Le texte ci-dessous est la traduction d’extraits d’écrits et surtout du Journal de Saint Jean de Kronstadt, dans lesquels il exprima l’expérience persévérante de la prière telle qu’il la vécut et pratiqua de tout son être au fil des années. Cette sélection fut publiée en 1943 en russe, sous forme de recueil, par les éditions de la Fraternité Saint Jean le Théologien à Kharbin. Voici la deuxième partie de cette traduction.
1. Tant que nous demeurons dans la prière fervente, nous ressentons paix, chaleur, légèreté et lumière dans notre âme, car alors, nous sommes avec Dieu et en Dieu. Mais quand l’intensité de la prière diminue, la tentation survient, ainsi que trouble et confusion. O, temps bienheureux de la prière!
2. Quand nous prions, nous devrions toujours maîtriser notre cœur et le tourner vers le Seigneur. C’est nécessaire pour l’empêcher d’être froid, malicieux, infidèle, duplice. Sinon, quelle est l’utilité de notre prière, de notre piété? Aime-t-on entendre la voix du Seigneur, teintée de colère: «Ce peuple m’honore des lèvres, Mais son cœur est éloigné de moi» (Math. 15,8)? De même, que notre âme ne s’amollisse pas quand nous sommes à l’église; notre esprit doit être brûlant et œuvrer pour le Seigneur. Les fidèles n’apprécient pas les offices célébrés avec froideur, par habitude. C’est notre cœur que Dieu veut.«Mon fils, donne-moi ton cœur» (Prov. 23,26), car le cœur est l’essentiel en l’homme, c’est sa vie, plus encore, son cœur est l’homme lui-même. C’est pourquoi celui qui ne prie pas ou ne sert pas Dieu avec son cœur, c’est exactement comme s’il ne priait pas du tout. C’est son corps qui prie, et le corps en lui-même est dépourvu d’âme, c’est juste un peu de terre. Souvenez-vous que lorsque vous vous tenez en prière, vous vous tenez devant Dieu qui détient l’esprit de chacun. C’est pourquoi votre prière doit être, comme on dit, tout esprit, toute raison.
3. Pendant la prière, soyez, comme le nourrisson qui babille, fondu en esprit dans la prière qui est prononcée. Considérez que vous n’êtes rien et recevez la prière comme un grand don de Dieu. Renoncez complètement à votre raison, ne lui accordez aucune attention, car «La connaissance enfle» (1Cor. 8,1), doute, rêve et blasphème. Si, pendant la prière, ou en-dehors de la prière, l’ennemi fait trébucher votre âme au moyen d’un quelconque blasphème ou d’une abomination, ne vous découragez pas, mais dites fermement à votre cœur : «C’est pour le nettoyage de ces péchés et de ceux du même genre que notre Seigneur Jésus-Christ est venu sur terre, le Tout-miséricordieux est venu pour nous aider à anéantir ces infirmités de l’esprit». Si vous dites ces paroles avec foi, votre cœur se calmera instantanément, car le Seigneur purifiera alors votre cœur. De façon générale, il ne faut se décourager face à aucun péché, à aucun rêve, mais espérer dans le Sauveur. O, bienveillance illimitée de Dieu! Quel grandiose service le Dieu-homme nous a ainsi rendu, à nous, pécheurs! Et maintenant, Il nous aide avec amour pour l’homme, nous purifiant et nous sauvant, confondant par là-même le pouvoir de l’ennemi.
4. Les pensées de l’homme exercent une influence puissante et aiguë sur la situation et les dispositions de son cœur et ses activités. Dès lors, pour que le cœur soit pur, bon, calme et les dispositions de la volonté bonnes et pieuses, il faut purifier ses pensées par la prière, la lecture des Saintes Écritures et des œuvres des Saints Pères, et méditer sur la corruptibilité, la dimension éphémère et périssable des jouissances terrestres.
5. Au plus vos pensées vous sont proches, au plus votre foi est proche de votre cœur, au plus Dieu sera proche de vous, et au plus vous pensez à Dieu de façon vivante et ferme, au plus sont vivantes votre foi, la conscience de vos infirmités et de votre insignifiance, ainsi que le sentiment d’avoir besoin de Dieu, au plus Il sera proche. Dieu est aussi proche de l’âme que l’air est proche du corps. Car comme on dit, Dieu est la pensée de l’air que respirent tous les Anges, les âmes des Saints, et les âmes des hommes et femmes particulièrement pieux. Vous ne pouvez vivre un seul instant sans Dieu. Vous vivez littéralement de Lui à chaque instant : nous vivons, existons et agissons avec Lui.
6. L’insensibilité du cœur envers la parole de vérité de la prière résulte de l’incroyance du cœur, et du fait que nous ne nous sentons pas pécheurs, et tout ceci provient à son tour du sentiment secret d’orgueil. L’homme sait, en fonction de sa sensibilité pendant la prière, s’il est orgueilleux ou humble. Au plus la prière sera sensible, enflammée, au plus il sera humble. Au plus il est insensible, au plus il sera orgueilleux.
7. Essayez de pratiquer la simplicité la plus enfantine dans vos relations avec les gens et dans la prière à Dieu. La simplicité est le plus grand bien et la plus grande dignité de l’homme. Dieu est parfaitement simple, parfaitement spirituel, parfaitement bon. Que ton âme ne conjugue pas le bien et le mal.
8. Apprenez à prier, forcez-vous à prier. Au début, ce sera difficile, ensuite, au plus vous vous forcerez à prier, au plus facile ce sera. Mais pour commencer, il est nécessaire de se forcer à le faire.
9. Quand vous priez, imaginez-vous seul avec Dieu, imaginez que vous êtes seul et que Dieu est devant vous, la Trinité en Personne, rien d’autre qu’Elle. Pensez que Dieu est dans le monde comme l’âme est dans le corps, même s’Il est infiniment plus haut que lui et n’est pas limité par lui. Votre corps est petit et il est tout entier pénétré de votre âme. Le monde est grand. Mais Dieu est infiniment grand. Dieu emplit la création entière, toujours présent et emplissant tout. (A suivre)
Traduit du russe.