Deuxième texte de la série traduisant la conférence “La Ville est Tombée”, mais elle demeure en vie donnée à Patras en 2002 par Son Éminence le Métropolite Hiérotheos de Naupacte, à propos de la chute de Constantinople. La première partie se trouve ici.
Dans nos légendes et traditions, la chute de Constantinople est considérée comme un jour particulièrement terrible. Il s’agit de l’une des journées les plus tragiques de notre histoire. Le 29 Mai marque en effet la frontière entre une Romanité (Ρωμηοσύνης ,«Romiosini») glorieuse et une Romanité souffrante. La Romanité a survécu à la chute de la Romanie, mais sous une autre forme. Quelle forme est la meilleure? Nous ne le savons plus.
Le fait est que l’Empire Romain a créé une civilisation qui devint florissante, spécialement alors que l’Empire approchait de sa fin, ou plutôt de sa perfection. Et cette civilisation a survécu à la chute et vit encore aujourd’hui. Jusqu’à la chute de Constantinople, la Romanité se déployait dans une démarche cataphatique, alors qu’après la chute et jusqu’à présent, la Romanité opère et se répand sur le mode apophatique. Car malgré les difficultés rencontrées, elle a produit les néomartyrs, qui ont renouvelé le martyrologe, selon Saint Nicodème l’Agiorite ; c’est-à-dire qu’elle a renouvelé l’esprit de martyr qui vit en l’Église Orthodoxe.
On peut souligner le fait que jusqu’en 1453, l’Église Orthodoxe était caractérisée par ses obligations spirituelles, car elle a consolidé tant les enseignements de l’Orthodoxie que le sens du martyr et l’esprit de l’hésychasme.
En effet, comme on a pu le constater, l’hésychasme, quintessence des enseignements de l’Orthodoxie, a intensifié son développement vers la fin de l’Empire. C’est cela qui maintint l’Église Orthodoxe vivante et dynamique sous le joug de la turcocratie.Et c’est également ce qui instilla la vie dans la nation réduite en esclavage et qui produisit, comme on l’a mentionné, martyrs et confesseurs de la foi. Feu le Père John Romanides, dont l’amour pour l’Empire Romain est une évidence pour tous, dit un jour dans une de ses conférences, en faisant référence à la chute de Constantinople: «La médecine est une chose, la politique en est une autre et aucun lien ne les relie l’une à l’autre. Évidemment, les médecins (les membres du clergé et les moines) tombèrent face contre terre pour sauver l’Empire, mais celui-ci avait atteint un point de non-retour; il ne pouvait plus être sauvé.Toutefois, la médecine fut sauvée. Et elle s’est maintenue durant toute la période de la turcocratie».
Ceci signifie que la Foi Orthodoxe, fondement de Byzance, est science thérapeutique pour l’homme.
Cette foi qui a des effets thérapeutiques était devenue la politique maîtresse de l’Empire Romain. Toutefois, lorsque cette politique fut perdue, la thérapie ne le fut pas. Et donc, comme feu le Père John l’a mentionné ailleurs, le 29 peut être considéré comme le jour de l’Orthodoxie, car la Foi Orthodoxe, alors libérée de ses impuretés séculières préserva la tradition hésychaste. La suite de l’exposé se déroulera à la lumière de cette donnée. (A suivre)
Le texte original grec a été traduit avec l’appui de la traduction anglaise proposée sur l’excellent blogue Mystagogy.