Geronda Gabriel l’Athonite s’adresse au peuple russe.

 Geronda Gabriel de KGeronda Gabriel est l’un des ‘anciens’ athonites contemporains les plus connus. Il mène sont exploit ascétique dans la kellia Saint Christodoulos, proche de Kariès. Des centaines de pèlerins y vont recevoir sa bénédiction, et ils sont bien plus nombreux encore à l’approcher quand il sort des limites de la Sainte Montagne. Ce message de Geronda Gabriel a été publié en russe sur le site Tsargrad.tv.

Que la Grâce de Dieu soit avec les dirigeants de la Russie et avec le peuple de Russie!

A mon humble avis, le peuple de Russie est digne d’admiration. C’est un peuple éminent, remarquable, brillant, beau, doué et béni de Dieu. C’est le nouveau peuple de Dieu, le nouveau peuple d’Israël sur lequel est la grâce de Dieu. Parmi tous les peuples de la terre, le peuple russe est le plus béni de Dieu. Dieu a marqué le peuple russe d’une multitude de grâces et de dons. La joie éternelle du peuple russe, c’est son armée d’innombrables saints, saints moines et saints martyrs.
A mon humble avis, par comparaison aux autres peuples vivant aujourd’hui sur terre, le peuple russe est le plus parfait, le plus remarquable, dans la mesure où il est doué d’amour, de toutes sortes de Peuple russevertus, de grandeur et de bonnes mœurs. Il s’agit en outre du peuple le plus humble et le plus modeste et il se distingue par sa piété et sa consécration à Dieu et au prochain. Le peuple russe est incomparablement plus digne d’être admiré et imité que n’importe quel autre peuple vivant sur terre. Le peuple russe est incomparable, insurpassable, unique en son genre sur la terre entière.
Les dirigeants de Russie doivent veiller avec attention à ne promulguer aucune loi qui soit contraire à la Loi de Dieu, pour que ne soient pas légalisés la prostitution, l’adultère, l’avortement, la cohabitation libre, le mariage civil, la crémation, les unions de même sexe, car tout cela mène à la dépravation et à la privation de la Grâce de Dieu. La renaissance spirituelle du peuple de Russie viendra de ce qu’il ira à l’église, se confessera, priera, jeûnera, apprendra les Saintes Écritures et fera l’aumône. Alors, Dieu sera toujours avec le peuple de Russie et l’aidera toujours. Mais si comme nous le mentionnions, les dirigeants de Russie venaient à légaliser la prostitution, l’adultère, l’avortement, la cohabitation libre, le mariage civil et le unions de même sexe, et si un rapprochement devait s’opérer avec le Pape et aller vers une union, alors, Dieu ne donnera plus sa bénédiction et commencera alors un mouvement de destruction. Je souhaite que le Patriarche de Moscou et de Toute la Russie observe la Parole de Vérité et n’entretienne pas l’amitié avec le Pape. Nous ne pouvons pas nous réunir. Le Pape est l’ennemi du Christ et de la Très Sainte Mère de Dieu.
Le «huitième Concile Œcuménique» est illégitime. Nous ne devons pas accepter tout ce dont on essaie de nous convaincre. Les hiérarques russes sont insuffisamment informés. Il est nécessaire de les mettre au courant. L’essentiel est qu’il ne faut pas se coaliser avec le Pape. Nous ne pouvons entretenir de relation avec les hérétiques, ni prier ensemble. Nous admettons dans l’Église des partisans du Pape et nous prions avec eux. Le quarante-cinquième canon apostolique dit : «L’Évêque, ou le prêtre, ou le diacre qui prie avec des hérétiques, qu’il soit excommunié. S’il leur a permis d’exercer la fonction de clerc, qu’il soit déposé».
Par référence à ce canon, notre patriarche est déjà déposé et excommunié car il a par deux fois invité le Pape lors d’une célébration officielle et l’a fait entrer dans le sanctuaire, lui permettant de proclamer la prière du «Notre Père…» et de bénir le peuple. Les canons des apôtres sont toujours en vigueur, c’est pourquoi le Patriarche est potentiellement excommunié et déchu de sa dignité. Il suffirait pour ce faire, de convoquer le Saint Synode.
De tout cœur je prie pour que la bénédiction de Dieu soit sur vous et sur vos familles. Je prie aussi pour que notre Dieu, le seul et unique vrai Dieu, Père, Fils et Esprit Saint, protège toujours la Russie et le peuple russe sur la terre entière. Je prie Dieu de donner paix et repentance à l’humanité, afin qu’au jour de la Seconde Venue, tous soient placés à Sa droite, et afin que nous entendions Son ordre ardemment désiré : «Venez, bénis de Mon Père, héritez le royaume qui a été préparé pour vous». Je prie Dieu de renforcer dans ces temps présents la foi sainte et immaculée des Chrétiens orthodoxes et Sa Sainte Église, comme Il l’a fait au cours des siècles quand vivaient nos saints pères.

Le peuple russe est digne de toute admiration. Il s’est dressé et a enduré de nombreuses épreuves à travers lesquelles il conserva héroïquement sa foi, sans s’effondrer, au cours de plus de septante années d’athéisme communiste. Au contraire, il a manifesté de nombreux saints, parmi lesquels on compte les membres de la famille du dernier tsar, Nicolas II; toute entière elle endura une fin martyre, le Tsar lui-même, son épouse Alexandra et leurs enfants, Olga, Tatiana, Maria, Anastasia et le jeune Alexis.
Des liens spirituels étroits unissent les peuples russe et grec. On compte de nombreux Grecs parmi le Saint Maxime le GrecChœur des Saints en Russie, comme Saint Maxime le Grec, dont on vénère les reliques dans, pardonnez du peu, le plus célèbre des monastères russes : la Laure de la Trinité Saint Serge. Ou le Saint Moine Aristokles, supérieur du métochion moscovite du Saint Monastère russe de Saint Panteleimon. De même en Grèce, on vénère de nombreux Saints russes, comme Saint Seraphim de Sarov et le Saint Évêque Luka de Crimée. Des liens particuliers unissent la Sainte Montagne et la Russie. C’est pourquoi nous nous réjouissons d’accueillir des pèlerins venant de Russie. Au cours des dernières années, nous avons eu l’honneur de recevoir des dirigeants politiques de Russie, et surtout, le Président Vladimir Poutine.
paisios (1)Ce lien qui nous unit a été particulièrement renforcé par Saint Païssios l’Athonite envers qui on fait preuve en Russie, nous le savons, d’une grande piété. Je prie le Seigneur de permettre que d’autres pères suivent cette tradition que Saint Païssios l’Athonite a rendue vivante.

Traduit du russe.

Source

Taras Sidash. Qui sont les Vieux-Croyants Unis? 4/4

Taras Sidash et son épouse Sophia Sapojnikova
Taras Sidash et son épouse Sophia Sapojnikova

Edinoverie (Единоверие, prononcé à peu près, ‘yedinəverié’) est le nom de la communauté de Vieux-Croyants de Russie qui sont parvenus à un accord avec le Patriarcat de Moscou, et sous la juridiction duquel ils se sont placés, tout en conservant leurs particularités. On recourt parfois aussi au terme ‘coreligionnaires’  pour les nommer. L’expression ‘Vieux-Croyants Unis’ est la traduction reprise dans le «Dictionnaire russe-français des termes en usage dans l’Église Russe», de l’Institut des Études slaves. Taras Sidash, traducteur du grec ancien, écrivain, philosophe russe vivant à Saint-Pétersbourg, dont nous avons publié la traduction de quelques textes, fait partie de cette communauté de Vieux-Croyants Unis. En décembre 2011, Taras Sidash a accordé un entretien au magazine russe ‘Valeurs Familiales’, au cours duquel  il présente sa communauté, la manière dont les Vieux-Croyants comprennent le schisme, et son analyse, acide, des événements de l’histoire de l’Église. Voici la seconde partie de l’entretien, les trois  premières parties se trouvent ici.

Une École de Formation des Laïcs.
Mais pour servir l’office de façon autonome, il faut suivre une formation. Où est-ce possible?
Dans les séminaires du Patriarcat, évidemment. Chez nous, à l’École de Formation des Laïcs, c’est possible également. Chez les Vieux-Croyants, c’est possible si vous entrez dans la communauté.
Qu’est-ce que l’École de Formation des Laïcs?
L’École de Formation des Laïcs est le séminaire «en chambre» des Vieux-Croyants Unis. Une des raisons de sa création fut la nécessité de maîtriser les anciennes formes liturgiques. Évidemment la différence entre nous et les ‘nouveaux croyants’ dans la représentation de ce qu’est l’Église se fait sentir partout, et entre autre dans le système d’enseignement, c’est pourquoi lorsque j’utilise le terme ‘séminaire’, il ne s’agit que d’une lointaine analogie. Cela ressemble beaucoup plus aux écoles de catéchisme des IIe et IIIe siècles à Alexandrie.
Mais encore?
Dans la mesure où pour nous, la vraie Église est l’Église conciliaire, autrement dit, celle du Vétché, et considérant qu’aucun pouvoir n’est utile à l’Église à l’exception d’une autorité morale, au sein de l’École de Formation des Laïcs, la verticale du pouvoir ‘étudiant-enseignant’ a été supprimée et l’expérience d’enseignement qui s’y déploie est une expérience de vie de l’Église fondée sur la conciliarité. Cela n’a toutefois bien entendu rien à voir avec la familiarité lumpen-prolétarienne ; il s’agit d’une forme d’auto-organisation dans laquelle il n’y a pas d’autre organisation que celle créée par les gens concernés eux-mêmes. Dès lors, dans l’école, les groupes sont petits. De plus, tout qui souhaite enseigner est également obligé d’apprendre, et tout ceux qui veulent apprendre doivent s’efforcer de faire preuve d’une capacité d’enseignant. Ainsi, la rotation des gens ‘à la chaire’ détruit complètement non seulement l’autoritarisme du discours ex-cathedra, inapproprié à une pédagogie démocratique pour adulte, mais également son ombre inévitable, l’aliénation de l’étudiant vis-à-vis de cette même ‘chaire’. Chaque groupe élabore naturellement son programme d’études et s’y tient. Seul le obneumesmodule de ‘Liturgie’ est obligatoire, il reprend le chant Znamenny, le typikon, et le slavon. Tous les autres cours, langues, histoire, théologie, sont déterminés en fonction des possibilités du collectif d’étudiants. Il s’agit d’une pédagogie différente, et elle n’est pas facile à mettre en œuvre du fait que dans le monde contemporain, l’expérience et les habitudes des gens les ont désaccoutumés complètement à être libres, à avoir du temps libre, dont la sacralité est infiniment supérieure à celle du temps de travail. Il est clair que nous allons à contre-courant de l’immense masse de la société et de sa loi de base car la société actuelle de production et de consommation a créé un véritable culte de l’occupation (occupation à produire tout autant qu’occupation à consommer). Nous renvoyons les gens à l’expérience d’un type de vie toute autre. A mon avis, ce qui est essentiel dans la pédagogie de l’École de Formation des Laïcs est l’élaboration de nouvelles habitudes de vie, et après seulement, un savoir nouveau. On commence par être libre, apprécier les loisirs, avoir des loisirs, ne pas les abandonner, à lutter avec le monde pour les conserver, à se priver de tout ce qui n’est pas nécessaire, afin de pouvoir continuer à en jouir. Ensuite, on apprend à consacrer ses loisirs à Dieu (car Dieu n’est extérieur à aucune chose, ni en nous, ni dans le monde, pour autant qu’il s’agisse de choses divines). C’est uniquement dans le cadre d’une telle intention «consacrée», «sacrificielle» (dans le sens védique du terme, dans lequel le sacrifice constitue le centre et le sens de la vie), qu’existe notre école. Ce système pédagogique n’existe dans aucun autre contexte, aucune autre perspective.

La Chapelle
Il est de notoriété publique que vous avez aménagé une chapelle dans votre appartement le long du Canal Griboedov. Pourquoi ? Car enfin, le centre de Saint-Pétersbourg est rempli d’églises, et à deux pas se trouve la Cathédrale Saint Nicolas…
Taras Sidash ChapelleIl existe à Saint-Pétersbourg une seule église des Vieux-Croyants Unis, rue Marat. Sa superficie atteint peut-être 20 m², peut-être moins. Donc, notre chapelle de 12m² signifie un agrandissement de la surface de prière des Vieux-Croyants Unis à Saint-Pétersbourg de plus de 50%. Voilà pour commencer. Ensuite, je suis profondément convaincu de ce que le futur ne se trouve pas dans les églises habituelles, dont on promeut encore la construction à Moscou. Tout ça relève du passé et du mauvais goût du Synode. Le futur, ce sera les églises dans les maisons.
Il convient sans doute de rappeler que pendant tout le Moyen-Age russe, les églises domestiques étaient incomparablement plus nombreuses que les églises publiques. Chaque homme ‘bien-mis’ avait à la maison sa chapelle, ou même une église avec un prêtre ; il s’agissait de formes de piété couramment admises en Russie. C’est pourquoi, quand je vois les hectares de nouvelles constructions et propriétés privées dans la région, sans qu’une seule fut ornée d’une croix, et pas une seule chapelle, sans bien sûr parler d’une petite église, je comprends que le christianisme tel que le connurent nos pères et ancêtres est fondamentalement oublié et n’est pas en train de se redresser… De même dans les villes. Une réelle réanimation du christianisme ce serait une situation dans laquelle on trouverait à l’entrée de chaque immeuble à appartement (dans un seul de ces immeubles vivent autant de gens que dans un village) un homme qui organiserait les offices chez lui. Dans l’entrée ou, naturellement, aux étages.
En réalité, le Patriarcat fortuné restaure la mélancolique Orthodoxie impériale, malgré qu’ils soient déjà nombreux, ceux qui sont enterrés sous ses ruines. Il est impossible d’aimer contre son gré. L’absence de goût, l’ignorance de la théologie, la non-conscience de l’histoire, tout cela n’est pas une hérésie. Et que ceux qui veulent restaurer l’Église impériale aillent dans la multitude d’églises qu’on leur a ouvertes ; nous irons notre propre chemin.
Il semble que vous promouviez le principe du «do-it-yourself» dans la sphère religieuse. Cette décision de vous distancier des «producteurs» épiscopaux ne vous facilite sans doute pas la vie…
Je dirais plutôt, le principe consistant à rendre les choses ‘miennes’. Si l’homme ne fait pas sien le Christianisme, il ne peut appartenir au Christianisme, à l’Église, au Christ. Et le contraire est vrai aussi. Pendant vingt ans j’ai observé ce qu’a fait l’éparchie, et à plusieurs reprises, j’ai même participé à ce qu’elle faisait. Il ne faut jamais construire sur de mauvaises fondations, et l’héritage soviétique était une fondation très mauvaise, tant pour l’État de Russie que pour l’Église de Russie. J’ai fini par comprendre que soit je renonçais à faire quelque chose de cohérent, soit je devais le faire sans me reposer sur les structures de l’éparchie. Il faut encore préciser ce que veut dans ce cas ‘faire soi-même’. La communauté ne peut rien créer ‘d’elle-même’. Il s’agit plutôt de ‘liturgie’ dans le sens littéral du terme, d’une ‘affaire commune’. Mais commune entre les gens et le Seigneur, leur Seigneur. Ainsi, tout ce que j’ai fait ‘moi-même’ fut de proclamer un principe, indiquer le fondement; tout le reste est entre les main des gens (dont les miennes font partie) et de Dieu.
Résumé
Chaque année, à bord de votre petit bateau, vous naviguez sur les grands lacs et fleuves. Quelle impression vous fait la Russie profonde?
J’observe l’infinie dégradation des écosystèmes, des îles brûlées, des kilomètres et des kilomètres de terres salies par les déchets de plastique et de verre, des lacs dont on a pêché tout le poisson, des forêts rasées, des villages misérables dans lesquels il n’y a rien à voir, et à côté, des villas dépourvues de goût, et dont une seule est aussi chère que tout le village ; il est très clair que quand on retirera à ce peuple la terre qu’il a salie, ce ne sera que justice.
Racontez-nous comment vous avez eu la foi qui vous a mené au baptême, et ce genre de choses…
Très vaste sujet. Je pourrais l’expliquer de façon résumée : je suis né dans une famille d’ingénieurs militaires, étroitement liée à la mer. Depuis ma petite enfance j’ai lu avidement, en donnant la préférence aux classiques russes. Pour mon plus grand bonheur, une déficience visuelle m’a interdit l’admission à l’école navale militaire Nakhimov à Saint-Pétersbourg. Je fut baptisé vers 16 ans avec la Taras Sidash 2perspective d’entrer à l’école militaro-politique (à l’époque, j’avais déjà perdu toute illusion à propos du pouvoir soviétique, mais les idées du communisme rejoignaient la manière dont j’imaginais alors des idéaux chrétiens). C’est à ce moment que j’ai commencé à écrire de la poésie. En dixième classe, je rompis avec ma famille et avec l’État, voyant dans l’un et l’autre des défauts identiques et indéracinables. Cela se produisit après une période de volontariat pour les «fouilles » qui furent organisées après le tremblement de terre de 1988 en Arménie. A partir de cette époque, mon christianisme commença a adopter des contours plus ou moins religieux. Pendant deux ans j’ai vagabondé. Je vivais dans les monastères, et comme gardien de bétail, d’Odessa à la Transbaïkalie. Après, j’ai lu Nietzsche. La rencontre avec la philosophie, alors seulement en tant que genre, me terrassa à un point tel que j’abandonnai tout le reste et pour étudier : les langues classiques, la philosophie et la patristique, en même temps. Cela se déroulait en partie à l’Université d’État et en partie à l’Institut de Philosophie et de Théologie, où je fus l’un des premiers étudiants. Ensuite, j’enseignai à quelques endroits, et nulle part je ne parvins à me trouver moi-même. C’est pourquoi je m’évadai vers la terre ; je me mis à travailler dans l’agriculture. Mais je me retrouvai dans une pauvreté extrême. Je commençai alors de longues traductions : Plotin, Julien, Plutarque, Porphyre, Grégoire le Théologien, Dion Chrysostome… Tout cela, au village, ou entre ville et village. Sans cesse j’essayais de comprendre comment il se faisait que non seulement nous souffrons, mais en plus, nous souffrons sans que cette souffrance n’ait un sens. Pendant les dernières années, une réponse à cette interrogation commença à se former en moi. Jamais je n’ai changé de foi ou de juridiction ; le seule changement dont il y ait un sens de parler, c’est celui de mes opinions politiques ; avant que je n’entre chez le Vieux-Croyants Unis, j’étais non seulement monarchiste, mais aussi impérialiste convaincu. Aujourd’hui, je suis complètement indifférent à la politique ; je promeus juste le républicanisme dans le cadre des communautés religieuses. Cela ne signifie pas que je serais désenchanté ; cela correspond à un changement de regard sur l’homme et sa constitution intérieure. Il est possible de parler de cela longuement. Pendant toute ma jeunesse, j’ai vécu ce que je pourrais nommer une religion de la souffrance. Plus tard, elle grandit et devint religion de la connaissance, et voici seulement quelques années je parvins à ce par quoi il faudrait commencer, la religion du regard. Je ne peux expliquer cela ici, mais, ce qu’on nomme «islam» dans la sphère de la volonté, c’est à dire, obéissance et confiance, possède un corrélatif dans la sphère de la contemplation ; c’est ce qu’aujourd’hui j’appelle ‘regard’. Je ne m’accroche pas particulièrement à ce mot, mais revenons sur terre : à quarante ans, je continue à cheminer, sans perdre goût ni à la pensée, ni à l’activité, ni à la beauté des mots. Si le Seigneur bénit, j’espère pouvoir Le louer encore pendant longtemps.
Traduit du russe.
Source.

Taras Sidash. Qui sont les Vieux-Croyants Unis? 3/4

Taras Sidash 3Edinoverie (Единоверие, prononcé à peu près, ‘yedinəverié’) est le nom de la communauté de Vieux-Croyants de Russie qui sont parvenus à un accord avec le Patriarcat de Moscou, et sous la juridiction duquel ils se sont placés, tout en conservant leurs particularités. On recourt parfois aussi au terme ‘coreligionnaires’  pour les nommer. L’expression ‘Vieux-Croyants Unis’ est la traduction reprise dans le «Dictionnaire russe-français des termes en usage dans l’Église Russe», de l’Institut des Études slaves. Taras Sidash, traducteur du grec ancien, écrivain, philosophe russe vivant à Saint-Pétersbourg, dont nous avons publié la traduction de quelques textes, fait partie de cette communauté de Vieux-Croyants Unis. En 2011, Taras Sidash a accordé un entretien au magazine russe ‘Valeurs Familiales’, au cours duquel  il présente sa communauté, la manière dont les Vieux-Croyants comprennent le schisme, et son analyse, acide, des événements de l’histoire de l’Église. Voici la seconde partie de l’entretien, les deux  premières parties se trouvent ici.

L’Hellénisme russe
Les Editions Oleg Abyshko publient votre livre consacré à Ivan Neronov. Pourquoi l’avoir intitulé «Hellénisme russe»?
Il ne s’agit pas d’un petit livre consacré à… C’est, pour la première fois dans l’histoire de Russie, l’édition sous forme de livre des œuvres du grand ascète et des documents concernant les jugements prononcés à son encontre. L’article que j’ai rédigé à propos de ce livre s’intitule «Hellénisme russe». Je Ioann neronovlui ai donné ce titre dans la mesure où j’y montre comment, à travers les œuvres de Saint Jean Chrysostome, les idées de la tradition philosophique hellénistique, surtout stoïque et cynique, atteignirent la Russie. Je montre comment ces idées prirent corps dans les discours et prises de position du bienheureux archiprêtre Ivan. Cette analyse rend possible un regard un peu différent sur cette époque de façon générale et une observation (comme on aurait déjà dû le faire depuis longtemps) du lien entre les traditions philosophiques russes et celles de l’Antiquité, qui s’est tissé à travers ce pan de la théologie byzantine, qui elle-même s’inscrit dans le courant de l’antique philosophie hellénistique.
Effectivement, dans la Rus’, on a eu du mal avec ce genre de choses: «Nous n’avons pas appris les finesses helléniques…» [Expression issue d’un texte manuscrit du XVe siècle. N.d.T.]
Souvent, c’est précisément cela qui induit les chercheurs en erreur. L’hellénisme russe s’est concrétisé dans la vie pratique, de sorte qu’en effet il n’y eut rien de comparable à l’engouement théorique et aux études de la Renaissance. Toutefois, la sphère du discours scientifique est loin de constituer la seule dimension susceptible de relier les époques entre elles. Le Cercle des Pieux Zélotes était composé de gens qui avait grandi dans les mêmes idéaux que les intellectuels chrétiens des premiers siècles du Christianisme impérial, de sorte que les mentions désapprobatrices «hellénique» et «sagesse mondaine»qui parsèment tous leurs écrits ne sont pas du tout «non-hellénistes» ; il s’agit d’un trait incontournable de l’hellénisme, trait qui se fixa dès le début des premiers cyniques. Curieusement, ce point de vue hellénistique se heurta, à travers les ‘savants de Kiev‘, à la vision du monde latine de la Renaissance dans le cadre de laquelle il fut souvent de bon ton d’exalter les Hellènes et en faire des modèles. Il se fit que ceux qui décrièrent les Hellènes furent plus hellénistes que ceux qui les exaltaient. Cet élément échappe régulièrement aux historiens évidemment peu informés des mouvements philosophiques de l’Antiquité et de la patristique à ses débuts, qui y est liée.
Qui considérez-vous comme vos prédécesseurs ?
Je suis un helléniste convaincu et non un byzantiniste. Cet empire bureaucratique me fut toujours profondément étranger. Les gens qui me sont les plus proches sont bien sûr ceux de l’ère de la patristique, ceux, une fois encore, dans la conscience desquels revit et se reflète l’Antiquité : Grégoire le Théologien, Jean Chrysostome, Synésios de Cyrène,… Pour ce qui concerne mes racines russes, je St André d'Oufane ferai pas preuve d’originalité en pensant que les premier Vieux-Croyants Unis furent les  croyants du vieux rite qui décidèrent de lutter contre la réforme, sans pour autant quitter l’Église. Des gens pareils, il y en eut toujours beaucoup. Dans la première génération, nous avons déjà mentionné le plus connu, Ivan Neronov (le moine Grégoire) et l’évêque Alexandre de Viatka.  A une époque plus proche de nous, j’estime surtout l’ascèse du saint martyr André Oukhtomski, évêque vieux-croyant uni de Satka (Oufa). J’ai de l’estime pour la manière dont il confessa sa foi, tant  face au pouvoir athée que devant l’épiscopat siliconé du Patriarche Serge. J’accepte pleinement son républicanisme, tant politique qu’ecclésiologique.

Le Vieux Rite.
Qu’est-ce qui est si beau dans le vieux rite?
Tout d’abord son naturel. Ensuite vraisemblablement sa conformation, c’est-à-dire des proportions parfaitement réglées dans la corrélation des différentes parties. Il est difficile de le qualifier de gracieux, du fait de l’inadéquation de toutes les traductions slavonnes prosaïques de l’original grec poétique. Et de même, la lourde poétique rhétorique byzantine ne me captive pas toujours. De toutes façons, le plus intéressant dans le rite ancien, ce n’est pas sa dimension grecque, mais ce que le fondement grec a fait naître chez nous. Cela concerne le genre mélodique, le rite, la littérature. Le pratiquant de l’ancien rite s’investit en permanence dans les différents niveau de profondeur et d’intensité de ces «réminiscences», car il s’agit de son propre rite et il lui est cher. Manifestement, il n’existe pas pour lui de chemin direct vers le spirituel, c’est-à-dire ce qui d’un côté se situe au-delà des frontières nationales et culturelles, et d’un autre côté s’avère être à leur source.
Les serviteurs du culte «pratiquent» effectivement le rite, mais les laïcs demeurent plantés comme des colonnes pendant tout l’office…
Taras Sidash domaC’est la même chose dans le nouveau rite. Pour tout Vieux-Croyant, l’office divin est littéralement une liturgie, c’est-à-dire une démarche commune. Les laïcs se répartissent dans les chœurs et y contribuent à l’office.Si l’on s’en tient à la tradition liturgique laïque (celle des Pomores), on n’a besoin du prêtre que dans des cas exceptionnels; ce sont les laïcs eux-mêmes qui peuvent et doivent accomplir l’écrasante majorité des offices.
Et il est possible de communier sans prêtre ?
Si les Saints Dons ont été présanctifiés, pourquoi pas? La communion des laïcs sans prêtre était un lieu commun dans l’Église antique, de même dans le monachisme oriental et dans la Rus’ du Moyen-Age. Dans le Grand Potrebnik (Euchologion), il y a même un rituel de la communion avec l’eau de la Théophanie. Le fait que rares sont aujourd’hui ceux qui y recourent, c’est une autre question à laquelle s’ajoute le fait que rares sont ceux qui le savent.

Traduit du Russe

Source.

Taras Sidash. Qui sont les “Vieux-Croyants Unis”? 1/4

Taras Sidash et son épouse Sophia Sapojnikova
Taras Sidash et son épouse Sophia Sapojnikova

Edinoverie (Единоверие, prononcé à peu près, ‘yedinəverié’) est le nom de la communauté de Vieux-Croyants de Russie qui sont parvenus à un accord avec le Patriarcat de Moscou, et sous la juridiction duquel ils se sont placés, tout en conservant leurs particularités. On recourt parfois aussi au terme ‘coreligionnaires’  pour les nommer. L’expression ‘Vieux-Croyants Unis’ est la traduction reprise dans le «Dictionnaire russe-français des termes en usage dans l’Église Russe», de l’Institut des Études slaves. Taras Sidash, traducteur du grec ancien, écrivain, philosophe russe vivant à Saint-Pétersbourg, dont nous avons publié la traduction de quelques textes, fait partie de cette communauté de Vieux-Croyants Unis. En 2011, Taras Sidash a accordé un entretien au magazine russe ‘Valeurs Familiales‘, au cours duquel  il présente sa communauté, la manière dont les Vieux-Croyants comprennent le schisme, et son analyse, acide, des événements de l’histoire de l’Église.
Taras Gennadievitch, dans la conscience commune, l’évocation des Vieux-Croyants fait surgir l’image du barbu obstiné fronçant les sourcils,  l’idée de la Sainte Rus’, le signe de croix à deux doigts, les longs offices sans interruption, la boyarine Morozova de Sourikov, et l’une ou l’autre chose à propos de l’Archiprêtre Avvakoum. Dans quelle mesure ces stéréotypes correspondent-ils à la réalité ?

La Boyarine Morozova
La Boyarine Morozova

Les stéréotypes que vous avancez relèvent clairement du genre de l’affiche politique, et même de la caricature politique. Comme c’est chaque fois le cas pour ce genre d’image, cela en dit plus long sur son créateur que sur la «réalité». Cela nécessite d’admettre qu’il existe quelque part une réalité à laquelle cela correspond. Mais, en même temps, pourquoi seul le Vieux-Croyant devrait-il faire penser aux longs offices et pas les moines du nouveau rite orthodoxe, ou les moines catholiques dans ces ordres qui remontent au Moyen-Age? Et j’ose à peine parler de ceux sur les visages desquels s’imprime, de nos jours, «l’idée de la Sainte Rus’» (Sourire).
Comment doit-on dire, ‘Croyant de la Vieille Foi’ (старовер) ou ‘Croyant du Vieux Rite’ (старообрядец )? Quelle est la différence ?
Le terme correct est ‘Croyant de la Vielle Foi’, car le désaccord avec les successeurs de Nikon ne consiste pas seulement en divergences de rite, mais surtout en une conception différente de ce qu’est la foi, l’homme et l’Église. Toutefois, les appellations intervenues au cours de l’histoire, et même celles utilisées par les intéressés recourent à l’autre terme. Par exemple, la hiérarchie la plus ancienne et la plus imposante, s’opposant à l’Église synodale/patriarcale, se nomma elle-même Église Orthodoxe Russe du Vieux Rite. (Русская Православная Старообрядческая Церковь). Selon moi, ce qui est tout à fait correct c’est l’appellation «Vieil-Orthodoxe» utilisée par certaines communautés, comme par exemple les Pomores : Église Vieil-Orthodoxe du Pomorié. L’expression ‘Vieil-Orthodoxe‘ reflète le mieux ce qui a réellement été changé, renouvelé par les uns et préservé dans son état antique par les autres.

Le Schisme.

Le schisme du XVIIe siècle ne survint-il pas surtout à cause de divergences rituelles ? Dans tous les livres d’histoire, on lit à peu près ceci : les zélateurs de la piété, Avvakoum, Neronov et les autres, se sont élevés contre les «nouveautés» grécophiles du Patriarche Nikon et tout le grabuge commença ainsi…
Il nous suffit de nous pencher sur les œuvres des opposants à Nikon pour constater que la «nouveauté grécophile» fondamentale fut la définition du pouvoir épiscopal et tsariste sur l’Église toute entière, selon laquelle on reconnaissait à ces pouvoirs le droit de prescrire, à leur seule discrétion et volonté, n’importe quoi à l’Église entière.
Il est très clair qu’à la fin de leur vie, renonçant à leurs nouveautés rituelles, le Patriarche Nikon et le Tsar Alexis Mikhaïlovitch, relativement omnivore en matière de rituel, pensaient que l’essentiel dans la réforme n’était pas son contenu, c’est-à-dire le refus de certaines dispositions, mais bien l’obéissance totale au pouvoir dans les questions concernant la foi. Comme l’a dit à cette époque le bourreau sanguinaire, le Patriarche Joachim : «Vielle foi, nouvelle foi, crois ce qu’on ordonne». Je cite de mémoire. Le sens de la réforme de Nikon  ne fut pas l’introduction de l’une ou l’autre nouveauté en matière de rituel, mais la confirmation par la Chrétienté russe du renoncement au statut proclamé par l’Apôtre Paul, des Chrétiens comme «peuple de Dieu» et «prêtrise royale». De nombreux Russes ne purent évidemment admettre une telle «nouveauté».
Il suffit de lire les lettres du dirigeant de la première génération d’opposants, l’Archiprêtre JeanIoann neronov Neronov, pour se convaincre une fois pour toutes que pour lui, c’était la toute puissance injustifiée du patriarche qui était tout à fait inacceptable. Quand aux rites, ils étaient seulement, pour un côté comme pour l’autre, des signes: pour les uns ils permettaient de montrer son pouvoir papal illimité, pour les autres, ils manifestaient la dénonciation de la nature non-orthodoxe de pareille ambition. Bien sûr, pour les gens simples, les rites peuvent revêtir une signification suffisante en soi, mais pour les «héroïques archiprêtres» formant l’élite intellectuelle et morale du peuple et le noyau de l’opposition anti-nikonienne, les choses ne pouvaient en être ainsi. Bref, la dimension véritablement grecque de la «grécophilie» de la cour d’Alexis Mikhaïlovitch se concentrait dans la ‘philia’ qui jusqu’à cette époque n’était pas vraiment une caractéristique des Russes ; car évidemment le contenu de cet emballement singulier, la nouvelle conscience ecclésiologique, n’avait rien de grec. Il s’agissait d’une importation latine de seconde main, une marchandise facile à écouler, sortie des bagages de certains évêques grecs vagants, réduits au négoce d’une foi de provenance inconnue.
Je comprends. Le pouvoir aurait du faire preuve de plus de douceur. Mais auparavant les choses se passaient-elles autrement ? C’était bien l’empereur et les évêques qui représentaient l’Église toute entière lors des Conciles Œcuméniques. C’était tout de même dur à cette époque-là également.
Effectivement, c’est ainsi que les choses se déroulaient alors. Et des schismes pareils au nôtre, l’Église Œcuménique en a connu quelques-uns. A quoi tout cela a-t-il mené? Ne serait-ce pas à cause de cela que les Orthodoxes du Patriarcat Œcuménique occupent encore juste un quartier d’Istamboul et quelques îles? Ne serait-ce pas à cause de cela que les schismatiques catholiques-romains sont plusieurs fois plus nombreux que tous les Orthodoxes pris ensemble? Ne serait-ce pas à cause de cela que tout le Moyen-Orient ensanglanté par les confrontations entre ceux qu’on nomme les Nestoriens et l’Église impériale constantinopolitaine, est devenu le terreau idéal pour la propagation de l’Islam ?
L’époque des Conciles Œcuméniques est celle du fiasco de la mission chrétienne. La mission fut accomplie par les méthodes impériales, en politique et en matière de spéculation, et mis à part quelques icônes miraculeusement sauvées des iconoclastes et une liste, obtenue à l’arraché, des erreurs dogmatiques qui furent rejetées, cette mission ne laissa rien pour le futur, rien sur quoi nous puissions nous appuyer dans les temps de détresse de l’Église. Cela devint évident dès que survint la première situation problématique; les Russes ne purent la résoudre sans s’appuyer sur l’autorité extérieure, grecque. De ce qu’on nomme l’héritage patristique, il est possible de déduire des conclusions très différentes, de sélectionner des précédents diamétralement opposés pour résoudre certains problèmes. Et ainsi, ni le Patriarche Nikon, ni ses opposants ne durent se priver du plaisir de se lancer à la tête toutes sortes de citations bibliques et autres. La déchéance la plus profonde qui atteignit, dès les premières décennies qui suivirent le schisme, la partie de l’Église qui avait remporté la victoire, s’explique, et sûrement pas en dernier ressort, par le fait qu’aucun de ceux qui «participèrent au débat» ne conservait après une décennie de conciles et de disputes, la moindre considération pour l’Église grecque, dont traditionnellement, l’Église russe (et particulièrement son secteur ‘nikonien’) se qualifie de prolongement et de protubérance. (A suivre)

Traduit du russe.

Source.avvakum-siberia

Métropolite Athanasios de Limassol. Invoquer le Nom du Seigneur.

Athanasios 5Dans l’éparchie d’Ekaterinbourg s’est déroulée du 27 au 29 mai 2016 une conférence monastique internationale «L’héritage patristique à la lumière de la tradition athonite : la guidance spirituelle», à laquelle ont pris part des archimandrites et higoumènes de Russie, de Grèce, de Chypre, de France, d’Allemagne et d’Ukraine. Le 28 mai, son Éminence le Métropolite Athanasios de Limassol, arrivé en Russie pour participer à la conférence, a également rencontré le clergé, les moines et des laïcs de l’éparchie. Cette rencontre fut consacrée à l’importance pour le Chrétien, particulièrement en ces temps de crise, de s’en remettre à la Providence Divine et de se sentir proche du Christ. Voici la traduction de son intervention, publiée sur le site Pravoslavie.ru le 06 juin 2016.
Notre époque connaît de nombreuses difficultés et de nombreux problèmes. Il y en eut beaucoup aussi en d’autres époques. De nombreux nuages s’amoncellent à l’horizon et les cœurs des hommes sont habités par de grandes inquiétudes. Dans le monde se produisent beaucoup d’événements difficiles, des «crises», mais nous, Chrétiens, nous devons nous occuper d’une seule crise, la crise du jugement de Dieu (En grec, jugement et crise peuvent se traduire par le même terme κρίση). Toute société reçoit une récompense en fonction de la vie qu’elle mène. Il en va de même en ce qui concerne chaque homme. Et dans toutes ces difficultés, nous entendons une voix, la voix de l’Évangile, la voix de notre Seigneur le Christ, Qui nous dit «Vous aurez à souffrir dans le monde, mais prenez courage: moi, j’ai vaincu le monde» (Jean 16:33). Read more

Métropolite Athanasios : A propos de Saint Porphyrios (3/3)

COE Métropolite AthanasiosLe Métropolite Athanasios de Limassol partage avec nous, dans son livre «Le Cœur Ouvert de l’Église», publié en 2016 par les Éditions du Monastère de la Sainte Rencontre à Moscou, l’immense trésor de l’expérience spirituelle qu’il a accumulée au cours des six décennies de sa vie, dans sa prière, au contact de ses frères et sœurs en Christ, et surtout au contact des saints de notre Église qu’il a eu la grâce de rencontrer. Les deux textes précédents évoquaient Saint Porphyrios le Kavsokalivite et concernaient le début du chapitre original en russe, le texte ci-dessous, en propose la suite et la fin. Nous avons traduit ce chapitre des pages 89 à 122 du livre précité.

Voici deux autres cas, qui se sont déroulés sur le Mont Athos. Un soir, un de mes amis, hiéromoine, priait. Soudain il entendit des pas dans le corridor de l’hésychastère (N’ayez pas peur de ce que je vais vous raconter!). La porte s’ouvrit, et Satan entra dans la cellule. Et alors, cela a commencé. Il saisit l’ascète à la gorge et le jeta sur le sol. Une lutte s’en suivit. Vers la fin de cette tentation, le hiéromoine reçut un coup sur la poitrine. Le lendemain matin, il ne raconta rien à personne. Et, comme dans l’histoire précédente, le téléphone sonna. C’était Geronda Porphyrios qui l’appelait. Mais ils ne se connaissaient pas. Geronda lui dit «Tu t’en es bien sorti hier soir! Le dernier coup que tu as reçu aurait dû régler ton compte.» Le hiéromoine demanda «Mais qui êtes-vous?» «Le Père Porphyrios». «Comment cela aurait-il pu régler mon compte, Geronda?» «Tu vas devoir avaler un paquet de médicaments!» Et effectivement, après quelques temps, le hiéromoine commença à cracher du sang. Il avait contracté la tuberculose. Et vous savez quelle quantité de médicaments il faut prendre quand on est affecté par cette maladie… Read more