opération aux poumons. Les médecins m’avaient prévenu qu’ils enlèveraient les sondes et les appareils de drainage seulement quand les poumons seraient nettoyés. D’habitude, cela prenait environ cinq jours. Mais moi, vingt-cinq jours plus tard, les sondes étaient toujours en place et cela m’occasionnait de grandes douleurs. Le samedi trois décembre, j’attendais les médecins, espérant qu’ils me libèrent de ce martyr, mais ils ne vinrent pas. Le dimanche matin, jour de la Fête de Saint Barbara, je dis : «Si la sainte voulait m’aider, elle l’aurait fait depuis longtemps. Les médecins sont partis, aujourd’hui, c’est dimanche, personne en viendra. Qui donc va me libérer de ces tuyaux?». Je dis encore avec amertume : «Tant de fois j’ai allumé les lampes à huile dans l’église de la Sainte, combien de flotteurs pour les lampes, combien d’huile ai-je apporté là, combien de fois ai-je nettoyé, mais quoi, c’est si difficile de m’enlever deux tuyaux?». Toutefois, après, je pensai : «Sans doute ai-je d’une manière ou d’une autre chagriné Sainte Barbara, c’est pour cela qu’elle ne s’occupe pas de me les faire retirer». Soudain, j’entendis du bruit. Je m’étonnai : «Que se passe-t-il? A qui est-il arrivé quelque chose?». On me dit : «Les médecins arrivent». Je ne sais quelle mouche avait piqué le médecin en chef, mais tôt le matin il avait téléphoné aux médecins en charge de mon cas et leur avait ordonné : «Allez enlever les sondes du moine». Ils entrèrent et dirent : «On nous a donné pour instruction d’enlever le dispositif de drainage». Visiblement mes paroles amères avaient touché Sainte Barbara. (…)

Traduit du russe

Source :  Преподобный Паисий Святогорец «Слова. Том VI. О молитве». Издательство:Орфограф, Москва. Pp. 79-80

Saint Païssios l’Athonite et les métanies.

A ce jour, trois volumes des Paroles de Saint Païssios l’Athonite ont été traduits en français. Alors que les six volumes en grec ont été traduits en russe depuis des années. Le texte ci-dessous est la traduction d’un extrait du volume VI De la Prière, dont la traduction russe a été publiée en 2021 aux Éditions Orthograph à Moscou. Le présent texte sera sans doute moins fidèle à la lettre de l’original grec que la traduction française officielle que nous attendons tous, mais malgré cela, les lecteurs francophones auront un avant-goût de ce que nous attendons tous et que la patience nous proposera dans plusieurs années peut-être, lors de la traduction de ce volume en français. Il s’agit d’un extrait du chapitre 4, intitulé «Venez, adorons,…», pages 79 et 80 de l’édition russe.

– Geronda, sans doute avez-vous mal aux jambes ?
– Non, je n’ai pas mal. Moi, je fais ma gymnastique spirituelle!
– A quoi faites-vous allusion, Geronda?
– Je fais des métanies, âme bénie! Comment l’homme s’en sortirait-il sans gymnastique? Dans le monde, ceux qui font de la culture physique se font ainsi un corps sain, et les moines, à l’aide des métanies se font un corps et une âme de vaillant guerrier. Les pauvres laïcs ne peuvent même imaginer combien les métanies sont utiles, non seulement pour la santé spirituelle, mais aussi pour la santé physique. Les métanies ne empêchent le développement des maladies articulaires, elles éliminent la mollesse, elles effacent les ventres pendants, elles remettent en ordre le système nerveux et de façon générale rendent l’homme robuste. De plus, elles lui donnent la possibilité de s’élever vers les hauteurs des vertus avec facilité, sans essoufflement, tout comme l’homme entraîné grimpe jusqu’au sommet de la montagne. Les métanies sont nécessaires aux jeunes comme aux vieux. A celui qui souffre d’attaques charnelles aussi bien qu’à celui qui s’est déjà libéré de celles-ci. Mais ceux qui sont les plus costauds doivent en faire plus que les faibles, tout comme on donne des tâches plus lourdes aux machines les plus puissantes. Les métanies sont particulièrement utiles aux jeunes pour brider le corps. C’est pourquoi je conseille toujours aux jeunes : «Faites autant de métanies que possible, pour vous, pour tous les malades et les gens âgés, qui n’ont plus la force de faire des métanies». Les métanies, c’est une prière. Mais en même temps, ce sont des exercices spirituels plus avantageux que n’importe quels autres occupations spirituelles. Non seulement les métanies aident à lancer notre moteur spirituel qui commence alors à produire la prière, mais elle offrent beaucoup d’autres avantages.Tout d’abord, quand nous faisons des métanies, nous nous prosternons devant Dieu Lui-Même et nous Lui demandons humblement Sa miséricorde, et cela, c’est l’essentiel. Deuxièmement, les métanies humilient notre corps débridé. Le calme s’y installe, et l’impassibilité charnelle. Et troisièmement, les métanies apportent aussi la santé du corps. Et donc, l’homme se fait une âme et un corps en meilleure santé, comme les guerriers doublement vaillants.
– Geronda, il m’est pénible de faire des métanies. Oh comme cela me déplaît…
– Pendant que tu fais des métanies, pense que tu te trouves devant Dieu Lui-Même, et que tu te prosternes devant Lui. Cette pensée t’aidera à les aimer. (…)
Traduit du russe

Source :  Преподобный Паисий Святогорец «Слова. Том VI. О молитве». Издательство:Орфограф, Москва. Pp. 79-80