Né en 1888, le Saint Hiéromartyr Nikon (Beliaev) fut hiéromoine à la Skite du Monastère d’Optina. Il en fut un des derniers startsy, ayant eu pour père spirituel Saint Barsanuphe, lui-même fils spirituel du Saint Starets Anatole (Zertsalov) d’Optina. Un récit de sa vie a été traduit en plusieurs parties sur le présent blogue et est accessible ici. Le Monastère a publié le journal tenu par le novice Nicolas pendant les trois premières années de sa vie monastique. (Дневник послушника Николая Беляева (преподобного Оптинского старца Никона). Le texte ci-dessous est la traduction (sur base de l’édition de 2016) des premières pages de cet ouvrage remarquable, inédit en français. Le début de la traduction se trouve ici.

(…)
21 novembre
Au monastère, c’est la fête de la dédicace de l’église principale. Je suis allé aux vigiles et à la Liturgie. Je n’aime pas aller au monastère. En quelque sorte les offices eux-mêmes ne me plaisent pas, ni le chant avec partition, ni les repas. La Skite est comme mon coin natal, car je suis né à une nouvelle vie à la Skite, si je peux dire. Mon cœur ne trouve pas son repos au monastère. On va au monastère, et on pense comment revenir au plus tôt à la Skite.
Maintenant, je viens de rentrer du monastère, après le repas. J’ai rencontré le Père Paul Levachov. Il semble que ce soit la deuxième fois qu’il vienne à Optina. La première fois, il est venu près de moi, et a même célébré à la Skite. Cela nous a beaucoup plu. Je lui ai demandé ses saintes prières pour moi et pour Ivanouchka, il a promis et a demandé nos prières. Depuis lors, je l’ai toujours commémoré, et aujourd’hui, il m’a beaucoup réconforté en disant qu’il nous commémore chaque fois qu’il célébre. Sauve-le, Seigneur.
Kirioucha est arrivé. Il a dit que pour le corps il reçoit beaucoup de nourriture, mais «l’âme meurt de faim». Aide-le, Seigneur. Peut-être que je connaîtrai le même sort. Mais en toute chose, que la volonté de Dieu soit faite.
22 novembre
Je viens de me rappeler que lorsque Ivanouchka et moi sommes partis d’ici à Moscou la semaine lumineuse de l’année 1907, c’est-à-dire après que nous ayons séjourné pour la première fois à Optina et, après avoir jeûné tout le Grand Carême, nous sommes rentrés chez nous et certaines événements nous sont arrivées, comme pour placer des obstacles sur notre chemin. Précisément, nous avons dû rester à Kozelsk pendant environ une journée faute de places libres dans les wagons du convoi. Finalement, nous sommes arrivés à Moscou, nous avons pris un fiacre. Sans marchander, nous nous y sommes installés et nous sommes partis. Tout le trajet de la gare à la maison se déroula sans encombre, seulement près de la maison elle-même, dans la ruelle, quand il restait encore une ou deux minutes à parcourir, le cheval s’arrêta, et malgré tous les coups de fouet et les imprécations, il ne voulut plus avancer; et, probablement, il nous aurait fallu descendre et marcher, s’il n’y avait eu un brave homme qui, passant juste à côté, prit le cheval par la bride et se mit à courir jusqu’au portail d’entrée, et après le cheval avança alors de lui-même jusqu’au porche. Alors que quand nous sommes allés de chez nous à Optina, on avait peine à ralentir et arrêter notre cheval lorsque les circonstances l’exigeaient. Ceci se passa quand nous avons quitté la maison, peut-être pas lors de notre premier séjour à Optina.
Je me suis souvenu de tout ça et j’ai décidé de le noter.
24 novembre
Je suis allé à Kozelsk. J’ai réglé tout ce que j’avais à y faire. Il me restait juste à envoyer une lettre recommandée à la Douma de Moscou et à attendre la notification. Pendant deux heures, j’ai fait des allers-retours en ville. Je ne dirai pas que c’était agréable de déambuler de la sorte, mais je ne peux pas non plus dire que c’était pénible, parfois même, aller au monastère est plus désagréable. Dieu merci, tout finit par s’arranger. En même temps, je aurais voulu aller acheter quelque chose, mais j’ai décidé de ne pas le faire, mais plutôt de rentrer à la Skite et de faire cet achat par l’intermédiaire de notre acheteur.
Ce soir, il y aura des vigiles pour commémorer Saint Daniel, 531 ans après sa mort.
Aujourd’hui, nous commémorons le Saint Mégalomartyr Mercure. Dans le récit de sa vie, il est écrit que quand quelqu’un pria devant son icône, pendant la prière, soudainement il remarqua que l’image du Saint avait disparu de l’icône. Elle réapparut après un certain temps. Et le celui qui priait remarqua qu’il y avait du sang qui s’écoulait de la lance du Saint (car le Saint Mégalomartyr Mercure est représenté avec une lance). Bientôt, une nouvelle tomba : le mauvais empereur Julien l’Apostat avait été tué au combat, par une flèche ou une lance.
Cet homme qui pria dans ce récit s’aperçut par la suite de ce que Julien avait été tué juste au moment où l’image de Saint Mercure avait disparu de l’icône.
Batiouchka m’a raconté cela ce matin, et à cet égard, il a dit ce qui suit:
«Ce qui est remarquable, c’est que lorsqu’un homme perd sa piété et sa foi chrétienne, il se rapproche des Juifs. Tous nos libéraux en sont un exemple clair: tous sont pour les Juifs. L’amitié avec les Juifs fut également un trait de Julien l’Apostat, quand il eut renié le Christ. Il est naturel de passer du côté des ennemis du Christ, pour ceux qui Le rejettent. Ce qui est aussi remarquable, c’est que l’histoire à collé à ce vilain le surnom d’«Apostat». Oui, il est considéré comme tel même dans le monde des esprits. Mais comment ils l’appellent là-bas, cela nous est inconnu, car nous ne savons pas comment les esprits communiquent entre eux.
Ainsi, lorsque Julien renia le Christ, il ordonna de brûler les églises chrétiennes, et de façon générale, il entama de fortes persécutions contre les chrétiens, mais il se rapprocha des Juifs et leur permit de reconstruire le temple à Jérusalem. Mais le Seigneur ne l’a pas permis: chaque fois qu’ils reconstruisaient le temple, il s’effondrait, chaque année. Puis Julien permit aux Juifs de diffamer les chrétiens, et ceux-ci durent en souffrir beaucoup. Un tel rapprochement avec les Juifs se remarque encore aujourd’hui chez les méchants qui rejettent le Christ.»
26 novembre
Hier, j’ai terminé la lecture de tout l’Apôtre dans ma règle de cellule et j’ai commencé à le lire une deuxième fois; j’ai relu le premier chapitre des Actes des Saints Apôtres. Mais l’Évangile je ne l’ai pas encore fini, je lis Saint Jean.
Un jour, Batiouchka et moi avons commencé à parler du chant avec partition dans les églises. Personnellement, je ne l’ai pas aimé et je ne l’aime toujours pas, considérant qu’il divertit les pensées et l’attention de celui qui prie, de sorte qu’il ne peut pas fortement contribuer à la prière. Du moins, c’est ce que je dois dire en ce qui me concerne. En outre, si vous parvenez à bien chanter, alors cela donne prétexte à vanité; si vous échouez, alors vous devenez gêné et irrité.
Batiouchka est du même avis : «Les partitions lient pieds et poings ceux qui chantent. Il n’y a pas de libre créativité, de sentiment. Dès que les «partitionages» entrent en scène, tout est perdu.»
Batiouchka recourait, apparemment à ce mot pour désigner l’ensemble des appellations du chant sur base de notes, si on peut dire, tous les noms sont fusionné dans ce néologisme.
Son Éminence Nikon (qui est venu chez nous) m’a dit qu’il n’aimait pas le chant sur partition et n’autorisait pas de chanter chez lui avec des partitions, sauf les œuvres de Lvov et Tourtchaninov. J’ai oublié les détails, je me souviens seulement que Batiouchka n’approuvait pas le chant avec partition. (A suivre)
Traduit du russe
Source :

Saint Père Nikon, prie Dieu pour nous.