Au début du mois de juin 2016 s’est tenue une assemblée du Saint Synode de l’Église de Grèce, préparatoire au Saint et Grand Concile qui a été annoncé. Le Métropolite Hiérotheos de Naupacte y a prononcé un discours dense, dont voici un court extrait.
Dans le cadre de notre communication courante, et de façon occasionnelle dans nos documents, il est possible que nous recourions à certains termes susceptibles de soulever quelque préoccupation. Il pourrait nous arriver, par exemple, d’écrire ou de parler d’une «Église Catholique Romaine» ou d’une «Église Protestante», etc. Mais lorsqu’il s’agit d’élaborer des documents dans lesquels nous confessons notre foi, documents qui perdureront en qualité de décisions du Saint et Grand Concile, nous devons faire preuve de prudence. Au cours de sa lutte théologique en faveur de l’hésychasme, Saint Grégoire Palamas a établi un principe fondamental :«ἕτερον ἐστιν ἡ ὑπέρ τῆς εὐσεβείας ἀντιλογία καί ἕτερον ἡ τῆς πίστεως ὁµολογία» («La controverse pieuse est une chose, la confession de foi en est une autre»). Cela signifie qu’en matière «d’ ἀντιλογία», de controverse, de dispute, on peut utiliser toutes sortes d’arguments, mais lorsque nous rédigeons des documents par lesquels nous confessons notre foi, notre verbe doit être concis et dogmatiquement précis, comme les Saints Pères dogmatisèrent «une grande sagesse en peu de mots». Ainsi, il faut que les documents qui sont devant nous et qui doivent être signés par notre Église, soient purs du point de vue dogmatique, et ne se singularisent pas par le manque de clarté et la confusion car autrement, ce ne seront pas des documents orthodoxes.
Source
Traduit du grec.
Geronda Ephrem de Katounakia: L’œcuménisme est dominé par des esprits impurs.
Les saints gerondas de notre Église nous ont offert leurs enseignements, toujours au prix de leur vertigineuse ascèse. Il nous appartient, ainsi qu’aux hiérarques de l’Église, de les entendre et d’en tirer les conclusions. Le texte ci-dessous rapporte un témoignage de Geronda Ephrem de Katounakia auprès du Professeur de théologie Dimitrios Tselengidis, publié dans le numéro de Mars-Avril 2016 (page 42) de la revue «Περιοδικό Παρακαταθήκη». Ce texte est extrait du livre (en grec) «Le Grand et Saint Concile de l’Église Orthodoxe . Un Concile en déficit de conciliarité et de conscience orthodoxe» Trikala, Mars 2016. Ce livre est lui-même la transcription de trois heures de conversation entre le directeur de la station de radio ecclésiastique du Pirée, M. Lykourgos Markoudi et le professeur Dimitrios Tselengidis.
Dans ce qui suit, je vais évoquer ce qui constitue un témoignage personnel. Pendant plusieurs décennies, j’ai fréquenté Geronda Ephrem de Katounakia, dont l’ethos et la conscience sont renommés. Ce qui est bien connu également, c’est qu’il possédait une «télévision spirituelle». Pour ma part, je suis allé le voir à de nombreuses reprises, habité par l’intention de lui poser certaines questions, dans un ordre précis, avec mon propre vocabulaire. Quand je me retrouvais face à lui, avant que je lui demande quoi que ce soit, il répondait aux questions que j’avais l’intention de lui poser, dans l’ordre que j’avais imaginé, en recourant à mon vocabulaire. Il s’agit donc d’une expérience personnelle, mais pas d’un phénomène unique ; bien d’autres en ont également fait l’expérience. Read more
Père J. Romanidès. L’Orthodoxie n’est pas une religion. 3
Le texte ci-dessous est un extrait du livre Orthodoxie et Hellénisme: Voyage vers le troisième Millénaire, publié par le Saint Monastère de Koutloumousiou, au Mont Athos. Ce texte du Père Jean Romanidès est intégré à un ensemble intitulé : La Maladie de la Religion et sa Guérison par l’Orthodoxie. L’approche théologique du Père Romanidès a inspiré de nombreux membres et serviteurs de l’Église, dont le Métropolite Hiérotheos de Naupacte, dont les écrits nourrissent les âmes de dizaines de milliers de fidèles de par le monde et particulièrement en Grèce. La traduction française des deux premières partie du texte se trouve ici.
La Religion est une maladie neuro-biologique. L’Orthodoxie en est le Traitement.
Les patriarches et les prophètes de l’Ancien Testament, les apôtres et les prophètes du Nouveau Testament, ainsi que leurs successeurs, connaissaient parfaitement la maladie de la religion, et le Médecin qui la guérit, le Seigneur (Yahvé) de Gloire. C’est Lui le médecin de nos âmes et de nos corps. Cette maladie, Il l’a guérie chez Ses amis et Ses fidèles, avant Son incarnation, et, Il continue, en tant que Dieu-Homme à la guérir. Read more
Père J. Romanidès. L’Orthodoxie n’est pas une religion. 2
Le texte ci-dessous parut sous le titre : La maladie de la religion et sa guérison par l’Orthodoxie. Il fut composé d’extraits du livre du Père J. Romanidès Théologie Patristique, lui même rédigé à partir de cours et conférences universitaires qu’il donna en 1983. L’approche théologique du Père Romanidès a inspiré de nombreux membres et serviteurs de l’Église, dont le Métropolite Hiérotheos de Naupacte, dont les écrits nourrissent les âmes de dizaines de milliers de fidèles de par le monde et particulièrement en Grèce. La première partie du texte se trouve ici.
La conception métaphysique de la religion.
L’Orthodoxie s’occupe avant tout de cette vie, ici. Les Pères insistent sur le fait qu’il «n’y a pas de repentir après la mort». Toutefois, les théologiens grecs modernes ont, à la suite de leur maître, Adamantios Koraes, une conception métaphysique du sujet, copiant la méthodologie des catholiques romains et des protestants en matière de religion. Quand ces gens sont partis étudier la théologie en Europe et en Russie, mais aussi en Amérique, après la guerre, le grand conflit avait commencé depuis des années entre les empiristes, d’une part, héritiers des Lumières de la révolution française, et les métaphysiciens d’autre part. La différence fondamentale entre empiristes et métaphysiciens consiste en ce que l’essence de l’approche empirique est l’observation, et celle de la métaphysique, la spéculation philosophique. Read more
Père J. Romanidès. L’Orthodoxie n’est pas une religion. 1
Puissant texte paru sous le titre : La maladie de la religion et sa guérison par l’Orthodoxie, rédigé par le P. Jean Romanidès, et précédé d’une introduction par le Père Georges Metallinos . Ce texte fut composé d’extraits du livre du P. Romanidès Théologie Patristique, lui même rédigé à partir de cours et conférences universitaires donnés en 1983.
«Dernièrement, certains se sont mis à écrire des articles concernant la relation entre Orthodoxie et religion. Il est un fait qu’après les premiers siècles du Christianisme, notre Foi a été qualifiée de religion. Mais dans quelle mesure est-elle une religion?
Plutarque assimile la religion au culte. L’Orthodoxie inclut certainement un culte, ais elle ne se réduit pas à une «communauté cultuelle». Elle est Église et Corps du Christ.
Nulle part dans le Nouveau Testament l’Église n’est qualifiée de religion, mais bien de «chemin» (Actes 9:2), un chemin et mode de vie conduisant à l’union avec le Christ, à la déification. La «voie» ultime est le Christ Lui-même (St Jean 14:62).
Le Christianisme (l’Orthodoxie) ne peut alors être qualifié de religion? Si, mais pas dans le sens dans lequel les diverses autres confessions, fussent-elles monothéistes, comprennent la religion.
Dès lors, plutôt que nous enfermer dans d’inacceptables disputes à propos d’un sujet inexistant du point de vue patristique, tournons-nous vers les enseignements pertinents d’un dogmaticien dont l’importance ne peut être mise en cause, le Père Jean Romanidis. Ce texte est reproduit en qualité de pieux tribut à sa mémoire.» (1 novembre 2001). Read more
La Paternité Spirituelle dans la Tradition Orthodoxe 3
Le Métropolite Simeon (Koutsas), de Nea Smyrni, dans la banlieue Sud d’Athènes, a rédigé en 1995 un long texte intitulé «Le Père Spirituel : La Paternité spirituelle dans la Tradition Orthodoxe». Le texte original grec fut publié par la Sainte Métropole de Kalavryta and Aegialia, et demeure disponible sur le site Myriobiblos. Il fut traduit en anglais en 2009. Voici la traduction de la troisième partie . Les deux premières se trouvent ici.
La nécessité de trouver un père spirituel expérimenté.
La signification que revêt le père spirituel sur le chemin de notre perfectionnement en Christ prouve en même temps la nécessité pour nous tous d’avoir, de découvrir, un guide spirituel expérimenté et infaillible. Il s’agit à la foi d’un devoir et d’un droit. La responsabilité du choix nous appartient ; il s’agit d’un choix que nous devons opérer avec le plus grand soin, car, comme l’observe Saint Syméon : «Même jusqu’à ce jour, ils sont rares, en vérité, les gardiens des âmes logiques qui paissent et guérissent bien». (Catéchèse 20) La prudence est donc de mise. Nous ne devons donc pas rester seuls (Car nous risquons soit de devenir la proie du loup qui dévore l’âme, le diable, ou, si nous tombons, il n’y aura personne pour nous aider à nous relever ; selon les paroles de l’Ecclésiaste : «malheur à celui qui est seul et qui tombe, sans avoir un second pour le relever!»), mais nous ne devons pas non plus suivre un loup ou un «médecin inexpérimenté» car alors il est certain que nous aurons à subir des dégâts spirituels, ou demeurer incurables.
Malgré que le choix d’un père spirituel soit, comme on l’a déjà mentionné, notre droit, et relève de notre jugement, néanmoins, la découverte d’un guide expérimenté est finalement un grand don de Dieu. C’est pourquoi Saint Syméon nous donne ce conseil : «Frère, implore le Seigneur longuement, afin qu’Il te montre un homme qui soit capable de bien prendre soin de toi, à qui tu devras obéissance comme s’il était Dieu Lui-même. Et tu devras t’en tenir aux choses qu’il te dira, même si ces instructions paraissent dirigées contre toi et te faire du tort» (Catéchèse 20). Ce même maître nous fournit, dans sa septième homélie sur la morale, un exemple de prière par laquelle nous pouvons supplier Dieu de nous envoyer un père spirituel expérimenté : «Seigneur, Toi qui ne veut pas tant la mort du pécheur que son retour à la vie ; qui pour cette raison descendit sur terre, afin que ceux qui sont dans le péché et à cause de cela, dans la mort, puissent ressusciter et tourner le regard vers Toi, la vraie Lumière, pour autant que ces hommes soient capables de voir, rends-moi digne, envoie-moi un homme qui Te connaisse, afin qu’en le servant comme si je Te servais, et me soumettant de toute ma force, faisant Ta volonté dans sa volonté, je puisse Te plaire, toi le seul Dieu, et devenir, moi le pécheur, digne du Royaume» (Ethika, 7).
La réciprocité entre l’enfant spirituel et son père spirituel.
L’édification des fidèles dans la vie en Christ à travers leur lien avec un père spirituel ne va pas de soi. Elle présume la réciprocité de l’amour reçu et de l’attention accordée par le père spirituel. L’amour est le prérequis initial et fondamental. Le lien qui se forge entre le père spirituel et ses enfants spirituels est le lien de l’amour mutuel. Le fidèle répond à l’amour du père spirituel en réciproquant cet amour ; «Il n’est rien qui persuade si bien de se laisser instruire que d’aimer et d’être aimé», observe Saint Jean Chrysostome dans son homélie ‘I Thimothée VI’. Les liens spirituels sont beaucoup plus solides que les liens naturels, et l’amour qui jaillit du Christ est beaucoup plus fort que celui qu’inspirent les liens du sang. «Car qu’est-ce qui serait plus souhaitable qu’un vrai père ?», se demande Saint Théodore le Studite (A Platon, 2), exprimant ainsi son expérience personnelle avec son propre père spirituel.
L’amour envers notre père spirituel est authentique quand il exprime notre foi, c’est-à-dire notre confiance, envers cet homme. Nous nous confions tout entiers à notre père spirituel. Nous le reconnaissons en tant que notre guide sur le chemin du salut, c’est pourquoi nous devons avoir foi en lui et suivre tous ses conseils, quels qu’ils soient, sans aucune hésitation ou doute intérieur. Nos Saints Pères insistent avec force sur ce point : «On doit croire sans crainte ceux qui ont entrepris de s’occuper de nous», conseille Saint Jean Climaque (L’Échelle, 4). Si nous ne faisons pas confiance de tout notre cœur en notre père spirituel, nous ne progresserons pas dans la vie chrétienne.
Dans ses ‘Chapitres’, Saint Symeon écrit ceci : «Celui qui est parvenu à une foi, une confiance, nette envers son père spirituel, quand il le voit, il considère qu’il voit le Christ, et quand il se trouve en sa présence ou le suit, il croit qu’il est en présence du Christ ou qu’il Le suit. Celui qui est dans un tel état ne désire parler à personne d’autre, ni ne préfèrera rien au monde au souvenir de son père spirituel et à son amour» (Chapitres, 1.28)
Si le devoir du père spirituel est de demeurer vigilant vis-à-vis de l’âme de son enfant spirituel, de même il est du devoir de l’enfant de lui obéir et d’observer ses instructions (Hébreux 13 :17). Dieu Lui-même nous parle à travers notre père spirituel. L’obéissance manifestée envers lui est en réalité obéissance à la volonté de Dieu. Nous sommes protégés des erreurs que nous commettrions certainement si nous nous en tenions à notre volonté. Et finalement, nous accédons à la paix intérieure et attirons ainsi la grâce de Dieu.
La confession est un autre devoir important du fidèle. Nous confessons tout avec confiance à notre père spirituel ; non seulement les choses que nous avons faites, mais aussi nos pensées les plus secrètes. Saint Basile le Grand nous exhorte «à ne dissimuler même le moindre mouvement de notre âme, mais à dévoiler tout ce qui est caché dans notre cœur» (Règle Complète). Ne rien cacher à notre père spirituel. Avec humilité et filiale confiance, nous devons tout déposer à ses pieds. C’est ainsi seulement que nos péchés sont pardonnés par Dieu. Nous sommes libérés du poids de la culpabilité. Nos passions sont déracinées. Et après cela, notre père spirituel peut nous guider en toute sécurité à travers notre vie spirituelle.