«... en 38 années de sacerdoce presbytéral et épiscopal, j'ai prononcé environ 1250 homélies, dont 750 furent mises par écrit et constituent douze épais volumes dactylographiés...»
(Le Saint Archevêque Confesseur et chirurgien Luc de Crimée)
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L’homélie ci-dessous est intégrée dans le recueil intitulé «Saint Luc de Crimée, Oeuvres Choisies» («Избранные творения» pages 77-78. Éditeur :Sibirskaia Blagozvonnitsa; Moscou; 2010.

«Des personnes lui apportaient aussi leurs petits enfants pour qu’il les touchât ; ce que voyant, ses disciples les réprimandèrent. Mais Jésus appela ces enfants et dit : « Laissez les petits enfants venir à moi, et ne les empêchez pas ; car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. En vérité, je vous le dis, quiconque ne recevra pas le Royaume de Dieu comme un petit enfant, n’y entrera point.» (Lc.18;15-17)
Pourquoi les disciples ne permettaient-ils pas que l’on apporte des petits enfants près de notre Seigneur Jésus Christ? Ils pensaient que tout ce qui concernait le Seigneur était si sérieux, Ses enseignements si grands, difficiles à comprendre même pour les plus sages parmi les gens, que cela ne servait à rien d’amener à Lui des petits enfants. Pourquoi gêner la prédication de la grandiose parole de Dieu? Les enfants n’y comprendraient rien, alors qu’ils ne viennent pas gêner la compréhension des adultes, des plus réfléchis.
Mais le Seigneur voyait cela autrement et dit qu’on laisse venir à Lui ces petits enfants, pour qu’Il les sanctifie en les touchant de Sa main. Et Il ajouta des mots d’une importance extrême : «Quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant, n’y entrera point». Les disciples ne permettaient pas que les enfants viennent à Lui, mais le Seigneur répliqua que les enfants étaient le modèle qu’il fallait suivre. Personne n’entrera dans le Royaume des Cieux s’ils ne se fait petit-enfant. Qu’est-ce que cela signifie? Cela signifie que beaucoup de gens se rengorgent de la finesse de leur esprit, de leurs connaissances, de la profondeur de leurs pensées; ils considèrent tout d’un regard critique et examinent tout avec leur intellect.
Il y a toujours eu, mais particulièrement en ces temps nouveaux, des gens qui soumettent les Saintes Écritures à la critique. Ils analysent leur justesse, la possibilité de croire en elles. Et ils sont nombreux surtout parmi les théologiens luthériens et réformateurs, ceux qui essaient de repérer des contradictions, des invraisemblances, des impossibilités historiques, et ils critiquent tout, alors, il ne reste rien. Et à la fin des fins, ils suppriment notre Seigneur Jésus Christ Lui-même ; ils ne peuvent croire en Sa Résurrection, en Sa Divinité, et ils tombent dans l’hérésie la plus lourde. Il y a beaucoup de monde à notre époque, qui ne croit en rien sans examen critique et sans analyse intellectuelle préalables. Mais la critique est une démarche telle que n’importe quel événement historique, ceux qui se sont produits jadis, il y a longtemps, dès qu’il est examiné dans ses détails, doit être biffé.
On n’aborde pas les Saintes Écritures, l’Évangile, les Épîtres, les Actes des Apôtres au moyen de cette critique, avec un tel état d’esprit. Il faut les aborder avec une crédulité enfantine, sans aucune critique, avec une profonde vénération. Il est nécessaire de découvrir l’Évangile, en le considérant comme un Livre Saint, en le vénérant comme le livre contenant toute la Révélation Divine. Il est nécessaire de l’aborder avec la simplicité enfantine, avec la confiance des enfants. Les petits enfants ont confiance en ce que leurs parents disent, en ce que les adultes leur disent; ils croient tout, ils acceptent tout. Ils ne sont pas capables de critiquer, ils n’essaient pas d’analyser quoi que ce soit, car leur esprit d’enfant est pur et simple.
Et c’est ainsi, comme eux acceptent en toute confiance, sans avoir à raisonner, qu’il appartient à tous d’accepter la prédication de l’Évangile. Il faut ouvrir l’Évangile avec la pleine confiance que vous allez trouver la pleine et sainte Vérité.
Dans son Épître aux Corinthiens, Saint Paul parle du voile avec lequel Moïse couvrait son visage devant peuple d’Israël, parce que le peuple ne pouvait pas voir son visage après qu’il eût reçu les Commandements des mains de Dieu sur le Mont du Sinaï, car son visage brillait d’une lumière divine insupportable pour quiconque. Le Saint Apôtre Paul parle des Juifs qui lisent les Saintes Écritures: leurs esprits sont aveuglés, car ce même voile les empêche encore de voir quand ils lisent l’Ancien Testament. Ce voile fut ôté par le Christ. Les esprits sont aveuglés, et ces esprits aveuglés se mettent à lire les Saintes Écritures avec un esprit critique, sans la simplicité enfantine, cachant le mal dans l’esprit, dans le cœur, et c’est le Christ seul qui enleva le voile.
L’Évangile, tout le Nouveau Testament est d’une profondeur insondable. Vous savez à quel point la Mer Noire est profonde, infiniment plus profond encore est l’océan, et la profondeur du grand océan au large des côtes du Japon atteint neuf kilomètres. La profondeur de la mer est insondable, mais la profondeur de l’Écriture Sainte est infiniment plus grande, infiniment plus terrible que la profondeur de la mer.
Seuls ceux à qui le Christ ôte le voile de l’orgueil et de la méfiance de leur esprit et de leur cœur peuvent comprendre la profondeur de l’Évangile. Leur cœur devient pur et confiant, comme le cœur et l’esprit des petits enfants. Alors seulement la lecture de l’Écriture Sainte leur donnera ce qu’elle peut donner. C’est alors seulement que leur esprit et leur cœur seront sanctifiés, qu’ils recevront la vérité suprême.
Plus leur cœur sera sanctifié, plus la compréhension de la Sainte Écriture sera profonde s’ils la lisent constamment. Sa lecture a une spécificité telle que la première fois personne ne comprend grand-chose, la deuxième fois, un peu plus, la troisième fois, encore plus, etc. Si vous lisez les Saintes Écritures au jour le jour, à chaque nouvelle lecture, l’esprit s’enrichit, le cœur est purifié et la compréhension des Saintes Écritures s’approfondit. Mais vous devez commencer à la lire avec la simplicité et la confiance d’un enfant. L’intellect humain ne comprend pas grand-chose. Les grands mystères insondables sont connus de Dieu seul. Seuls les gens présomptueux et fiers peuvent dire qu’ils peuvent tout connaître. Ils ne savent rien. Pour comprendre les mystères de l’univers, il est nécessaire de les aborder avec la simplicité d’un enfant. C’est alors seulement que le mystère sera révélé, quand l’homme se sera fait enfant devant Dieu. Et qui ne se fait pas enfant, n’entrera pas dans le Royaume de Dieu.
Ces paroles ont frappé les disciples du Christ et ils ont alors demandé qui pouvait être sauvé. Le Christ a répondu: ce qui est impossible pour l’homme est possible pour Dieu. Cela vous semble impossible, mais tout est possible pour Dieu. Il sait par quels moyens la vérité la plus élevée et la connaissance la plus élevée pénètrent dans le cœur de l’homme.
L’Apôtre Pierre dit alors : «Voyez, nous avons tout quitté et vous avons suivi». Jésus leur dit : «Je vous le dis, en vérité, nul n’aura quitté sa maison, ou ses parents, ou ses frères, ou son épouse, ou ses enfants, à cause du royaume de Dieu, sans qu’il ne reçoive beaucoup plus en ce temps même, et dans le siècle à venir la vie éternelle.»(Lc.18;28-30).
Les gens ont peur d’abandonner ce qui leur est cher pour l’amour de Dieu, d’abandonner leurs occupations, leur situation, leur famille pour l’amour de Dieu. Les apôtres n’ont pas eu peur, ils ont tout quitté, et Pierre demande ce qu’il en sera. Le Seigneur dit alors qu’ils recevront beaucoup plus que ce qu’ils ont quitté, à la fois pendant leur vie sur terre et pendant la Vie future, éternelle. Ils recevront cent fois plus que tout ce qu’ils considéraient comme cher. Donc, cent fois plus que femme, mère, et enfants. Et il faut y croire! Ces paroles du Christ deviennent réalité pour tous ceux qui les acceptent comme un enfant, qui ont tout sacrifié pour Lui.
Afin que vous croyiez en ces paroles, non pas pour me vanter, mais pour glorifier Dieu, je dirai que ces paroles se sont entièrement accomplies pour moi pécheur. J’ai quitté ma famille, mes enfants, qui n’avaient plus leur mère, j’ai quitté mon travail de chirurgien qui m’avait déjà valut la renommée. J’ai décidé de tout quitter. Et j’ai tout abandonné et tout s’est passé comme je viens de vous le dire auparavant : j’ai reçu cent fois plus d’enfants : une foule d’enfants qui m’aimaient et m’aiment se trouve à Tachkent, à Krasnoyarsk, à Tambov, et parmi vous il en est qui m’aiment chaleureusement. Et notre Seigneur Jésus Christ Lui-même S’est occupé de mes enfants, les a éduqués, a fait d’eux des personnes dignes. J’ai abandonné la chirurgie; je pensais que s’en était fini, mais le Seigneur m’a rendu célèbre en qualité de chirurgien d’élite, Il m’a octroyé une renommée scientifique dont beaucoup n’oseraient pas rêver. Voyez comme c’est admirable! Il a fait comme Il a dit. Et c’est ainsi qu’il fera pour chacun de vous, qui, comme un enfant, marchera à la suite du Christ, méprisant tout, laissant tout, ne regrettant rien! Ceux-là recevront cent fois plus que ce qui aura été quitté, et dans la vie future, la joie éternelle et la communion éternelle avec le Seigneur Jésus-Christ.
Amen.
Traduit du russe

  1. Pp. 105 et 106 du livre « Святой Врач » (Le Saint Médecin) écrit par l'Archidiacre Vassili Marouchak. (Moscou, Danilovskii Blagovestnik, 2013)