Né en 1888, le Saint Hiéromartyr Nikon (Beliaev) fut hiéromoine à la Skite du Monastère d’Optina. Il en fut un des derniers startsy, ayant eu pour père spirituel Saint Barsanuphe, lui-même fils spirituel du Saint Starets Anatole (Zertsalov) d’Optina. Un récit de sa vie a été traduit en plusieurs parties sur le présent blogue et est accessible ici. Le Monastère a publié le journal tenu par le novice Nicolas pendant les trois premières années de sa vie monastique. (Дневник послушника Николая Беляева (преподобного Оптинского старца Никона). Le texte ci-dessous est la traduction (sur base de l’édition de 2016) des premières pages de cet ouvrage remarquable, inédit en français. Le début de la traduction se trouve ici.

Aujourd’hui, c’est la fête de l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu «Sûreté des pécheurs». Et c’est la fête dans ma cellule aussi: Batiouchka m’a béni justement avec l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu «Sûreté des pécheurs».
Je me souviens aussi que Batiouchka a parlé du perfectionnement des hommes et des esprits:
«Les hommes peuvent connaître Dieu à mesure qu’ils s’améliorent encore ici-bas, mais surtout dans la vie du siècle à venir. Dans le ciel, tous les esprits incorporels et bienheureux se perfectionnent tout le temps, les plus bas imitant les plus élevés (Batiouchka a énuméré les ordres, mais je ne m’en souviens pas). Les esprits suprêmes sont les Séraphins, mais ils ne voient pas Dieu tel qu’Il est réellement, bien qu’à chaque instant leur progression soit rapide et qu’ils imitent Dieu autant qu’ils le peuvent. Et les Chérubins imitent eux les Séraphins, etc…, et enfin, l’homme imite les Anges. Et ainsi, en s’imitant les uns les autres, tous aspirent à la perfection, la connaissance de Dieu, mais ils ne pourront jamais Le connaître ni Le voir, car le Seigneur Dieu est un être illimité, et tous les autres êtres, étant créés par Dieu, sont limités. Il y eut une seule tentative non seulement d’égaler Dieu, mais même de devenir supérieur, et elle s’est terminée par le fait que ce Séraphin est devenu inférieur à tout le monde et a immédiatement acquis toutes les qualités négatives pour son orgueil et son insolence. Et maintenant, plus vous vivrez ici, plus vous serez sûr que le Seigneur ne regarde que le doux et l’humble.
Et c’est pourquoi il déteste l’orgueil; c’est un trait diabolique et satanique. Si le Seigneur veut vous annoncer quelque chose, par exemple, Il annonce Sa volonté aux Séraphins, et eux, aux Chérubins, et ainsi de suite. Et enfin l’Ange gardien vous l’annonce. Donc, par exemple, l’Ange gardien vous a dit d’aller à Optina et d’y rester, mais bien sûr, c’était la volonté de Dieu.»
– Oui, dis-je, un moine m’a demandé: «Comment est né en vous le souhait de venir au monastère?» Mais je ne sais pas. Je me souviens que j’ai commencé à aller plus souvent à l’église, à lire l’Évangile, etc… Mais comment exactement ce désir est apparu, je ne peux pas le dire.
– Oui, toute la semence était en vous, mais comment la semence pousse dans la terre, personne ne sait et ne peut le dire…
Je me souviens aussi que Batiouchka a dit que l’homme doit accomplir le commandement: soyez saints comme Je suis Saint..
10 mars
J’ai commencé à lire Saint Pierre Damascène. J’aime ce livre. C’est un livre sérieux et profond, et je ne peux pas le lire rapidement. J’en ai parlé à Batiouchka, et il a confirmé mes paroles en disant que ce livre est plus profond que Abba Dorothée. «Et encore, Abba Dorothée est l’abc de la vie monastique, bien que, en le lisant, vous puissiez découvrir sans cesse du nouveau, et il correspond à l’état dans lequel se trouve chaque lecteur. Il a un rivage, et depuis celui-ci, vous pouvez avancer d’abord jusqu’aux genoux, puis de plus en plus en profondeur. Mais d’aucuns iront immédiatement dans la grande profondeur.»
J’écris encore d’autres instructions de Batiouchka.
«Il y a un petit secret pour se lever facilement pour les matines et ne pas se rendormir: ne pas juger ceux qui se rendorment et arrivent en retard. Si vous ne jugez pas les autres, ce sera facile pour vous…
Pour la liturgie, levez-vous une heure avant le début; je pense qu’une demi-heure vous suffit pour vous laver, vous habiller et réciter les prières du matin, puis, sans attendre le son des cloches, pour aller à l’Église. Asseyez-vous, et dès qu’elles sonnent, commencez à lire le dyptique. Habituez-vous maintenant à ne pas sortir pendant les vigiles, plus tard ce sera difficile; dites-le à votre frère.»
Hier, le Père Pacôme est mort, l’auxiliaire de cellule du Père Joseph. C’est déjà le deuxième depuis que nous sommes arrivés ici, et depuis l’année dernière, six sont morts, en comptant celui-ci. Hier, Batiouchka disait encore, en lien avec cela : «A Optina, c’est un signe fiable annonçant qu’un moine mourra prochainement, quand il demande à aller dans sa famille ou souhaite en général quitter Optina».
Nous sommes allés au monastère pour les funérailles du Père Pacôme. J’étais un peu fatigué, il a fallu rester debout de sept heures à 14 heures, y compris le repas et les matines (à 12 heures), mais ce n’est rien, je me sens bien et joyeux. De façon générale, je me sens bien, et de mieux en mieux, au plus j’essaie de mettre en œuvre les instructions de Batiouchka.
14 mars
Je n’ai absolument pas le temps d’écrire. Et depuis hier, j’ai beaucoup de travail à la bibliothèque.
Ces jours-ci, au moment de sa bénédiction, Batiouchka parvient à dire quelque chose. À ma question sur la peur, qui me prend parfois dans l’obscurité et en général, Batiouchka a dit que c’était, bien sûr, l’ennemi: «Chassez-le avec le paroles du Psaume, comme les startsy l’ont enseigné: ‘de la peur de l’ennemi, délivre mon âme’. Dormez six heures, dont trois doivent être d’un sommeil continu. C’est nécessaire pour un moine (c’est-à-dire trois heures de sommeil continu); mais si vous dormez sept heures, ce n’est rien, ne soyez pas troublé, sinon l’ennemi dira: Ah! Quoi? J’ai trop dormi, j’ai trop dormi!..»
«Lorsque le novice quitte le monastère pour le service militaire, l’ennemi essaie de toutes les manières possibles de le retourner, de le pousser dans l’abîme, la première chose c’est lui refiler une petite jeune fille…»
«Lisez les livres, mais n’entrez pas dans les subtilités, n’entrez pas dans l’analyse, priez plutôt Dieu pour que votre esprit soit éclairé. Ainsi m’a dit Batiouchka Anatole. Et à ma question: «Pourquoi donc?», il m’a répondu: «Tu vas t’embrouiller!» C’est ce que je vous dis».
«Quand j’ai revêtu la soutane et suis allé voir Batiouchka Anatole, il m’a dit: «Eh bien, frère Paul!..» Et avec quelle musique ces mots ont résonné dans mes oreilles! Je m’étais extrait d’un monde fangeux malodorant, plein de boue, de vase, et j’étais devenu un «frère»! Ce grand Starets m’appela son frère! Et moi, alors, je vous appelle «frère Nicolas», et que Nicolas Mitrofanovitch reste là-bas, au-delà du portail…
«Quand on m’a donné une cellule et que je m’y suis installé, j’avais l’équipement le plus simple: un lit de trois voliges recouvertes d’un feutre plié en deux, un tabouret, une simple table non peinte, un petit lutrin pliable léger, un peu de linge de corps, des icônes… Et j’étais beaucoup mieux que maintenant. Chez le moine, toute la joie réside dans l’humilité, l’humilité et l’humilité… et la simplicité.» (A suivre)
Traduit du russe
Source :                       

Saint Père Nikon, prie Dieu pour nous.