Le Saint Tsar Nicolas II

 

Le texte ci-dessous est la traduction d'un original russe dû au Père Guennadi Belovolov, déjà présenté à plusieurs reprises sur ce blog. L'original fut publié le 14 mars 2017 sur la page du Père Guennadi du réseau "Livejournal". Le titre complet de cet original est : «Les pleurs du Starets Nicolas Gourianov pour le Tsar Martyr et la Rus'». Le Père Guennadi introduit son texte par les lignes suivantes:
J'ai eu l'occasion de lire un courriel de la moniale du grand schème Nicolaia, dont le texte convient comme jamais en ces jours où nous nous souvenons que vient de s'écouler un siècle sans Tsar. Je reproduis tant le courriel de Matouchka Nicolaia que les mots du Starets Nicolas Gourianov.
Cette traduction est la dernière de la série entamée au début janvier 2018. Au cours de cette année, le centenaire du meurtre du Saint Tsar Martyr Nicolas II, de son épouse, la sainte Tsarina Alexandra, de ses enfants, le saint Tsarévitch Alexis et les saintes Grandes Duchesses Olga, Tatiana, Maria, Anastasia, ainsi que de leurs derniers fidèles, a été célébré solennellement en Russie. L'ensemble des traductions publiées à raison d'une chaque semaine sur ce blog pendant un an avait pour objet de présenter une image du Saint Tsar plus proche de la vérité que celle qui nous est habituellement proposée. Au lecteur d'en juger...

Cher en Christ Père Guennadi! Bénissez!
Le Christ est entre nous! Il l’est et le sera.
C’est la servante de cellule de Batiouchka Nicolas qui vous écrit, la moniale du grand schème Nicolaia. Je vous avais téléphoné dès les premiers jours de la non-décision d’écartement concernant Leouchino. Je vous envoie la Parole de Vie du Père Nicolas, au sujet de notre cher Tsar-Martyr bien-aimé. Je serais heureuse si vous pouviez publier ce texte sur une page de votre blog-journal (dont je suis une lectrice). Il est évident qu’aujourd’hui, les paroles de notre cher Batiouchka concernant le Tsar-Martyr n’ont pas seulement «de la valeur»; elles sont au-delà de toute valeur, des joyaux spirituels. Batiouchka nous a légué, en tant que dernière volonté, l’obligation de fidélité et d’amour envers le plus Humble des Tsars de Russie, le Tsar Nicolas, qui endura tant de souffrances. Il était souvent tellement désolé que le peuple ne comprenne pas le «Souverain le plus humble, doux et bienveillant». Il a prédit que «le Souverain sera expulsé du chœur des saints». (Il n’a pas utilisé le terme «décanonisation», tout comme il disait «glorifier» et non «canoniser»). Lors de la glorification en 2000, en la Cathédrale épiscopale, je me réjouis, mais il me dit «Rassemblez tout ce qui est édité et écrit à propos du Tsar». J’en eus le souffle coupé : «Père! On vient de le glorifier, il y existe énormément d’écrits à ce sujet». La réponse du Starets fut sévère et soudaine : «Ma chère, on imprimera au sujet du Tsar des choses que vous ne voudriez pas même toucher de la main, et ils iront jusqu’à l’expulser du chœur des saints»… Ses paroles sont en train de se réaliser… Et pas seulement, comme nous pouvons le voir, dans le film «Matilda» et autres du même genre. De la même façon qu’ils trahirent le Tsar, ils trahiront, comme ils furent lâches et veules, ils le demeureront, tout comme ils trompèrent et mentirent et salirent tout ce qui se rapportait au Tsar et à la Sainte Rus’, de la même façon ils tricheront…
Pardonnez, je demande de prier pour moi et de vous souvenir de moi.
Avec mes meilleurs souhaits,
moniale du grand schème Nicolaia.

Les pleurs du Starets Nicolas Gourianov pour le Tsar Martyr et la Rus’ sans Tsar
«Le tonnerre grondait…C’était le Grand Carême, le 02 mars 1917. Au Saint Monastère de Tchoudov, fondé par Saint Alexis, on célébrait les vigiles de l’Exaltation de la Sainte Croix. «Saint Dieu, Saint Fort, Saint Immortel, aie pitié de nous!…» Les chantres avançaient, étreints par l’affliction. Il fallait maintenant chanter «Seigneur, sauve Ton peuple et bénis Ton héritage,…». Alors, tous se turent, les sanglots coupaient la respiration, personne ne pouvait chanter… Un étrange événement se produisit. La Russie se retrouvait sans Tsar, il n’y avait même plus de Russie, bientôt, il n’y aurait plus de Monastère de Tchoudov. O, hâvre si cher à nos cœurs aimants, Monastère de Tchoudov, tu n’es plus, maintenant sur la Sainte Terre du Kremlin, tu n’es plus, en notre pauvre patrie, tes bienfaits demeurent seulement en nos cœurs et en nos âmes… Mais le peuple de Russie ne ressentit pas immédiatement cette perte immense, et ceux qui la sentirent ne le purent que de façon incomplète. On célébrait encore la Divine Liturgie et les Saints Offices selon l’antique rituel. L’oustav, les règles, étaient observés, et paraissaient exister et on ne remarquait pas un «tout petit détail»: la commémoration [de notre bon Souverain Nicolas Alexandrovitch] était arbitrairement supprimée. Celui qui le pouvait prononçait une amère substitution. Le sol devenait mouvant, on sentait que tout allait soudain s’effondrer. On entendit naître des conversations dans la Cathédrale… Le coup porté au Tsar était fondamental, on avait coupé la tête de la Russie. Restait un corps, un cadavre, qu’il ne serait pas difficile de découper en morceaux» (Dactylographie extraite des archives de E.V. Apouchkina (Moscou). «Vie de l’Archevêque Seraphim (Zvezdinski) [Note de l’auteur])
«Le 4 juin 1918, les soldats tirèrent sur les Croix du Monastère de Tchoudov. Quelle tristesse de voir le Pur Visage de la Mère de Dieu de Kazan et ceux d’autres Saints percés par les baïonnettes sur les portes royales du Monastère féminin de l’Ascension. Tous les fidèles qui aiment Dieu vénéraient particulièrement le Seigneur Souffrant sur la Croix dans l’Église des Douze Apôtres. Les bras du Seigneur furent arrachés par une roquette d’artillerie, toute la Pure Poitrine du Sauveur fut comme couverte de sang. Certains pensèrent que s’était de la poussière de briques qui donnait cette couleur rouge, mais c’était effroyable de voir le Seigneur outragé», se souvint en pleurant Vladika Nestor du Kamtchatka.

Pourquoi pleurer la barbe alors que la tête a été coupée?

La Grande Duchesse N.V. Ouroussova écrivit: «Nous pleurâmes amèrement [la trahison envers le Tsar par ceux qu’on nomme les traîtres au Trône] «l’abdication» du Souverain. Cet événement stupéfia la majorité de la population, dans l’attente de quelques bonnes nouvelles concrètes. Je me souviens qu’un prêtre d’âge moyen que je connaissais bien, l’air très pieux et empreint de spiritualité, fit la lecture du (faux) «acte d’abdication». L’église était pleine! Tout le monde était élégant, les visages souriaient… A commencer par le prêtre, tous célébrèrent les circonstances, se réjouirent et accueillirent avec joie cette punition qui s’abattait sur la Russie. Ils se congratulaient les uns les autres. Je pleurai amèrement… Une année s’écoula ensuite… Je rencontrai ce prêtre et il me dit: «Vous savez, quand j’ai lu l’acte «d’abdication», j’ai vu que vous pleuriez. Je fus surpris et pensai ‘Quelle étrange personne, non seulement elle ne partage pas la joie générale, mais elle se répand en larmes’… Maintenant, je vous ai comprise! Combien ai-je pleuré avec vous depuis lors»… Je lui répondis: «Eh Batiouchka, pourquoi pleurer la barbe alors que la tête a été coupée?… Maintenant, vous avez réfléchi. Mais un an s’est écoulé! Voyez comme vous allez encore devoir pleurer… Depuis le jour [du renversement du gouvernement, comme on l’appelait] de «l’abdication», les soldats ivres sont devenus maîtres de la situation à Iaroslavl ; ils sonnaient les cloches tant et plus. Et des églises, il y en a beaucoup à Iaroslavl… Après, ce sont les pillages qui ont commencé…»

«Je pleure et je pleure pour le Tsar»
Une décennie s’écoula… Le Starets Nicolas (Gourianov), toujours accablé de tourments pour le Tsar, célébrant sans cesse la mémoire du Tsar, allait s’endormir dans l’éternité. A la question «Batiouchka! A qui nous confiez-vous?», il répondit avec douceur «A notre Seigneur et à la Reine des Cieux de Kazan»… Ensuite, il réclamait sans cesse, implorait tous, même ceux qui venaient à lui pour pendre congé à l’approche de son passage à la Vie éternelle : «Conservez tout ce qui concerne le Tsar. Priez le Saint Tsar-Martyr. Le Seigneur amoindrira et allégera toutes nos souffrances si nous nous tournons vers le Christ et vers le Tsar, comprenant toute la Grandeur de sa Sainteté. Il m’a été donné de le voir souvent vivant, et spirituellement. Il est toujours à côté de nous. Je pleure, et je pleure pour Lui. Comme il est triste que beaucoup ne ressentent pas sa grande humilité, sa perfection chrétienne si élevée. Le Souverain Nicolas Alexandrovitch est le plus grand des Tsars Russes, croyez-moi !… Le Seigneur me l’a révélé, je ne parle pas de moi-même. Il se trouve dans une Gloire Céleste telle, qu’elle est indescriptible avec des mots. L’Impératrice et Lui étaient tellement miséricordieux, parfaits, comme les anciens saints héros de l’ascèse».

Le podvig sacrificiel du Tsar

Chaque fois que Batiouchka Nicolas célébrait, il célébrait pour les Martyrs Impériaux, car la respiration de prière du Starets était indissociable de leurs tourments et de leurs souffrances. Quoi qu’il se passât dans l’Église, en Russie, dans sa vie, dans notre vie, quelles que fussent les afflictions dont les gens venaient se plaindre auprès de lui, il dirigeait invariablement cœurs et esprits vers l’aide des Saintes Souffrances du Tsar et de Sa Famille. Douleur, désagréments, malheurs, Batiouchka consolait, raisonnait et invariablement rappelait : «Mais regardez donc le Souverain! Voyez comme il a peiné!» Et il ajoutait chaque fois : «Et comment l’a-t-on payé pour tout ce qu’Il fit pour nous?! Le Tsar pleure pour nous et nous ne pensons pas à Lui». Le Starets cultivait dans les âmes un sincère sentiment de repentance de l’infidélité du peuple envers le Tsar, il ouvrait les cœurs au souvenir du péché commun que fut la trahison envers l’Oint de Dieu et au sacrifice, pareil à celui du Christ, du Saint Tsar-Martyr Nicolas.
Le Seigneur avait dévoilé au juste Starets la vérité concernant le Tsar et Ses souffrances. Il pleurait : «Quel martyre ils lui ont fait subir! Souvenez-vous et n’oubliez pas : le Tsar Martyr nous a sauvé par Ses Souffrances. S’il n’y avait eu le martyre du Tsar, il n’y aurait plus de Russie! Le Tsar plaignait et aimait beaucoup la Russie et l’a sauvée par Son martyre. Il a offert en sacrifice l’Héritier Alexis, joie et consolation de Son cœur».
«Le sacrifice du Tsar Nicolas, disait Batiouchka, équivaut pleinement à la Crucifixion du Christ, c’est le Sacrifice pour la Rus’ Sainte». Il est indispensable de prendre conscience de la grandeur du Sacrifice du Tsar ; elle est unique dans l’Église russe. Le grand Starets de la Terre de Russie, Nicolas, pleurait et priait sans relâche pour ce Sacrifice et pour demander pardon, et le Seigneur révéla à Batiouchka qu’Il avait pardonné à la Russie. Il avait déjà pardonné, le peuple russe était pardonné…
«Le Saint Tsar n’a pas abdiqué. Il ne porte pas le péché du renoncement. Il a agit en véritable Chrétien, humble Oint de Dieu. Il faudrait s’agenouiller et se prosterner devant Sa miséricorde envers nous, pécheurs. Non, Il n’a pas abdiqué, Il a été rejeté». «En permanence l’épée d’une terrible guerre est suspendue au-dessus de la Russie et seules les prières du Saint Tsar Nicolas détournent de nous la colère de Dieu. Il faut demander au Tsar que la guerre soit évitée. Il aime et plaint la Russie. Si vous saviez comme, là-bas, Il pleure pour nous!» Le starets, porteur de la grâce, parlait d’une âme que les yeux voient, purifiée par les souffrances. Le monde angélique, le monde des esprits des ténèbres étaient visibles à ses yeux. Il était insupportable d’entendre ce qui avait été dévoilé au Starets au sujet du martyre sanglants des Anges Impériaux. Il disait que «les enfants avaient été torturés sous le regard atterré des Saints Martyrs, et que le Saint Tsarevitch avait particulièrement été martyrisé… La Tsaritsa ne proféra pas un mot et le souverain demeurait livide». Batiouchka pleurait : «Seigneur! Que Leur ont-ils fait! Pis que tout martyre! Les anges ne pouvaient regarder! Les anges sanglotaient à cause de ce qu’on Leur faisait! La terre sanglotait et tremblait. Les ténèbres régnaient. Ils furent torturés, découpés au moyen de terribles haches et brûlés. Ils buvaient les cendres… à la tasse… ils buvaient et riaient… et se martyrisaient eux-mêmes. Les noms de ceux qui commirent cela ne sont pas dévoilés. Nous ne les connaissons pas… Ils n’aimaient pas et n’aiment pas la Russie. Ils sont habités par le mal satanique… Maudits… Ils ont bu leur Saint Sang. Ils burent, mais ils craignaient être sanctifiés, car le Sang du Tsar est saint».
«Il faut prier le Saint Tsar qui endura tant de Souffrances, pleurer, implorer, pour que tous soient pardonnés… Nous ne connaissons pas leurs noms… Mais le Seigneur sait tout ». (25 01 2000)

En 1998, pendant les journées de souvenirs du Tsar et de Sa Famille, arriva chez Batiouchka Nicolas, sur l’île de Tabalsk, sur le Lac de Pskov, une équipe de l’émission de radio «Saint-Pétersbourg Orthodoxe» et lui posèrent la question de ce que l’on nomme les «restes des corps» d’Ekaterinbourg. Le starets clairvoyant, à qui l’Esprit Saint avait révélé la Grande Croix Rédemptrice des Souffrances de la Famille du Tsar, dénonça les fouilleurs de tombe, et dit, le 13 mars 1998, ses paroles résonnant sur les ondes : «Des restes impériaux, il n’y en a pas! A l’époque, ils brûlèrent tout entièrement». Ensuite, il ajouta sévèrement : Préservez cette vérité, indispensable pour l’Éternité. Vous avez compris? Voilà ce qui est essentiel!». Ensuite, il expliqua «Le Tsar Nicolas, dans son grand amour pour la Russie et les hommes, s’anéantit jusqu’à la kénose, le martyre ; il souffrit et alla à la Croix. Il pardonna à tous, même aux monstres qui le persécutèrent, ces maudits assassins. Mais Dieu ne nous pardonnera pas, si nous méprisons Ses souffrances, si nous inventons des mensonges et si nous écoutons satan le meurtrier. C’est lui qui déverse du poison dans le cœur et l’esprit des pauvres gens. Et ceux qui croient les calomnies et s’opposent au Tsar fabriquent le mal avec les faux restes humains. Leur sort sera terrible dans l’Éternité! Que Dieu nous garde! Jamais il ne faut croire au mensonge. Ils furent brûlés et leurs cendres ont été bues. Tout ce mal dans le monde, tout ce mal en l’homme… Conservez cette vérité car elle est indispensable pour l’Éternité : Notre Tsar est un Grand Saint. Il est auprès de Dieu dans une gloire indicible. Il fut donné au Tsar un immense pouvoir sur le monde. Et celui qui leva la main sur le Tsar, vous savez, cet homme avait conclu un pacte avec le diable lui-même. Il sera excommunié de l’amour de Dieu pour l’Éternité!»

Le Starets Nicolas à propos des vénérables têtes impériales.

Ils furent décapités, non seulement le Tsar, mais tous les martyrs, et ensuite, les têtes emmenées… Elles restèrent un temps au Kremlin. Dieu sait, peut-être même au mausolée. On fit sur elles ce que Dieu nous préserve de parler! Persécution ! Hors-la-loi ! Maudites moqueries sataniques. Mieux se taire et en pleurer… Une danse des démons.

Le juste Archimandrite Kyrill (Pavlov), porteur de l’Esprit, dit au sujet du Père Nicolas (Gourianov) que le Livre de Vie de la Famille Impériale lui fut ouvert. Ainsi, la justesse d’un starets confirme-t-elle celle d’un autre, ce qui d’ailleurs est naturel dans notre Mère l’Église Orthodoxe, qui vit de l’Esprit Saint.

La Russie ressuscitera-t-elle ?
J’ajouterai, pour nous rendre forts, ces paroles du Starets Nicolas du Lac de Pskov : «Pauvre Russie ! Que ne doit-elle endurer! L’ennemi guerroie sans cesse contre elle… Mais le Seigneur a pitié de la Russie. Nous devons juste tous prier le Tsar-Martyr Nicolas. La clémence sera donnée grâce à Son Saint amour et Ses Prières…. Il aime tant la Russie. Et le Seigneur exauce les prières du Tsar pour la Rus’ »… «C’est un péché que de faire la leçon au Seigneur. Nous punira-t-Il ou pas… Mais tous nous devons demander l’aide du Saint Tsar-Martyr Nicolas. Il est le maître immuable de la Russie, le Tsar Nicolas dispose du pouvoir sur elle… Il implore Dieu pour qu’il n’y ait point de guerre. Le Tsar Nicolas sait ce dont nous avons besoin…
Le Tsar est un Martyr… Il prie pour nous avec larmes».
Et au-dessus de tout, au-dessus de tout le désespoir et l’affliction résonnent les paroles fortes et fermes du saint Starets Nicolas au sujet de la Rus’. «Père! La Russie ressuscitera-t-elle? Mais elle n’est pas morte!… Car la prière du Tsar Martyrisé prévaut devant Dieu…»

Saint Tsar-Martyr Nicolas, prie Dieu pour la Russie et pour nous tous!


Traduit du russe
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