Le texte ci-dessous est la traduction d’un extrait d’un très long article paru sur le site Pravoslavie.ru, le 28 août 2018 et sous-titré «Témoignages contemporains de l’aide miraculeuse de la Mère de Dieu», préparé par Madame Olga Orlova. Il s’agit d’entretiens accordés par différents hiérarques. L’article est précédé du préambule suivant : Depuis la Croix du Christ, le genre humain tout entier devint, à travers la personne de Saint Jean le Théologien, fils de la Très Sainte Mère de Dieu. Tous nous sommes appelés à devenir saints. Et la Mère de Dieu ne nous abandonna pas, même après Sa Dormition, en voici quelques témoignages. Nous avons retenus l’entretien accordé par Son Éminence le Métropolite Athanasios de Limassol, déjà largement publié sur le présent site.
Gloire et grâce soient rendues à Dieu car la Toute Sainte Panagia ne nous abandonne pas !
Ma rencontre avec Geronda Païssios fut la préface de mon chemin monastique. J’étais déjà étudiant à la Faculté de Théologie à l’Université de Thessalonique. Cela se produisit lors d’une de nos premières rencontres, précisément pendant la soirée que je passai pour la première fois avec lui dans sa kaliva. A cette époque, il ne menait pas encore son podvig à la Panagouda, mais dans la kelia de l’Exaltation de la Sainte Croix, que lui avait laissée le starets russe Papa Tikhon, appartenant au Monastère de Stavronikita. L’événement se déroula précisément la veille de la fête de l’Exaltation de la Sainte Croix, en 1977. C’était donc la fête de la dédicace. Mais malgré cela, rien n’annonçait ce qui se produisit…
Geronda m’avait donné pour la première fois sa bénédiction pour que je prie avec le komboschini et m’avait montré comment faire. Nous nous séparâmes dans la kelia. Au milieu de la nuit, je t’appellerai, et nous irons dans l’église, me prévint Geronda et expliqua : nous y lirons les prières de préparation à la Sainte Communion. Effectivement, vers une heure du matin, Geronda m’appela. Nous entrâmes ensemble dans l’église. C’était une église minuscule, en tout, cinq petites icônes dans l’iconostase et une stacidia. Dès que j’entrai, j’allumai un cierge, et nous commençâmes à lire, à tour de rôle, l’office de prières de préparation à la Sainte Communion. Sur l’Athos on procède à cette lecture, lorsqu’on est plusieurs, de la sorte : l’un lit le tropaire et l’autre les stichères qui sont d’habitude imprimés en rouge dans les livres de prières : «Gloire à toi Notre Dieu, Gloire à Toi» ou «Très Sainte Mère de Dieu sauve-nous», et ainsi de suite.
Voici ce dont je me souviens. Geronda Païssios dit «Très Sainte Mère de Dieu, sauve-nous!» et je commençai à lire avec zèle le tropaire «Marie, Mère de Dieu…» lorsque dans l’église régna soudain, quasi inaudible, mais perceptible, une sorte de vibration, élevée et en même temps quasi inaudible, véritablement, le «murmure d’un souffle léger»(3Rois, 19,12). Et aussi, toute l’église resplendissait de luminescence. La lampe à huile devant l’icône de la Panagia se mit d’elle-même en mouvement… Je voyais tout cela avec confusion, comprenant que je n’avais plus besoin du cierge que je tenais en main. La clarté devint pareille à celle du jour, peut-être plus éclatante encore. J’observais. Les lampes devant les autres icônes scintillaient calmement. La lampe devant l’icône de la Panagia se balançait sans changer sa mesure, toujours le même balancement, contrairement aux lois de la cinétique. Elle se balançait, et se balançait… Je regardai Geronda. Il me fit signe de me taire. J’étais figé. Geronda Païssios glissa silencieusement à genoux… Ce fut un moment de contemplation. La prière faite de mots était devenue inutile. La lampe qui respectait immuablement sa trajectoire était, m’expliqua Geronda plus tard, signe de «bienvenue». Nous contemplâmes la Lumière, d’une couleur douce non terrestre, d’un bleu chaud.
Malgré tout je continuai la lecture de la prière et quand l’office fut terminé, la lumière commença a s’estomper de mon environnement immédiat. Le son s’éteignit. Nous étions à nouveau dans l’immobilité imperturbable de la calme obscurité de la nuit
Geronda… C’était quoi?
Tu as vu autre chose que la lumière?
Que s’est-il passé?
Rien… sourit Geronda Païssios, lorsque j’eus rallumé le cierge. Tu ne sais donc pas que la Panagia se promène pendant la nuit sur la Sainte Montagne et observe les occupations des moines? Voilà, Elle a aperçu ici des fous et est venue près d’eux balancer la lampe, en signe de salutation. Par la suite, Geronda avoua, parce que je le pressai de questions, qu’il avait vu la Panagia, alors que ma myopie spirituelle ne m’avait pas permis de voir au-delà de la lampe à huile… Étant sur l’Athos, je me dis tout simplement que la Mère de Dieu était particulièrement proche des Athonites. «C’est même l’Higoumène de la Sainte Montagne!», pensai-je. Mais lorsque par l’action de la Divine Providence, je sortis des limites de Son domaine de la Sainte Montagne, je compris que sa Protection n’est pas limitée dans son pleur géographique, mais plutôt déterminée par la géographie de notre cœur. Dans quelle direction est-elle orientée? A propos d’orientation, la lampe à huile de l’église de la kelia de l’Exaltation de la Sainte Croix du Seigneur se mouvait de façon très peu courante pour notre monde terrestre : d’avant en arrière, et, assez mystérieusement, de haut en bas!
La Panagia est la Maman de tous.
Elle se tient auprès de ceux qui portent les fardeaux les plus lourds. Elle est particulièrement bien disposée envers ceux qui vénèrent le Sacrifice de Son Fils. Ne perdez pas foi en Son intercession. Qu’est-ce qui vous empêche de prier la Panagia à chaque heure ? Je me souviens qu’un jour vint chez nous, au Monastère de Vatopedi, un pieux laïc de Chalcidique. Il était ouvrier dans une grande entreprise métallurgique et travaillait à l’extraction de strontium. On trouve ce métal relativement profondément sous terre, si bien que ce pauvre homme devait descendre pour travailler dans la mine. Mais cela ne le dérangeait pas autant que le fait de devoir côtoyer des blasphémateurs qui, à l’instigation de l’ennemi, diffamaient la Toute Sainte Vierge Marie, parfois de façon grivoise. Cet homme croyant ne parvenait plus à supporter cela… Et il était venu à la Sainte Montagne, se jeter à genoux devant Geronda Joseph de Vatopedi, avec une seule requête : sa bénédiction de changer de travail, car il n’en pouvait plus…
Geronda lui demanda : «Mais tu as une famille?» «Oui, j’en ai une», répondit-il, prêt à toutes les privations. Geronda, songeur, répondit : «Cela ne va pas être facile de changer de travail. Et partout où tu iras, tu devras affronter la tentation». Geronda Joseph ne lui donna donc pas directement sa bénédiction pour se mettre à la recherche d’un nouvel employeur. L’homme ne pouvait résoudre son problème, comme il l’avait espéré, et tout en larmes, il se mit à prier la Panagia et Son icône miraculeuse «Vimatarissa», dans notre monastère de Vatopedi.
«Panagia, murmurait-il, je ne peux plus supporter d’entendre comment on T’insulte». Et soudain, il entendit prononcer ces mots : «Cela fait déjà deux mille ans que j’entends ces calomnies et je les endure. Et toi, tu ne serais pas capable d’endurer un peu? Va, prie, et Je serai avec toi», répondit la Panagia.
La Mère de Dieu est réellement avec nous, ce que nous ne soupçonnons même pas la plupart du temps! Saint Seraphim de Sarov eut un jour cette vision : la Très Sainte Vierge Marie chantait dans le chœur avec les moniales. Quand les sœurs s’emportaient et commençaient à chanter trop fort, Elle se taisait. Au Paradis, personne ne se distingue, mais le silence de la Panagia était un signe de ce qu’Elle est très humble et possède cet «esprit de paix», étranger à toute vaine gloire, égoïsme, et vantardise. Quand il entendit ce récit, notre Geronda Joseph de Vatopedi pleura.
Quand je me trouvais à Chypre, appelé au service épiscopal, la maman de l’un des moines que je connaissais quand je vivais à la Sainte Montagne venait de temps en temps se confesser. Ce frère, qui se nommait Joanique, accomplissait son obédience auprès du Père Charalampos. C’était un moine très simple et rempli de zèle, qui se consacrait tout entier à Dieu. Il menait son podvig selon les exigences des règles de la kaliva et de manière générale, vivait selon les commandements des Saints Pères. Nous entretenions des relations, non parce que nous étions compatriotes de Chypre, mais plutôt par la force d’une proximité, d’une parenté, spirituelle. Je ne me souviens pas qu’il n’ait jamais quitté l’Athos, à une exception près, lorsqu’il fut élu protoépistate (président de l’organe administratif) de la Sainte Montagne et dût, en cette qualité, accompagner l’icône «Axion Estin», justement à Chypre.
Et voilà que sa maman atteignit l’âge de 70 ans. Cette pieuse laïque, qui venait se confesser auprès de moi, arriva dans l’un des monastères confiés à ma métropole pour y recevoir la tonsure monastique. En Grèce, on reçoit immédiatement le Grand Schème. Chez nous, nous n’avons pas d’étapes préparatoires. Je me souviens très clairement de cette tonsure. Je fus traversé par la pensée «Mais pourquoi donc est-elle distraite?!» Elle s’inclinait malencontreusement, de côté… Devant elle se trouvait l’icône du Sauveur, moi-même, avec la paire de petits ciseaux et à côté, la Gerondissa, higoumène du monastère. Mais la tonsurée ne nous accordait que très peu d’attention, elle murmura même en se détournant de nous. Je n’en croyais pas mes yeux. Peut-être était-elle incapable de se concentrer? «Ce sont pourtant des instants tellement importants…»
Après la tonsure et la fin de la liturgie, la moniale nouvellement tonsurée demanda soudain à me parler! J’essayai sévèrement de la raisonner : «Ce n’est pas le moment!» Celle qui venait d’être tonsurée devait demeurer dans l’église et son âme devait s’entretenir avec Dieu, et rien d’autre! Mais elle insista tellement que je décidai de l’écouter.
«Qui était cette Femme qui se tenait à côté de moi?» demanda-t-elle. «C’était l’higoumène!» Je ne comprenais pas cette question évidente. «Non, pas l’higoumène, l’autre Femme, qui portait des vêtements bleus…» Elle se tenait juste à côté! Quand vint le moment où tu allais me donner un nom, je me demandais quel nom l’higoumène allait me donner. Mais cette Femme me dit «Tu m’as donné ton fils, Je vais te donner Mon nom». J’abandonnai la nouvelle moniale dans l’église et allai converser avec l’higoumène. Elle me révéla qu’elle avait décidé de nommer la nouvelle sœur Anna, mais au moment de la nommer, elle l’avait complètement oublié et prononça soudain : Maria. Celle qui avait consacré son fils au monachisme avait reçu son nom de la Panagia. Et la Mère de Dieu, Elle-même, vint participer à sa tonsure afin de lui donner Sa grâce déjà ici, en cette vie.
Cette dame déjà âgée devint une moniale très zélée, et le Seigneur témoigna qu’Il accepta son sacrifice et son podvig en lui accordant une fin paisible et lumineuse. Et bientôt, afin qu’ils puissent goûter ensemble les fruits de leurs podvigs dans le Royaume des Cieux, son fils vint à décéder à son tour.
Traduit du Russe
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