Né en 1888, le Saint Hiéromartyr Nikon (Beliaev) fut hiéromoine à la Skite du Monastère d’Optina. Il en fut un des derniers startsy, ayant eu pour père spirituel Saint Barsanuphe, lui-même fils spirituel du Saint Starets Anatole (Zertsalov) d’Optina. Un récit de sa vie a été traduit en plusieurs parties sur le présent blogue et est accessible ici. Le Monastère a publié le journal tenu par le novice Nicolas pendant les trois premières années de sa vie monastique. (Дневник послушника Николая Беляева (преподобного Оптинского старца Никона). Le texte ci-dessous est la traduction (sur base de l’édition de 2016) des premières pages de cet ouvrage remarquable, inédit en français. Le début de la traduction se trouve ici.

16 février
Je ne peux pas écrire, il y a des vigiles. À partir de demain commence la Maslenitsa. Voilà bientôt un an que nous sommes venus pour la première fois à Optina. L’année Dernière, cette nuit, nous étions dans le monastère, à peine reposés de la route, car nous étions arrivés à 4 heures de l’après-midi. Gloire à Dieu de nous avoir placés ici dans le silence et l’action de grâce.
18 février
Hier, je n’ai pu écrire, il était très tard. Après avoir lu les Psaumes, je suis allé à la bénédiction. Batiouchka lui-même a commencé à parler et à m’interroger. Batiouchka m’a béni pour chanter aux vigiles et à la liturgie, quand on manquera de basses. Batiouchka m’a demandé comment je chante, comment va ma gorge. Je répondis:
– Comme-ci, comme ça; en général, ma gorge n’est pas particulièrement bien, je ne peux pas chanter longtemps.
Batiouchka l’avait vu.
– Oui, oui, voilà pourquoi je dis que vous devez vous renforcer, vous devez bien vous examiner, maintenant vous ne pouvez pas chanter, seulement quand on manquera de basses.
Puis Batiouchka m’a pris par la main, m’a conduit au canapé, s’est assis lui-même. Je voulais m’asseoir aussi, mais Batiouchka m’a dit de m’agenouiller près du canapé:
– Les entretiens, c’est une chose, alors vous pouvez vous asseoir; mais maintenant, c’est autre chose, restez à genoux.
Ce que j’ai fait. Batiouchka, me passa la main sur le front et sur la poitrine, en demandant:
– Comment ça va ici? Et là, comment ça va? Rien de particulier?
Je dis:
– Rien. Bien sûr, les pensées viennent…
– Vous ne pouvez pas vous en abstenir, l’esprit ne peut pas être sans pensée, comme une personne ne peut pas s’empêcher de respirer. C’est une nécessité. Mais à quoi penser? L’un imagine des situations impures, et prend plaisir à de tels tableaux. Mais vous êtes venus ici pour chercher Dieu, et vous cherchez Dieu très fort. Trouver Dieu est le but de la vie monastique.
Puis le Père a dit qu’il était possible de vivre dans un monastère, mais de ne pas être moine, ne rien réaliser; le sens c’était cela, mais comment Batiouchka l’a exprimé, j’ai oublié.
– Tout le monde cherche Dieu. Par exemple, les artistes dans le domaine de la poésie, de la peinture, et en particulier de la musique, tous veulent trouver Dieu. Mais ils ne cherchent pas comme il convient. Comment chercher Dieu? Observer les commandements, en particulier l’humilité, entrer au monastère. Mais ils ne veulent pas observer les commandements, surtout ils ne veulent pas être humbles, ils veulent se balader dans certaines petites rues, aller voir de plus près, au plus court. De la chasteté, ils ont une notion très approximative. Par exemple, Byron… Ou Raphaël, des œuvres plus perverses, c’est difficile à trouver, mais il a peint la Madone. Vous connaissez le poème de Pouchkine «le Prophète»?
Là, il y dit: «Dans le désert sombre, je me traînais languissant». Le désert, c’est la vie; il l’a compris, la vie est un désert. «Il se traînait languissant». Oui, vraiment il se traînait de tout son corps. Ensuite: «… un Séraphin à six ailes m’apparut à la croisée d’un sentier». Ici, peut-être parlait-il de lui-même? Je ne sais pas s’il lui est apparu ou non. Puis Pouchkine trace le tableau de la consécration d’un prophète de l’Ancien Testament. Il semble qu’il ait compris à la fois «les Chérubins qui volent dans les hauteurs et la marche des reptiles dans les fonds marins». Les anges sont purs, ils ont seulement la sagesse de l’élévation. Mais en nous, il y a aussi «la marche des reptiles dans les fonds marins». Ces deux courants se déroulent parallèlement en nous. Mais il faut s’efforcer de faire preuve seulement de la sagesse de l’élévation. On ne l’atteint pas immédiatement, mais toutefois la marche des reptiles se fera de plus en plus calme, et vous pourrez atteindre le moment où il n’y aura plus que le seul désir de l’élévation, et ces reptiles plongeront dans l’abîme et disparaîtront. Oui, cela peut être réalisé. Voici ce que Je vous dis: soyez humble et soyez humble. Que le Seigneur vous aide.

Saint Nikon d’Optina

Je dis alors :
– Batiouchka, aujourd’hui, c’est tout de même pour nous un jour important. L’année dernière, nous étions chez vous ce dimanche avant la Maslenitsa.
– De quoi avons-nous parlé?
C’était aussi à propos de la recherche de Dieu. Vous avez demandé: «Pourquoi êtes-vous venu?» J’ai dit : «Chercher la vérité en Dieu».
– Oui, c’est vrai, il s’avère qu’exactement à un an d’intervalle, nous avons parlé de la même chose.
Batiouchka ne pouvait pas parler plus longtemps, il m’a béni, mais je lui ai quand même posé des questions sur la terrible distraction pendant les office.
– Oui, tout le monde a cette distraction, même les vieux. Mais malgré tout, cette prière distraite sera écrite là (Batiouchka pointa le doigt vers le ciel). Que la paix soit avec vous.
Batiouchka appuya ma tête contre sa poitrine et l’embrassa. Sauve-le, Seigneur! Il me réconforte beaucoup, indigne, que je suis, de son amour.
Je suis très paresseux pour exécuter ses instructions, je vis généralement de façon nonchalante. Hier, presque toute la journée j’ai dormi, depuis après le thé jusqu’aux vêpres. Je n’ai rien lu. Batiouchka couvre tout de son amour, quelles que soient les horreurs que vous puissiez lui raconter à propos de vous-même.
Combien de fois Batiouchka a-t-il répété qu’il fallait se lever avant l’office, même avant la sonnerie, en disant: «Le son de la cloche représente la voix de l’Archange. «Bienheureux le serviteur qu’Il trouvera vigilant…» [N.d.T.Matines du Grand et Saint Lundi, tropaire du ton huit]. Il faut se lever à l’avance, se préparer, se laver. Il est nécessaire de se laver les mains, le visage, c’est comme vous voulez; mais surtout, il est nécessaire de garder vos mains propres. Comment allez-vous, par exemple, prendre l’antidoron avec des mains sales après la liturgie? C’est inconvenant. Ensuite, préparez-vous, attendez l’appel de la cloche ou du réveil, et partez immédiatement. Et à la liturgie, allez-y même avant la sonnerie, dès que vous avec terminé les prières du matin».
Mais moi, maudit, je suis, très paresseux pour me lever et je paresse toujours pour exécuter les instructions de Batiouchka. Bientôt, le Carême, les saints quarante jours. Je dois me corriger, par les prières de Batiouchka Et avec l’aide de Dieu. Si Batiouchka bénit, Dieu donnera, alors j’écrirai pour mémoire les règles de vie et de comportement quotidien , selon les instructions de Batiouchka et des Saints Pères.
20 février
Aujourd’hui, c’est la fête de la dédicace de l’église d’été, dédicacée à Saint Léon de Catane. J’ai pu aller chez Batiouchka mais nous n’avons pas eu d’entretien; il a juste résolu certaines questions de la vie pratique et spirituelle. Batiouchka donné sa bénédiction pour que j’aille d’aller au vestibule et participe à la lecture continue du Psautier. Il m’a béni pour que je recopie brièvement les passage de livres qui me frappent particulièrement, pour la mémoire (ce mot a été dit par Batiouchka) . Il a béni certains moments pour converser avec mon frère Ivan, pas de façon oiseuse, mais spirituelle. La dernière fois, Batiouchka m’a dit qu’il fallait que je sois humble: «Ne vous dites pas : selon ce que disent les autres, je n’agis pas comme eux, mais je fais ainsi. Non, considérez-vous comme le pire de tous». (A suivre)
Traduit du russe
Source :                       

Saint Père Nikon, prie Dieu pour nous.