La Grèce subit de nos jours des pressions insupportables de la part de l’Union Européenne, visant à détruire le rôle séculaire de l’Église Orthodoxe dans la vie spirituelle, morale, sociale, culturelle, économique, et politique du pays.
Au cours de maintes période de son histoire, l’Église Orthodoxe en Terre Grecque eut à vivre sous le joug oppresseur. Voici un texte présentant quelques aspects pris par ce joug, pendant la période de la turcocratie. Ce texte a été constitué à partir d’extraits de deux articles de Kriton Chrysochoidi, spécialiste du monachisme athonite, publiés en février 2016 dans les pages anglaises du site Pemptousia, auquel reviennent également les crédits des photos illustrant le texte.
La coopération avec les Autorités Ottomanes s’avérait essentielle afin de préserver l’autonomie de la communauté athonite et les propriétés foncières de ses monastères.
Par comparaison au traitement infligé aux autres chrétiens, dans les premiers temps un sort plus favorable fut réservé au Mont Athos. L’autonomie de la communauté fut respectée et les taxes sur les propriétés monastiques de la péninsule s’avérèrent légères. Une taxe fixe sur la globalité du Mont Athos était prélevée, la répartition de la taxe étant du ressort des autorités monastiques. La tentative des moines d’obtenir un traitement similaire pour leurs propriétés sises hors du Mont Athos ne rencontra qu’un succès partiel.
Alors que les taxes directes n’étaient guère onéreuses, à l’exception de certaines périodes, les taxes et impôts indirects faisaient peser une charge intolérable sur les monastères. Les archives monastiques regorgent de firmans et édits promulgués à la demande des monastères, et qui indiquent l’ampleur du problème et les tentatives entreprises par les sultans pour en venir à bout.
Les grandes et riches dépendances possédées par les monastères, surtout dans le centre et l’Est de la Macédoine (Chalcidique, environs de Thessalonique et proximité du fleuve Strymon) et dans les îles de la Mer Egée, n’en sortirent pas indemnes. De nombreux monastères déclinèrent et leurs revenus se tarirent au fur et à mesure que leurs terres étaient partiellement ou totalement confisquées et distribuées à des seigneurs féodaux ottomans, et que de vastes portions de terres fertiles furent incorporées aux propriétés du Sultan. Un coup pénible fut porté en 1568-1569, lorsque le Sultan Selim II, dans le cadre d’une mesure administrative extraordinaire, confisqua toutes les propriétés monastiques et obligea ensuite les moines à les racheter. Ce rachat coûta au Mont Athos quatorze mille florins or.
A ces démarches régulières ou arbitraires des Autorités Ottomanes s’ajoutèrent d’autres malheurs. Des calamités naturelles, incendies et tremblements de terre, de même que la piraterie, le brigandage et les campagnes militaires anéantissaient fréquemment les tentatives de restaurer les monastères, plongeant ceux-ci dans l’endettement, avec toutes ces conséquences. Pendant les premiers siècles du règne ottoman, la plupart des monastères athonites en furent réduits à tenter de survivre financièrement en entretenant et exploitant la part de propriété qu’ils parvinrent à conserver. La production sur la péninsule elle-même fournissait une subsistance de base car la taxe qui la frappait était défalquée de la capitation. Les jardins potagers, les vignes, le bûcheronnage, les récoltes d’olives et de fruits constituaient les principales activités rendant possible cette subsistance.
Toutefois, cette production était insuffisante pour faire face à tous les besoins des monastères. Durant cette période, l’essentiel des revenus provenait d’abord de l’exploitation systématique des dépendances qui se relaient progressivement et croissaient grâce aux donations et acquisitions, fournissant ainsi un revenu substantiel, ensuite, des dépendances riveraines du Danube, qui spécialement au cours du XVIIe siècle furent attribuées au Mont Athos par les dirigeants orthodoxes de Moldavie et de Valachie, également, de donations non seulement de la part des princes et nobles précités, mais aussi des tsars de Russie et de généreux membres aînés du clergé et de la noblesse grecque. Ces donations jouèrent un rôle vital dans la préservation et l’extension des complexes immobiliers des monastères et de leur décoration par des œuvres d’art. Une dernière part de revenu provenait des collectes d’argent en Orient grec et plus loin encore auprès des Slaves d’Europe.
Aussi longtemps que les Ottomans n’interférèrent pas dans les affaires internes du Mont Athos, son administration centrale continua à fonctionner comme à l’époque byzantine, environ pendant un siècle et demi. Les Protos conservèrent leurs prérogatives administratives, exécutives, juridiques et spirituelles, mais l’antique prestige de l’institution s’était évaporé. On avait mis un terme au système de don impérial annuel, et le Protaton éprouvait des difficultés à joindre les deux bouts. Ses terres sur la péninsule passèrent entre les mains des monastères, ainsi que les kelias qui relevaient de sa juridiction. Les cadis et juges ottomans empiétaient sur sa fonction juridique, lorsque les monastères faisaient appel à eux quand une décision du Protaton s’opposait à leurs intérêts. A la fin du XVIe siècle, l’institution des Protos toucha à sa fin ; c’est de 1593 que date la dernière mention d’un Proto.
Dès le début du XVIIe siècle, le Mont Athos fut administré par un organe collectif, la Grande Assemblée. Bien qu’elle fût constituée de représentants de tous les monastères, il était naturel que les plus grands d’entre eux (la Grande Laure, Vatopedi, Iviron), qui supportaient l’essentiel de la charge financière, y jouent un rôle prépondérant. Un gouverneur Turc fut installé sur l’Athos, officiellement pour protéger la région du brigandage et de la piraterie, mais il s’occupait en réalité activement des affaires intérieures de la Sainte Montagne. En 1661, les dettes ruineuses du Protaton amenèrent la Grande Assemblée à vendre aux monastères toutes les cellules qui étaient demeurées sous sa juridiction. La seule propriété qui fut laissée aux Autorités centrales de l’Athos fut l’église principale de Kariès, le Protaton.
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