Le Président Poutine a été accueilli avec solennité et amour fraternel par la communauté monastique de la Sainte Montagne, le 28 juin 2016, et il a participé aux cérémonies commémorant le millénaire de la présence russe sur l’Athos. Au-delà du caractère officiel de sa présence, le Président de Russie s’est entretenu avec Geronda Ephrem de Vatopedi, auquel il a demandé prières et bénédiction (Comme le confirme le site Romfea.gr). Le 12 juillet 2016, le Président Poutine a participé à la divine Liturgie, et communié, au Monastère de Valaam, comme nous le rapportons ici. Le site Orthodoxie.com a répercuté l’information concernant Valaam, plusieurs médias ont évoqué, rarement de manière élogieuse, la visite au Mont Athos. Par contre, l’information concernant la présence du Président russe au Monastère de Konevets, le 12 juillet n’a été proposée ni en français, ni en anglais. Voici la traduction de l’article à ce propos, paru le 14 juillet 2016 sur le site Ruskline.ru
Le 12 juillet, le Président de Russie, Vladimir Poutine, s’est rendu au Monastère de la Nativité de la Très Sainte Mère de Dieu à Konevets. Selon le service de presse de l’Éparchie de Vyborg, cette visite revêtait un caractère privé. Arrivé sur l’île, dans un bateau, avec un groupe d’une grosse vingtaine de pèlerins, le Chef de l’État a participé aux Vêpres avec la Communauté, dans l’Église de Saint Arsène de Konevets, ainsi qu’à l’office du Pardon. Ensuite, emmené par l’économe et les frères du monastère, le Président a visité l’église de la Nativité de la Très Sainte Mère de Dieu, où il a vénéré les reliques du fondateur du monastère, Saint Arsène de Konevets ainsi que l’icône de la Mère de Dieu de Konevets. L’église dans laquelle se trouvent ses trésors sacrés nécessite une lourde restauration, qui en est à ses débuts : l’iconostase vient d’accueillir voici peu ses trois premières icônes. Vladimir Vladimirovitch s’est entretenu avec les frères de la communauté et avec les pèlerins. Il a manifesté son intérêt pour la procédure de restauration de l’église et pour les fresques uniques de celle-ci. Le Président s’est également informé de la situation du bateau du monastère, utilisé pour amener les pèlerins ; l’embarcation appartenait auparavant à une base navale actuellement en voie de reconstruction. Vladimir Vladimirovitch a quitté l’île le jour même, après une visite de la chapelle de Saint Nicolas le Thaumaturge, sise dans la baie de Konevets.
En 2018, le Monastère de Konevets fêtera le 625e anniversaire de sa fondation. Et en 2016 eurent lieu les célébrations du vingtième anniversaire de la reprise de la vie monastique dans l’île, après la longue interruption survenue au XXe siècle.
La littérature agiographique et la Tradition ont légué peu d’informations au sujet du fondateur du monastère, Arsène de Konevets. La ‘jitié’ du Saint nous raconte qu’il était originaire de Novgorod la Grande. Artisan doué, il semble qu’il connaissait un certain succès dans le façonnage des récipients de cuivre. Âgé d’un peu plus d’une vingtaine d’années, il serait entré au Monastère Lissogorski, à Novgorod, où il reçut la tonsure monastique en 1379. Au bout de quatorze années de vie monastique à cet endroit, Saint Arsène reçut la bénédiction de son higoumène pour séjourner à la Sainte Montagne. Il y fut accueilli au Monastère de Chilandar, où il se remit au façonnage des récipients de cuivre, non seulement pour son monastère, mais pour les autres monastères de l’Athos. Ceux-ci envoyèrent des moines auprès de Saint Arsène pour qu’il leur enseigne son artisanat. Craignant que les nombreux visiteurs qui s’approchaient de lui pour recevoir écolage et enseignements, ne soient un fardeau pour sa communauté, Saint Arsène demanda à l’higoumène la bénédiction de pouvoir pérégriner de monastère en monastère afin de pouvoir effectuer son travail là où on en avait besoin. Après trois ans de pérégrinations athonites, Saint Arsène ressentit le souhait de retourner en sa terre natale dans le Nord, pour y fonder un monastère dédié à la Très Sainte Mère de Dieu. L’higoumène, ayant décelé en saint Arsène la présence d’un champion de l’ascèse, lui accorda sa bénédiction et lui annonça que «Dieu érigerait à travers lui un monastère dans les terres du Nord qui seraient sauvées, par ses prières, des tentations des démons et des superstitions». Il donna en outre à Saint Arsène le Typikon des cénobies de l’Athos qu’il devrait observer dans le nouveau monastère, et il le bénit avec une icône de la Très Sainte Mère de Dieu de l’Acathiste, renommée en Russie sous le nom de Mère de Dieu de Konevets.
En 1393, Saint Arsène revint au pays. L’Archevêque Jean de Novgorod lui donna sa bénédiction pour la construction d’un nouveau monastère. Ayant atteint le Lac Ladoga par la rivière Volkhov, Saint Arsène rechercha un endroit retirer pour mener sa vie monastique. Il s’arrêta d’abord sur l’île de Konevets, tout en sachant qu’il existait sur le lac des îles plus isolées et désertes. Mais il la quitta ensuite pour se diriger plus au Nord. Toutefois, une tempête se leva et l’obligea à faire demi-tour et retourner à Konevets. Lorsque la tempête se fut calmée, Saint Arsène reprit sa navigation. Rapidement, un vent fort se leva, repoussant sa barque vers Konevets. Saint Arsène vit en cela une directive céleste ; la volonté du Seigneur et de Sa Très Sainte Mère était que le monastère soit construit sur l’île de Konevets. Et Saint Arsène commença donc son exploit ascétique sur cette île, où apparut au fil du temps son monastère. Il commença par ériger une simple hutte au sommet d’un petit promontoire au cœur de l’île (à l’endroit qui maintenant se nomme la Sainte Montagne) et s’y installa. Il vécut trois ans environ dans la solitude.
En 1396, Saint Arsène déménagea dans l’île et vint près du rivage du lac. Alors, des disciples commencèrent à venir à lui, formant une première communauté monastique. Cette communauté érigea alors (1398) une église de pierres dédiée à la Nativité de la Très Sainte Mère de Dieu, elle construisit des cellules, en bois, et installa une clôture.
Au milieu du XVe siècle, le monastère accueillit en visite le Saint Évêque Euthime de Novgorod, que de très anciens liens d’amitié datant de l’époque du séjour au monastère Lissogorski unissaient à Saint Arsène. En signe de bénédiction, Euthime remit à Saint Arsène un klobouk blanc. En souvenir de la visite de Vladika Euthime, la baie du monastère prit le nom de Lakhta de Vladika [Lakhta est un terme d’origine finlandaise signifiant golfe. N.d.T.], et elle se nomme encore ainsi de nos jours.
Le monastère subsista environ 25 ans dans le Golfe de Vladika. En 1421, une terrible montée des eaux du lac inonda le monastère et Saint Arsène décida de le déménager en un lieu plus élevé, où fut érigée une nouvelle église dédiée à la Nativité de la Très Sainte Mère de Dieu. Par la suite, elle fut transformée à diverses reprises, devenant selon les chercheurs la première église de pierre sur le Ladoga, et même dans tous le Nord de la Russie. Cette nouvelle église accueillit la très précieuse icône de la Mère de Dieu de Konevets. Jusque 1447 (d’autres sources citent 1444), Saint Arsène mena son combat spirituel à Konevets tout en dirigeant la communauté monastique. Au début du mois de juin 1447, son état de santé se détériora, et il sentit sa fin approcher. Il réunit les moines de la communauté et choisit parmi eux le pieux starets Ioann en qualité de supérieur. Il leur donna alors cette instruction : «Vivez dans la concorde et dans l’amour du Seigneur et efforcez-vous afin que vos âmes soient sauvées».
Saint Arsène décéda le 12 juin 1447, ayant vécu une vie monastique stricte pendant 68 ans, dont 54 dans le monastère qu’il fonda. Un odeur merveilleuse se répandit lors de ses funérailles, alors que les moines, pleurant le départ de leur guide et protecteur, inhumèrent son corps dans le parvis de l’église.
En 1547, l’Eglise Orthodoxe accueillit Arsène de Konevets parmi le chœur des Saints qui ont plu à Dieu. La ‘jitié’ de Saint Arsène fut écrite au XVIe siècle par l’higoumène Varlaam de Konevets.
En 1892, le monastère, intégré jusque là à l’éparchie de Saint-Pétersbourg, fut cédé dans le cadre de l’éparchie de Vyborg à la Finlande qui venait d’être constituée. L’île de Konevets, tout comme celle de Valaam, se trouvant alors sur le territoire de la Finlande, les deux monastères poursuivirent leurs activités entre 1917 et 1940. Une partie des trésors sacrés de ces monastères se trouvent encore en Finlande de nos jours.
Le 19 août 1944, les derniers moines quittèrent définitivement l’île de Konevets, qui se trouvait sur le territoire de l’Union Soviétique. Les bâtisses du monastère accueillirent les quartiers d’une base navale, et l’Administration de la Défense installa aux alentours un polygone d’essais.
En 1990, le monastère fut rendu à l’éparchie de Saint-Pétersbourg de l’Eglise Orthodoxe de Russie.
Le 28 mars 1991 l’Archimandrite Nazaire (aujourd’hui évêque de Kronstadt) fut désigné en qualité d’higoumène de la communauté par le Métropolite Ioann de Saint–Pétersbourg et Ladoga.
En 1991 eut lieu l’invention des reliques de Saint Arsène. Elles constituent aujourd’hui le trésor le plus sacré du monastère, où elles ont été déposées dans un reliquaire.
Lorsque fut créée la Métropole de Saint-Pétersbourg, le monastère se retrouva dans l’éparchie de Vyborg. Et aujourd’hui l’évêque Ignace de Vyborg et Priozersk est le Saint Archimandrite de la Communauté monastique, et le supérieur de celle-ci est l’higoumène Alexandre.
Traduit du russe.
Преподобне отче Арсение, моли Бога о нас!
Saint Père Arsène, prie Dieu pour nous !