Écrits

Le texte ci-dessous est la traduction en plusieurs parties d’un original publié sous forme de brochure aux Éditions Novaia Kniga (Monastère Sretenski) à Moscou, en 1997, intitulée «Comment se préparer au Grand Carême et le vivre?» (Как подготовиться и провести Великий пост), et dû au Métropolite Ioann (Snytchev). Le texte de la brochure a été rédigé à partir des homélies prononcées par Vladika Ioann dans les années 1970′. A cette époque, il était Évêque de Syzran et Vicaire de Kouïbychev. Les homélies portaient sur les nombreuses questions spirituelles liées directement au Grand Carême. Cette huitième partie termine le texte de la brochure originale. Les parties précédentes du texte se trouvent ici.

Comment traiter ennemis et agresseurs ?
Le commandement de Dieu relatif à la patience dit «celui qui persévère jusqu’à la fin sera sauvé» (Mat. 10;22). Et nous l’oublions complètement. Nous sommes tourmentés par le chagrin intérieur: comment osent-ils m’offenser? Comment ont-ils pu me dire ces paroles pénibles? Pourquoi ont-ils fait ça? Oui mais, sont-ils de bonnes personnes? Nous commençons donc à tout passer au crible et nous oublions les commandements de Dieu. Comment voulez-vous que les gens pensent et disent de nous seulement de bonnes choses? Il est certainement bon que les gens disent de bonnes choses sur nous, à condition que nous soyons vraiment bons et surtout humbles. Mais si nous n’avons pas d’humilité? S’il n’y a pas la vraie vertu, mais juste une apparence de vertu, pensez-vous que les gens diront alors du bien de nous? Non, le Sauveur du monde a dit explicitement: «Malheur à vous, quand tous les hommes diront du bien de vous»(Lc.6;26). Oui, c’est vraiment un malheur, parce qu’une personne qui incline son oreille et son cœur vers la gloire ou la louange de l’homme n’est pas affermie dans le bien. Et il suffit de dire à son sujet quelque chose d’humiliant ou d’affligeant, et il change immédiatement de visage et d’humeur. Par conséquent, Saint Macaire d’Égypte nous conseille, si seulement nous voulons être sauvés, si seulement nous voulons atteindre une disposition spirituelle réellement favorable, de créer dans notre cœur une telle humeur dans laquelle nous somme pareils aux morts : ne penser ni aux offenses ni à la gloire. Traiter les deux de la même manière. Eh bien, si nous avons cette disposition, alors, il est sûr que nous serons fermes sur le chemin du salut.
Sur la spiritualisation de la vie dans le monde.

Afin de bien disposer notre cœur vis-à-vis de la sainteté, afin de créer une sorte de monastère de l’Esprit Divin, pour que nos pensées aspirent à l’élévation à travers et au-delà du monde visible, le grand héros de l’ascèse de la terre russe, Saint Théophane le Reclus, nous conseille de rendre chaque chose spirituelle, c’est à dire d’associer à chaque chose, même ordinaire, de bonnes réflexions, de l’investir d’un sens spirituel. Voici comment cela peut se faire. Disons que vous avez remarqué une tache sur votre robe. Immédiatement, vous la regardez tristement et dites: «Allons, il n’est pas bon de me montrer aux gens dans une robe aussi sale. Mais comment vais-je me présenter devant Dieu avec une âme souillée? N’est-il pas honteux de se présenter dans cette tenue devant le Juge et Créateur immaculé?» Alors paie tes péchés, et cesse. Voilà ce qu’il faut faire dans toutes les situations quotidiennes. Si quelque chose ne fonctionne pas dans les affaires, alors dites ceci: «Tu vois, dans les affaires quotidiennes, il est difficile de réussir, alors comment veux-tu atteindre le salut Éternel sans difficulté, vautré dans la paresse et la négligence?». C’est ainsi qu’il convient de procéder dans toutes les affaires de la vie quotidienne. Si quelque chose ne fonctionne pas dans ces affaires, dites-vous ceci: «Tu vois que dans les affaires quotidiennes, il est difficile de réussir, mais comment veux-tu alors atteindre le salut éternel sans difficulté, restant dans la paresse et la négligence?». A son usage, Saint Seraphim de Sarov désignait les lieux par des noms tirés des Saintes Écritures. Une rivière qui coulait tout à côté fut appelée le Jourdain. Les collines qui se trouvaient à proximité, il les nomma l’une Tabor et l’autre Mont des Oliviers. Ainsi, à chaque élément géographique, il combinait des histoires évangéliques. Et chaque fois qu’il venait à la rivière, sa pensée était immédiatement transférée dans l’événement annoncé par le Saint Évangile, le Baptême du Seigneur. S’il montait sur une des collines, il se présentait mentalement comme le Tabor et la Transfiguration de notre Seigneur Jésus-Christ. Et ainsi son esprit s’élevait toujours vers les hauteurs.
Ne remettez pas ce travail à un moment ultérieur! Commencez dès aujourd’hui. Allez et déterminez, spiritualiser littéralement tout: la préparation de la nourriture, le repos, nos relations les uns avec les autres… Croyez-moi: comme il sera facile alors de nous perfectionner spirituellement et de supporter toutes sortes de problèmes qui se produisent dans nos vies! Alors, avec l’aide de Dieu, nous pourrons nous éduquer dans la vraie piété et obtenir la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur.
A propos de l’acceptation volontaire de l’affliction.
Devant les yeux de notre esprit apparaît un tableau terrible.
Après que Pilate eut condamné le Christ Sauveur à la crucifixion, des soldats emmenèrent Jésus, Le chargèrent de la Croix et Le conduisirent au Golgotha….
Sans un murmure, le Christ porta la Croix. Il fut aidé par Simon de Cyrène. Et puis, voilà le Golgotha. Ici se déroule un grand et terrible événement. Le Christ est cloué à la Croix et avec Lui deux brigands. L’un à droite et l’autre à gauche.
Mais contrairement aux voleurs, le Maître Divin n’endura pas le martyre de la Croix pour Ses péchés. Il accepta la souffrance volontairement pour expier de la malédiction du péché et de la mort de l’humanité. Le Seigneur cloue et déchire sur la Croix la cédule des péchés de tous les hommes et lave ces péchés de Son sang vivifiant. Intervient alors la réconciliation entre Dieu et l’homme. La rédemption du genre humain est accomplie.
Et des deux côtés du Sauveur sont suspendus sur des croix des criminels qui se sont profanés par diverses atrocités. Comment ces brigands considèrent-ils leur martyre et les souffrances du Christ? Dans un premier temps, les deux brigands salirent leurs lèvres par leurs insultes. Mais bientôt, leurs opinions se divisèrent. L’un des brigands, accroché à droite du Christ Sauveur, fut imprégné de compassion pour le Dieu-Homme, tandis que l’autre, cloué à gauche, gardait l’esprit obscurci et continuait à blasphémer envers le Dieu-Homme en lui disant: «Si Tu es le Christ, alors sauve-Toi et nous aussi».
Alors le brigand de droite, ressentant le mystère des souffrance du Christ Sauveur, dit à l’autre: «Ne crains-tu Dieu alors que tu toi-même condamné à la même chose? Nous, nous sommes condamnés à juste titre, car nous le méritons par nos œuvres, mais Lui, Il n’a rien fait de mal». Et après cela, il s’est adressé au Christ avec une prière: «Souviens-Toi de moi, Seigneur, dans Ton Royaume». Et parce que sa supplication était sincère, venue du fond du cœur brisé, parce que le voleur devenu sage reconnaissait avoir mérité sa mise à mort sur la Croix, parce qu’il s’est vraiment repenti intérieurement de ses atrocités, le Christ répondit à sa supplication en ces termes: «Maintenant, tu vas être avec Moi au paradis».
Ainsi, le brigand raisonnable, bien qu’il ait versé beaucoup de sang humain, bien qu’il ait causé beaucoup de chagrin aux gens, mais ayant accepté la souffrance sur la Croix et reçu la rétribution pour toutes ses atrocités, fut purifié par le repentir, et reçu sa justification de la part du Seigneur.
Nous tenant devant le Golgotha, nous voyons prendre place la rédemption du genre humain. Nous comprenons ici cette grande vérité selon laquelle il est nécessaire non seulement de prendre conscience de nos péchés, mais aussi d’accepter volontairement certaines tribulations et souffrances pour expier nos péchés. C’est alors seulement que nous nous serons réellement corrigés. Bien sûr, si nous nous lançons dans la voie du second voleur imprudent qui blasphéma contre le Sauveur jusqu’à la fin, si nous faisons appel à Dieu et disons: «Seigneur, pourquoi me punis-tu, je ne crois pas avoir fait de mal dans ma vie?». Si nous murmurons contre le Seigneur pour les tribulations qui nous sont envoyées, naturellement, ces tribulations ne nous apporteront aucun avantage dans l’œuvre du salut et notre repentir ne sera pas accepté par le Seigneur; il sera rejeté. Nous devons vraiment nous repentir…
Il est nécessaire, chaque fois que nous commettons un péché, de nous imposer à nous-mêmes des travaux corporels et spirituels qui serviront à la purification de nos âmes.
Si nous rejetons toutes les tribulations, les considérant comme imméritées, si nous nous justifions devant Dieu, notre repentir sera vain. Nous avons de quoi être punis. Regardez attentivement vos actes. Après tout, nous commettons beaucoup de mauvaises choses. Et comme nous faisons peu de bien! Très peu. Et les bonnes œuvres que nous accomplissons sont parfois souillées par notre propre vanité ou notre orgueil. Et, plus triste encore, quand nous commettons un péché, nous ne ressentons souvent même pas de remords. En faisant cela, nous touchons au péché et oublions la purification de l’âme.
Mais le Seigneur nous appelle au repentir! Par son amour, il ne veut pas de notre perte, c’est pourquoi il nous envoie telle ou telle affliction pour nous réveiller du rêve pécheur. Pour nous réveiller de l’oubli, nous nous sommes blâmés et avons reconnu nos faiblesses. Et dès que nous sommes conscients de notre essence pécheresse et que nous sommes disposés à supporter sans murmure toutes sortes d’épreuves et de tribulations, alors la bonté de Dieu nous sera donnée; elle entrera dans nos cœurs, elle nous fortifiera, elle nous fortifiera sur le chemin du salut.
Traduit du russe
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