La traduction ci-dessous est celle d’un extrait des pages 139 à 143 du livre «Un Ange terrestre et un homme céleste. L’Archimandrite Naum (Baïborodine) parle de Saint serge de Radonège» (Земной ангел и небесный человек. О преподобном Сергии Радонежском), publié à Moscou en 2018 aux Éditions Sibirskaia Blagozvonnitsa. Il s’agit plus précisément d’un extrait de l’homélie que le Starets Naum de bienheureuse mémoire prononça le 11 octobre 2009, à l’occasion de la commémoration des Saints Cyrille et Marie, les parents de Saint Serge.
(…) En 1920 arrivèrent de Moscou des dispositions visant à la liquidation des reliques. Mais il se trouva des gens pieux qui empêchèrent cela. On ôta alors le crâne de Saint Serge de Radonège et on le remplaça par la tête du Prince Troubetskoï. Un fidèle habitant la ville prit sous sa protection le reste des reliques. Les autorités se présentèrent et procédèrent à la liquidation; ils emportèrent tout ce qu’ils avaient trouvé. Vladika Serge (Goloubtsov) a été inhumé chez nous à la Laure. Il fut alors partisan de la dissimilation, afin de la préserver dans le plus grand secret, de la tête de Saint Serge. Tous ceux qui en furent informés durent prêter serment, afin que personne ne révèle jamais où elle se trouvait.
Pendant un temps, la tête de Saint Serge fut conservée à Serguiev Posad. Ensuite, elle fut emmenée au village de Vinogradovo, près de la gare du Long-Etang, dans l’église dédiée à l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu de Vladimir. Elle y fut déposée et soigneusement cachée. En ce temps-là, c’était l’Archimandrite du grand schème Hilarion (Oudodov) qui y célébrait. Il avait été moine au Mont Athos. Il fut le dépositaire de la tête. C’était un grand et pieux ascète, un homme que Dieu aimait beaucoup, et les gens aussi l’aimaient, car c’était un bricoleur autodidacte. Son savoir-faire s’étendait à de nombreux domaines et il aidait tout le monde gratuitement. Il était capable de fabriquer un poêle, de réparer un bâtiment, de fabriquer une serrure, de réparer une montre, de colmater une fissure, et de réparer tant de choses. Tout le monde accourait chez lui, même de lieux plus éloignés, et il réparait rapidement tout ce qui le nécessitait. Le Père Hilarion construisit un petit autel dans l’église. Si vous y allez, prêtez attention : à gauche, dans l’autel de Saint Serge c’est là que se trouvait son crâne.
Un jour, des commissaires arrivèrent au village, pour fermer l’église. Ils se mirent à crier : «Il y a chez vous des éléments non-prolétaires, des bourgeois, un prêtre. Il faut fermer tout. Vous n’avez pas besoin d’église». Mais les gens prirent sa défense et intercédèrent : «Pas question, ne touchez pas à notre Batiouchka! Ce n’est pas un bourgeois. C’est un travailleur qui nous aide. Nous ne souhaitons pas que l’église d’ici soit fermée, alors celui qui y célèbre doit rester». Ils acquiescèrent : «C’est bon, d’accord. Manifestement, votre conscience n’est pas encore assez mûre».
Ils voulurent repartir, mais ils furent incapables de faire démarrer leur voiture. Celle-ci ne voulait rien entendre. Ils durent la bricoler pendant des heures. Le Starets Hilarion s’approcha et proposa son aide : «Laissez-moi jeter un coup d’œil ; je vais essayer de voir ce qui ne va pas». Ils rigolèrent :«Mais qu’est-ce que tu y comprends ?! Nous, on est des spécialistes, et on n’y arrive pas, alors toi,…». Et ils s’agitèrent et se fatiguèrent en vain quelques temps encore, avant, finalement, de le rappeler : «C’est bon, viens jeter un coup d’œil!». Le Père Hilarion approcha, se livra à plusieurs réglages, et la voiture démarra. Les commissaires se réjouirent : «Ah Ben lui alors ! Voyez-moi ça! Excellent! Combien te doit-on?». «Rien. Mais, je n’ai plus de kérosène». Ils revinrent quelques temps plus tard, lui apporter du kérosène, et jamais plus il ne fut importuné.
Ainsi, par les prières de Saint Serge et la Providence Divine, cette église ne ferma à aucun moment et on y célébra en permanence, alors que toutes celles des environs furent fermées. La tombe du Père Hilarion et celle de son frère Pierre se trouvent encore à côté de l’église. Le Père Hilarion vécut 89 ans; il mourut en 1951 et son frère, en 1962, à l’âge de 92 ans.
Lorsque la Laure fut rendue à l’Église, cela commença par l’église de la Dormition, ensuite, la chapelle Saint Nicolas, et ensuite, l’église de la Trinité. Alors, le crâne de Saint Serge fut ramené et remis en place auprès du reste de ses reliques. Le premier office fut célébré dans l’église de la Dormition, et la tradition dit que c’est le Starets-Archimandrite du grand schème Hilarion qui proclama le début : «Bénis soit notre Dieu…» (…)
Traduit du russe