«... en 38 années de sacerdoce presbytéral et épiscopal, j'ai prononcé environ 1250 homélies, dont 750 furent mises par écrit et constituent douze épais volumes dactylographiés...»
(Le Saint Archevêque Confesseur et chirurgien Luc de Crimée)
1
L’homélie ci-dessous a été prononcée le 2 mai 1954. Elle est intégrée dans le recueil intitulé «Tome 3» des Homélies de Saint Luc.
Pourquoi était-il si difficile pour les apôtres de croire ce que leurs yeux voyaient ? Ils avaient tout de même été les témoins de la résurrection par notre Seigneur Jésus du fils de la veuve de Naïn, de la fille de Jaïre et même de Lazare.
Il fut difficile, très difficile, mais vraiment très, très difficile pour les apôtres de croire que notre Seigneur Jésus Christ était ressuscité. Les paroles de myrrophores, qui leur annoncèrent la nouvelle, ils les prirent pour des mensonges. Quand ils se retrouvèrent en Galilée, sur la montagne où Jésus leur avait commandé d’aller, et qu’ils Le virent, ils n’en crurent pas leurs yeux. Quand Lui-même leur apparut dans la chambre haute à Jérusalem, ils crurent voir un fantôme.
L’incrédulité la plus grande fut celle de l’Apôtre Thomas, qui dut mettre son doigt dans les plaies laissées par les clous dans les mains et les pieds du Sauveur, et sa main dans Son côté.Pourquoi était-il si difficile pour les apôtres de croire ce que leurs yeux voyaient ? Ils avaient tout de même été les témoins de la résurrection par notre Seigneur Jésus du fils de la veuve de Naïn, de la fille de Jaïre et même de Lazare. Mais c’étaient les actes du plus grand Thaumaturge; ce n’était donc pas par leur propre force que ces morts ressuscitèrent, et il était incommensurablement plus difficile de croire que le corps humain mort puisse ressusciter par lui-même. Ainsi, il fut très difficile pour les apôtres de croire même ce que leurs yeux voyaient.
Et pour nous, qui n’avons jamais vu Jésus ni vivant ni ressuscité, est-ce plus difficile ou plus facile de croire en ce que nous lisons dans l’Évangile et dans les Épîtres des Saints Apôtres? C’est plus facile, bien sûr, beaucoup plus facile, car une multitude de faits et événements historiques nous convainquent sans doute possible de la vérité de la résurrection du Christ.
Que dire alors du fait que la prédication des pêcheurs galiléens illettrés et de leurs successeurs en quelques siècles conquis le monde entier de l’époque, non seulement les Grecs et les Romains, cultivés, mais aussi les Germains à moitié sauvages, les Gaulois, les Angles et porta un coup fatal au paganisme? Tout cela aurait-il été possible sans que le Christ ressuscite? La prédication de la Crucifixion du Fils de Dieu n’aurait-elle pas fait l’objet de moqueries partout où elle aurait été proclamée? Aurait-il été concevable que des dizaines de milliers de saints martyrs s’offrent à des supplices terribles et à une mort violente, s’ils n’avaient pas cru pas de tout leur cœur à la Résurrection du Christ et ne s’étaient pas enflammés d’amour pour le Vainqueur de la mort? Auraient-ils été possibles les podvigs les plus pesants du jeûne et des prières menés par des ermites et moines innombrables pour la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ et l’acquisition de l’Esprit du Christ? Des millions et des millions de gens, hommes et femmes de tous âges, furent d’authentiques chrétiens, en particulier au cours des quatorze premiers siècles après la Nativité du Christ.
Toutefois, même si la puissance de la prédication fut considérable, de même que celle des actes du Christ, même si la mort du Fils de Dieu sur la Croix, et Sa résurrection d’entre les morts stupéfièrent le monde, tous ne crurent pas en Lui. Déjà parmi les contemporains de notre Seigneur Jésus et de Ses apôtres, la majorité du peuple élu de Dieu ne crut pas en Lui.
L’incroyance, telle une gigantesque vague, a submergé les peuples modernes d’Europe et d’Amérique, autrefois chrétiens; elle grandit et se propage. Elle commença, bien sûr, non pas à l’époque de la Renaissance des sciences et des arts, non pas aux temps de Voltaire et d’autres encyclopédistes, mais beaucoup plus tôt, déjà au premier siècle après la Nativité du Christ. Qu’est-ce que cela signifie Cela signifie que notre Seigneur Dieu, Jésus Christ, n’attire pas le cœur les gens à Lui par la force, ce qu’Il pourrait faire, bien sûr, par Sa divine puissance. Il cherche l’amour et la foi libres.
Tous les cœurs n’acceptent pas avec joie Ses grands commandements. Les commandements de pauvreté spirituelle, de l’humilité et de la douceur, de la miséricorde, les gens fiers et dominateurs en rient. Tous ceux qui ont besoin seulement de la justice dans les relations sociales, ils ne veulent rien entendre de la justice suprême et éternelle de Dieu, et l’idéal de la justice se limite pour eux aux droits des relations entre les peuples. Sont ils nombreux, ceux qui sont prêts à être persécutés pour la justice, maltraités et calomniés pour l’amour du Christ?
Est-ce que beaucoup franchissent les portes étroites de l’étroit chemin pour entendre, à la fin de ce dur chemin, l’appel béni: «Venez bénis les bénis de Mon Père, héritez du Royaume qui vous a été préparé depuis des siècles»? Qu’est-ce qu’un érudit vous dira si vous vous adressez à lui pour prêcher le Christ? Bien sûr, il vous répondra avec agacement: «Ne m’empêchez donc pas de pratiquer la science, car elle est pour moi toute la vérité».
L’Apôtre Paul, dans la première Épître aux Corinthiens, parle des sages et des intelligents qui ont rejeté la foi en Dieu pour la science: «En effet, la doctrine de la croix est une folie pour ceux qui périssent ; mais pour nous qui sommes sauvés, elle est une force divine. Car il est écrit : «Je détruirai la sagesse des sages, et j’anéantirai la science des savants.» Où est le sage? où est le docteur? où est le disputeur de ce siècle? Dieu n’a-t-il pas convaincu de folie la sagesse du monde? Car le monde, avec sa sagesse, n’ayant pas connu Dieu dans la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par la folie de la prédication. Les Juifs exigent des miracles, et les Grecs cherchent la sagesse ; nous, nous prêchons un Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les Gentils, mais pour ceux qui sont appelés, soit Juifs, soit Grecs, puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car ce qui serait folie de Dieu est plus sage que la sagesse des hommes, et ce qui serait faiblesse de Dieu est plus fort que la force des hommes. Considérez en effet votre vocation, mes frères ; il n’y a parmi vous ni beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles. Mais ce que le monde tient pour insensé, c’est ce que Dieu a choisi pour confondre les sages ; et ce que le monde tient pour rien, c’est ce que Dieu a choisi pour confondre les forts ; et Dieu a choisi ce qui dans le monde est sans considération et sans puissance, ce qui n’est rien, pour réduire au néant ce qui est…»
Pendant Sa vie terrestre, notre Seigneur Jésus-Christ appelait Son petit troupeau, ceux qui croyaient en Lui. Ne vous troublez pas de cela, mais réjouissez-vous. Et sachez que de très grands savants et philosophes ont appartenu à ce petit troupeau pendant tous les âges et jusqu’à présent, qui ont réussi à combiner leur foi en la science avec la foi suprême en Dieu et en son Christ; et parmi ceux qui rejettent la religion sur la base des données de la science, la grande majorité n’a rien à voir avec la science et n’en parle que par ouï-dire.
Et pour vous, gens ordinaires et peu instruits, que les paroles du Christ soient le plus puissant support: «Si vous ne devenez pas humbles, si vous ne redevenez pas comme des petits enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux.»
Amen.
Traduit du russe
Source