Geronda Gabriel est l’un des ‘anciens’ athonites contemporains les plus connus. Depuis de nombreuses années, il mène son exploit ascétique dans la kelia de Saint Christodoulos, près de la capitale de l’Athos, Kariès. Il est impossible de dénombrer les pèlerins qui s’efforcent de rencontrer Geronda. Le site Pravoslavie.ru a publié le 1er avril 2014 un entretien qui se déroula entre Geronda Gabriel , et un des auteurs du site lors d’un pèlerinage à la Sainte Montagne.
Geronda, partout nous voyons s’effondrer des fondements qui au cours des millénaires paraissaient inébranlables. Plus que tout, c’est la chute des valeurs familiales qui suscite l’inquiétude. Comment les Chrétiens d’aujourd’hui peuvent-ils élever des enfants dans de telles circonstances ?
Il faudrait que les parents donnent des conseils à leurs enfants seulement de façon limitée. Donner sans cesse des conseils est une grande erreur pédagogique. Les enfants n’ont pas besoins de conseils ; ils ont besoins de bons exemples à imiter. Les enfants se bouchent les oreilles et dirigent leur regard vers leurs parents : ils observent leurs bonnes actions. Celui qui donne un bon conseil construit avec une seule main, mais celui qui donne un bon conseil ainsi que le bon exemple, il construit à deux mains. Celui qui donne de bons conseils et de mauvais exemples, construit d’une main et détruit sa maison de l’autre. Lorsque par mon bon exemple j’essaie de corriger mon frère, je le corrige et je m’aide moi-même. Si je m’efforce de corriger mon frère sans donner le bon exemple, seulement par des mots, je besogne en vain. Autour de nous se répand une atmosphère spirituelle que l’on ne distingue pas au son, mais que les yeux voient. Nous n’éduquons pas nos enfants à travers ce que nous voulons, ou ce que nous savons, mais à travers ce que nous sommes. Read more
Le livre de Geronda Ephrem de Philotheou «Mon Geronda Joseph, l’Ermite et Hésychaste» fut publié en 2008 à Athènes. Cette publication constitua un véritable événement dans la vie spirituelle des Orthodoxes grecs. Il fut lu pendant le repas dans tous les monastères de Grèce. En 2011, avec la bénédiction de Geronda Ephrem, le livre fit l’objet d’une traduction, ou plutôt d’une adaptation en russe, et y furent intégrés de nombreux éléments qui n’avaient pas été inclus dans la version originale. (Le livre russe ne porte d’ailleurs pas le même titre que le livre grec, et son organisation en chapitres est différente). Le texte lui-même du livre est la transcription des enregistrements de récits et souvenirs narrés par Geronda Ephrem à ses enfants spirituels. La Lorgnette de Tsargrad propose la traduction d’extraits de la version russe du livre, qui s’intitule «Ma Vie avec Geronda Joseph» (Моя жизнь со Старцем Иосифом).
Chapitre Premier. Dans le Monde.
Pendant les premières années de la catastrophique occupation allemande, alors que j’avais arrêté d’aller à l’école pour pouvoir travailler, un hiéromoine de la Sainte Montagne vint à Volos desservir une des deux églises paroissiales des zélotes vieux-calendaristes. Son père spirituel était Geronda Joseph l’Hésychaste, comme il l’appelait. Ce hiéromoine athonite devint pour moi un précieux conseiller, une aide dans la vie spirituelle. Je lui demandai d’être mon père spirituel et grâce à ses conseils et à ses récits, je ressentis bientôt combien mon cœur s’éloignait du monde et aspirait à la Sainte Montagne. Quelque chose de particulier brûlait en moi quand il me narrait la vie de Geronda Joseph, et en moi s’enflamma la prière de pouvoir faire rapidement sa connaissance. Je tentai, pour autant que cela fût accessible à un enfant, de mener un combat ascétique et, âgé, de quatorze ans, décidai de devenir moine. Mon père spirituel, Ephrem, me dit «Yannakis, tu ne pas encore devenir moine, tu es encore trop jeune. Grandis encore un peu, alors nous verrons». Read more
«Romanité ou barbarie? L’Origine historique du conflit séculaire entre Hellénisme et Occident», est un ouvrage écrit par Anastasios Philippidès et publié en 1994 sous le titre «Ρωμηοσύνη ή βαρβαρότητα». Outre l’originalité et la pertinence de son analyse historique, dans la lignée des enseignements du P. Jean Romanides et du Métropolite Hiérotheos de Naupacte, il constitue un éclairage extrêmement intéressant de la situation de crise qui s’est déployée en Grèce depuis quelques années. Il semble que le livre précité n’ait pas été traduit en français à ce jour. Voici la traduction de l’introduction de l’ouvrage. Pour la cohérence avec le propos de l’auteur nous avons traduit le grec Ελλάδα et Έλληνες non par Grèce et Grecs, mais par Hellade et Hellènes (la version anglaise du livre ayant retenu Hellas et Hellènes).
(…) En dépit des importants transferts de fonds de la Union Européenne, l’Hellade semble s’éloigner de ses collègues européens, plutôt que s’en rapprocher. A ce jour, la réaction politique hellénique se limite à des tentatives d’obtenir des Fonds européens les montants d’aide les plus élevés possible. En d’autres mots, le point de vue qui prévaut est celui selon lequel le problème est purement un problème ‘d’inégalité de développement’, qui peut être résolu uniquement au moyen de fonds et de know-how technique à transférer de l’Union Européenne vers l’Hellade. Read more
Au début du mois de juin 2016 s’est tenue une assemblée du Saint Synode de l’Église de Grèce, préparatoire au Saint et Grand Concile qui a été annoncé. Le Métropolite Hiérotheos de Naupacte y a prononcé un discours dense, dont voici un deuxième extrait. Le premier se trouve ici. La question de la personne n’est pas une question oiseuse, c’est-à-dire scolastique. Elle revêt la plus haute importance. Dans notre terminologie s’est introduite une habitude fréquente; nous parlons de «la personne humaine» et de sa «sainteté», de la différence entre «personne et individu», et de beaucoup de choses qui sont la négation de la théologie de nos Pères.
J’ai lu le communiqué commun écrit à Mytilène par le Pape, le Patriarche et l’Archevêque d’Athènes. Il fait mention de la «protection de la vie humaine», de la «violation de la dignité humaine des libertés et droits humains fondamentaux», mais pas de la personne humaine. Read more
Geronda Gabriel est l’un des ‘anciens’ athonites contemporains les plus connus. Depuis de nombreuses années, il mène son exploit ascétique dans la kelia de Saint Christodoulos, près de la capitale de l’Athos, Kariès. Il est impossible de dénombrer les pèlerins qui s’efforcent de rencontrer Geronda. Le site Pravoslavie.ru a publié en novembre 2012 un entretien avec Geronda. En voici deux extraits.
Pour nous sauver, Dieu attend que nous nous repentions. Le Seigneur ne souhaite ni guerre, ni malheur, ni maladie. Dieu ne nous a pas créés pour que nous souffrions sur terre et ensuite pour que nous tombions en enfer. Mais Il ne peut nous sauver si nous ne le voulons pas.
Les Saints Pères disent que le repentir peut sauver non seulement notre pays, mais l’humanité entière. Mais si nous ne nous repentons pas, nous serons perdus! Il nous adviendra la même chose qu’à Sodome et Gomorrhe: elles brûlèrent intégralement, excepté Lot et ses deux filles. Ou la même chose qu’à l’humanité de l’époque de Noé : nous périrons noyés dans le déluge.
Dieu nous a donné Sa Loi afin que nous puissions être heureux sur terre et hériter la joie éternelle du Paradis. Si seulement l’humanité observait un seul commandement de l’Évangile, nous serions déjà, ici, en cette vie, au Paradis. De quel commandement s’agit-il ?
«Aime ton prochain comme toi-même». Si les gens commençaient à le mettre en pratique, toute armée serait superflue et on pourrait cesser de produire du matériel militaire. Les prisons, les facultés de droit et les tribunaux n’auraient plus aucune utilité. Les policiers seraient forcés de trouver un nouvel emploi. Et on n’aurait plus besoin de signalisation, ni de serrures. Pourquoi ?
Parce que j’aimerai mon prochain comme moi-même. Vais-je me tuer moi-même? Vais-je me détrousser? Vais-je me porter préjudice? Dieu est très affligé par le comportement des Orthodoxes contemporains. Car enfin, ne l’avons-nous pas renié? Nous avons rejeté sa loi et avons institué nos propres lois.
Un jour, pendant une bataille, Alexandre le Grand vit un soldat qui se dissimulait derrière le dos de ses camarades. Il accourut et lui demanda : «Comment t’appelles-tu?» Le jeune homme lui répondit «Alexandre». Alors, Alexandre le Macédonien lui répliqua «Alexandre? Dans ce cas, ou tu changes de nom ou tu changes de comportement. M’as-tu jamais vu me cachant pendant une bataille?» Ainsi, le Parlement de Grèce doit changer de comportement ou de nom. Avec tout ce qu’il fait, il ne mérite pas de s’appeler «Vouli» [Le grec ‘βουλή’ fait partie du champ lexical indo-européen se rapportant à la notion de ‘vouloir’ N.d.T.] Il serait beaucoup plus approprié de l’appeler «dépourvu de volonté, inconsistant et irréfléchi» car il a abrogé les Commandements de Dieu et adopté ses propres «lois». Un des dix commandements dit : «Tu ne tueras point». Les députés grecs ont dit : «A bas le Commandement de Dieu. Tue!» Et ils ont légalisé l’avortement. Le Seigneur a dit : «Tu ne commettras point l’adultère». Et eux de répliquer : «A bas le Commandement de Dieu». Et ils ont légalisé la prostitution, l’homosexualité, la crémation et le mariage civil. Ils ont ôté les icônes des bâtiments publics ainsi que la croix du drapeau grec. Les députés grecs se préoccupent-ils du bien de leur patrie? Lui veulent-ils du bien? Sont-ils les pères et les sauveurs du peuple ou le détruisent-ils et lui arrachent-ils ses racines? Par leurs propos et leurs actes politiques, ils démontrent qu’ils ne croient pas en Dieu, en l’immortalité de l’âme, au Paradis et à l’enfer, au Jugement Dernier et à la rétribution des péchés. Tout cela, ils considèrent que ce sont de dangereuses erreurs, «l’opium du peuple». S’ils ne se repentent pas, on ne les prendra même pas en enfer. Dieu créera un lieu de tourment particulièrement pour eux. Et avec tous leurs titres, leurs honneurs, leurs «mérites politiques» ils iront décorer les fosses les plus profondes et effrayantes de la géhenne!» C’est à Eleftherios Venizelos [Premier Ministre de Grèce à plusieurs reprises entre 1910 et 1932] qu’appartiennent les paroles suivantes: le politicien pense à la prochaine élection, l’homme politique, aux générations futures. Nos acteurs politiques pensent-ils au destin de notre Patrie? Les hommes politiques du passé vivaient pour la Patrie, et non sur son compte. Les députés d’aujourd’hui vivent-ils pour la Grèce ?
(…)
Je vais vous conter deux histoires.
Sur la Sainte Montagne de l’Athos, dans les Katounakia, vivait Geronda Ephrem. Un de ses voisins vint à construire une église près de sa kelia. Et il décida d’y ériger une iconostase. Il se rendit auprès d’un moine et lui demanda :
-Tu me demanderais combien de pièces pour me faire une iconostase ?
-Quinze pièces.
Il alla en voir un autre et demanda combien coûterait le travail.
-Douze pièces.
Ensuite, il se rendit auprès du Père Ephrem et lui dit: «Construis-moi une iconostase.» Geronda Ephrem, sans poser la moindre question, se lança à l’ouvrage. Quand tout fut terminé, le voisin proposa à Geronda deux pièces en échange de son pénible labeur de plusieurs jours et lui demanda :
-Est-ce suffisant, Père ?
-Cela suffit. Répondit Geronda Ephrem.
Après le départ du voisin, un novice vint auprès du Père Ephrem et dit :
-Mais Geronda, il t’a floué! Tu as travaillé si longtemps et tu n’as reçu que deux pièces?
Geronda Ephrem lui répondit :
-Fils, il nous faut garder quelque chose pour la vie à venir. Si ici sur terre, nous recevons tout «notre dû», quelle récompense aurons-nous quand nous arriverons dans l’éternité?
Les années passèrent. Geronda Ephrem mourut. Et voilà que le novice le vit en songe. Geronda se trouvait dans un vallon merveilleux et autour de lui étaient dispersées quelques jolies maisonnettes. L’une d’entre elles était particulièrement belle et le novice demanda:
-Père, elle vaut combien cette maison?
-Elle a été construite avec l’argent de l’iconostase. Ce que nous ne recevons pas sur terre, Dieu nous le donne plus tard.
Voici la seconde histoire.
Deux hommes se querellèrent à propos d’une parcelle de terrain. Ils ne parvenaient pas à résoudre le litige de façon paisible et décidèrent d’aller s’adresser à un sage geronda. Les ayant entendus, celui-ci proposa d’aller jusque la parcelle contestée, ce qu’ils firent. «Cette terre est à moi!», cria l’un. «Non, à moi!», répliqua l’autre. Alors, le geronda se mit à genoux et commença à prier. Ensuite, il se leva et dit :
-J’ai demandé à la terre.
-Que t’a-t-elle répondu ? S’enquirent les querelleurs.
-Elle a dit que c’est vous qui lui appartenez, et non le contraire. Source
L’entretien ci-dessous fut enregistré par des moines et moniales, enfants spirituels de Geronda Ephrem de Philotheou, qui résident en Grèce, lors d’une visite qu’ils effectuèrent au Monastère de Saint Antoine le Grand en Arizona, en Mai 2014. A l’origine, il a été publié sous le titre ; La Grèce va souffrir car elle a tourné le dos au Christ. (Γέροντας Εφραίμ της Αριζόνας: «Η Ελλάδα θα υποφέρει γιατί γύρισε την πλάτη της στο Χριστό»)
Geronda Ephrem : Regardez cette photographie de Geronda Joseph l’Hésychaste. J’ai eu un grand père spirituel. Il était tout feu tout flamme, un phénomène d’homme ! Il ne pensait qu’aux choses célestes, voilà comment il vivait. Les deux mots qu’il prononçait sans relâche étaient patience et prière, car c’est ainsi que la Providence Divine nous aide autant qu’Il le permette. Nous lui étions soumis et ne nous querellions jamais. D’autres, de l’extérieur, nous ont créé des problèmes et ont sali Geronda, l’accusant faussement. Mais Geronda Joseph disait : «Laissez-les parler, je ne dirai rien».
Enfant spirituel : Geronda, nous sommes très faibles en tout. Que va-t-il advenir de nous ?
G.E. De nos jours, nous vivons des temps différents. Dieu a d’autres critères pour aujourd’hui. Geronda Joseph tenait une université spirituelle. Je suis déjà heureux que vous soyez au lycée spirituel. Il règne une telle confusion spirituelle. Une gigantesque tornade emporte tout. Accrochez-vous fermement à la Tradition que je vous ai donnée, et sachez qu’aujourd’hui, c’est une véritable confession que de dire que Jésus Christ est notre Dieu. Les forces sombres ne veulent pas cela.
E.S. Geronda, qu’est-il resté dans votre âme, de toutes ces années de lutte ?
G.E. Tout cela est secondaire, tout cela est accessoire. L’essentiel est le nom de notre Christ. Et maintenant, après toutes ces années qui se sont écoulées, je vois concrètement que c’est seulement avec l’amour que l’homme peut vaincre. J’ai vécu une vie de labeur et de souffrance, dans la pauvreté, sous les Allemands, la faim s’y ajouta pendant l’occupation, et puis les tentations et les peines dans les monastères. Une lutte intense. Seuls les noms du Christ et de notre Panagia m’ont permis de traverser cela. Celui qui ne récite pas chaque jour le nom du Christ et de notre Panagia n’est pas un Chrétien.
E.S. Ce qu’il y a de plus grand, c’est la prière du Christ ?
G.E. Oui, car alors on se souvient de notre Christ en permanence. Les Saints Pères furent illuminés et nous léguèrent cette petite prière. Juste quelques mots. «Seigneur Jésus Christ, aie pitié de nous» et «Très Sainte Mère de Dieu, sauve nous». Il n’est pas nécessaire de lire des encyclopédies, ni de nombreux livres. Avec ces deux petites prières, tous les Chrétiens peuvent assurer leur salut. Les moines et les moniales, qui sont débarrassés des préoccupations du monde, prient beaucoup, et ils peuvent atteindre des cimes. Notre Panagia y contribue beaucoup. C’est comme s’ils parlaient à l’oreille de notre Christ. Ils se consacrent à la prière, elle est leur tâche principale. Et celui qui a reçu le don de la prière du cœur ne sera pas importuné par les péages après la mort. Immédiatement après celle-ci, ils vont droit au Christ. Il n’existe aucun obstacle car le nom du Christ est puissant. Dieu est feu.
E.S. Et l’Acathiste à notre Theotokos, est-ce aussi une prière puissante?
G.E. Oui, elle l’est. Quand on la psalmodie, on reçoit joie et illumination de la part de notre Panagia. Elle m’aide vraiment beaucoup. Elle me sort de nombreuses impasses.
E.S. Aujourd’hui, nous souffrons beaucoup du désespoir et de l’impatience.
G.E. Le désespoir provient toujours du diable, et quiconque désespère perd ses forces. Le fondement de la vie, c’est la patience. Si nous n’en avons pas, notre vie se dissout.
E.S. Geronda, le monde, nous, sommes dans une situation difficile, avec tout ce qui se passe et tout ce qu’on entend. La peur règne.
G.E. Oui, je sens que des catastrophes surviendront ; elles surviennent déjà, chaque jour. C’est la raison pour laquelle on se précipite vers les monastères et les églises. Mais il ne faut pas avoir peur. Réfléchissez donc ; si un seul ordre angélique s’est transformé en démons et cause tant de dégâts, combien d’aide ne recevons-nous pas des neuf autres ordres angéliques ? Un jour, j’ai vu le Christ sur Son trône. A Ses côtés se tenait notre Panagia, les ordres angéliques et les saints. Et tous attendaient un hochement de tête du Christ pour venir en aide à l’humanité dans cette situation nouvelle. Si nous remplissons chaque jour notre cœur avec le Christ, notre foi se renforce, et nous pouvons faire face à tout. Notre Panagia plaide et intercède en notre faveur, de façon incessante, afin que nous recevions force et optimisme.
E.S. Geronda, à votre âge, priez-vous comme aux premiers jours ou est-ce différent ?
G.E. Je prie mieux aujourd’hui qu’à mes débuts. Ma prière n’a évidemment pas la densité de celle de Geronda Joseph l’Hésychaste, mais elle est toutefois puissante et cela réconforte ma petite âme dans tout ce qu’elle doit endurer.
E.S. Souvent, un parfum se dégage des saintes reliques.
G.E. C’est comme si elles disaient que nous sommes parents.
E.S. Le cancer est très répandu aujourd’hui.
G.E. Les patients qui souffrent du cancer sont des martyrs. Je m’emploie à leur donner de la force, par mes prières et mes conseils. Et quand je le peux, je leur rends visite.
E.S. Nombreux sont ceux qui traversent de dures épreuves, dues soit à la malice d’autrui, soit à leurs propres méfaits. C’est si dur, comme s’ils vivaient ici en enfer.
G.E. Ceux qui vivent l’enfer ici et donnent un sens à cette situation en fonction de critères spirituels ne seront pas jugés lors de leur mort ; ils iront directement dans les bras du Christ. Mais s’ils ne donnent pas un sens à cela selon des critères spirituels, ils souffriront cet enfer dans la vie prochaine aussi.
A propos du Paradis, je souhaite raconter ceci. Avant que je n’atteigne quatre-vingts ans, je suis souvent allé au Paradis. Maintenant aussi, bien sûr, mais l’âge joue son rôle. Un jour le Seigneur me prit par la main et me dit : «Ici, tu as fondé une église, là tu as confessé et sauvé une âme, ici tu as réconforté, là tu as admonesté… ». En d’autres termes, Il me racontait tout et Ses paroles me remplissaient de joie à un point tel que je dis : Mon doux Christ, je ne peux pas supporter cela. Je n’en peux plus. Je vais exploser, renvoie-moi». Et je me retrouvai dans ma cellule. Une autre fois, au Paradis, je vis un gentilhomme. A ses côtés se tenait un cheval superbe, à la queue tressée en spirale. J’en fus jaloux, je voulais aussi en posséder un pareil. Le gentilhomme me cria sur un ton de commandement : «Va dire à l’armée que son arrière garde n’est pas protégée ; les rebelles (c’est-à-dire les démons) vont l’attaquer». Je me hâtais d’aller les prévenir et revins en courant annoncer que je les avais prévenus. Il me serra dans ses bras, enfourcha sa monture et s’en alla tout sourire.
E.S. En d’autres mots, Geronda, beaucoup de choses se déroulent sur un autre plan et nous ne le voyons pas ?
G.E. Bien sûr. C’est pourquoi nous devons toujours être prudents. Il faut faire très attention. Nous serons soumis à un jugement terrible.
E.S. A quoi ressemble l’enfer ?
G.E. A quoi il ressemble? L’horreur. L’horreur. Puisse même un seul oiseau ne jamais avoir à y aller. Les gens se noient dans les tourments infernaux, en compagnie des démons, de la même manière qu’ils se noient dans la mer. Nous devons prier pour les morts. C’est un grand acte de miséricorde. Ma mère fut une femme vertueuse. J’ai fondé mon enfance sur ses paroles. Avant de mourir, elle fut alitée pendant deux ans, et elle disait : «Père, dis à Dieu de me reprendre, je suis fatiguée». Mais avant de partir, elle lutta.
E.S. Contre qui lutta-t-elle ?
G.E. Contre les démons.
E.S. Vous les avez vus ?
G.E. Oui, de la même façon que je vois les gens.
E.S. Et il n’y avait pas d’Archange pour l’aider ?
G.E. Il se tenait derrière elle. Il restait en retrait afin qu’elle combattit seule et gagna ainsi une couronne.
E.S. On entend parler de tous ces désastres qui s’annoncent. Qu’adviendra-t-il de nous qui cherchons l’aide de Dieu ?
G.E. Dieu agira avec chacun selon son plan de salut pour sauver tout homme. Mais ! Quelles épreuves nous attendent ! Quelles grandes difficultés! Athènes a de nombreux saints cachés, mais ce sont le Mont Athos et Saint Dimitri qui soutiennent la Grèce du Nord. J’éprouve un amour particulier pour Saint Dimitri. Je dors avec son Saint Myrron. La Grèce a tourné le dos au Christ. C’est pourquoi elle souffrira beaucoup. Les enfants de la Grèce sont soit très lumineux, soit très noirs. Les enfants de parents vertueux sont le levain du Christ et le futur de la Grèce.
E.S. Dans les familles, de nombreuses femmes souffrent, de nos jours.
G.E. Le Christ est proche des âmes méprisées.
E.S. Certains jouissent d’un don spirituel particulier. Comment de telles choses se produisent-elles?
G.E. Soit ont-ils été maltraités et calomniés, soit ont-ils atteint un tel degré de profondeur dans un domaine, qu’ils ont reçu ces dons. Au plus nous luttons pour Dieu, au plus Il chante pour nous.
E.S. Dernièrement des choses extraordinaires se sont produites à Jérusalem.
G.E. J’aurais moi aussi voulu les voir. C’est là qu’est la base de notre Christ. Le Saint Tombeau est éclairé chaque jour par la Sainte Lumière. Et à Pâques, ce cadeau est généralement offert à tous. Vous devriez aller à Jérusalem. Là on voit ce que le Christ a enduré pour nous. Et nous l’en remercions, autant que nous puissions répondre à Son amour. Jadis, j’y suis allé, moi aussi.
E.S. Parfois des malentendus surgissent entre nous.
G.E. C’est humain. Ils ne disparaîtront jamais. Nous devons les dépasser et courir vers le Christ. Nous devons penser à ce que le Christ a préparé pour nous, dans le très bon Paradis, après Sa seconde Parousie. Maintenant nous avançons vers le narthex du Paradis, l’esprit de l’homme ne peut concevoir ce à quoi ressemble le très bon Paradis. Tout lumière ! Tout parfum ! Une joie indicible! La béatitude! Rien n’y vieillit! Le Christ veut toutes choses nouvelles en Son Royaume, rien d’incongru. Ma mère est décédée à l’âge de 95 ans, et je la vois au Paradis, à trente ans.
Pendant la guerre, j’avais des voisins handicapés mentaux. Deux petits gars. On jouait ensemble et ils venaient vers moi. On est partis en même temps. Je les ai retrouvés au Paradis ; ils étaient morts jeunes, à cause de la faim. Je leur dis : “Mais que faites-vous ici ? A quoi passez-vous votre temps?». Ils me répondirent : Ephrem, ici, nous ne causons pas, ici, nous étudions». Ils avaient été incapables d’écrire seulement leur nom, et au Paradis, voilà qu’ils étudiaient. Cela témoigne de la perfection du Paradis.
E.S. Nombreux sont ceux qui aident les monastères à faire face à leurs besoins.
G.E. Tout ce qu’ils auront fait sera écrit dans les cieux. Puissent-ils avoir la paix, une bonne santé, et que la bénédiction soit sur leurs maisons.
E.S. A l’église, il y avait des gens du monde entier. Votre œuvre est merveilleuse, Geronda, pareille à celle des Saints Apôtres. «Enseignez les Nations ».
G.E. Je ne suis qu’une coquille de noix creuse. Je n’ai rien fait.
E.S. A quoi pensez-vous, maintenant, à votre âge ?
G.E. Je pense à cimenter mon œuvre ici. Beaucoup de gens ont été sauvés, beaucoup de petites âmes. Mais comment puis-je aller au-devant du Seigneur ? Où irai-je, moi, le misérable?
E.S. Le Seigneur enverra Ses Anges vous chercher.
G.E. Je ne sais ce que décidera le Seigneur. (…)
E.S. Geronda, Monsieur P… est mort, le jour de la fête d’un grand saint.
G.E. Celui-ci lui a ouvert les portes du Paradis, et il pourra y entrer. Quand quelqu’un meurt et que sa petite âme est sauvée, le saint que l’on fête ce jour-là l’accueille au Paradis, car c’est leur fête.
E.S. Nombreux sont ceux qui meurent soudainement.
G.E. C’est vrai. Chaque jour, nous devons avoir notre billet de sortie en main. Nous ne savons ce qui peut se produire. Un jour j’ai confessé quelqu’un dans un hôpital, au moyen de hochement de tête. Tout de suite après il est mort. Il avait fait une bonne chose au cours de sa vie, et il fut sauvé au dernier moment. Dans ma vie, j’ai traversé bien des épreuves, et j’ai pu voir que la Divine Providence dirige tout pour le bien de l’homme. Puisse le rappel de la mort ne jamais nous quitter. Lisez dans le Gerontikon le dialogue entre Saint Macaire et le crâne.
Un jour j’eus une vision de moi-même. J’étais habillé somptueusement, avec des habits de cérémonie et je me tenais sur une plate-forme. Des filles que j’avais confessées se trouvaient en contrebas de celle-ci et elles criaient : «Geronda, Geronda, nous aussi, nous voulons être là avec vous», mais ce ne leur était pas permis. Cela témoigne de ma responsabilité et de la grâce de la prêtrise. C’est pourquoi vous devriez prier pour moi. Et soyez ordonnés et soigneux. Luttez chaque jour, tant que vous pouvez. Notre Christ aime les moines car ils forment son armée.
E.S. Geronda, lorsque vous serez au Paradis, intercéderez-vous pour nous, vos moines et moniales, et pour ceux qui demandent votre aide ?
G.E. Bien entendu, je le ferai.
E.S. Mais comment répondra-t-Il ?
G.E. Ne vous en faites pas, je veillerai, ne vous inquiétez pas.
E.S. Geronda, quand vous mourrez, alors que nous serons encore en vie, ne nous oubliez pas au milieu des bienfaits dont vous jouirez avec notre Christ pendant que nous continuerons à lutter.
G.E. (Riant) Non, une telle chose ne se produira pas.
E.S. Geronda, demain, nous partons, dites-nous encore une dernière chose.
G.E. Que votre voyage soit paisible et bénit. Vous avez ma bénédiction. Puissiez-vous conserver une bonne santé et revenir ici auprès de moi. Chacun connaît sa croix, mais le Testament que je vous lègue est de connaître l’Esprit Saint. Œuvrez à construire cette connaissance en vous, gardez les commandements de l’Evangile, et puisse votre âme demeurer en paix. Ayez de l’amour, de la concorde et criez le nom du Christ et de la Panagia. Que les Anges vous accompagnent.
G.E. Comment appellent-ils ceux qui se marient illégalement ici ?
E.S. Vous parlez des homosexuels ?
G.E. Oui, eux. L’Ancien Testament dit : «Mon Esprit ne restera pas avec les hommes car ils sont de chair». Ces mots s’appliquent aujourd’hui. Sodome brûla, comme par les effets d’une bombe nucléaire. Le Christ ne tolère pas de tels péchés. On voue aujourd’hui un culte à tous les péchés de la chair. Il n’y a aucun repentir. Sainte Marie l’Égyptienne se repentit. Tous les homosexuels seront éliminés. Tout va devenir sale, nucléaire, tout sale. La guerre va survenir, à cause de nos péchés.
Traduit de l’anglais et du grec.