L’ouvrage du Père Jean Romanidès Romanité, Romanie, Roumélie (ΡΩΜΗΟΣΥΝΗ ΡΩΜΑΝΙΑ ΡΟΥΜΕΛΗ) fut publié en grec en 1975, aux éditions Pournaras de Thessalonique. L’extrait ci-dessous est traduit des pages 48 et 49 du livre précité. Cette traduction française est due à Dimitri Kitsikis et est reprise aux pages 44 et 45 de son livre La montée du national-bolchévisme dans les Balkans: le retour de la Serbie de 1830, paru en 2008 chez Avatar Éditions. Dans ce court extrait le P. Romanidès nous rapporte l’épisode de l’histoire au cours duquel la «Vieille Rome» cessa d’être… romaine.
Le schisme entre Francs et Romains se produisit au début du IXe siècle, lorsque Charles, appelé par les Européens, le Grand, condamna le 7e concile œcuménique et introduisit le dogme du filioque dans le Credo, en 809. Les Romains des cinq patriarcats, ceux de la Vieille Rome, de la Nouvelle Rome, d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem, réagirent vivement et condamnèrent les Francs comme hérétiques, au cours du 8e concile œcuménique de la Nouvelle Rome en 879. Néanmoins, les Francs s’étaient rendus maîtres de la Romanie italienne du Nord et du Centre, dès 754 et ils avaient essayé de s’emparer du patriarcat de la Vieille Rome. Mais les Romains de la Romanie italienne s’y opposèrent activement, avec le puissant concours des Romains libres de la Nouvelle Rome – Constantinople qui, en 867, commencèrent à récupérer des mains des Sarrasins, la Romanie italienne du Sud. Afin de comprendre le lien très étroit qui existait entre les Romains de la Romanie italienne et les Romains de la Romanie orientale, il suffit de savoir qu’entre les années 650 et 750, il y eut 18 papes de la Vieille Rome dont onze étaient des Romains grécophones et sept des Romains latinophones. En tous cas, les Romains luttèrent avec acharnement pour conserver le patriarcat de la Vieille Rome, mais à partir d’Othon Ier (936-973) d’Allemagne, les Francs teutons qui se prétendaient empereurs des Romains, commencèrent à s’immiscer militairement dans les affaires de la Vieille Rome, avec, pour résultat, le départ du dernier pape romain, en 1009, qui soit demeuré fidèle à la Romanité. Désormais le trône du pape de Rome passa entre les mains des Francs latins (Français), des Francs teutons (Allemands), et des Francs italiens (un mélange de Lombards et de Francs) et ainsi en 1009, les patriarcats romains restants de Constantinople-Nouvelle Rome, d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem cessèrent de mentionner dans leurs dyptiques, les papes postérieurs à 1009».