Le texte ci-après est un extrait de la deuxième section du livre «’Surmonter les troubles’, Adresse au peuple russe» (“Одоление смуты”. Слово к русскому народу), du Saint Métropolite Ioann (Snytchev) de Saint-Pétersbourg et Ladoga, publié en 1995 par les Éditions Tsarskoe Delo. Le livre regroupe des articles, homélies et interventions de Vladika Ioann datant de la dernière période de sa vie, entre 1992 et 1994. Tant les propos foudroyants du Saint Pasteur de Kronstadt que les commentaires du saint Métropolite Ioann résonnent d’une tonalité qui semble sortie de ce début de XXIe siècle.
Au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit!
Très vénérés pères, frères et sœurs! Mes enfants bien-aimés!
Aujourd’hui, la Sainte Église Orthodoxe célèbre une date remarquable qui propose pour notre édification la sainte vie et les miracles du grand pasteur de Kronstadt. En vérité, il est grand devant Dieu, l’inoubliable Père Jean, pendant sa vie priant et s’affligeant pour toute la Russie, et maintenant, notre céleste intercesseur, intervenant avec audace devant Dieu, et aussi, protecteur de Saint-Pétersbourg. Glorifiés dans le monde entier par ses miracles, ayant atteint gloire et vénération même dans les peuple non-orthodoxes et même non-chrétiens, par sa vie merveilleuse et ses écrits inspirants, le Saint et Juste Père Jean nous guide maintenant, nous les pécheurs qui avons besoins de nous débarrasser de la paresse et d’œuvrer activement au salut de notre âme.
Le Père Jean naquit le 19 octobre (de l’ancien calendrier) 1829, dans la famille pauvre du lecteur de la paroisse villageoise de Soura, dans l’ouïezd de Pinega, Éparchie d’Arkhangelsk. Le petit Jean devint un doux et paisible jeune garçon aimant la nature et les offices divins. Quand il atteignit l’âge de six ans, il fut jugé digne d’une apparition de son ange-gardien, qui lui expliqua que Dieu lui avait ordonné de protéger Jean pendant toute sa vie. Pendant neuf ans, il alla à l’école paroissiale à Arkhangelsk, et ensuite au séminaire. Il termina les études du séminaire parmi les meilleurs élèves, ce qui lui permit d’accéder à l’Académie de Théologie de Saint-Pétersbourg. Il en termina le cursus en 1855. Précisément à ce moment, une place de prêtre se libéra à la cathédrale Saint André de Kronstadt. Après son ordination, lorsqu’il entra pour la première fois dans la cathédrale, il constata avec stupéfaction qu’il avait vu cette église pendant un rêve, quand il était séminariste.
Depuis lors, pour des millions d’Orthodoxes russes, le nom du Père Jean est indissociable de Kronstadt. Avec le temps, cette cathédrale se transforma en un lieu de pèlerinage accueillant d’innombrables malades, affligés, assoiffés de consolation et de guérison, y aspirant à travers les prières du saint pasteur. En 1882 un établissement particulier fut construit pour accueillir les pèlerins, il était rempli en permanence.
Notre Seigneur Très Miséricordieux répandit Sa grâce avec une abondance sans limite sur le héros de l’ascèse de Kronstadt. Par son corps, il séjournait sur terre mais son cœur vivait dans les Cieux, dissimilant son pieux podvig du regard des hommes. Il vécu toute sa vie avec son épouse, comme frère et sœur. Parfois, il portait des chaînes. Il s’immergeait dans la bienfaisance, jusqu’à l’oubli total de lui-même, jusqu’à l’indigence. Le Père Jean atteignit une élévation spirituelle indicible et par sa prière audacieuse au Seigneur, il acquit les dons bénis de la guérison, de la clairvoyance, et une foi inaltérable et invincible. Le Seigneur dit un jour à Ses disciples : «Je vous le dis en vérité, si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à cette montagne: Transporte-toi d’ici là, et elle se transporterait; rien ne vous serait impossible » (Mat.17,20). Et la foi du Père Jean déplaçait vraiment les montagnes. Par sa prière, les cieux s’ouvraient, mettant fin la sécheresse destructrice, les épidémies terribles s’interrompaient, les morts ressuscitaient, les malades incurables guérissaient, les démons étaient chassés et les athées endurcis se convertissaient à la foi.
Grand était l’amour du peuple pour son fervent pasteur. Ses contemporains témoignent que jusque dans la lointaine Sakaline, de simples paysans, de simples chasseurs, disposaient dans le beau coin, à côté des icônes du Sauveur et de la Très Sainte Mère de Dieu, un portrait du Père Jean. L’abondance des miracles produits à la suite de sa prière est stupéfiante. Quand après la révolution, dans les conditions pénibles de l’immigration, des fidèles sincèrement attachés à la mémoire du saint décidèrent de rassembler pour leurs descendants des témoignages de ces miracles, ils rassemblèrent en quelques mois des matériaux qui remplirent deux lourds volumes.
On connaît les cas au cours desquels le Père Jean guérit des malades souffrant de maladies mortelles (et ressuscita des morts) littéralement, sous les yeux des médecins médusés. Lors d’un pareil cas, qui se produisit en présence d’un entière commission médicale, les médecins proposèrent à Batiouchka de publier les faits dans une communication certifiée par leurs propres signatures, mais l’humble héros de l’ascèse refusa.
Le Père Jean fut victime d’une haine insensée dans le milieu de ceux qui combattaient Dieu et détestaient les Chrétiens. Il vivait encore quand furent imprimés des fleuves de calomnies et de mensonges. Et après la révolution, il était interdit de prononcer son nom et de le commémorer. Le pouvoir athée détruisit et pilla tous les lieux liés avec la vie de ce glorieux juste, espérant ainsi effacer sa mémoire de l’âme du peuple. Mais la vénération du Père Jean surmonta toutes les épreuves et les persécutions, le Seigneur confondant les élans de satan. L’Église Orthodoxe Russe glorifia le grand starets et l’inclut dans le chœur des saints de Dieu, et aujourd’hui, nous nous réjouissons spirituellement et proclamons ses merveilleux hauts-faits, et nous nous tournons vers lui pour obtenir aide et soutien.
Les paroles ardentes du Père Jean guerroient contre le mensonge et l’iniquité, signes de nos temps mauvais. Elles résonnent d’opportunité et de raison, ses paroles prophétiques :
«D’où viennent cette anarchie, ces grèves, ce brigandage, ces meurtres, ces détournements, cette dépravation de la société, cette dépravation régnante, cette ivrognerie aveugle? De l’absence de foi, de l’athéisme… La situation actuelle de la Russie en est la preuve la plus claire. Comme satan est rusé et mauvais! Pour abattre la Russie, il souffle sur elle, sur les écrivains et enseignants mal intentionnés, l’athéisme et la dépravation… Sur ce terreau d’athéisme, de faiblesse d’âme, de pusillanimité, l’amoralité détruit l’État. Si la foi et la crainte de Dieu ne sont plantées à nouveau dans la population de Russie, elle ne pourra tenir bon. Il faut se tourner au plus vite, avec repentir, vers Dieu! Il faut se hâter fermement, sans hésitation, vers le bon havre de la foi et de l’Église!».
Le saint starets avait vu par avance les malheurs et infortunes qui allaient s’abattre sur nous pendant des décennies: «La foi en la parole de Dieu, la parole de vérité, a disparu et est remplacée par la foi en la raison humaine. On imprime des mensonges sans fin. Pour la presse, il n’est rien de saint, rien de digne, sinon sa plume malicieuse, souvent trempée dans l’encre empoisonnée de la calomnie et des railleries. Finie l’obéissance des enfants envers les parents, des élèves envers les maîtres… Les mariages sont bafoués, la vie de famille démantelée. La politique ferme n’existe plus, seulement de la politicaille… tout le monde veut l’autonomie… L’intelligentsia est dépourvue de tout amour pour la Patrie, et elle est prête à vendre celle-ci aux étrangers, comme Judas vendit Jésus aux mauvais scribes et pharisiens… Les ennemis de la Russie préparent le démantèlement de l’État. Il n’y a plus nulle part de vérité et la Patrie est au bord de l’effondrement. Qu’attendre de l’avenir si perdurent cet athéisme, cette dépravation des mœurs, cette iniquité? Le Christ viendra-t-Il encore sur terre? Le Christ viendra-t-il encore se faire crucifier et mourir pour nous? Non. On a complètement bafoué Dieu, complètement enfreint Ses saints commandements. Il reviendra bien vite, mais Il reviendra pour juger le monde et rendre à chacun selon ses œuvres… Homme qui porte le nom de chrétien, réfléchis, reviens à la foi, au bon sens, à la parole de Dieu...» «Malheur à toi, homme mauvais, incorrigible et ingrat! Tous les malheurs d’aujourd’hui sont envoyés par Dieu, et ils sont envoyés à cause de toi! Mais tu vois, bientôt se lèvera le jour de ton juste, terrible et éternel châtiment. Frémis, tremble, homme, indigne de ce nom grandiose, attend ; il arrive bientôt le juste Jugement de Dieu».
Ces propos foudroyants furent prononcés voici de nombreuses années par le Père Jean. C’est à nous qu’ils sont destinés, aujourd’hui. Ils dénoncent nos fautes et indiquent le chemin de la libération de la prison du péché : «Nous ne persécutons ni ne pourchassons personne. Nous laissons chacun des non-orthodoxes et des hétérodoxes vivre selon leur foi, mais nous, tout le monde nous persécute et nous pourchasse… Dans nos temps présents, les croyants fidèles endurent la persécution non seulement de la part des croyants d’autres confessions, mais de la part des leurs, de leurs frères qui ont renié leur foi et ne croient plus en rien».
«L’Empire du Tsar de Russie vacille, branle; proche de la chute. Pourquoi donc cet Empire russe si ferme, si puissant, si glorieux autrefois est-il aujourd’hui si devenu si faible, sans forces, humilié, secoué comme une brindille? Parce qu’il a abandonné sa foi ferme, inébranlable et fondamentalement vraie...»
Et le Père Jean appelle avec ardeur:«Russie, tourne-toi vers Dieu. Tu as péché devant Lui plus et plus lourdement que tous les peuples de la terre. Reviens, en pleurs et en larmes, à la foi et aux vertus. Tu as péché plus que tous, car tu avais, et tu as encore en toi un trésor vital sans prix : la Foi Orthodoxe avec l’Église salvatrice. Et ce trésor, tu l’a piétiné, tu as craché dessus, devant la face de tes fiers et mauvais fils et filles…»
Et le héros de l’ascèse se lamente : «Reviens, Russie, à ta foi sainte, immaculée, salvatrice, invincible et à la Sainte Église, ta mère. Alors tu seras vainqueur et glorieux, comme en ces temps anciens alors que tu avais la foi. Tu places tout ton espoir dans ta raison arrogante et enténébrée. Combat tout ces maux que Dieu t’a envoyés avec les armes de la sainte foi, de la sagesse divine, de la vérité, de la prière, de la vertu, de la croix, du courage, de l’abnégation et de la fidélité de tes fils».
Malheur à nous si aujourd’hui nous ne prêtons pas attention à ces avertissements du grand starets de Kronstadt! Car alors, il n’y aura pas de renaissance de la Sainte Rus’, et il faudra répondre, lors du Jugement Divin,sans concession, de ce que nous avons négligé notre service au peuple-porteur de Dieu, trahi les saints trésors de la foi et nous sommes détournés avec pusillanimité du combat spirituel. Puisse-t-il ne pas en être ainsi!
Frères et Sœurs! Mes bien-aimés! Nous crions d’une voix impérieuse au Saint et Juste Père Jean, notre prière sincère, ardente, venant de notre cœur:«Saint Père Jean, prie Dieu pour nous! Avec audace, obtiens-nous de la part du Dieu généreux, un esprit ardent qui nous fasse plaire à Dieu, un esprit d’attention ferme dans le discernement de nos péchés et de nos passions, le repentir et Sa tendresse! Puissions nous ainsi ne pas périr dans le désert de notre manque de foi et de notre pusillanimité. Mais puissions-nous étancher notre soif spirituelle aux sources d’eau vive qui s’écoulent des murs de la Sainte Église Orthodoxe, notre unique havre d’espoir face à la rébellion de ce monde mauvais et futile. Sois notre aide fidèle et notre puissant intercesseur, raisonne-nous, apprends-nous tout bien, à la gloire de Dieu, pour le salut de nos âmes!». Amin
Traduit du russe
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