Né en 1888, le Saint Hiéromartyr Nikon (Beliaev) fut hiéromoine à la Skite du Monastère d’Optina. Il en fut un des derniers startsy, ayant eu pour père spirituel Saint Barsanuphe, lui-même fils spirituel du Saint Starets Anatole (Zertsalov) d’Optina. Un récit de sa vie a été traduit en plusieurs parties sur le présent blogue et est accessible ici. Le jeune Nicolas, qui devint le moine Nikon, entra comme novice à la Skite d’Optina en 1908. Le Monastère a publié le journal tenu par le novice Nicolas pendant les trois premières années de sa vie monastique. (Дневник послушника Николая Беляева (преподобного Оптинского старца Никона). Le texte ci-dessous est la traduction (sur base de l’édition de 2016) des premières pages de cet ouvrage remarquable, inédit en français. Non seulement il fait découvrir la profondeur spirituelle du jeune moine, mais aussi celle de son père spirituel, Saint Barsanuphe d’Optina. En effet, le texte rapporte la teneur d’une série d’entretiens entre les deux saints et expose ainsi une partie des enseignements spirituels de Saint Barsanuphe, dont l’importance réside en ce que ces enseignements, éloignés des généralités, étaient adressés au novice dont le père spirituel clairvoyant percevait parfaitement l’entièreté du chemin de vie.
Premier Cahier. 1907
28-29 Janvier
Maintenant, pour la première fois, j’ai l’intention de me préparer sérieusement et en toute conscience à la réception des Saints Mystères. J’ai l’impression de comprendre maintenant seulement toute la nécessité, toute la sainteté, toute la grandeur de ces deux Mystères : le repentir et la communion au Corps et au Sang du Christ. Tous les prophètes, tous les apôtres, et le Christ Lui-même et Son Précurseur, Jean le Baptiste, tous commencèrent leur prédication par les mots «Repentez-vous».
C’est dur quand notre conscience n’est pas pure, quand on se sent coupable. On doit se repentir sans retard, avouer ses péchés. Si on sort tout ce qui nous pèse, alors, on se sent déjà comme plus léger. Mais ici, c’est notre Seigneur Jésus Christ Lui-même qui qui reçoit la confession de nos péchés. Il est miséricordieux, Il nous aime, Il a le pouvoir de nous pardonner nos péchés, Il nous enlève l’effroyable fardeau de nos péchés, il apaise notre conscience et Il nous rend plus forts. Voilà ce que nous offre ce Mystère, mais seulement dans le cas où nous prenons sincèrement conscience de notre culpabilité, si nous nous repentons sincèrement de nos péchés et plaçons notre espoir dans la miséricorde de Dieu, car il accueille chaque pécheur, même les pires, ceux qui littéralement se noient dans les péchés, pour autant qu’ils aient un cœur humble, qu’ils admettent leur culpabilité et aillent vers le Christ avec un repentir, non pas ostentatoire, mais sincère. Voilà, si nous considérons le repentir de cette façon, et avançons ainsi vers lui, nous pourrons prendre conscience de la grandeur de ce Mystère et par conséquent nous préparer comme il convient.
La préparation au Mystère du repentir doit consister en introspection, jeûne et prière. Pour prendre conscience de notre indignité devant Dieu, voir nos péchés, voir la saleté et la bassesse de notre vie, il est nécessaire de regarder attentivement en soi et d’analyser tous nos actes.
Le jeûne nous est une mortification nécessaire de la chair afin de nous détacher de la chair et de tout ce qui est terrestre et tourner nos pensées vers Dieu et ce qui est Céleste.
«Au plus on mange, au plus on veut manger»; voilà un proverbe juste. Si nous nous satisfaisons d’étancher la soif et la faim, et nous occupons de de notre travail ou de la prière, la nourriture ne nous écartera pas de nos occupations. J’ai pu en faire moi-même l’expérience. Alors, on ressent que l’essentiel dans la vie, ce n’est pas dans la nourriture, ni quoi que ce soit de terrestre, mais dans ce qui est élevé, dans le monde spirituel de l’homme, pas dans la satisfaction des passions mais dans l’aspiration à la Lumière, à la vérité, à Dieu.
L’aspiration à connaître la vérité est le premier signe de la vie spirituelle de l’homme, sans cela, l’homme meurt spirituellement. Si nous rassasions la chair, alors ses exigences croîtront rapidement de façon démesurée, si bien que tout mouvement spirituel de l’âme sera alors réprimé. Alors, les question spirituelles élevées ne nous intéresseront plus, et tout notre intérêt se concentrera exclusivement sur ce qui est terrestre: la satisfaction des passions et des désirs de la chair. L’homme est alors à plaindre, mais très souvent, il ne se rend pas compte de tout cela. Et au contraire, celui qui jeûne, comme je l’ai dit, est dégrisé et se perfectionne moralement. Mais bien-sûr, si le jeûne ne s’accompagne pas de prière et d’un travail spirituel, il n’a quasiment aucune valeur.
Le jeûne n’est pas un but mais un moyen, un outil, qui nous facilite la prière et le perfectionnement spirituel. La prière, quand elle est au moins sincère, possède une grande force. Notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même dit au sujet de la force de la prière dite avec foi : «…le Père vous accorde ce que vous lui demanderez en mon nom.» (Jean15;16) et «…si vous avez de la foi et que vous n’hésitiez point,… quand même vous diriez à cette montagne : Ôte-toi de là et jette-toi dans la mer, cela se ferait» (Mat.21;21). C’est pourquoi nous qui sommes incapables de faire quoi que ce soit de bon, nous devrions courir vers la prière comme unique moyen de salut dans notre infirmité.
Je le sais par moi-même : je veux et je ne peux pas. Je veux faire le bien et je fais le mal. Je ne peux même pas distinguer le blanc du noir, le mal du bien. Situation affligeante, terrible, dans laquelle seule la prière peut aider, la prière de repentir. (A suivre)
Traduit du russe
Source :
Saint Père Nikon, prie Dieu pour nous.