Texte d’Athanasios Zoitakis publié en quatre parties sur le site russe Agionoros.ru. L’auteur est rédacteur en chef du Portail informatique Agionoros.ru, responsable des Éditions «Sviataïa Gora» (Святая Гора) et professeur d’histoire à l’Université d’État de Moscou. La vénération populaire des Saints Cosme et Païssios se répandit au sein du peuple immédiatement après leur décès. Le texte original russe est pourvu d’un important appareil de notes, omis ici ou en partie intégré au texte, en faveur de la lisibilité de celui-ci.
La vénération populaire.
Dans la conscience du peuple tout entier, Cosme d’Étolie et Païssios l’Athonite furent d’emblée célébrés comme des saints. Dès la fin de leur vie sur terre, la vénération de ces deux héros de l’ascèse connut l’expansion la plus vaste que l’on puisse imaginer.
Le «Nouveau Martyrologe» de Saint Nicodème l’Agiorite reprend, en 1799, une ‘vie’ de Saint Cosme d’Étolie, qui est commémoré en qualité de «saint» dans les Ménées de 1818 et ceux de 1843, tout comme dans le Synaxaire édité à Constantinople en 1842. Dans des sources plus anciennes, il est qualifié de «Saint Martyr», «d’Égal aux Apôtres», de «Saint», de «Néo-Martyr».
Plusieurs ‘vies’ furent rédigées dès après la fin bienheureuse de Geronda Païssios et le Métropolite Joël d’Édesse rédigea un service en son honneur. D’innombrables membres de l’Église appelèrent immédiatement à ce qu’il soit dans les plus brefs délais reconnu officiellement comme membre du Chœur des Saints.
L’iconographie de Saint Cosme d’Étolie et de Saint Païssios l’Athonite présente un intérêt particulier. Saint Cosme fut représenté sur une icône dès l’année où il mourut en martyr (1779). D’aucuns prétendent même qu’il fut représenté sur les fresques qui ornent l’église de Saint Nicolas à Jitcha alors qu’il était encore en vie. En 2013 et 2014, le chercheur Michaïl Pantoulas identifia plus de 290 fresques, icônes et lithographies de Saint Cosme d’Étolie datées d’avant l’année où il fut officiellement reconnu comme membre du Chœur des Saints. Ces représentations se trouvent dans des églises ou font partie de collections privées en Grèce, en Albanie, à la Sainte Montagne et en Roumanie. En Albanie, même au cours de la période de persécution de la foi, alors que le pays était dirigé par Enver Hojda, des fresques sur lesquelles Saint Cosme était représenté furent peintes dans certaines églises. Dans la mesure où avant sa reconnaissance officielle en qualité de Saint, il n’existait pas de représentation «de référence», Saint Cosme fut peint de façons très diverses, ne se ressemblant souvent guère entre elles.
De même, des représentations de Saint Païssios apparurent dans les monastères et églises grecs bien avant que sa glorification ne fut officiellement reconnue. Dans certains cas, il fut représenté sans nimbe, parfois avec. Dans certains cas, la mention ‘agios’, saint, était intentionnellement omise, dans d’autres, elle était présente. Et les représentations différaient également assez fort les unes des autres. Dès avant sa reconnaissance officielle en qualité de Saint, Geronda Païssios fut représenté sur les fresques de l’église de l’Ascension du Seigneur à Belgrade, en Serbie.
Immédiatement après la mort en martyr de Saint Cosme, une petite église fut érigée sur le lieu de l’invention de ses reliques ; elle s’appelait «La Petite Église de Saint Cosme». Ali Pacha fit construire en mémoire de Saint Cosme un monastère et une école. La construction du monastère se termina en 1806. Et dès 1814, une église plus grande fut érigée en l’honneur de Cosme l’Étolien «œuvre du labeur de tous les Chrétiens pieux, clercs et laïcs», comme l’indique l’inscription au-dessus de la porte d’entrée.
Dans les éparchies de Patras et Alexandroúpolis de l’Église Orthodoxe de Grèce, des églises dédiées à Saint Païssios furent érigées avant que sa sainteté ne fut officiellement reconnue. Et dès que cette démarche fut accomplie, elles se multiplièrent dans de nombreuses éparchies de Grèce et de Chypre.
Nombreux sont les villages et hameaux visités par Saint Cosme lors de ses tournées de prédication, qui conservent des vêtements lui ayant appartenu, ou des effets personnels comme des chaussures, des croix de métal, des cannes, des Vases sacrés, des encensoirs. On conserve également de tels témoins matériels du séjour de Saint Cosme l’Égal aux Apôtres à la Sainte Montagne.
Innombrables sont les objets matériels liés directement à Saint Païssios l’Athonite. Selon le Moine Nikodimos, du Monastère athonite de Saint Paul, Saint Païssios confectionna de ses propres mains de nombreuses icônes et croix sculptées, mais également des ceintures et rasons. Lors d’une communication qu’il donna en août 2014, le Métropolite Hiérotheos (Vlachos) de Naupacte affirma que tant Saint Cosme que Saint Païssios se singularisèrent par «un cœur pur, une vie ascétique, et le ‘philotimo’1». De tels traits étaient communs parmi les héros de l’ascèse, et nos gerondas se les étaient appropriés, tout comme le don de discernement, la simplicité, l’humilité, une profonde paix de l’âme, un amour sincère du prochain et une humeur lumineuse et joyeuse. Ils étaient également caractérisés par leur courage, leur esprit aiguisé et leur foi ardente, jouissant des dons de clairvoyance et de prophétie. Dans ses propos et enseignements, Saint Païssios fit maintes fois allusion à l’héritage de Saint Cosme d’Étolie. Il ne s’agit évidemment pas d’un hasard ; Saint Païssios vécut quelques temps à Konitsa, bourgade proche de la frontière avec l’Albanie, et lieu où Saint Cosme l’Égal aux Apôtres est tout particulièrement vénéré car le saint y concentra particulièrement ses activités, y fondant des écoles, y prononçant des sermons, y érigeant des croix. On consigna certaines des prophéties de Saint Cosme qui furent annoncées précisément en cette petite ville. Dans de nombreux villages autour de Konitsa on préserve encore jalousement les témoignages matériels du passage du saint en ces lieux (grandes croix métalliques et arbres plantés par le Saint). Dans le bourg de Pirgos et les villages environnants, on a retenu jusqu’à nos jours une version athonite de la prière de Jésus qui y fut répandue par Saint Cosme lors de ses prédications: «Seigneur Jésus Christ, Fils et Verbe du Dieu Vivant, par les prières de la Panagia, aie pitié de moi». Et une très grande église dédiée à Saint Cosme d’Étolie fut construite à Konitsa; on y conserve ses saintes reliques. (A suivre)
Traduit du russe.
Sources de la série complète :1,2,3,4
- A la page 72 de «Saint Arsène de Cappadoce», écrit par Saint Païssios et édité par le Monastère Saint Jean le Théologien à Souroti, une note propose la définition suivante du terme philotimo (φιλότιμο ) : «…noblesse d’âme, bonté, reconnaissance, amour purifié exempt de tout retour sur soi, de celui qui ne regarde jamais son propre intérêt mais ne cherche qu’à être agréable à Dieu, le Père Païssios considérait cette vertu comme le fondement du progrès dans la vie spirituelle». En outre, le blog ‘Journal d’un Chrétien Orthodoxe Ordinaire’ a consacré un article au concept de philotimo : ici. https://orthodoxe-ordinaire.blogspot.be/2010/04/philotimo-lamour-et-le-devoir.html