Né en 1888, le Saint Hiéromartyr Nikon (Beliaev) fut hiéromoine à la Skite du Monastère d’Optina. Il en fut un des derniers startsy, ayant eu pour père spirituel Saint Barsanuphe, lui-même fils spirituel du Saint Starets Anatole (Zertsalov) d’Optina. Un récit de sa vie a été traduit en plusieurs parties sur le présent blogue et est accessible ici. Le Monastère a publié le journal tenu par le novice Nicolas pendant les trois premières années de sa vie monastique. (Дневник послушника Николая Беляева (преподобного Оптинского старца Никона). Le texte ci-dessous est la traduction (sur base de l’édition de 2016) des premières pages de cet ouvrage remarquable, inédit en français. Le début de la traduction se trouve ici.
(…) (…) Avant-hier, c’est-à-dire le 17 novembre, Batiouchka nous a dit au Père Nikita et moi, qu’il y a exactement 20 ans, le 17 novembre 1889, il était presque mort. En août 1889, le vingt-six ou le vingt-sept, Batiouchka était pour la première fois chez le Père Ambroise. Suite au désir de Batiouchka d’entrer dans un monastère, le Père Ambroise lui conseilla de servir à l’armée jusqu’à sa retraite, c’est-à-dire servir encore deux ans et ensuite entrer au monastère, et pour l’heure, vivre dans le monde d’une manière qui plaisait à Dieu et jusqu’au Carême de Noël, c’est-à-dire d’août au quinze novembre, jeûner quatre fois. Cela sembla étrange et incompréhensible à Batiouchka : pourquoi donc? Mais tout se déroula, ainsi. En effet, le dix-sept novembre, Batiouchka s’est soudainement senti mal le soir, et on fit venir le médecin et le prêtre. «Et mes pensées me disaient: tu vas mourir maintenant», ajouta Batiouchka. «Je priai Dieu pour une seule chose : pouvoir communier aux Saints Mystères. L’horreur de la mort me saisit. Finalement, un prêtre arriva. Il commença à me confesser, je ne pouvais rien dire, seulement: «Pécheur, pécheur». Le prêtre me posa quelques questions, me donna l’absolution et me fit communier aux Saints Mystères. Je me suis calmé, même si le médecin avait dit que je ne vivrais pas jusqu’au matin. J’étais couché sur le lit, recouvert d’une couverture et je suis resté seul. Soudain, j’entendis comme une voix venant du ciel: «D-don’». C’était la cloche qui sonnait pour les matines dans le monastère des femmes, et dans mon âme, quelqu’un a dit: «Tu vivras…» Je me suis senti heureux et je me suis endormi. Le lendemain matin, mon ordonnance arriva et souleva doucement la couverture de ma tête, pensant me voir déjà mort, et je lui dis: «Qu’est-ce que tu fais, Alexandre?» L’ordonnance se réjouit et dit: «Mais Vous êtes vivant, Votre Noblesse?!» «Oui, je suis vivant». Bien que je sois ensuite demeuré alité pendant deux mois, luttant contre la mort. Je commandai d’ouvrir l’Évangile du jour et de le lire. Alexandre prit l’évangéliaire et commença à lire la parabole du figuier stérile: l’été prochain, coupe-le, s’il ne donne pas de fruit. Je pensais que, en effet, j’étais un figuier stérile, même si auparavant je pensais que j’avais diverses vertus, car j’étais sain en apparence, et j’ai alors décidé de changer ma vie. J’ai attendu la mort l’année suivante, le même jour, mais je suis resté en vie; et maintenant vingt ans se sont écoulés depuis ce temps-là…»
Vendredi 20 novembre
Il est 11 heures. Je viens de revenir de chez Batiouchka: on a célébré les vigiles. Nous étions quatre: Batiouchka, le Père Koukcha, Frère Nikita et moi.
J’ai reçu une lettre de Moscou, demandant de prier pour une connaissance qui est dans une situation matérielle très critique. Gloire à Dieu, je ne suis pas dans le monde.
Aujourd’hui, c’est le jour anniversaire de la naissance du Père Macaire, le starets. Auparavant, il y avait un office religieux, puis en quelque sorte on l’oublia. Maintenant, il y a eu une discussion à ce sujet; Batiouchka dit qu’il est nécessaire de le restaurer.
«Nous ne pouvons rien diminuer, ni enlever dans ce que nos grands startsy ont établi…»
Samedi 21 novembre
Je suis allé au monastère pour la Liturgie tardive et le repas, et ensuite, sur les tombes des Startsy, comme toujours. À mon retour du monastère, je suis allé saluer Batiouchka et après, j’ai rejoint la petite salle où la communauté prend le thé, pour y aider Frère Nikita. Je ne suis quasi pas resté dans ma cellule. Maintenant, je reviens des vigiles. Je sens que ma santé est devenue plus faible. Le problème à ma gorge ne passe pas du tout, et ma jambe gauche aux veines enflées se fait un peu sentir, surtout après les vigiles et même dans la position debout en général. Mais cela ne me dérange pas beaucoup.
Dimanche 22 novembre
Je suis resté chez Batiouchka toute la matinée jusqu’au repas. Pour une raison ou une autre, Batiouchka est allé au monastère, chez le Père Archimandrite, il me semble. À son retour du monastère, Batiouchka m’a dit qu’il avait reçu une lettre d’une de ses plus anciennes filles spirituelles, Mme Samarina, de Moscou. Elle appartient à la haute aristocratie. Quand elle était chez Batiouchka, elle a dit qu’elle avait aux jambes une maladie incurable, que tous les médecins de la ville de Moscou avaient refusé de la soigner. Cela a duré, semble-t-il, huit ans. Batiouchka lui a conseillé d’aller vénérer Saint Tikhon. Elle y était allée et envoyait une lettre disant qu’elle avait été guérie en deux jours.
Lundi 23 novembre
Aujourd’hui, j’étais lecteur pour la journée. Batiouchka a célébré avec le Père Nectaire. Après la pannychide, Batiouchka a dit un mot pour nous rappeler l’élévation de notre rang monastique, en particulier en ce qui concerne le respect des commandements d’amour, d’obéissance, de pauvreté. En tant que grand exemple de l’acquisition de ces vertus, Batiouchka nous a rappelé nos grands Startsy, les Père Macaire et Ambroise, dont nous honorons aujourd’hui la mémoire (jour de l’ange de leur baptême), et une fois encore Batiouchka a béni de lire leur vie.
Je suis allé au monastère pour en ramener de l’huile pour les lampades de ma cellule. Alors que je passais devant les tombes des Startsy, je me suis souvenu qu’aujourd’hui, c’était la mémoire de Batiouchka Macaire et Batiouchka Ambroise, et je les ai vénérés, j’ai demandé leurs saintes prières et leurs bénédictions, et j’ai prié pour le repos de leurs âmes.
(A suivre)
Traduit du russe
Source :
Saint Père Nikon, prie Dieu pour nous.