Vladimir Igorievitch Karpets, juriste, orthodoxe Vieux-Croyant, a écrit entre autres un ouvrage intitulé Социал-Монархизм (Le Social-Monarchisme), publié en 2014. La traduction ci-dessous en est un extrait dans lequel l’auteur évoque les éléments tirés de l’histoire et de la civilisation russes et pouvant intervenir dans la structure de la société dans le cadre du Monarchisme social en Russie. Nous avons déjà proposé des extraits traduits ce livre ici. Aux lecteurs initiés à la langue russe, nous conseillons la lecture du blog de Vladimir Igorievitch.
Si la Monarchie russe venait à être restaurée, elle ne reprendrait de façon mécanique ni le modèle moscovite, ni le pétersbourgeois, ni encore le ‘stalinien’. Elle devra être spirituelle (au sens de la fidélité à l’Orthodoxie et à son modèle de relations entre l’État et l’Église) et ainsi, elle deviendra sur le plan social l’héritière de la Rus’ Moscovite.
Sur le plan juridique, elle sera l’héritière de l’Empire de Russie (Serment de 1613, législation de l’empereur Paul à propos de la succession et de la famille impériale). Dans les domaines sociaux, industriels, et de la structure militaire, elle recourra à l’expérience soviétique. Ce recours devra être débarrassé de la ‘tache de naissance du marxisme’ et de toute idéologie totalitaire en général, ainsi que de toute pression directe sur certaines couches sociales, sur la culture et sur la vie privée des citoyens, qui furent malheureusement des traits intrinsèques du ‘socialisme soviétique’, nonobstant tous les succès de ce dernier, que ces traits, précisément, vinrent même gommer.
Il ne s’agira pas à l’avenir de reproduire, mais avant tout, de comprendre. Dans un certain sens, la forme historique de la monarchie en Russie peut être considérée comme la thèse, la forme historique du socialisme soviétique, comme l’antithèse. Et il doit être question (il est impossible que ce ne le fût pas) d’une synthèse.
Cette synthèse ramène à la vie l’histoire russe enfouie au plus profond de notre conscience. Il s’agit en quelque sorte de notre ‘Ville de Kitège’.
Le spectre actuel de l’idéologie politique en Russie est celui du mirage et de la fiction. Le communisme, quoiqu’en disent ses partisans, est bien mort. Dès le départ, le libéralisme a fait preuve de son inaptitude et de sa laideur et il est aujourd’hui un moyen d’accélérer l’effondrement du pays et de l’intégrer dans le système euro-atlantique en qualité de maillon le plus faible et soumis.
Malheureusement, le ‘nationalisme russe’ sous son aspect actuel est orienté vers ‘l’Europe blanche’ (que les ‘blancs’ ne dirigent plus depuis longtemps déjà), et se rapproche sans cesse du libéralisme. La Social-démocratie, association d’un ‘socialisme mou’ (de type européen, lui aussi) avec les «valeurs du libéralisme», est morte-née dans le contexte russe. Le ‘conservatisme’ de Russie Unie est inadéquat, tout simplement parce que dans la Fédération de Russie contemporaine, il n’y a rien à ‘conserver’, il ne reste que les «valeurs libérales», vestiges du pillage des années ’90.
Dès lors, le Social-Monarchisme est non seulement une idéologie viable, mais aussi un projet de civilisation qui découle de façon organique de l’histoire entière de la Russie, à travers tous ses stades. Il s’agit de la voie naturelle et logique de la nouvelle Russie, exigée par son histoire.
Traduit du russe.