Geronda Arsenios, le Spiléote. Vie et enseignements (1)

Le texte ci-dessous est le début de la traduction en français de la version russe du livre «Geronda Arsenios, le Spiléote, compagnon des exploits ascétiques de Geronda Joseph l’Hésychaste». Geronda Joseph a rejoint officiellement il y a peu le Chœur des Saints. Ce n’est pas encore le cas de Geronda Arsenios, qui demeure un des nombreux saints glorifiés par Dieu et par les fidèles mais pas encore par l’Église.
La version russe utilisée est «Старец Арсений Пещерник, сподвижник старца Иосифа Исихаста / Монах Иосиф Дионисиатис», éditée en 2002 à Moscou par le Podvorié de la Trinité-Saint Serge. L’original grec (Ο Γέρων Αρσένιος ο Σπηλαιώτης (1886-1983)) ne semble plus édité depuis 2008. Il en existe une version anglaise datée de 2005, sans mention de la maison d’édition. Une traduction officielle en français de ce remarquable petit livre n’existe pas à notre connaissance. Notre traduction est entamée ici et sera poursuivie sur le présent blog jusqu’où Dieu le voudra.

Dédicace de l’auteur
Le présent ouvrage est dédié à mon Geronda de bienheureuse mémoire et vénérable higoumène du saint monastère de Dionysiou, Charalampos.
Il fut écrit par devoir envers mon Geronda, mais aussi parce qu’il le méritait, faisant partie physiquement et spirituellement de la lignée de Geronda Arsenios le Spiléote.
Accepte dès lors, Père à la mémoire bénie, cet ouvrage comme une épitaphe manuscrite exprimant ma gratitude sans bornes.

Salutation de Sa Béatitude l’Archevêque Chrysostome
C’est avec notre intérêt paternel que nous saluons l’édition du livre «Geronda Arsenios le Spiléote»
Son auteur, le Père Joseph Dionysatis, est cypriote d’origine, et moine. Il vécut plus de trente ans à la Sainte Montagne, et eut le bonheur de rencontrer de saints hommes qui vivaient les commandements de l’Évangile et étaient des modèles de vertu et de sainteté. L’un d’eux, nos contemporains, fut Geronda Arsène. Le présent livre contient le récit de sa vie et ses enseignements.
Convaincu de ce que les lecteurs du livre «Geronda Arsenios le Spiléote» en tireront grand profit, nous bénissons son édition et en recommandons la lecture aux fidèles chrétiens de la plénitude de notre Église.
Nous accordons nos paternelles bénédictions à l’auteur, Père Joseph. Et nous exprimons notre profonde satisfaction de ce que les profits de la vente de l’ouvrage seront consacrés à l’aide de jeunes gens captifs du vortex de la dépendance narcotique.
Avec nos prières au Seigneur.
Votre intercesseur auprès du Seigneur, Chrysostome, Archevêque de Chypre
Saint Archevêché de Chypre, le 20 juin 2001

Préface.
Un grand et doux pratiquant des vertus

Geronda Arsenios

A Geronda Arsenios s’appliquent les paroles de l’Évangile : «Voici un vrai Israélite, en qui il n’y a pas de fraude» (J.1;47). Il était d’une nature spontanée, simple, ingénue, humble, obéissant. Il fut un rare héros de l’ascèse, et du dépouillement. Les mots de l’Évangile : «Que ton oui soit oui et que ton non soit non»(Mat.5;37) pouvaient en permanence être appliqués à Geronda Arsenios. Jamais il ne fut rancunier, quoi qu’on lui ait fait, jamais il ne se mit en colère, jamais il ne fit tort à personne. Son obéissance était parfaite ; grâce à cette obéissance et à sa foi absolue en son geronda, il vécut quotidiennement au-dessus des lois de la nature.
Le soir, il commençait ses vigiles durant lesquelles son labeur ascétique consistait en des milliers de grandes métanies, et en prière en station debout, jusqu’au lever du soleil. Il se concentrait de la sorte dans la prière et s’y attachait tellement intimement, qu’il ne pensait pas à l’interrompre quand venait le moment des travaux quotidiens. Alors, nous devions aller l’appeler, et nous approchant jusqu’à sa petite fenêtre, nous pouvions le voir se tenant droit comme un cierge, dans un autre monde.
– Geronda, l’heure des travaux est arrivée.
Et Geronda, revenant à lui nous répondait, incrédule :
– Est-ce possible que le soleil soit déjà levé ?
Dans son immense simplicité, ce geronda atteignit l’essence même de la vie monastique. Il se donna tout entier à ses obédiences et à ses exploits ascétiques, c’est pourquoi il atteignit ce qu’il souhaitait. Il acquit en lui la prière, il acquit Dieu en lui. Le moine qui ne s’efforce pas d’atteindre ce but avant tout essuiera un échec
Geronda Arsène était un grand et doux pratiquant des vertus. Il fut un des saints athonites contemporains. Que sa bénédiction soit sur nous.

Geronda Joseph de Vatopedi.

Introduction

«Souvenez-vous de ceux qui vous conduisent, qui vous ont annoncé la parole de Dieu ; et considérant quelle a été l’issue de leur vie, imitez, leur foi»(Heb.13;7).
Lorsque je décidai de visiter pour la première fois la Sainte Montagne de l’Athos, en la salutaire année 1964, la Divine Providence voulut que le monastère de Saint Denis l’Athonite fût le premier monastère de la Sainte Montagne à m’accueillir. J’y vécus une vingtaine de jours avec l’ami laïc qui m’accompagnait, aujourd’hui hiéromoine.
Là, on vénérait particulièrement, parmi d’autres pères, l’Higoumène Gabriel de bienheureuse mémoire. Par l’élévation, comme il disait, du niveau spirituel, ce merveilleux higoumène attira hors des ermitages athonites de vertueux porteurs de l’Esprit, pour l’aider dans ses saints labeurs. A cette époque, le monastère avait reçu une bénédiction particulière, s’enrichissant d’un de ces porteurs de l’Esprit, un des fils spirituels du grand hésychaste de notre temps, Geronda Joseph l’Ermite. Ce porteur de l’Esprit, ce père spirituel s’appelait Père Charalampos. Un des novices, originaire de notre région, proposa de nous emmener à la kaliva où ce père spirituel menait ses exploits ascétiques. Elle se trouvait à un peu plus d’une heure de marche du monastère, dans la direction de Nea Skiti.
Et un beau matin de printemps, mon ami, notre guide-novice et compatriote et moi, sommes sortis du monastère. Ma première impression, que je n’oublierai jamais, je la reçus de cette belle promenade le long d’un sentier étroit parmi la forêt et les buissons fleuris et parfumés à gauche, du côté du Mont Athos, et la pente raide et abrupte à droite, où l’on pouvait apercevoir l’immense Golfe Singitique au fond de la deuxième péninsule de Chalcidique. Plus loin, après l’une des descentes, surgit le monastère de Saint-Paul et juste au-dessus, une gorge enneigée et un Athos blanc éblouissant, comme un géant mythologique. Une vue panoramique s’ouvrit sur le saint sommet couvert de nuages blancs, comme d’un voile. Peu de temps après apparu la haute tour de Nea Skiti.Alors qu’on apercevait la première kaliva, notre guide nous dit :
– C’est le Père Ephrem, le frère spirituel de notre père spirituel. Vous voulez faire sa connaissance?
– Oui, évidemment !
Nous entrâmes. Geronda nous accueillit très chaleureusement et ses paroles éclairées produisirent sur nous une impression spirituelle extraordinaire. Une autre chose laissa sa marque dans mon âme; le comportement de trois ou quatre de ses novices, qui nous apportèrent la friandise habituellement servie dans de tels cas. Ils nous l’apportèrent en silence, seulement en murmurant continuellement la prière: «Seigneur Jésus–Christ, aie pitié de moi». J’eus l’impression qu’ils vivaient dans un autre monde.
De la fenêtre de la kelia, nous avions vue, vers le bas, sur deux autres petites kalivas.
– Quelles sont ces kalivas?
– C’est la kaliva de notre père spirituel.
– Et là-bas, la petite?
– C’est là que vit un saint vieillard, le Père Arsène… Mais ne vous pressez pas, nous verrons tout.
Après être sortis, nous descendîmes à la kelia du Père Charalampos, le père spirituel. Nous regardâmes. Quelqu’un travaillait dans le jardin. «Eh bien le voilà», nous dit notre guide. A peine nous eut-il vus que le Père Charalampos abandonna son labeur et nous accueillit avec beaucoup d’amour, nous invitant à entrer dans sa kaliva. Après les impressions merveilleuses reçues de notre contact avec le père spirituel, il nous restait à aller rendre visite au geronda qui vivait dans la kaliva non-loin.
Dès la première minute, nous vîmes sur son visage calme les traits du saint moine doté de nombreux dons, douceur, amour, humilité. Mais sa simplicité bienheureuse et sa gentillesse le démarquaient le plus. C’était Geronda Arsène.
C’est avec ce saint vieillard qu’il me fut donné de vivre les dix-huit années suivant de sa vie sur terre ; depuis le jour où la Très Sainte Mère de Dieu, notre Souveraine, m’enleva du monde et m’introduisit dans la jeune communauté du père spirituel, le Père Charalampos. Tout le monde considérait que le geronda de la communauté, c’était le Père Arsène, le plus âgé, mais la responsabilité administrative reposait entièrement sur mon geronda, le Père Charalampos.

Le Saint Geronda Charalampos

Beaucoup de livres ont été édités au cours des dernières années au sujet des gerondas du Mont Athos. Mais dans la mesure où jusqu’à ce jour, quasiment rien n’a été écrit au sujet de la vie miraculeuse vécue par le Père Arsène, particulièrement à propos de ces années qu’il vécut sous la direction de son grand compagnon d’exploits ascétiques, Geronda Joseph l’Ermite, mon indignité, malgré toute mon incapacité au travail littéraire, a estimé qu’il était obligatoire d’esquisser au moins quelques lignes sur ce saint geronda. En outre, tel était le souhait général de beaucoup de ses enfants spirituels.
Tout ce que j’écris ici est emprunté soit aux récit de geronda lui-même, soit aux récits de ceux qui composèrent son environnement le plus proche.
Cette édition peut être décrite comme une sorte de récit de synthèse sur la vie de deux grands compagnons, les Pères Joseph et Arsène, et avec eux, de leurs enfants spirituels. Cependant, le centre et le visage principal du récit demeure Geronda Arsène.
En ce qui concerne la langue, je transmets dans une certaine mesure librement et dans un style mélangé les expressions de geronda, parce que, comme on le sait, le Père parlait plutôt imparfaitement la langue Grecque moderne.
À tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont contribué à la rédaction de ce livre, j’exprime ma chaleureuse gratitude. (A suivre)
Traduit du russe

Source :

Le Starets Adrian (Kirsanov), le fort en Dieu. (2)

Le texte ci-dessous est la deuxième partie de la traduction d’un texte russe de Madame Maria Poukhova «Сильный о Боге» К пятилетию со дня кончины архимандрита Адриана (Кирсанова), publié le 28 avril 2023 sur le site Pravoslavie.ru pour le cinquième anniversaire de la natalice de l’Archimandrite Adrian (Kirsanov)
Voici cinq ans, le 28 avril 2018, décédait dans sa 97e année l’Archimandrite Adrian (Kirsanov), starets clairvoyant et moine du Monastère de la Dormition de la Très Sainte Mère de Dieu à Pskov-Petchory. A l’occasion du cinquième anniversaire de la juste dormition du starets, nous publions quelques souvenirs de ses enfants spirituels.

Quand le tirage du premier livre concernant le Père Adrian, «Le Thaumaturge de Petchory» fut envoyé à Moscou, des paroissiens de notre église se réunirent à l’entrepôt pour le déchargement. Un homme se tenait près d’eux. Il venait de déposer son véhicule aux installations juste à côté du dépôt, pour le faire nettoyer. L’homme fumait nonchalamment en attendant que sa fourgonnette soit prête. Quand la camionnette de la typographie arriva et que les palettes du livres furent déchargées, il… se mit soudain à aboyer. Il se tenait là debout et aboyait d’une voix profonde. Il fut incapable, le pauvre, de s’arrêter tant que les portes du dépôt ne se refermèrent sur les palettes de livres, car il aboyait contre eux…
Le Père Adrian disait que si nous faisons un seul faux pas, nous pouvons devenir la proie des démons. Lui, il les combattit toute sa vie. Le Seigneur lui donna une grâce spéciale permettant de vaincre ce mal antique. Une de mes connaissances suspendit au-dessus de sa table une photo du Starets. Et quand son parent buveur vint la voir et entra dans la pièce, il frissonna «Qui est-ce?». Le pauvre, il ne pouvait pas supporter la photo du Père d’Adrian et s’efforça de quitter les lieux rapidement! Comme pendant sa vie, les malades sentaient son approche, après sa mort, il brûle encore l’ennemi par la simple reproduction de son apparence.
Le Père Adrien reçut une grâce, une force spéciale du Seigneur, celle de combattre les mauvais esprits de l’air. Avec la bénédiction du Patriarche Alexis Ier de Moscou et de toute la Russie, il a porté pendant plus de 30 ans la lourde Croix d’un service ecclésiastique rare, celui de célébrer les offices pour expulser les mauvais esprits.
«Il n’est pas raisonnable pour n’importe qui de contredire le diable, mais seulement pour les forts de Dieu, à qui obéissent les démons, a déclaré Saint Barsanuphe le Grand. Si l’un des faibles les contredit, il tombe sous leur pouvoir, les démons le maudissent, affirmant qu’il les contredit. Beaucoup de saints ont-ils barré la route au diable, comme Saint Michel l’Archange, qui le fit parce qu’il en avait le pouvoir? Les expulser est l’affaire des grands hommes… Nous, les faibles, ne pouvons que recourir au nom de Jésus.»
Des enfants spirituels du Starets se souviennent :
«Celui qui aime Dieu, il est tout lumineux, et tout son amour se déverse sur son prochain, et le prochain baigne dans cet amour. C’est pourquoi autour du Père Adrian tout était toujours chaleureux, l’âme s’apaisait, le cœur se réchauffait, s’emplissait de la joie céleste.»
Des iconographes venus pour la première fois de Géorgie chez le Père Adrian se souvinrent chaleureusement de cette rencontre. Ils s’approchèrent de lui pour recevoir l’onction, et Batiouchka leur dit :
– Ah, des yeux familiers!
– Nous sommes iconographes!
– Alors je comprends, sourit le Starets…
Un jour, des amis, une famille nombreuse portant le «délicieux» patronyme d’Abricot, arrivèrent chez le Starets. Et il leur a dit: «Oh, les abricots sont arrivés, mais je ne vois pas de fruit!» Il y avait là de quoi réfléchir…

Starets Adrian

Nadejda, une fille spirituelle du Starets, se souvient : «Le Père Adrian est un thaumaturge. Il y avait un nombre incroyable de guérisons autour de lui. Je peux dire que je suis handicapée depuis mon enfance et que je serais morte depuis longtemps sans ses prières». Quand chez Nadejda du myrrhon s’écoula d’une photo du Père d’Adrian, elle vint au monastère et le raconta au Starets. Le Père se tut pendant longtemps, puis dit pensivement: «Ce ne sont que mes larmes pour vous...».
Un jour, une institutrice s’adressa au fils de Nadejda : «Je sais que votre famille va à Petchory voir Batiouchka Adrian. Dites à votre maman de lui demander s’il peut prier pour ma petite-fille Juliette : elle doit subir une nouvelle opération des reins. Elle est déjà couverte de cicatrices, une plaie vivante!». A cette époque, cette pauvre femme avait perdu tout courage, comprenant que les médecins ne pouvaient aider sa petite-fille. Et comme celle qui va se noyer se raccroche à la moindre paille qui flotte, elle demanda l’aide de gens croyants. Elle n’avait plus personne en qui espérer, sinon en Dieu. Nadejda communiqua bien sûr cette demande au Père Adrian, et il bénit «Dis-lui : qu’elle donne de la kacha à la petite». Voilà tout ce que fut sa réponse. Rentrée à la maison, Nadejda téléphona immédiatement à l’institutrice : «Ne vous étonnez pas, le Starets a béni que vous nourrissiez la petite avec de la kacha. Faites-la obéir». A ce moment, on récoltait déjà les fonds pour faire opérer la fillette en Israël. Mais mère et fille prirent la réponse de Batiouchka comme parole de Dieu et nourrirent consciencieusement la petite de kacha, d’abord par cuillerée, puis deux, puis une pour mami et une pour papi… D’où aurait-elle tiré son appétit? La maladie l’avait rendue diaphane; il ne restait quasi plus de vie en elle. Et cette seule kacha, bénie par le Starets, agit de façon miraculeuse sur le petit enfant. Juliette reprit vie, retrouva de la joie, et son appétit revint. La joie de la mère ne connaissait pas de limite en voyant son enfant chéri, qu’elle avait été à deux doigts de devoir enterrer, et que le Starets avec arraché à la tombe. Et bien sûr, il n’était plus question d’aucune opération.
Nadejda racontait que quand elle «se souvenait de Batiouchka, ces paroles de l’Évangile lui venaient à l’esprit : «Il ne disputera point, il ne criera point, et on n’entendra pas sa voix dans les places publiques. Il ne brisera point le roseau froissé et n’éteindra point la mèche qui fume encore»(Mat.12;19-20). Ainsi, patiemment et avec bienveillance, le Père Adrian me mena de sa main, des ténèbres à la lumière. Quand Batiouchka passa dans l’autre monde, j’ai cessé d’être maternée, portée dans les bras. Je pensais que je ne pouvais tenir sur mes jambes, que je tomberais sans cesse. Mais le Père Adrian est tellement fort dans ses intercessions devant le Seigneur, qu’il continua à m’aider après sa dormition : comme s’il me tenait d’une main ferme par la peau du cou : «Avance Nadejda, avance!» Et j’essaie, j’avance, par ses saintes prières…»
On pouvait aller poser n’importe quelle question au Père Adrian, même les plus insolubles. Et soudain, tout se mettait en place, et le pèlerin voyait s’ouvrir à lui la suite de son chemin, le chemin le plus court vers le salut. Et le Starets le guidait. Ce n’était pas par hasard qu’on surnommait le Père Adrian «Batiouchka le consolateur».
Ses enfants spirituels racontaient qu’«il consolait toujours, calmait, trouvait les paroles qu’il fallait. On le quittait comme avec des ailes, comme si on n’était plus sur terre mais au-dessus».
En 2018, Mikhaïl Ivanovitch T. vint de Biélorussie voir son père spirituel, le Père Adrian. Après la liturgie dans l’église, l’auxiliaire de cellule vint le trouver et lui dit que Batiouchka l’appelait. «Quand nous sommes entrés dans la cellule, se souvient Mikhaïl Ivanovitch, le Starets était tout faible, allongé. Me voyant, il se réjouit et s’assit sur son lit. Et soudain, à ce moment, le Père Adrian et toute la cellule resplendirent d’une lumière exceptionnelle!». Batiouchka tenta de minimiser : «C’est le Père Supérieur qui a installé un si bon éclairage dans le monastère!». Mais Mikhaïl Ivanovitch et l’auxiliaire de cellule était pétrifiés, ils ne pouvaient reprendre leurs esprits, tellement ils étaient stupéfaits par cette lumière non-terrestre, par le sentiment de joie, de grâce, qui émanait du Starets, et par la beauté spirituelle exceptionnelle de son visage. Et Mikhaïl Ivanovitch ajoutait : «Batiouchka ne nous donna pas l’occasion de reprendre nos esprits, il commença à parler de divers péchés, et dit ensuite : ‘Tu vois, Michenka, je me prépare à la confession, et après l’office, on va me donner les Saints Dons !‘. Ensuite il me fit une onction d’huile sainte et dit : ‘Viens me voir le 28 avril, le jour anniversaire de ton épouse!‘».

Les bienheureux startsy Ioann et Adrian

Visiblement, le Père Adrian connaissait le jour de sa dormition : le 28 avril 2018, dans sa 97e année Batiouchka s’en alla vers le Seigneur. Ses enfants spirituels étaient orphelins. Notre «Batiouchka consolateur» nous avait quittés, mais sa prière ne s’éteignit pas, elle resplendit avec plus de clarté encore devant le Trône du Seigneur, et la Sainte Rus’ acquit un nouvel intercesseur céleste.
Batiouchka disait : «Quand je serai parti, ma prière sera encore plus forte, plus puissante, venez seulement me demander, venez, demandez !…»
Traduit du russe
Source

Le Starets Adrian (Kirsanov), le fort en Dieu. (1)

Le texte ci-dessous est la traduction d’un texte russe de Madame Maria Poukhova «Сильный о Боге» К пятилетию со дня кончины архимандрита Адриана (Кирсанова), publié le 28 avril 2023 sur le site Pravoslavie.ru pour le cinquième anniversaire de la natalice de l’Archimandrite Adrian (Kirsanov)
Voici cinq ans, le 28 avril 2018, décédait dans sa 97e année l’Archimandrite Adrian (Kirsanov), starets clairvoyant et moine du Monastère de la Dormition de la Très Sainte Mère de Dieu à Pskov-Petchory. A l’occasion du cinquième anniversaire de la juste dormition du starets, nous publions quelques souvenirs de ses enfants spirituels.

Une rencontre avec le Starets, c’était comme un ruisseau vivifiant, ou une brise rafraîchissante, qui refroidit la tête enflammée par les pensées et les doutes, et apporte calme et paix à l’âme. Le Père Adrian (Kirsanov) était le guide spirituel de milliers et de milliers de fidèles orthodoxes en Russie et dans le monde entier.
En glorifiant les saints, nous glorifions le Seigneur avant tout, Lui qui les a choisis, les a sanctifiés et demeure en eux, comme en Ses temples non-faits de main d’homme. Quand on s’approche, jusqu’à la toucher même un tant soit peu, de la vie d’un homme qui plaît à Dieu, même si on ne participe que très brièvement à son podvig, alors s’ouvre devant nous comme un rideau spirituel et les limites du monde invisible peuvent s’effacer pour un instant. L’écrivain Nina Pavlovna a raconté cela à mon amie la moniale Élisabeth quand elle rendit visite à celle-ci à Optino. Nina Pavlovna expliqua que pendant qu’elle écrivait le livre «Pâques rouges», elle subit d’évidentes attaques démoniaques. Une d’elles se produisit alors qu’elle traversait le bosquet de la skite. Autour, il n’y avait pas une âme. Soudain, comme surgi de terre apparut devant elle un moine en sous-rason noir. Son visage exprimait une haine si féroce que Nina Alexandrovna s’arrêta, en désarroi. Et le «moine» avança les mains vers les yeux de Nina, clairement pour les arracher. Elle parvint à se signer, alors l’attaquant laissa tomber les bras et … disparut.
Et quand on préparait pour l’impression la série de livres au sujet de l’Archimandrite Adrian, notre petit collectif d’édition subit également les attaques des forces invisibles du mal. Mais tout cela apporta un bénéfice spirituel, éclaircissant et fortifiant notre foi.
Saint Jean Chrysostome a dit que : «lorsque nous jouissons de la faveur d’En-haut, non seulement nous pouvons éviter les calomnies des méchants, mais si des bêtes féroces nous attaquent, nous n’en subissons aucun dommage…».
La moniale Mariamna se souvient : «Il priait, comme ça, et tout se mettait directement en place. Comment, personne ne le comprenait, on pouvait juste s’en émerveiller». Pendant trente ans, la moniale Mariamna mena son obédience auprès du Père Adrian. Elle apprit à renoncer à sa propre volonté devant le Starets, et progressivement, son cœur s’attendrit et apprit les principales vertus chrétiennes: l’humilité et l’amour. «Parfois, c’était si dur que quand j’arrivais près du Père Adrian, je ne pouvais prononcer que deux mots ‘aidez-moi!’Et il me répondait: ‘Je sais, je sais tout, je vais prier pour toi!’. Oui, c’était dur, mais quand je m’éloignais alors de Batiouchka, je sentais que des ailes me poussaient sur le dos. C’est tout juste si elles ne me soulevaient pas du sol et que je ne m’envolais pas! Voilà les consolations que je recevais. Toute ma croissance spirituelle est liée au Père Adrian. A travers les startsy, le Seigneur envoie tant de grâce que parfois, on n’est pas capable de la recevoir. Mais on sait toujours qu’après, il va falloir tenir bon! Et il faut être d’accord de vivre les afflictions et les endurer. C’est pourquoi, n’importe qui ne peut entretenir une relation avec un starets, loin de là..
Pleine d’ignorance, comme la mariée dans l’antiquité,
Je marche au hasard pour acquérir de l’expérience.
ainsi Dieu me martèle jusqu’à ce qu’il ne reste plus un espace vivant,
Afin d’accepter Sa Bonne Nouvelle sans un cri …
Ces lignes de la poétesse Sofia Agayanz semblent dédiées à la moniale Mariamna, l’une des filles spirituelles les plus proches du père Adrian. Le Starets s’adressait affectueusement à elle: «ma petite fille!» Mais pour devenir sa «petite fille», elle dût suivre la dure école de la formation spirituelle: apprendre la patience dans les afflictions, l’humilité et l’obéissance. Le deuxième livre de la série «Par les prières des startsy», consacré à la mémoire de l’Archimandrite Adrian est intitulé «Ma petite fille!». La Divine Providence voulut qu’il sortit d’édition le jour du cinquième anniversaire de la natalice du Père Adrian.
Avant cette sortie, la moniale Mariamna dût traverser bien des épreuves : maladies, désagréments, afflictions inattendues s’abattaient sur son entourage le plus proche. Quand à la veille de la fête, elle se préparait à la communion, ses jambes se mirent à gonfler de façon inattendue et douloureuse, au point qu’il fallut appeler les soins urgents, car on soupçonnait une thrombose. Elle fut admise quelques heures en observation, puis on lui permit de sortir en début de nuit.
Lorsque notre rédactrice Nina Ivanovna commença travail à partir du livre manuscrit, elle s’y consacra jusqu’au milieu de la nuit. Le faubourg de Moscou, dans lequel elle vit, s’était calmé depuis longtemps, la journée chaude avait été remplacée par la fraîcheur de la nuit. Nina se mit au lit, mais une demi-heure plus tard, elle sursauta au son de voix masculines bruyantes: apparemment, une compagnie ivre passait devant sa clôture. Selon le timbre des voix, elle détermina qu’ils étaient jeunes, mais leur discours était étrange: une langue inconnue, plutôt un ensemble de sons… Et puis éclata une musique si terrible, insupportable à l’ouïe, que Nina Ivanovna se souvint de ses jeunes années: «Cela ne se compare à aucune discothèque, cela devait s’entendre, probablement, à plusieurs kilomètres, ils avaient réveillé tout le village!» Et cette musique (si on peut l’appeler ainsi) était sans mots et ressemblait aux sons de l’harmonica. Et c’était tellement inhabituel que Nina se ressaisit finalement et commença à prier. Quand elle traça le signe de croix sur la fenêtre, la cacophonie déchirante s’interrompit immédiatement. «J’ai eu l’impression d’être sourde à cause du silence qui se réinstallait, se souvient-elle en frissonnant. Et puis il y a eu un piétinement et un coup fort sur mon portillon de fer, comme si on voulait le renverser. Et après ça, je n’ai plus entendu de bruit! J’ai aussi pensé: Comment est-possible? S’ils ont éteint leur magnétophone, ou ce qu’ils avaient là, s’il ont frappé la barrière, pourquoi n’ont-ils pas dit un mot après cela? Cette compagnie ivre aurait dû se retirer, et je l’aurais certainement entendue…». Et quand la nuit suivante, une créature, clairement pas un chat ou un homme, hurla sauvagement sous sa fenêtre, elle décida de déménager d’urgence à Moscou chez sa sœur. Dieu merci, après avoir prié et tracé le signe de croix sur la fenêtre, tout s’est calmé. «Oui, ce n’était pas facile de travailler sur ce livre», admit Nina. «Et si je n’avais pas reçu la bénédiction de mon père spirituel, je n’aurais pas pu le terminer.» Et après la prière au Père Adrian, ces phénomènes ne se répétèrent plus.
Notre bienfaitrice fit un rêve remarquable avant l’envoi de la maquette du livre à la typographie. Larissa raconta : «Je me suis retrouvée dans un endroit sombre et inconnu, et je voyais devant moi des hommes barbus et trapus, très semblables les uns aux autres. Ils étaient quinze, se tenaient par groupes de deux ou trois près de moi et me transperçaient littéralement du regard. Et le regard de tous était identique, insolent, je ne peux pas le qualifier autrement. L’un d’eux était plus proche de moi, et j’ai demandé ce qu’il me voulait. «Voilà, ça!» et il a sauté vers moi et s’est agrippé à moi en s’affaissant. J’ai compris: maintenant, il va me glisser vers le bas, sous terre! Gloire à Dieu, à cet instant, je me suis souvenue du starets, et rassemblant mes dernières forces, j’ai hurlé, ou plutôt glapi d’une voix sifflante car j’étais comme mortellement prise dans un collet d’acier : «Père Adrian, aide-moi!». A la seconde-même, je m’éveillai, et à mon plus grand effroi je sentis sur ma poitrine et mon ventre comme un bloc de pierre. Je me suis mise à le secouer et finalement je compris que je pouvais me lever. Je courus prendre de l’eau sainte et mon livre de prières… ». (A suivre)
Traduit du russe

Source

Les Histoires du Paradis du Père Adrian. (4/4)

Le texte ci-dessous est fin de la traduction d’un original russe préparé par Madame Olga Orlova, et publié le 5 mai 2018 sur le site Pravoslavie.ru. Il propose à travers une série de témoignages, un portrait du héros de l’ascèse, le Starets Archimandrite du grand schème Adrien (Kirsanov), du Monastère de Pskov-Petchory. Il fut un des grands startsy de la fin du XXe et du début du XXIe siècle, avec son confrère le Starets Ioann (Krestiankine) de bienheureuse mémoire. Ils furent deux luminaires qui répandirent avec abondance la grâce de Dieu au Monastère des Grottes de Pskov, déjà riche en saints et bienheureux startsy du XXe siècle. «Ceux qui ici sur terre étaient auprès de lui, se trouvaient comme au paradis».

Souvenirs de Raïssa Moustafievna, fille spirituelle du Starets.
Sans cesse, Batiouchka me bénissait pour que je me fasse humble. Il m’enjoignit de penser de moi-même que j’étais une brebis gâtée. Et parfois, s’y ajoutait une variante : «brebis puante». Et quand un homme venait se confesser à lui et faire montre d’un grand repentir, Batiouchka lui signifiait soudain :
– «Dis que tu es un mouton pourri!»
– «Comment ça?» se troublait l’homme.
– «Frappe-toi la poitrine et dis ‘je suis un mouton pourri, le plus pourri!»
Il fallait se faire humble : des juristes travaillaient comme concierges et aidaient les possédés à remplir leurs formulaires de demande de pension, gagnant eux-même leur vie comme balayeurs. Read more

Les Histoires du Paradis du Père Adrian. (3/4)

Le texte ci-dessous est troisième partie de la traduction d’un original russe préparé par Madame Olga Orlova, et publié le 5 mai 2018 sur le site Pravoslavie.ru. Il propose à travers une série de témoignages, un portrait du héros de l’ascèse, le Starets Archimandrite du grand schème Adrien (Kirsanov), du Monastère de Pskov-Petchory. Il fut un des grands startsy de la fin du XXe et du début du XXIe siècle, avec son confrère le Starets Ioann (Krestiankine) de bienheureuse mémoire. Ils furent deux luminaires qui répandirent avec abondance la grâce de Dieu au Monastère des Grottes de Pskov, déjà riche en saints et bienheureux startsy du XXe siècle. «Ceux qui ici sur terre étaient auprès de lui, se trouvaient comme au paradis».

Souvenirs de l’Higoumène Augustin, catéchiste du Monastère de Pskov-Petchory.
Le Père Adrien était si simple qu’aujourd’hui, des gens comme lui, il n’y en a vraisemblablement plus. On peut voir ou écouter sur les enregistrements vidéo ou audio comme Batiouchka parle sans aucun détour, en commettant des erreurs. Je l’ai rencontré pour la première fois dans sa cellule alors que j’étais encore un jeune metteur en scène de théâtre, connaissant à peine la vie en l’Église. J’étais par contre très au fait de toutes sortes d’enseignements orientaux, et je m’intéressais à la méthode permettant d’atteindre la perfection dans l’Orthodoxie.
«Prie!», me répondit simplement le Père Adrien. Et pour moi, cette unique parole devint une révélation : tu veux savoir comment atteindre la perfection? Eh bien demande à Dieu! Tu ne sais pas comment c’est possible, alors demande que le Seigneur t’apprenne la prière. Read more

Les Histoires du Paradis du Père Adrian. (2/4)

Le texte ci-dessous est la deuxième partie de la traduction d’un original russe préparé par Madame Olga Orlova, et publié le 5 mai 2018 sur le site Pravoslavie.ru. Il propose à travers une série de témoignages, un portrait du héros de l’ascèse, le Starets Archimandrite du grand schème Adrien (Kirsanov), du Monastère de Pskov-Petchory. Il fut un des grands startsy de la fin du XXe et du début du XXIe siècle, avec son confrère le Starets Ioann (Krestiankine) de bienheureuse mémoire. Ils furent deux luminaires qui répandirent avec abondance la grâce de Dieu au Monastère des Grottes de Pskov, déjà riche en saints et bienheureux startsy du XXe siècle. «Ceux qui ici sur terre étaient auprès de lui, se trouvaient comme au paradis».

La Très Sainte Mère de Dieu de Kossina

Je me dirigeai vers la sortie de l’église. Il y avait là l’icône de la Dormition de la Très Sainte Mère de Dieu. Le Père Adrian se tenait à côté de celle-ci. Il me plaça devant l’icône et me dit une parole encourageante. Read more