Métropolite Néophytos de Morfou. Comment je voyais Saint Païssios l’Athonite. (3)

MNMoLe texte ci-dessous est la traduction d’une version russe mise en ligne le cinq février 2023 sur le site du Monastère Sretenie de Moscou, sous le titre :ПРЕПОДОБНЫЙ СТАРЕЦ ПАИСИЙ СВЯТОГОРЕЦ. ЧАСТЬ 2 Митрополит Морфский Неофит (Масурас). Dans ce texte, transcription d’une vidéo, le Métropolite Néophytos de Morfou illustre certains traits particuliers du Saint Geronda Païssios.

Saint Païssios répétait souvent qu’il est bon que nous entretenions une bienveillante inquiétude au sujet de notre âme, de notre famille, de notre patrie, de l’Orthodoxie, des musulmans, des croyants, des incroyants. Pourquoi disait-il cela? C’est mon interprétation personnelle, et je peux me tromper, mais je pense que c’était parce qu’il était un réfugié. J’ai déjà souligné que Saint Jacques (Tsalikis) en était un aussi. Read more

Métropolite Néophytos de Morfou. Comment je voyais Saint Païssios l’Athonite. (2)

MNMoLe texte ci-dessous est la traduction d’une deuxième partie d’une version russe mise en ligne le premier février 2023 sur le site du Monastère Sretenie de Moscou, sous le titre :ПРЕПОДОБНЫЙ СТАРЕЦ ПАИСИЙ СВЯТОГОРЕЦ. ЧАСТЬ 1 Митрополит Морфский Неофит (Масурас). Dans ce texte, transcription d’une vidéo, le Métropolite Néophytos de Morfou illustre certains traits particuliers du Saint Geronda Païssios.

Un autre trait remarquable de Saint Païssios était l’acuité de son esprit. Avec l’aide de celle-ci, il s’adaptait à son interlocuteur. Avec les évêques, il parlait comme un évêque, avec le patriarche, comme un patriarche, avec un moine, comme un moine, avec un père de famille, comme un père de famille. C’était un trait étonnant chez cet homme qui aima l’ascèse dès son jeune âge : s’adapter à son interlocuteur, quel que soient l’âge et la situation de celui-ci. Il était un homme très sincère. Voulez-vous que je vous parle d’un petit défaut? Read more

Métropolite Néophytos de Morfou. Comment je voyais Saint Païssios l’Athonite. (1)

MNMoLe texte ci-dessous est la première partie d’une version russe mise en ligne le premier février 2023 sur le site du Monastère Sretenie de Moscou, sous le titre :ПРЕПОДОБНЫЙ СТАРЕЦ ПАИСИЙ СВЯТОГОРЕЦ. ЧАСТЬ 1 Митрополит Морфский Неофит (Масурас). Le Métropolite Néophytos de Morfou propose de garder en mémoire certains traits particuliers du Saint Geronda Païssios.

Saint Païssios est un saint homme e avec lequel la Divine Providence me jugea digne de faire connaissance en 1982, quand j’étais étudiant à la Faculté de Droit. Par la suite, étant devenu diacre à Chypre, je me rendais de temps à autre à la Sainte Montagne. Je ne cache pas que l’aimant le plus puissant pour beaucoup de visiteurs, c’était la personnalité du saint Geronda Païssios. C’était quelqu’un qui pouvait sentir la douleur de l’autre, qui pratiquait la prière du cœur. Read more

La Bienheureuse Staritsa Théodosia : Vivez en paix, restez avec le Seigneur Dieu ! (4)

L’original russe de ce long texte a été préparé par Madame Olga Orlova et publié le 15 mai 2017 sur le site Pravoslavie.ru, sous le titre «Vivez en paix, restez avec le Seigneur Dieu! Souvenirs de la Moniale du grand schème Théodosia (Kossorotikhina)». («Живите в мире,оставайтесь с Господом Богом!» Памяти схимонахини Феодосии (Косоротихиной)). Voici l’introduction de Madame Orlova.(…) Nous nous souvenons de Matouchka Théodosia, la staritsa qui décéda le 15 mai 2014. Matouchka priait sans relâche, clairvoyante, elle jouissait de nombreux dons spirituels. Physiquement, elle était non seulement invalide, mais immobile. Elle demeura allongée, paralysée, presque soixante ans, dont quasiment vingt dans une sorte de coma. Mais en esprit, Matouchka demeurait vive, elle était toujours avec Dieu. Elle resta toujours une travailleuse. Maintenant, elle travaille dans le champ spirituel ; elle console, encourage et aide par ses conseils et ses prières une foule de gens toujours grandissante.

Comme sur des ailes !
Matouchka Théodosia recevait les pèlerins la nuit. Elle commençait vers neuf ou dix heures le soir, et poursuivait jusqu’au dernier. Et les dernières années, il pouvait y avoir entre cent et cent cinquante visiteurs en une nuit. Au début, la milice et les collaborateurs du kgb traquaient les fidèles, c’est pourquoi les visites à la Staritsa se passaient la nuit. Par la suite, l’habitude fut conservée. Elle recevait les pèlerins la nuit et priait le jour. Quand Matouchka dormait, ses proches avaient du mal à répondre. Olga Soloviev, épouse du petit-neveu de Matouchka Sergia, se souvient que Matouchka Théodosia pouvait prier très longuement Dieu et la Très Sainte Mère de Dieu, avec des larmes, jusqu’à ce qu’elle reçoive une réponse. Les moines disent qu’il n’y a pas de travail plus lourd que la prière. L’âme elle-même doit en principe avoir une prédisposition pour ce labeur. Ainsi, la vive et courageuse Natalia fut paralysée pendant plus de soixante années, dont vingt ans sans manifester conscience, mais l’appétit pour le travail s’avère être une caractéristique de l’esprit et non du corps. Ainsi, lors de la séparation de l’âme et du corps, ne s’adresse-t-il pas à tous ces travailleurs toujours utiles, cet appel du Seigneur : «C’est bien, serviteur bon et fidèle … entre dans la joie de ton maître»(Math.25;21) ?
La Moniale du grand schème Théodosia termina ses jours à l’âge de 90 ans, le 15 mai 2014, jour de la fête des Saints Princes Confesseurs de la Foi et Martyrs Boris et Gleb, aux quels était dédicacée l’église la plus proche de sa maisonnette, et où furent célébrées ses funérailles. Quelques heures avant son décès, Matouchka, tout à fait consciente, communia aux Saints Dons. Ensuite, se préparant à sa mort, elle demanda au prêtre qui venait de la communier, Constantin Goussarov, le Recteur de l’église des Saints Princes Boris et Gleb, d’examiner le «paquet pour sa mort», c’est-à-dire les choses préparées pour son inhumation. Lorsque Vladika Cyrille vint prendre congé, il vit la foule rassemblée, le clergé en habits rouges de Pâques, toutes les fleurs qui avaient été apportées, et qui non seulement entouraient le cercueil, mais qu’on ne put disposer dans l’église mais qu’on plaça dans la rue le long des murs de l’église, il dit spontanément : «Cela ne ressemble plus à un enterrement, mais à une glorification». La célébration du quarantième jour après le décès de Matouchka eut lieu dans la Cathédrale des Saints de Riazan. Auprès de cette travailleuse, tous devenaient légers, joyeux. Les soeurs du monastère qui se trouvait jadis près de la maisonnette de Matouchka disaient : «Nous arrivons fatiguées et désespérée, et nous quittions Matouchka comme sur des ailes!».
«Dans le village, il n’y avait pas une flaque d’eau (Elles sont pourtant très impressionnantes sur les routes défoncées d’Oktobria) que je ne pouvais franchir en sautant quand je sortais de chez Matouchka!», admet franchement un voisin, aujourd’hui devenu un homme d’affaires accablé par les tracas et les nombreux contentieux du monde commercial.
Matouchka donnait non seulement la force spirituelle de couvrir les infirmités et les manies des proches avec amour, humilité, patience; elle donnait aussi une énergie d’une grâce tangible qui permettait de surmonter les difficultés et les maladies. À côté de la Staritsa, et en présence de Dieu proche d’elle, tout était facile, même dans les tribulations.
Ainsi, elle dénonçait la domination imaginaire du péché et du modèle éphémère de ce monde sur l’âme immortelle de chacun de nous et sur l’esprit libéré par le Sacrifice du Christ. Dans son cœur, le Christ était vraiment ressuscité. Matouchka Théodosia ne cacha aucun secret de sa vie fertile, elle ne les emporta pas avec elle. L’essentiel, commandait-elle, est que les gens retournent à l’Église, se repentent, reçoivent la Sainte Communion. «Vivez en paix», disait-elle. «Où la paix est là est la grâce de Dieu.» «Restez avec le Seigneur Dieu!»
Bienheureuse Matouchka Théodosia, prie Dieu pour nous!
Traduit du russe
Source

La Bienheureuse Staritsa Théodosia : Vivez en paix, restez avec le Seigneur Dieu ! (3)

L’original russe de ce long texte a été préparé par Madame Olga Orlova et publié le 15 mai 2017 sur le site Pravoslavie.ru, sous le titre «Vivez en paix, restez avec le Seigneur Dieu! Souvenirs de la Moniale du grand schème Théodosia (Kossorotikhina)». («Живите в мире,оставайтесь с Господом Богом!» Памяти схимонахини Феодосии (Косоротихиной)). Voici l’introduction de Madame Orlova.(…) Nous nous souvenons de Matouchka Théodosia, la staritsa qui décéda le 15 mai 2014. Matouchka priait sans relâche, clairvoyante, elle jouissait de nombreux dons spirituels. Physiquement, elle était non seulement invalide, mais immobile. Elle demeura allongée, paralysée, presque soixante ans, dont quasiment vingt dans une sorte de coma. Mais en esprit, Matouchka demeurait vive, elle était toujours avec Dieu. Elle resta toujours une travailleuse. Maintenant, elle travaille dans le champ spirituel ; elle console, encourage et aide par ses conseils et ses prières une foule de gens toujours grandissante.

«Vivre avec Dieu»
Matouchka accueillait tout le monde. «Matouchka, il y a là tout une bande de tziganes. On les empêche d’entrer?». Les enfants spirituels de Matouchka voulaient préserver la tranquillité de la staritsa. «Comment-ça, empêcher les tziganes d’entrer!?» répliqua Matouchka. Il s’avèrent qu’ils étaient venus lui présenter un couple de jeunes pour qu’elle les bénisse avant leur mariage. Dans leurs familles, les anciennes générations décidaient entre elles qui parmi les jeunes doit se marier avec qui, et ensuite, ils allaient chez Matouchka : qu’allait-elle dire? Allait-elle bénir? Il n’y avait alors quasiment pas de discussion.
Un jour, une voyante essaya de se faufiler dans la cellule de Matouchka. Les gens l’empoignèrent par les coudes et la portèrent dehors : «Tu n’as rien à faire ici!». Elle parvint toutefois à s’échapper et à ramper sur le sol jusqu’au lit de Matouchka, qui la regarda d’un air attendri et la plaignit : «Petite sorciérette! Comme je t’aime…». La femme éclata en pleurs et là, dans la cellule de Matouchka, elle déchira son «diplôme» de voyante extralucide.
Même les bandits, Matouchka ne les rejetait pas, s’étonnait le maire de Skopine, Ivan Mikhaïlovitch Eganov. Elle leur manifestait aussi ses bienfaits, trouvait pour quoi intercéder en leur faveur. alors, on voyait leur coeur s’attendrir, la grâce les avait touchés. Ils sortaient de chez elle le visage rougi par les larmes.
Il arrivait que les héritiers se querellent au sujet de l’héritage, ne pouvant se supporter les uns les autres. Dans une situation semblable, le frère aîné demanda pardon à ses parents, à genoux en larmes dans la cellule de Matouchka Théodosia. Plus tard, des racketteurs tirèrent sur toute sa famille devant ses yeux; c’était dans les années 1990. Que serait-il arrivé si les membres de la famille, ensanglantés, étaient définitivement séparés de la sorte, dans un état d’âme mutuellement hostile? Mais il fit un vœu à Dieu : s’ils demeuraient en vie, il se retirerait dans un monastère. Le Seigneur les épargna à cause de ce repentir.
«L’ennemi se réjouit quand vous vous querellez», disait Matouchka. Quand elle raisonnait les fidèles, elle se réjouissait : «Soyez en paix et je suis avec vous». De façon générale, elle essayait toujours d’attirer à sa table, d’offrir le thé, de la nourriture, afin que nul ne parte «maigre et inconsolé», et elle pardonnait à tous toutes les offenses.
Elle parlait de la beauté du paradis, de ce qu’ici, en fait, tout n’a guère d’importance, tout est éphémère. Quelqu’un vit que Matouchka vivait dans une vieille petite maison et proposa de lui en construire une normale. «C’est là-bas que j’ai ma maison», répliqua-t-elle.
«Faites tout selon Dieu. Le coupable doit compenser quadruplement», répétait-elle. «La Justice, c’est celle du Seigneur Dieu. Nulle part ailleurs vous ne la trouverez. Priez. La Justice parlera. Vivez avec Dieu». Ses instructions étaient simples. Ici, dans cette minuscule maison à la limite du village d’Octobre, dans la région de Skopine, les députés de la Douma, les gouverneurs, les puissants de ce monde et le simple peuple étaient des habitués.
Mère Spirituelle
Matouchka se réjouissait quand des prêtres venaient lui rendre visite. Ne connaissant pas vraiment sa date de naissance, son anniversaire fut fêté pendant toute sa vie le quatre novembre, jour de la fête de l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan. Parfois, lors des fêtes de la Très Sainte Mère de Dieu, elle ne recevait personne. C’était en de tels jours que venaient les prêtres, jusqu’à vingt à la fois. Ils célébraient des molebens et lisaient les acathistes. Matouchka Théodosia aimait beaucoup l’Archevêque Cyrille (Nakonetchnyi)de Iaroslavl et Rostov, aujourd’hui Métropolite d’Ekaterinbourg et Verkhotour. Elle l’appelait «fiston». Et on sait que ce surnom fut largement entendu lors des funérailles de la juste moniale du grand schème Théodosia. Avec toute la révérence qu’elle éprouvait envers les hiéromoines et prêtres mariés, elle était une authentique mère spirituelle. Le fait qu’elle fut tonsurée directement au grand schème fut un signe de l’Église, autorisé par les dons de l’Esprit Saint que l’héroïne de l’ascèse fut digne de manifester : la prière, la consolation spirituelle, les guérisons, la clairvoyance et la prophétie. Avec la bénédiction du Métropolite Simon (Novikov) de Riazan et Kasimov, la tonsure fut célébrée en 1997 par un autre héros de l’ascèse, de haute vie spirituelle, un athonite, l’Archimandrite Abel (Makedonov), Supérieur du Monastère Saint Jean le Théologien à Pochoupovo, dans la région de Riazan.

L’Archimandrite Naum (Baiborodine)

Quelques années auparavant, Matouchka Théodosia avait reçu la visite de l’Archimandrite Naum (Baïborodine), de la Laure de la Trinité-Saint Serge, qui lui avait prédit sa tonsure (tout comme à une des filles spirituelles de Matouchka, Agathe, qui devint la moniale Pélagie). Le Père Naum rendit seulement deux fois visite à Matouchka, mais en prière, leurs esprits étaient de façon mystérieuse en communion. Matouchka pouvait lui envoyer ses propres enfants spirituels si c’était nécessaire (par exemple pour recevoir des conseils au sujet du séminaire), et elle leur disait : «Ne vous en faites pas, il ne reçoit personne, mais vous, il vous recevra». Et de fait, l’un d’eux, un jeune homme, rencontra «par hasard» le Starets dans l’escalier et put s’entretenir avec lui. (A suivre)
Bienheureuse Matouchka Théodosia, prie Dieu pour nous!
Traduit du russe
Source

La Bienheureuse Staritsa Théodosia : Vivez en paix, restez avec le Seigneur Dieu ! (2)

L’original russe de ce long texte a été préparé par Madame Olga Orlova et publié le 15 mai 2017 sur le site Pravoslavie.ru, sous le titre «Vivez en paix, restez avec le Seigneur Dieu! Souvenirs de la Moniale du grand schème Théodosia (Kossorotikhina)». («Живите в мире,оставайтесь с Господом Богом!» Памяти схимонахини Феодосии (Косоротихиной)). Voici l’introduction de Madame Orlova.(…) Nous nous souvenons de Matouchka Théodosia, la staritsa qui décéda le 15 mai 2014. Matouchka priait sans relâche, clairvoyante, elle jouissait de nombreux dons spirituels. Physiquement, elle était non seulement invalide, mais immobile. Elle demeura allongée, paralysée, presque soixante ans, dont quasiment vingt dans une sorte de coma. Mais en esprit, Matouchka demeurait vive, elle était toujours avec Dieu. Elle resta toujours une travailleuse. Maintenant, elle travaille dans le champ spirituel ; elle console, encourage et aide par ses conseils et ses prières une foule de gens toujours grandissante.

Matouchka s’étonnait : «Pourquoi les gens n’aspirent-ils pas à Dieu aujourd’hui ? Les églises sont ouvertes, les bus roulent, presque tout le monde a une voiture…» Cette situation ressemble à celle qui prévalait voici environ un siècle, avant la révolution de 1917, que les chercheurs appellent aujourd’hui la «révolution des rassasiés». Et Matouchka ne donnait pas sa bénédiction pour détruire les anciens poêles et les remplacer par les installations au gaz. «Mes petits enfants bien-aimés, je vous observe, comme vous êtes jeunes, et je vois ce que vous allez devoir vivre…» Parfois, elle soupirait. Mais en aucun cas elle ne voulait faire peur, que du contraire, elle encourageait : «Priez Dieu, et le Seigneur vous donnera la force de tout supporter. Quand vous avez quelque chose, remerciez Dieu. Quand vous n’avez rien, remerciez Dieu aussi! Aujourd’hui tout est en abondance, il faut se réjouir. Quand viendra le manque, il faudra rendre gloire au Seigneur». Elle donnait sa bénédiction pour qu’on conserver au moins quelques réserves et provisions à la maison. Elle disait : «Tout peut arriver en une minute. Vous ne vous y attendrez pas et cela arrivera. Attention, je ne vous exhorte pas à être avides,mais a sentir ce qu’il vous faut pour l’avenir. Maintenant, tout est en abondance. Prenez une part de votre abondance et offrez-la au monastère ou à une famille nombreuse. Pour ces dons charitables, le Seigneur prolongera vos bonnes années».
«Son visage est si vivant»
Natalia avait dix-huit ans quand la guerre commença. Eux, les jeunes, étaient envoyés au front pour creuser les tranchées. «Où nous envoient-ils? Où vont-ils nous emmener? Où allons-nous vivre? Qu’allons-nous manger? On n’en savait rien, on ne voyait que le travail». Après la guerre, de nouveau le travail et encore le travail. Elle travailla avec les prisonniers de guerre, à la mine, ensuite, dans une brigade de construction… A cette époque, beaucoup de gens devenaient estropiés ou invalides au travail. Toute l’année on les transportait dans les bennes ouvertes des camions à benne basculante. C’est ainsi que Natalia eut son premier accident, avec sa jeune sœur Olga, au début des années 1950. Le camion qui les transportait bascula. Les blessures étaient importantes, on voulu même déclarer les sœurs invalides, mais elles refusèrent : «Comment ça ne plus rien faire? Les jeunes ça doit travailler!». Ces circonstances voulues par la Divine Providence révèlent au monde celle qui allait intercéder sans cesse lorsqu’il ne lui resterait plus d’autre possibilité que de se consacrer entièrement au soin d’autrui. Les soeurs avaient faim. Elles voulurent trouver un fiancé à Natalia. A cette époque, peu d’hommes étaient revenus de la guerre. Natalia faisait une fiancée de premier plan. «Seigneur, ne permets pas que je sois fiancée», pria-t-elle l’Époux auquel elle aspirait, en revenant de la communion lors de la fête de la Dormition en 1953. «Ce fut le dernier office auquel j’allai assister sur mes deux jambes», se souvint Matouchka par la suite. C’était le jour même où les fiançailles étaient prévues pour la soirée, et le jour où survint le second accident. Lorsqu’on déchargea les briques, la ridelle du camion bascula sur ceux qui travaillaient. Un homme fut tué sur le coup, laissant quatre orphelins, qui jusqu’à nos jours vinrent fréquemment prendre conseil chez Matouchka. Natalia fut emmenée à la morgue, où une infirmière dit : «Son visage est si vivant…». On plaça un miroir devant sa bouche et il se couvrit de buée. Ils refusèrent longtemps de rendre Matouchka à sa famille, prétextant qu’elle ne disposait pas des moyens nécessaires pour faire face aux soins d’une telle malade. Ils voulurent l’envoyer, comme ils faisaient d’habitude dans ces cas, à Moscou.
Alors, le mari d’Olga la soeur cadette, qu’il venait juste d’épouser, rédigea une déclaration signifiant qu’il prenait sa parente dans le coma sous sa responsabilité. Seulement, il était militaire, et on venait de l’envoyer dans un lointain cantonnement. C’est dès lors Olga qui se consacra aux soins de sa soeur alitée. Le mari, elle ne le virent plus jamais.
Qu’est-ce qui se passa dans l’âme de Natalia pendant toutes ces années, seuls le Seigneur et Sa Très Sainte Mère le savent. «Le Sauveur est avec nous, la Mère de Dieu est avec nous», répétait souvent Matouchka Théodosia. Et elle ajoutait : «Priez le Seigneur et aimez Mamouchka (ainsi appelait-elle la Très Sainte Mère de Dieu)».
«On m’a instruite là-bas.»
Matouchka reprit conscience lors de la clôture de Pâques 1973, bien qu’auparavant, en fait, son âme manifestait mystérieusement sa présence dans son corps endormi. Lors des funérailles de Thècle, la soeur aînée, Natalia dit soudain «Mam-ma». La soeur aînée avait été une mère pour eux-tous. Leur frère Tikhon vint demander pardon à Natalia, et ensuite il mourut. Quand on emmena le corps dans son cercueil, des larmes coulèrent sur les joues de Matouchka. Plus tard, il lui arriva de dire sans raison apparente à un parent: «Petia, transmets mes métanies à mes parents». Et bientôt, ce même parent décédait prématurément… Matouchka connaissait les dates de départ de chacun d’entre nous. Mais elle n’en parlait pas à tout le monde. On dit quelque chose à quelqu’un, mais on ne sait pas comment il va réagir, explique l’Archiprêtre Oleg Vorobiov, responsable du Doyenné des Danilov à Moscou : je me souviens qu’un jour j’étais à Jérusalem et Matouchka m’a téléphoné : «Dis à untel qu’il célèbre et communie chaque jour». Littéralement le lendemain, je rencontrai ce prêtre , qui avait vu Matouchka une fois, en tout et pour tout. «Matouchka m’a demandé de te dire… » «Pourquoi donc?» «Pourquoi, Eh bien ?!??»… Exactement un an, jour pour jour, après que Matouchka m’ait téléphoné, ce prêtre décéda. Elle le lui révéla car il construisait une église dédicacée au Saint Archange Gabriel, messager de la vie, et de la mort. Et je me souviens aussi que décéda l’Archiprêtre Mikhaïl Khaliouta, doyen à Alouchta. Il n’était jamais allé voir Matouchka, mais un jour que j’étais chez elle, je lui racontai qu’il était mort. Matouchka sembla perdre conscience, comme elle en avait l’habitude, et puis, revint à elle. «Tu sais, là-bas, il a rencontré la Sainte Megalomartyre Barbara». Je fus ébahi. Je téléphonai à son fils Serguei, aujourd’hui doyen à Sébastopol. Je lui répétai mot pour mot ce que Matouchka avait dit… Et il répondit : «Père avait une grande icône du XVIIe siècle représentant la Sainte Mégalomartyre Barbara. Toute sa vie, il l’emmena dans les paroisses, où on faisait des molebens et des acathistes devant elle. Et avant sa mort, il l’a placée pendant deux ans dans l’autel de sa dernière église à Alouchta, l’église de tous les Saints de Crimée et de Saint Théodore Stratilate, et y a lu l’acathiste chaque semaine jusqu’à sa mort».

Matouchka voyait le monde invisible de même que le monde visible, physique, même quand ses yeux étaient encore fermés quand elle est sortie du coma. Par la suite, clouée au lit, elle voyait des choses qui se produisaient loin dans le temps et dans l’espace. «Natacha, tes yeux, quand vont-ils s’ouvrir?», demanda une parente quand Natalia s’éveilla. «A l’Ascension», répondit-elle. Et effectivement, ils s’ouvrirent au cours de cette année, lors de cette fête. Parmi les premières paroles de Natalia, on se souvient de ceci : «Pourquoi m’avez-vous donné à manger? La Très Sainte Mère de Dieu Elle-même me nourrissait». Et par la suite encore, certains jour, sa jeune soeur Olga lui apportait un repas, mais c’était comme si elle n’en avait pas besoin. «Mais avant, quand tu étais inconsciente, tu mangeais?…». Et puis elle se souvenait que sa soeur avait une sorte de parenté céleste. Certains entendaient Natalia prononcer des prières qu’elle n’avait pu connaître en sa jeunesse… «Comment les connais-tu?» «On m’a instruite là-bas». Qui avait enseigné quoi? Devant elle se trouvait un labeur colossal de quarante années de prières. La croix de staritsa qui doit nourrir les fidèles.. (A suivre)

Bienheureuse Matouchka Théodosia, prie Dieu pour nous!
Traduit du russe
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