Le site internet du Saint Monastère d’Optina propose une bibliothèque en ligne fournie. On y trouve de nombreux ouvrages des startsy d’Optina et des recueils de leurs lettres et homélies. Parmi ces ouvrages on compte le recueil des lettres écrites par le Saint Starets et Confesseur de la foi Nikon d’Optina, dont le journal fait l’objet d’une traduction depuis des mois sur le présent blogue. Nous proposons ici la traduction du recueil de ces lettres de Saint Nikon. Il ne s’agit plus du Novice Nicolas, auteur du journal précité, mais déjà du Hiéromoine Nikon, qui a intégré et mis en pratique dans son podvig les enseignements de son starets Saint Barsanuphe d’Optina, héritier de la tradition du Désert d’Optina.

Lettre à sa mère, de la prison de Kozelsk lors de sa première arrestation survenue le 17/30 septembre 1919.

Le Christ est entre nous!

Je te souhaite la paix et la joie, chère petite maman, et je t’envoie mes salutations monacales. Maintenant, je suis prisonnier, et je veux le dire, un prisonnier pour le Christ, car bien que je sois pécheur, dans le cas présent je suis complètement innocent, il me semble. Je suis assis en prison sans me sentir coupable de quoi que ce soit; visiblement, seulement parce que je suis moine, que j’ai travaillé pour le monastère. Que la volonté de Dieu soit faite, bonne et parfaite! Je bénis le Seigneur, je place mon espoir et mon espérance dans le Seigneur, je trouve de la joie dans le Seigneur. Le 17 septembre, après avoir prié pendant la liturgie et après avoir célébré ensuite un moleben pour ta santé et celle d’autres proches, je suis retourné à ma cellule. J’ai été arrêté et envoyé à Kozelsk en prison, où je me trouve. De même que quatre personnes de rang spirituel: aussi prisonniers pour le Christ, et donc l’environnement dans lequel je vis ne me pèse pas. Je suis même en paix. Mais en attendant toujours la mort, j’ai décidé en ce jour de mon anniversaire de t’adresser, ma chère petite maman, un dernier mot et mes salutations. Que Dieu te bénisse! En tant que prêtre, j’appelle sur toi la bénédiction de Dieu et je prie le Seigneur, qu’Il te récompense par Ses grâces éternelles et Sa béatitude éternelle pour tout le bien que j’ai reçu de toi. Que ta bénédiction parentale repose sur moi; je te le demande ardemment. Je me souviens de toi ici en prison, j’élève vers Dieu ma prière pour toi, bien qu’elle soit faible de par mon indigence. Et moi-même, et notre monastère qui m’est si cher, et toi, et tous, et tout, je nous remets à mon Seigneur, mon Dieu, Créateur bienveillant, car Il prend soin de tous et de tout, et fait ce qui est nécessaire et utile pour nous. Je demande avec ardeur tes saintes prières pour moi pécheur, pour le salut de mon âme pécheresse: le salut de l’âme est le but de la vie terrestre. De quoi aurais-je besoin de plus? Si seulement j’atteignais ce but tant convoité! C’est pourquoi je te demande de prier pour mon salut. Je crois fermement être dans les mains de Dieu, et je suis calme. J’attends la vie du siècle à venir. Amen.
Je te demande de transmettre de ma part les bénédictions de Dieu à ma marraine (Je lui demande ses saintes prières et ses bénédictions), à ma sœur, mes frères et à tous les autres parents et connaissances: pour vous tous j’ai toujours prié, que le Seigneur vous bénisse et vous sauve. Je demande pardon à tous, mais surtout à toi, car je suis conscient de mes erreurs.

Pardonne. Que le Seigneur soit avec vous tous.

Le pécheur Hiéromoine Nikon.
26 septembre / 9 octobre 1919
Prison de Kozelsk.

Traduit du russe
Source                                             

Saint Père Nikon, prie Dieu pour nous.