Le texte ci-dessous est la traduction de la deuxième partie d’un original russe écrit par l’Archiprêtre Alexandre Chargounov et publié le 4 février 2022 sur le site Pravoslavie.ru. Se référant à l’histoire récente de la Russie, Père Alexandre pose un regard sur les éléments caractéristiques de nos temps derniers et rappelle les jalons qui permettent aux Orthodoxes qui le souhaitent de vivre cette époque dans la fidélité authentique à la voie tracée par notre Seigneur Jésus Christ. Le titre de l’article original russe a été conservé.

L’absence de réaction appropriée au mal satanique d’aujourd’hui dans le monde et à l’exploit des nouveaux martyrs sont les manifestations d’un phénomène du même ordre. «Connais ton temps», dit Saint Ignace (Briantchaninov). Nous devons être conscients que nous ne vivons plus «dans la période de transition du socialisme au communisme», mais dans la période de transition de l’athéisme au satanisme.La croissance rapide de l’occultisme et du satanisme est aujourd’hui observée dans le monde entier. Comme avant, un nouveau monde est construit sans Dieu, seulement, la place de Dieu cette fois est ouvertement occupée par le diable. Le calcul de l’ennemi dans cette guerre est simple: l’ancienne génération disparaîtra et la nouvelle devra être refaite en créant un fossé, un gouffre entre les générations, afin que les gens ne connaissent rien d’autre que le matérialisme, l’athéisme et le satanisme, et n’aient aucun choix au moment où on leur dira qu’ils sont plus libres que jamais.

En Amérique, selon les données officielles, des dizaines de milliers de personnes se livrent à la sorcellerie. Nous nous souvenons de la façon dont à Moscou dans les années 1990 du siècle dernier on distribuait gratuitement dans toutes les boîtes aux lettres le journal «Centre-plus», qui tirait à 3,5 millions d’exemplaires. On m’a montré un numéro, où en première page on lisait les félicitations pour la Pâque du Christ, et les autres pages étaient occupées par des annonces sur les «services» des prostituées et des homosexuels, des propositions telles que «un linceul sur votre rivale» et «retour d’amour à cent pour cent», mélangées à de la publicité habituelle. Et aujourd’hui, que se passe-t-il? Selon les dernières informations de la maison d’édition «Eksmo», à Moscou, sur base des chiffres de 2021, les ventes de littérature ésotérique, de livres sur les prédictions, les pratiques spirituelles, la pleine conscience et la pensée positive ont augmenté de plus de 50% (par exemple, en 2020, la croissance était de 13%). Alors que la demande de livres religieux a chuté de 30%.
Ce dire de la «fièvre des années 90’» et de l’état moral de la société d’alors, quand les plus respectables des journaux proposaient, à côté de l’information économique et financière, sur un ton tout à fait calme, comme s’il s’agissait d’une chose banale, courante, un message annonçant la création d’un nouveau théâtre, dont l’art consistait à montrer sur scène des acteurs pratiquant l’acte sexuel avec toutes ses perversions, tous les spectateurs étant invités à monter sur scène et de prendre part à cette activité de masse? Aujourd’hui, de temps en temps, nous entendons encore parler de ce genre de performances scandaleuses dans certains théâtres modernes.
Nous sommes les témoins de la barbarie la plus sauvage, qui tente de remplacer toute la culture par la magie et la débauche. Quelle musique, par exemple, préfère maintenant écouter une grande partie de la jeunesse? Non seulement une musique vide, vulgaire et de mauvais goût, mais parfois franchement satanique. On nous dit «Vos enfants écoutent simplement de la musique», comme s’ils pouvaient se nourrir d’une nourriture spirituelle composée de drogues, de meurtres, de violence, de suicide et de satanisme sans détruire leur âme immortelle!
Dans les débris littéraires des fameuses années 90′, on pouvait trouver des livres sur la magie et la sorcellerie avec des illustrations, y compris des descriptions de sacrifices humains, de suicides rituels et de sadomasochisme. Et maintenant, tout cela peut être trouvé sur l’internet. De temps en temps, des rapports de meurtres rituels avec torture sophistiquée et démembrement du corps apparaissent dans la presse. «Dis: j’aime le diable», ont exigé les satanistes de la part du garçon, dont le meurtre avec torture dura quatre heures. Ils l’ont finalement brûlé vivant. Quand il mourait, il criait: «J’aime maman.» On nous dira: «Mais ce sont des cas rares». Mensonge. Le travail destructeur se produit constamment et il augmente.
Comme Staline le disait cyniquement «La mort d’une personne est une tragédie et la mort de millions est une statistique».
Avons-nous déjà pensé que dans notre pays, selon les statistiques officielles, il y a environ un demi-million d’enfants des rues et que le nombre de suicides d’enfants augmente? Alors que l’épidémie de délinquance juvénile devient de plus en plus menaçante, réalisons-nous encore que les enfants sont notre avenir? Un clairvoyant a dit:
«Il y a un démon sourd-muet qui doit être chassé de chacun de nous. A l’aide de que exorcisme doit-il être expulsé? Nous devrons répondre de tous les mots que nous n’aurons pas dit». Et on doit ajouter : «… et de tous ceux et celles que ces paroles auraient sauvés de la mort et de la mort éternelle». Dites-moi, qui a pu empêcher des enfants de sauter par la fenêtre, de se jeter sous les roues de la voiture? Qui a pu sauver des millions d’enfants de l’apprentissage de la débauche, déjà introduite dans les écoles européennes et qu’on est de plus en plus tenté de nous imposer?
Dans le manuel officiel russe de la fin du siècle dernier sur l’éducation civique pour la sixième classe, celle des enfants de 12 ans, on indiquait entre autres choses, que se retirer dans un monastère est une forme de folie et que la fraternité monastique était assimilée à un «voleur de virginité». Et quelle attitude envers l’orthodoxie trouve-t-on maintenant? Dans le «Journal Indépendant», un célèbre écrivain donne une longue interview dans laquelle il déclare que le christianisme est un grand désastre pour la Russie. Et en même temps, cet auteur n’est pas athée ; il affirme que chaque personne est potentiellement égale à Dieu. Admettez qu’on ne lisait pas cela à l’époque soviétique.
La parole de Dieu ne nous permet pas d’être tolérants avec le mal. «Craindre Dieu, c’est haïr le mal» (Sagesse de Salomon 8;13). C’est un grand péché que de rester neutre vis-à-vis du mal : «Celui qui n’est pas avec Moi, dit le Christ, est contre Moi»(Lc.11;23). Il ne laisse pas de place pour les neutres.
Certaines vérités sont difficiles à dire par peur d’être mal compris, mais plus souvent par peur de la persécution, aujourd’hui, comme il y a deux mille ans, «la peur du judaïsme». Mais passer la vérité sous silence rend impossible la proclamation de la bonne nouvelle du salut pour que le prochain ne soit pas tenté. Quiconque prêche de manière à ne heurter ni blesser personne ne pourra réconforter ni inspirer personne.
Où sont ceux qui osent appeler le péché par son nom plutôt que par un pseudonyme? Que tous les prêtres se lèvent et disent, comme notre Patriarche l’a rappelé en son temps: «noir c’est noir, et blanc c’est blanc», et le peuple se tournera vers eux car enfin, il entendra ceux qui ne mentent pas, ceux qui les aiment. Il est impossible d’aimer en prêchant des valeurs vagues et en les faisant passer pour la vérité. Toute distorsion de la vérité est la destruction de l’amour. Enfin, nous nous souvenons tous de ces paroles du Primat de notre Église: «Si nous restons silencieux, nous serons simplement détruits».
Même au prix du rejet personnel et de la souffrance, le prédicateur de la vérité doit toujours rester fidèle à la vérité afin de la transmettre aux autres. N’ayons pas peur de dire la vérité à qui que ce soit, voilà ce que nous rappellent aujourd’hui tous les nouveaux martyrs et confesseurs de la foi. Seule ce qui est vrai nous sauvera et seule la vérité nous sauvera. Seule la vérité nous permettra de vivre la tête haute.
Chaque fois que nous sentirons les forces nous manquer pour dire la vérité, nous nous souviendrons de nos saints confesseurs de la vérité! Puissent-ils vaincre notre timidité à l’égard de la vérité et nous aider à la dire sans crainte ni honte. (A suivre)
Traduit du russe
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