Texte de Sotirios Sarvanis, étudiant en théologie, publié le 18 mars 2016 en grec et le 25 mars en anglais sur le site Pemptousia (Site géré par l’association des «Amis du Monastère de Vatopedi»).
Le Saint et Grand Carême a commencé voici quelques jours et l’atmosphère est déjà empreinte de solennelle tristesse, comme il convient. Voici la période la plus douce et belle de l’année; elle nous offre une grande occasion de prier, et de nous repentir. Une profonde contrition renforcera ce désir.
Des offices magnifiques et solennels rythment la vie liturgique de l’Église, telles les Vêpres, les Grandes Complies et les Salutations à la Très Sainte Mère de Dieu, qui nous remplissent de force. Et nous savons que la Panagia est notre intercesseure auprès de Dieu. Pourquoi l’Église a-t-elle placé les Salutations à la Très Sainte Mère de Dieu pendant le Grand Carême? Quels liens peuvent-elles avoir avec la Passion et la Résurrection de notre Seigneur, que nous allons vivre prochainement?
Énorme est le rôle de la Panagia dans la vie de chacun d’entre nous. Elle intercède auprès du Père pour le salut de notre âme. Voilà précisément la raison pour laquelle l’Église a décidé de placer l’Office des Salutations dans le Grand Carême. A travers cet office, nous demandons à notre Mère de nous soutenir dans le combat que nous venons d’entamer voici quelques jours. Nous lui demandons de prier Dieu le Père pour le salut de notre âme, pour une fin heureuse de cette lutte, et pour que l’âme pure, en paix et sans péché, nous vivions la sainte et terrible Passion de notre Seigneur et ensuite son éclatante Résurrection. La présence en ce monde de la Panagia est grande et salvatrice pour notre vie de chaque jour mais aussi tout particulièrement lors de graves conflits.
Il convient de se remémorer un événement historique, en guise d’exemple et de preuve de l’intervention opportune de la Panagia au cours de l’histoire du monde.
En l’an 626, alors que l’Empereur Heraklios était en campagne à la tête de l’armée impériale contre les Perses, Constantinople fut soudain assiégée par les Arabes. Ceux-ci ayant repoussé toutes les propositions de cesser-le-feu, ils prirent, le 6 août, Notre Dame des Blachernes. (NdT. : Située dans la partie Nord de la ville). Ils se préparèrent à l’attaque finale, en collaboration avec les Perses. Le Patriarche Sergios emmena alors l’icône de la Blachernitissa en procession sur les remparts et encouragea le peuple à résister. La nuit suivante, une tempête terrible, attribuée à l’intervention divine, causa la perte de la flotte de l’ennemi et les défenseurs infligèrent des pertes dévastatrices aux Arabes et aux Perses qui n’eurent d’autre choix que de lever le siège et s’en retourner les mains vides. Le 8 août, la cité était sauvée de ce qui alors était le péril le plus grand qu’elle ait connu de son histoire.
Le peuple voulut célébrer sa libération, qu’il attribua à l’intervention de la Panagia, et il se rassembla en l’église des Blachernes. C’est alors que, selon la Tradition, la foule se dressa et chanta ce qui fut dès lors appelé l’Hymne Acathiste (c’est-à-dire, l’hymne chantée sans s’asseoir), une ode en remerciement à la protectrice et conductrice de l’État byzantin, hymne de victoire et d’action de grâce: «Invincible conductrice de nos armée…».
Il s’agit bien d’un exemple saisissant de l’intervention de la Panagia dans l’histoire du monde. Son intercession peut racheter une nation entière. Combien plus facile n’est-il pas alors pour elle d’obtenir par ses prières à Dieu la rédemption de nos âmes, et de nous débarrasser des nos passions? Par Elle sont «dressés les trophées de victoire,… et nos ennemis sont renversés» (4e stance), Elle est la «clé des portes du paradis» (2e stance) et le «pont reliant la terre au ciel» (1ère stance). (…)
L’hymne est également connu sous l’appellation de Salutations à la Mère de Dieu, chanté, par stance les quatre premiers vendredis soir du Grand Carême et en son entièreté le cinquième vendredi. On croit que l’hymne fut composé par Saint Romain le Mélode, alors que le Canon des Salutations est attribué à Saint Joseph l’Hymnographe.
De tout ceci, il ressort que les Salutations à la Très Sainte Mère de Dieu n’ont pas été placée accidentellement dans le Grand Carême. Ce que nous allons vivre bientôt est une expérience extraordinaire et notre âme doit être pure pour traverser la Sainte Passion et la Splendide Résurrection de notre Seigneur. Et dès lors nous demandons à la Panagia de nous soutenir de son affection maternelle au cours de cette période, de prier notre Père pour nous, afin de nous permettre de mener à bien ce combat entrepris au cours du Grand Carême, de façon paisible, et sans péché, de même que toutes nos luttes pour le salut de notre âme, afin qu’il nous soit donné de jouir du Royaume de Dieu. C’est précisément ce qu’exprime les versets «Réjouis-toi, porte du Royaume du Christ» et «O Mère de toute louange,… reçois maintenant notre offrande, délivre-nous de tout mal, et préserve du châtiment futur ceux qui te crient : Alléluia », qui termine la quatrième stance.
Les icônes en guise de bois de chauffage…
Le Métropolite Ambroise de Kalavryta et Aighialeo a adressé, le 24 mars 2016, un appel insistant concernant la situation en Grèce. Le texte de cette déclaration a été diffusé sur le site grec Romphaia et relayé en russe, dans une version un peu réduite par les sites «agionoros.ru» et «pravoslavie.ru». En voici la traduction française.
«Il devient chaque jour plus évident que les «immigrants», les «réfugiés», les «illégaux» se comportent en conquérants de la Grèce.
Le système politique, pour sa part, les accepte, les protège et crée pour eux des conditions favorables. Personne ne s’émeut de rien… Avant-hier, un des ministres du Gouvernement, membre du parti Siriza à proféré une franche idiotie:«Les immigrants permettront de résoudre le problème démographique de la Grèce». Comme on le voit, le Gouvernement protège ceux qui conquièrent notre pays.
Ces envahisseurs et colonisateurs ont entamé leur action destructrice. Ils enlèvent les icônes des murs de nos églises et chapelles et ils s’en servent comme bois de chauffage dans leurs feux. Ils ont exigé de la part du Métropolite Seraphim du Pirée qu’il enlève sa croix orthodoxe. Dans la ville de Kavala, des immigrants illégaux musulmans ont enlevé du mur d’une école l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu et ont exigé que l’on cesse de sonner les cloches des églises… Hier dans une des métropoles de la région de Thessalonique, des musulmans ont distribué des brochures en grec portant le contenu suivant: «Grecs, croyez aux paroles du prophète Mohammed si vous voulez être sauvés. La guerre est arrivée dans votre pays. Des rivière de sang des infidèles couleront. Signature: les guerriers d’Allah».
La télévision de l’État grec a déjà diffusé une émission d’informations en arabe !
Éveillez-vous! Sortez de votre léthargie!
Regardez ce qui se produit autour de vous! La Grèce se meurt!
On nous conduit, vous et moi, vers une mort à petit feu. Notre identité orthodoxe, notre identité nationale, elles vont mourir! Allez-vous vous rendre sans résister? Réfléchissez!»
Traduit du Grec et du Russe.
Métropolite Athanasios.Le Dimanche de l’Orthodoxie
Extrait d’une homélie donnée en 2014 par le Métropolite Athanasios de Limassol lors du Dimanche de l’Orthodoxie.
Le premier dimanche du Grand Carême, nous célébrons le Triomphe de l’Orthodoxie, c’est à dire la fête de la réhabilitation des saintes icônes. Par la grâce de Dieu, l’Église a vaincu l’hérésie des iconoclastes et préservé avec exactitude la foi et la tradition des Saints Pères de l’Église, telle qu’elle fut transmise à travers les âges.
Le produit de cette foi est la guérison de l’humanité, notre salut et notre déification. Vénérer les saintes icônes constitue la preuve que nous confessons que Dieu est devenu une personne descriptible, que le Verbe de Dieu s’est véritablement incarné et est devenu une personne, mais aussi que les hommes deviennent vraiment enfants de Dieu et réceptacles de l’Esprit Saint, temples de Dieu et membres du Christ. Nous vénérons les icônes des saints et les reliques de ceux-ci parce que Dieu y réside. Nous célébrons donc la réhabilitation des saintes icônes et entretenons la coutume bénie de les porter en procession, d’honorer et d’embrasser les icônes du Christ, de la Très Sainte Mère de Dieu et des Saints de l’Église.
Et puisque nous parlons d’icônes, rappelons-nous de l’icône par excellence, l’icône de Dieu, la personne humaine.Dieu fut le premier à faire une icône, une image, celle de Lui-même. Cette icône, c’est la personne humaine. Dieu a dit : «Faisons l’homme à Notre image et à Notre ressemblance» et l’homme devint effectivement une icône du Dieu trine, une icône du Dieu invisible. Nous pouvons voir cette image de Dieu. La personne humaine est la plus belle des créations de Dieu. Voulant faire ce qu’il y avait de mieux, Dieu fit ainsi. Son image, la personne humaine est la plus belle qu’il ait faite. Mais cette merveilleuse icône de Dieu, qui contenait tous les dons que Dieu lui avait conférés lors de sa création fut malheureusement fracassée, brisée; le diable parvint à la casser.
La lutte contre les iconoclastes ne fut pas un phénomène du septième siècle. Elle commença dès l’apparition de l’homme. Le diable déclencha une guerre contre l’icône de Dieu, la personne humaine, et il réussit à la casser, à la plonger dans la mort, dans le péché, à déformer cette merveilleuse image, au point qu’elle ne témoigna plus de la beauté de Dieu. Elle était devenue quelque chose de laid, rempli de passions et de péchés.
Mais Dieu ne souhaitait pas voir Son image languir dans la misère. Il ne voulait pas voir Son icône, qu’Il avait façonnée avec tant d’amour et de soin, se perdre dans la désolation de la chute et du péché. Et Il prit Lui-même la forme humaine et le modèle de notre salut. Et pour nous aider à redécouvrir la beauté et le charme de notre création lorsque nous sortîmes de Ses mains, Il créa l’Église, à travers laquelle, avant tout, Il donne la grâce de l’Esprit Saint. La tâche de l’Esprit Saint est le renouvellement de notre nature corrompue et notre renaissance. Cette renaissance est atteinte à travers deux facteurs. Le premier est la grâce de l’Esprit Saint, et le second est la liberté de l’homme. Voilà comment Dieu nous fait nouveaux, avant tout par le mystère de l’Esprit Saint. A travers le baptême s’accomplit le grand mystère de notre renouvellement ; nous nous défaisons du vieil homme et nous revêtons le Christ, l’homme nouveau. Ensuite, par la puissance de l’Esprit Saint qui nous est conférée à travers la chrismation, nous sommes énergétisé et nous recevons la force, de manière à ce que les dons reçus dans le baptême et la chrismation soient activés et produisent du fruit spirituel, nous glorifient et nous sanctifient.
Traduit de l’Anglais. Source.
L’Église comme Centre thérapeutique.
Le remarquable site grec Pemptousia a publié dans ses pages en langue anglaise le texte ci-dessous, du Métropolite Hiérotheos de Naupacte, le 1er juin 2015. La thérapie de l’âme est un sujet extrêmement important pour l’Église Orthodoxe car elle exprime l’essence de la vie spirituelle. Avant d’explorer plus avant ce sujet crucial, je souhaite fournir quelques explications liminaires.
Tout d’abord, lorsque nous parlons de la thérapie de l’âme, nous ne croyons pas dans le dualisme traçant une distinction claire entre le corps et l’âme, comme c’est le cas dans la philosophie grecque antique ou dans certaines religions orientales contemporaines. L’homme a deux hypostases car il est constitué de l’âme et du corps. L’âme n’est pas l’homme entier mais seulement l’âme de l’homme. Et le corps n’est pas l’homme entier mais juste le corps de l’homme. Le corps est intimement lié à l’âme et participe à tous les états de celle-ci. Le corps reçoit aussi bien la chute de l’âme que sa résurrection. Nous parlons donc de la mort du corps, qui est une conséquence de la mort de l’âme, et de la déification du corps, qui résulte de la déification de l’âme. Saint Grégoire Palamas enseigne que le «nous»¹ est le premier organe physique intelligent de l’homme et il enseigne de même que la Grâce de Dieu est convoyée à travers l’âme jusqu’au corps, qui est attaché à l’âme. Read more
Konstantin N. Leontiev. L’église et l’Église. 2/2
Ce texte de Konstantin Leontiev fut initialement publié dans le numéro 10-12 du journal «Le Citoyen» («Гражданин»), à Saint-Pétersbourg en 1878. Il fut ensuite intégré à l’édition de «Byzantisme, Russie et Monde Slave» publié à Saint-Pétersbourg en 1885-1886. A notre connaissance, il n’avait à ce jour pas encore été traduit en français. Ceci constitue la seconde partie du texte original. La première partie se trouve ici.
Il me semble que tout un chacun doive comprendre que précisément au Bosphore s’avère nécessaire l’intervention d’une dextre puissante et d’un esprit impartial qui se place au-dessus des passions locales et étroitement patriotiques. L’influence russe ou le pouvoir russe exercé sur ce grand foyer crucial ne doit revêtir aucune couleur exclusive, ni slave du Sud, ni grecque. Le pouvoir russe ou l’influence russe doit dans ces pays adopter un caractère tout à fait œcuménique… Dans ce contexte, le Patriarcat de Tsargrad doit constituer pour l’influence réconciliatrice de la Russie le point d’appui moral le plus puissant et le plus stable. Il n’est pas ici fait allusion aux personnes qui ont occupé ces derniers temps ce trône grand et significatif de par la nature des lieux, ni à la nationalité de ces personnes, ni à leur comportement, mais bien à la nature du trône lui-même. La question ne porte pas sur les évêques, sur les personnes vivant dans «la crainte séculaire des Agaréniens». Les personnes changent ; la question porte sur l’antique institution sous l’emprise de laquelle se plaça et grandit notre Rus’ Moscovite, encore bien vivante de nos jours. Read more
Konstantin N. Leontiev. L’église et l’Église. 1/2
Ce texte de Konstantin Leontiev fut initialement publié dans le numéro 10-12 du journal «Le Citoyen» («Гражданин»), à Saint-Pétersbourg en 1878, sous le titre «Храм и Церковь». Il fut ensuite intégré à l’édition de «Byzantisme, Russie et Monde Slave» publié à Saint-Pétersbourg en 1885-1886. A notre connaissance, il n’avait à ce jour pas encore été traduit en français. Écrit à la fin de la dixième guerre russo-turque, il offre une remarquable perspective historique aux événements qui se déroulent actuellement au Sud-est de l’Europe et au Proche-Orient, et particulièrement aux rôles respectifs qu’y jouent la Russie, la Grèce, la Turquie et l’Union européenne. Le texte fut divisé en deux par son auteur. en voici la première partie.
Pour de nombreux Russes, il est désagréable de se défaire de leur conception favorite d’un monde glorieux enclos dans les murs d’enceinte de Tsargrad, même lorsque les conditions générales de la politique européenne nous poussent à un accord avec la Turquie. Et dans pareil cas, il est naturel de compter sur une combinaison quelconque qui placerait Constantinople et les deux détroits sous notre dépendance, fût-elle indirecte, mais néanmoins solide, par la force même des circonstances.
Comme toujours lors des grands événements historiques et chargés du sens du destin, les élans du cœur et des rêves d’un patriotisme animé correspondent, dans leurs tendances inconscientes, avec les calculs politiques les plus fiables, froids et perspicaces. Combien consolant serait-il de lire et d’écouter le récit de l’entrée victorieuse de nos détachements sous les airs de musique et les étendards déployés dans les rues bigarrées d’Istanbul, grandiose même dans sa saleté. Read more