«... en 38 années de sacerdoce presbytéral et épiscopal, j'ai prononcé environ 1250 homélies, dont 750 furent mises par écrit et constituent douze épais volumes dactylographiés...»
(Le Saint Archevêque Confesseur et chirurgien Luc de Crimée)
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L’homélie ci-dessous est intégrée dans le recueil intitulé «Saint Luc de Crimée, Oeuvres Choisies» («Избранные творения» page 161. Éditeur :Sibirskaia Blagozvonnitsa; Moscou; 2010.

«Il leur proposa une autre parabole, et il dit : Le royaume des cieux est semblable à un homme qui a semé de la bonne semence dans son champ. Mais, pendant que les gens dormaient, son ennemi vint, sema de l’ivraie parmi le blé, et s’en alla. Lorsque l’herbe eut poussé et donné du fruit, l’ivraie parut aussi. Les serviteurs du maître de la maison vinrent lui dire : Seigneur, n’as-tu pas semé une bonne semence dans ton champ ? D’où vient donc qu’il y a de l’ivraie? Il leur répondit : C’est un ennemi qui a fait cela. Et les serviteurs lui dirent : Veux-tu que nous allions l’arracher? Non, dit-il, de peur qu’en arrachant l’ivraie, vous ne déraciniez en même temps le blé. Laissez croître ensemble l’un et l’autre jusqu’à la moisson, et, à l’époque de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Arrachez d’abord l’ivraie, et liez-la en gerbes pour la brûler, mais amassez le blé dans mon grenier.
Parabole du grain de sénevé
Il leur proposa une autre parabole, et il dit : Le royaume des cieux est semblable à un grain de sénevé qu’un homme a pris et semé dans son champ.
C’est la plus petite de toutes les semences ; mais, quand il a poussé, il est plus grand que les légumes et devient un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel viennent habiter dans ses branches.
Parabole du levain
Il leur dit cette autre parabole : Le royaume des cieux est semblable à du levain qu’une femme a pris et mis dans trois mesures de farine, jusqu’à ce que la pâte soit toute levée. Jésus dit à la foule toutes ces choses en paraboles, et il ne lui parlait point sans parabole, afin que s’accomplît ce qui avait été annoncé par le prophète : J’ouvrirai ma bouche en paraboles, Je publierai des choses cachées depuis la création du monde» (Mat.13;24-35).
Ce sont des paraboles du Christ qui sont extrêmement importantes pour nous: ce sont des images de la façon dont tout le genre humain se prépare au Jugement Dernier, comment le Royaume de Dieu mûrit en lui.
Le Seigneur a semé dans son champ la bonne semence; Il a semé dans le monde entier. Et le mauvais sème de l’ivraie. Vous savez qu’un agriculteur ne traite pas cela comme le Seigneur l’a fait: il estime d’habitude qu’il est nécessaire de labourer le champ, de détruire l’ivraie qui empêche le blé de pousser; il aspire le suc de la terre, le suc de grâce qui ne doit nourrir que le blé. Mais le Seigneur ne fait pas cela : il ne détruit pas l’ivraie, Il la laisse pousser avec le blé, elle poussera jusqu’au Jugement Dernier, et Il enverra alors Ses anges labourer Son champ, Il ordonnera de séparer l’ivraie, de la lier avec des liens et de la brûler au feu éternel.
Cette parabole du Christ donne la réponse à une question difficile. Pourquoi le Seigneur tolère-t-Il ce qui se passe dans le monde, pourquoi ne détruit-Il pas immédiatement les pécheurs? Pourquoi le Seigneur tolère-t-Il maintenant que notre peuple dans sa masse aie oublié Dieu, ou même l’aie renié, aie rejeté l’Évangile du Christ, pourquoi tout cela? C’est une question grave qui nous tourmente tous, car notre peuple a largement mérité d’être détruit, mais le Seigneur patiente et laisse pousser le blé avec l’ivraie. Le Seigneur est longanime, Il épargne les blasphémateurs, il épargne les vases de colère (Rom.9;22), tous les mécréants qui ont mérité la destruction, le Christ les épargne et les épargnera jusqu’au terrible Jugement Dernier lui-même. Il ne veut pas détruire tout le peuple pour les péchés de ceux qui en constituent une grande partie. Il patiente et laisse l’ivraie grandir avec le blé.
Mais le sort de l’ivraie au Jugement Dernier sera vraiment terrible, car les Anges de Dieu, remplis de colère et de fureur, les rassembleront tous et les brûleront par le feu éternel.
Rappelez-vous ceci: le Seigneur est longanime, Il laisse pousser l’ivraie avec le blé. Mais le temps du Jugement viendra, et la terrible colère de Dieu s’abattra sur tous les vases de colère. Dans cette parabole, le Seigneur dépeint le Jugement lorsque le Royaume de Dieu viendra. Il décrit comment la moisson est préparée, comment la moisson mûrit pour le jour du Jugement Dernier, le temps approche, où l’ivraie sera brûlée par le feu éternel, et les justes brilleront comme le soleil dans le Royaume de leur Père.
Ensuite, le Seigneur donne deux comparaisons: dans une parabole, Il compare le Royaume de Dieu à un grain de moutarde, une très petite graine, à partir de laquelle pousse un énorme arbuste, et dans l’autre, avec le levain, que la femme a mis dans trois mesures de farine jusqu’à ce que tout ait levé. Ces deux paraboles représentent le processus qui se déroule dans le cœur des individus, elles montrent la façon dont le Royaume de Dieu commence dans le cœur des gens déjà dans cette vie.
Une petite graine de moutarde est semée, et le Seigneur lui-même fait pousser un énorme arbuste par des voies inconnues. Mettez un petit peu de levain dans la pâte, et toute la pâte lève.
Comment comprendre ces images? La parole de Dieu est opérante comme une épée à double tranchant: celle-ci transperce tout l’homme, tranche le cerveau, tranche tout le corps. La parole de Dieu est opérante: il y a eu de nombreux exemples de la façon dont, sous l’influence d’une phrase de l’Évangile, d’une seule parole de Dieu, l’homme a tremblé, a été secoué, comme Saint Antoine le Grand, l’un des plus grands héros de l’ascèse. Il était d’origine noble, très riche, un homme profondément instruit, et il poursuivait une brillante carrière à la cour du roi, mais il entendit un jour, alors qu’il était dans l’Église, les paroles de l’Évangile: «Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu as, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel ; puis viens et suis-moi» (Mat.19;21).
Ces paroles ont produit dans l’âme d’Antoine un effet incroyable; c’était la semence de moutarde que le Seigneur avait semée en elle. Il quitta tout, se mit à tout mépriser et partit dans le sauvage désert de Libye. Et là, il illumina comme le soleil, le monde entier. Ainsi, à partir du petit grain semé par Dieu dans le cœur d’un homme, poussa un grand arbre de vie fertile.
Et dans le cœur du chrétien ordinaire, il y a souvent un processus similaire à celui de la pâte dans laquelle le levain est introduit: la fermentation commence: la pâte s’imprègne de bulles de gaz, elle monte, lève, et devient apte à être cuite et devenir du pain.
Les paroles des Saintes Écritures sont souvent comme un levain dans la pâte, et une fermentation silencieuse et discrète commence dans le cœur de l’homme. Il y a de nouvelles pensées porteuses de grâce, de nouvelles aspirations, une nouvelle compréhension de la vie sous l’influence de la grâce de Dieu transmise par la Sainte Communion. Et l’homme grandit dans la vie spirituelle comme une pâte dans lequel le levain est introduit, et devient capable et prêt à passer à la Vie éternelle. Que notre Seigneur et Dieu Jésus-Christ nous en rende tous dignes, nous préparant ainsi mystérieusement à ce bonheur sans mesure par Sa grâce divine!
Amen.
Traduit du russe

  1. Pp. 105 et 106 du livre « Святой Врач » (Le Saint Médecin) écrit par l'Archidiacre Vassili Marouchak. (Moscou, Danilovskii Blagovestnik, 2013)