maxresdefaultLe site Romanity.org propose une série de textes du Père Jean Romanidès. Certains en Anglais, d’autres en grec. La traduction ci-dessous est celle du début d’un très long texte en anglais dont le titre complet est : «Thérapie de la maladie neurobiologique de la Religion.La Civilisation hellénique de l’Empire Romain, Le Mensonge de Charlemagne en 794 et son Mensonge aujourd’hui.» Ce texte est présenté sur le site précité comme celui d’une conférence donnée à deux reprises aux États-Unis en 1997, et dont la base fut un long article écrit en grec et publié dans un ouvrage édité par le Saint Monastère de Koutloumousiou en 1996. La longueur de ce texte obligé d’en proposer la traduction en extraits successifs. En voici le cinquième.

La maladie de la religion, le Christianisme franco-latin et l’Orthodoxie à notre époque.
La maladie de la religion est causée par un court-circuit entre le cœur et le cerveau. Cela occasionne divers fantasmes qui déforment l’imagination et coupe l’homme de la réalité, à un degré qui peut varier. Le traitement de ce court-circuit s’opère en trois étapes que nous allons examiner. Il s’agit 1) de la purification du cœur, 2) de l’illumination du cœur, qui répare le court-circuit qui produit des fantasmes dont la religion et la criminalité sont des sous-produits, et 3) de la glorification qui rend incréé par grâce, et au moyen de laquelle on voit le règne incréé de Dieu, qui est une simple énergie qui se divise sans division et  sature toute la création, partout présente, mais pas par nature, et règne sur toute la création. La Bible désigne cela par les termes ‘gloire’ et ‘règne’ de Dieu, et ceux qui atteignent la glorification, des ‘prophètes’ et des ‘envoyés’ (des apôtres).romiosini_01Ce qui est malade, c’est ‘l’esprit de l’homme’ dans le cœur, ce qui dans l’antique Tradition chrétienne était appelée la faculté noétique, qui ne doit pas être confondue avec les facultés intellectuelles de la tradition hellénique et dont le centre est le cerveau. Quand elle est guérie, dans le cœur, la faculté noétique permet au cerveau de fonctionner sans les fantasmes dont la religion et la criminalité sont des sous-produits. Quand elle est guérie, la faculté noétique prie sans cesse pendant que le cerveau vaque à ses tâches normales. Cette prière incessante de la faculté noétique maintient le court-circuit dans un état réparé, sans entraver l’imagination alors libérée des fantasmes qui constituent l’outil principal à l’aide duquel ce qu’on appelle ‘le diable’ fabrique ses esclaves. ‘Prière noétique’ dans le cœur et ‘prière intellectuelle’ dans le cerveau, sont le fondement de la tradition prophétique des Anciens et Nouveau Testaments. C’était cela le centre de l’Église apostolique qui devint le Christianisme Orthodoxe de l’Empire Romain. Cette tradition thérapeutique se maintint avec force au sein du monachisme orthodoxe à l’époque de l’empire Ottoman. Au cours de leur poussée visant à la dissolution de l’Empire Ottoman, les Empires russe, français et britannique obligèrent les États orthodoxes qu’ils créèrent sur les ruines ottomanes à accepter les réformes de Pierre le Grand; ce fut l’une des conditions essentielles de leur soutien. En d’autres termes, ces trois empires concentrèrent leurs attaques, sans s’en rendre compte, sur la thérapie de la maladie de la religion, dont le monachisme orthodoxe avait été le centre pendant des siècles. Elle fut remplacée par une soi-disant occidentalisation, qui avait déjà été menée à terme en Russie, et qui signifiait simplement que l’Orthodoxie été condamnée à devenir une religion au même titre que le Vaticanisme et le Protestantisme. Dans le Nouveau Testament, la présentation la plus claire de cette thérapie de la maladie de la religion est proposée dans Saint Paul, 1Cor.12-15,11. C’est apostolos-pavlos-570dans ce seul contexte que devient évidente la clé de ses épîtres. Saint Paul était un pharisien, issue de la même tradition que les Hassidim, alors que le Christ et Ses apôtres appartenaient évidemment à une tradition parallèle mais aux fondements identiques dans l’Ancien Testament; ce qui rend intelligible le Nouveau Testament.
Nous disons que la religion est une maladie neurobiologique car elle provient d’un court-circuit entre le système nerveux centré dans le cœur qui impulse la circulation du liquide spinal, et le système sanguin centré dans le cœur qui pompe le sang dans le corps entier, y compris le système nerveux. La guérison de cette maladie de la religion est opérée par la réparation dudit court-circuit entre les deux cœurs qui pompent le sang et le fluide spinal, leur permettant de fonctionner normalement. Dans cet état normal, les divers fantasmes, religieux et autres, produits par le court-circuit entre cerveau et cœur, disparaissent. La Bible appelle cette énergie neurologique ‘l’esprit’ de l’homme, et les Pères la nommaient énergie noétique.
Il est intéressant de noter qu’en fait la religion et la criminalité proviennent du même court-circuit et de ses fantasmes. Une fois guéri, l’homme croit en ce qu’il voit de lui-même, et d’aucuns peuvent également voir la même chose pour autant qu’ils aient entraîné leur faculté de voir par eux-mêmes. La thérapie consiste à voir par soi-même ce que les spécialistes sont formés à voir à l’aide d’instruments car ce ne peut être vu «à l’œil nu», et cela ne concerne pas seulement la ‘vie future’, mais cette vie. La bible nomme cela la glorification. «Si un des membres est glorifié, tous les membres ensemble s’en réjouissent» (1Cor. 12,26), car il est devenu un prophète qui a vu et a participé à la gloire incréée de Dieu qui n’est en rien similaire à quoi que ce soit de créé. C’est la raison pour laquelle le prophète peut guider les autres dans le traitement de la glorification, tout en étant incapable de décrire l’expérience incréée de la glorification. Le préalable de cette restauration de la normalité est que celui qui voit a lui-même été restauré dans sa normalité qui consiste à voir la force incréée qui crée et gouverne toute la création.
Celui qui est guéri voit en fait au-delà de la vision normale, et de temps à autre, il voit la gloire et le règne du Créateur. Quand il n’est pas en état de vision, le court-circuit est réparé en permanence par la prière de cœur incessante, alors que le cerveau poursuit son activité normale. Les Ancien et transfiguration1Nouveau Testaments appellent cette force la ‘gloire’ et le ‘règne’ de Dieu, qui est «partout présent, se divise sans division et sature l’entière création». Tous ceux qui l’on vue et guident les autres dans le traitement de leur court-circuit sont les prophètes qui ont précédé et qui ont suivi la Pentecôte. Bien qu’ils n’aient pas accès aux microscopes électroniques contemporains, ces prophètes ont fait l’expérience de ce qu’il n’existe aucune similitude entre la Gloire et le Règne du Créateur et Sa création. Ceci est toutefois le cas en ce qui concerne les facultés humaines naturelles, dans lesquelles ont peut trouver une certaine similitude avec la gloire de la manifestation en tant qu’énergie simple qui se divise sans se diviser et est partout présente. C’est le cas dans la manière dont les cellules se divisent et se multiplient dans les êtres biologiques, examinés au microscope. Mais la différence réside en ce que la Gloire et le Règne créateurs de Dieu ne changent ni ne meurent, ni ne sont composés de matière. En tous cas, l’idée platoniste selon laquelle les formes matérielles et spirituelles seraient des copies de formes immatérielles et immuables fut correctement rejetée par tous ceux qui firent l’expérience de la Gloire de Dieu.
Nous souvenant des clés définies ci-dessus, nous observons deux types généraux de termes dans la Bible. Il s’agit de ceux qui s’appliquent à l’incréé et ne peuvent se concevoir en fonction d’une expérience individuelle de la réalité créé. Ces termes sont par exemple ‘Dieu’, ‘Seigneur’, ‘Yahvé’, Ange du Grand Conseil‘Esprit de Dieu’, ‘Père’, ‘Logos’, ‘Messager de Dieu qui S’appelle Lui-même Dieu’, ‘Ange du Grand Conseil’, ‘Fils de Dieu’, ‘Roi de Gloire’, ‘Règne de Dieu’, Gloire de Dieu’, etc. La deuxième catégorie reprend les mots et expressions qui désignent la réalité créée et sont compris en tant que tels. Les termes désignant l’incréé ne peuvent être compris dans le contexte de la compréhension obtenue à partie de leur comparaison avec ce que l’on peut connaître de la réalité créée. Le véritable objectif de ces mots et expressions désignant l’incréé est de remplir le rôle de guides vers la purification et l’illumination du cœur, et ensuite vers la glorification, durant laquelle ces termes eux-mêmes sont abolis, et où seul demeure l’amour. (1Cor.13,8).
Jamais Augustin ne saisit la distinction entre ces deux catégories de termes, ni ne comprit les clés dont nous avons parlé. Le Christianisme franco-latin et sa doctrine se livra à son premier essai en matière de théologie avec l’École Palatine établie par Charlemagne à la fin du VIIIe siècle. Cette école ne connaissait qu’Augustin car son organisateur, le Saxon Alcuin (735-804) maîtrisait de fond en comble les travaux du seul Augustin. Celui-ci ne fut pas un des Pères d’un Concile Œcuménique, et il n’était pas non plus familier avec aucun de ces Pères. On a l’impression qu’il reçut sa formation d’Ambroise, qui l’a baptisé, dit-on. Pourtant, les différences doctrinales fondamentales qui séparent Augustin et les Pères de l’Église sont exactement les différences qui séparent Augustin d’Ambroise lui-même. Et Augustin n’avait donc pas la moindre idée des clés utilisées par les Pères Orthodoxes pour interpréter la Bible. Il ne connaissait tout simplement pas un seul Père d’un seul Concile Œcuménique. C’est exactement pourquoi les Vaticanistes et les Protestants ne comprennent toujours pas la théologie des Conciles Œcuméniques. Lorsque les Franco-latins se familiarisèrent avec les textes des Conciles Œcuméniques, ils les soumirent aux catégories augustiniennes. Ils avaient obtenu le texte de Saint Denys l’Aréopagite. Jean Scot Erigène le traduisit et cette traduction sema la confusion, à cause de la théologie du traducteur. Comme nous l’avons vu, c’est seulement au XIIe siècle que les Francs acquirent une traduction latine de la présentation faite par Saint Jean BibleDamascène de la théologie patristique et de la doctrine des Conciles Œcuméniques. Mais comme toujours, et jusqu’aujourd’hui encore, elle fut comprise dans les limites des catégories augustiniennes. Ni la papauté franco-latine, établie entre 1009 et 1046, ni les Protestants augustiniens n’ont jamais été capables de voir ces distinctions dans la Bible. Ils demeurent donc inconscients de leur existence. Et cela signifie qu’avant l’avènement de la critique biblique moderne, la compréhension de l’inspiration biblique qu’avaient les Vaticanistes et les Protestants ne différaient guère de la croyance des Musulmans selon laquelle le Coran serait ‘incréé’. Cette situation a bien sûr évolué, mais le résultat final n’a pas changé. (A suivre)
Traduit de l’anglais.
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