Né en 1888, le Saint Hiéromartyr Nikon (Beliaev) fut hiéromoine à la Skite du Monastère d’Optina. Il en fut un des derniers startsy, ayant eu pour père spirituel Saint Barsanuphe, lui-même fils spirituel du Saint Starets Anatole (Zertsalov) d’Optina. Un récit de sa vie a été traduit en plusieurs parties sur le présent blogue et est accessible ici. Le Monastère a publié le journal tenu par le novice Nicolas pendant les trois premières années de sa vie monastique. (Дневник послушника Николая Беляева (преподобного Оптинского старца Никона). Le texte ci-dessous est la traduction (sur base de l’édition de 2016) des premières pages de cet ouvrage remarquable, inédit en français. Le début de la traduction se trouve ici.
24 avril
L’obédience de la rédaction du livret des offices particuliers m’a été, jusque maintenant, complètement enlevée, pour quelle raison, je ne sais pas. Le Père Koukcha a probablement, dit à Batiouchka qu’il serait capable de faire ce travail seul, comme il me l’a dit. Et maintenant, je travaille principalement à une obédience dans le jardin. Apparemment, le Seigneur m’affermit, moi le pécheur. En fait n’étant pas habitué au travail physique, même si j’ai une certaine force physique et de l’endurance, aujourd’hui, j’ai travaillé presque toute la journée.
Je me suis levé à 6 heures et demie du matin, j’ai nettoyé la cellule, j’ai prié (les heures) jusqu’à 8 heures, puis j’ai mis le samovar à chauffer, et à 8 heures trente, j’étais déjà au travail. J’ai travaillé sans relâche jusqu’au repas, c’est-à-dire jusqu’à 11 heures. Après le repas, j’ai, comme d’habitude, lu la règle de midi à une heure trente, après quoi, j’ai bu le thé jusqu’à 2 heures et me suis remis immédiatement au travail, et jusqu’à cinq heures et demie, j’ai travaillé en ne m’arrêtant qu’une minute à 15 heures. Puis je me suis lavé, je me suis changé et je suis allé lire les Psaumes (je ne suis pas allé aux vêpres) et j’ai lu jusqu’à 8 heures du soir; alors, ce furent quinze à vingt minutes pour le repas, et maintenant je suis dans ma cellule. Il est déjà neuf heure et demie, je lis encore les prières du soir et je dois faire les cinq cents, et je sens avoir assez de force pour cela.
Presque toute la journée sur pieds; 11 heures et demie sur pieds pour le travail et la prière, et environ deux heures, un peu plus, pour me reposer, assis pour le repas et le thé, alors que le travail n’est pas particulièrement facile: pelleter et transporter du fumier pour l’engrais. Et encore sur pieds pour la prière, si Dieu le veut, pour une heure et demie. Et, gloire et grâce à Dieu, je ne suis pas fatigué. L’appétit est bon, particulièrement après le travail, le repas semble encore meilleur que d’habitude.
Avant le repas du matin, j’ai très envie de manger, et je me sens même un peu faible, mais après avoir mangé, tout cela n’est plus rien. Je commence à apprendre ce qu’est le travail physique, en tant que travail pas comme un divertissement, comme c’était le cas dans le monde. Gloire à Dieu pour tout!
27 avril
Aujourd’hui, Batiouchka n’était pas présent à la liturgie, et lors de la litanie, le diacre a commémoré l’Higoumène Barsanuphe parmi les vivants. Batiouchka ne serait-il pas à nouveau malade? Hier, il n’y avait aucun signe de cela; Batiouchka s’est tenu debout pendant toutes les vigiles, et il ne célébrait pas, donc il aurait pu partir, mais il est resté jusqu’à la fin, bien qu’il ait quitté l’église pendant les cathismes pour dix minutes. Mais que la volonté du Seigneur soit faite!
Le soir
Batiouchka doit être en bonne santé, car il a célébré la liturgie tardive au monastère. Je n’ai pas été à la bénédiction; je devais lire les Psaumes. Ces heures de lecture, on veut me les prendre. Aujourd’hui, le Père sacristain m’a dit qu’il me dirait demain quand je devrai lire; probablement de 6 à 8 heures du matin, a-t-il dit.
30 avril
Demain 1er mai, commémoration de Saint Paphnuce de Borovsk. Les frères iront aujourd’hui au monastère pour les vigiles, et demain au puits. Je ne sais pas très bien comment tout cela va se passer Si je vis encore et que Dieu le veut, je le saurai demain. Ces jours-ci j’ai été occupé tout le temps au travail, du matin au soir. Mais aujourd’hui, on ne travaille que jusqu’à la liturgie.
Hier soir, de huit heures trente à neuf heures, nous sommes allés tous les deux chez Batiouchka. Mais j’ai été quasiment tout le temps le seul à parler à Batiouchka de mes doutes et de mes questions; Ivanouchka n’a fait qu’écouter. Donc, je vais, avec l’aide de Dieu, écrire à propos d’hier.
– Voici, Batiouchka, ai-je commencé, vous avez dit à plusieurs reprises que je dois m’accrocher aux cinq cents. Qu’est-ce que ça signifie?
– S’accrocher, tenir, c’est accomplir cela soigneusement et correctement, au bon moment. C’est ainsi que Batiouchka Ambroise a dit à l’un de ses fils spirituels, le Père Melchisédech, moine du grand schème, qui me l’a transmis lui-même: «Accrochez-vous aux cinq cents comme à une ligne salvatrice, et vous ne vous perdrez pas.» Pourquoi donc? Évidemment parce qu’il y a une certaine force en elle. Batiouchka Ambroise ne nous a pas révélé quelle est cette force, en quoi elle consiste, mais nous pouvons penser que c’est dans la prononciation du nom de notre Seigneur Jésus-Christ. D’autres pensent que la force réside en ce que les cinq cents trouvent leur origine chez les anciens saints pères d’Égypte et de Palestine… Vous savez que les Anglais vadrouillent partout… Un jour, un groupe d’Anglais, une vingtaine d’hommes, a entendu qu’il y avait en Amérique ou en Afrique, je ne me souviens pas, une sorte de grotte, dans laquelle on entendait un bruit, et qui demeurait cependant, complètement inexplorée. Ils décidèrent d’aller l’explorer. Ils emportèrent un cordage d’une longueur phénoménale. Ils en attachèrent solidement le bout à l’entrée de la grotte, chargèrent le cordage sur une charette et avec des torches ils avancèrent dans la grotte, déroulant la ficelle derrière eux. Donc, ils marchaient, parfois montant, parfois descendant, et le cordage se déroulait. Ils arrivèrent tout à coup sur la rive d’une mer souterraine, d’elle sortit un monstre terrible, quelque chose entre le poisson et le serpent. Effrayé par la lumière, il se cacha à nouveau. Cela a prouvé qu’il y a des mers souterraines. Alors ils marchèrent le long du rivage jusqu’à ce que tout le cordage soit déroulé. Quand ce fut le cas, ils se sont calmement accrochés à elle et sont revenus à la lumière. Pour eux, ce cordage était «une ligne salvatrice»›; ils ne se perdirent pas. Ainsi, ici, nous avons notre «ligne salvatrice», les cinq cents.
– Mais voilà, Batiouchka, quand je fais les cinq cents, toute sorte de bêtises se faufilent dans ma tête, de sorte que ma pensée glisse sur tout ce qui vient à l’esprit.
– Quand on lit toutes les autres prières, il ne se passe rien; quand on commence les cinq cents, les pensées attaquent immédiatement. L’ennemi se rebelle immédiatement. C’est de cela que nous apprenons que les cinq cents ont un grand pouvoir, du fait qu’elle est si détestée par l’ennemi… (A suivre)
Traduit du russe
Source :
Saint Père Nikon, prie Dieu pour nous.