Écrits

Le Métropolite Ioann de Saint-Pétersbourg et Ladoga, de bienheureuse mémoire, est l’un des auteurs russes les plus traduits sur le présent blogue. Sa vie est longuement abordée dans la rubrique qui est consacrée à Vladika Ioann.
Le texte ci-dessous est le début de la traduction inédite en français d’un long chapitre, en réalité un addendum, d’un livre édité à partir de leçons données par le Métropolite Ioann, alors encore Archevêque de Samara, à l’Académie de Théologie de Leningrad en 1989, au sujet de la situation de l’Église en Russie au début du XXe siècle, des schismes qui l’ébranlèrent et des grands confesseurs de la foi qui la maintinrent à flots contre vents et marées. La vie de trois d’entre eux est abordée par Vladika Ioann: le Saint Métropolite Benjamin (Kazanski) de Petrograd et Gdov, le Saint Archevêque Hilarion (Troïtski) de Verei, et le Saint Hiéromoine Nikon (Beliaev) d’Optino. L’original russe est donc l’addendum du livre «Rester debout dans la foi» (Стояние в вере), publié à Saint-Pétersbourg en 1995, par les éditions Tsarskoe Delo.

Note de l’éditeur du livre:
En février 1989, l’Archevêque Ioann donna un cycle de leçons à l’Académie de Théologie de Leningrad, qu’il intitula : «Mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé… Personnalités ecclésiastiques de l’Église Orthodoxe Russe des années 20-30». Certaines de ces leçons (portant sur la situation de l’Église Russe après la mort du Patriarche Tikhon, lorsque le gouvernail du navire de l’Église fut tenu par le Métropolite Serge (Stragorodski) et alors que des schismes apparurent au sein de l’Église) constituent en fait des chapitres du livre que lecteur tient en mains. Nous n’y reviendront donc pas. Mais l’autre partie des leçons, celle dans laquelle Vladika parle de trois néomartyrs russes qui par l’exemple de leur vie confirmèrent la fermeté de leur foi, nous considérons utile de la publier dans la présente édition du livre, sous forme d’addendum, et en guise d’illustration du grand mouvement de Confession de la Foi qui apparut en Russie pendant la terrible période troublée du début du XXe siècle.
Introduction

Pendant les années au cours desquelles s’établissait le pouvoir soviétique et s’affirmait le culte de la personnalité de Staline, circonstances particulièrement compliquées pour la vie de l’Église, on ne vit pas diminuer le nombre de personnalités fortes, actives dans la vie de l’Église, tant parmi les haut et moyen clergés qu’au sein du simple peuple. La Providence Divine fit apparaître dans notre Patrie une multitude de héros de l’ascèse qui par leur vie même défendirent la pureté de l’Orthodoxie et l’élévation des dogmes de la foi chrétienne.
Nous citerons simplement le nom de certains d’entre eux : Sa Sainteté le Patriarche Tikhon, le Métropolite Benjamin (Kazanski) de Petrograd et Gdov, le Métropolite Agathange (Preobrajenski) de Yaroslavl, le Métropolite Pierre (Polianski) de Kroutitski, le Métropolite Cyrille (Smirnov) de Kazan, l’Archevêque Hilarion (Troïtski) de Verei, l’Evêque Manuel (Lemechevski), l’Archevêque Eugène (Zernov) du Priamour et de Blagoveshchensk, par la suite Métropolite de Nijegorod, et une série d’autres hiérarques. Parmi le clergé de base, le prêtre Paul Florenski, le hiéromoine Nikon (Beliaev) d’Optino, Y.L. Novitski, Président du Conseil d’Administration de la Société des paroisses orthodoxes unies de Petrograd et Professeur à l’Université de Petrograd, et bien d’autres. Tous ces gens prirent activement part à la vie de l’Église et enrichirent l’Église Russe de personalités remarquables par l’intégrité de leur foi, de leur piété et de leur dévotion.
Dans le cadre de mes leçons, j’ai abordé la vie de seulement trois de ces membres de l’Église : le Métropolite Benjamin, l’Archevêque Hilarion et le Hiéromoine Nikon.
Le Métropolite Benjamin de Petrograd et Gdov

Le Saint Hiéromartyr Benjamin

Le Métropolite Benjamin (dans le monde, Vassili Pavlovitch Kazanski) naquit en 1874 dans la famille d’un prêtre de l’Éparchie d’Olonets. Comme il le souligna lui-même dans une lettre peu avant sa mort, adressée à un des doyens de l’Éparchie de Petrograd, le futur hiérarque lut assidument dès sa prime jeunesse les vies des saints, et il s’enthousiasmait devant leur héroïsme, la sainte inspiration de leur âme et il regrettait de tout son cœur que l’époque à laquelle il menait son existence ne permettait pas de vivre ce que vécurent les premiers chrétiens. Le jeune Vassili aspirait aux podvigs et au martyr. Son âme brûlait d’amour pour Dieu.
A quinze ans, le jeune homme fit son entrée au Séminaire de Théologie de Saint-Pétersbourg et il en termina brillamment le cursus entier. L’Académie de Théologie de Saint-Pétersbourg lui ouvrit grandes ses portes et il en devint un des étudiants. En deuxième année d’Académie, en 1895, le jeune Vassili reçut la tonsure monastique et le nom de Benjamin, et il fut ordonné hiérodiacre. En 1896, il fut ordonné hiéromoine. A l’Académie, le Hiéromoine Benjamin fit partie avec d’autres étudiants de la «Société de diffusion de l’éducation religieuse et morale dans l’esprit de l’Église Orthodoxe», qui alors était dirigée par l’Archiprêtre Philosophe Ornatski.
En 1897, le Père Benjamin termina le cycle de cours de l’Académie de Théologie de Saint-Pétersbourg avec le grade de candidat en théologie, et il fut désigné en qualité de professeur de Sainte Écriture au Séminaire de Théologie de Riga. L’année suivante, il fut nommé inspecteur à l’Académie de Théologie de Saint-Pétersbourg. Ses facultés et capacités en qualité d’administrateur, de professeur et d’organisateur furent remarquées par les autorités ecclésiastiques et en 1902, le Père Benjamin fut transféré, avec le rang d’Archimandrite, au Séminaire de Théologie de Samara, dont il fut recteur. Pendant trois ans, il œuvra avec ardeur dans cette pépinière spirituelle de Samara, préparant de dignes pasteurs à leur sacerdoce dans l’Église de Dieu.
En 1905, l’Archimandrite Benjamin fut nommé recteur du Séminaire de Théologie de Saint-Pétersbourg. En cette qualité de recteur, il fut l’objet de l’amour général et sincère de tous les élèves du Séminaire. Ce qui était remarquable, c’est qu’il parlait peu et quand il intervenait dans une conversation, il ne prononçait que les paroles absolument indispensables et de façon brève. Ce trait de caractère lui valut le surnom de « silencieux » parmi les élèves du Séminaire.
Il menait une vie empreinte de podvigs, et tous sans exception considéraient qu’il était un moine authentique et un homme de sainte vie. L’Archimandrite Benjamin travailla cinq ans avec sérieux dans sa fonction de recteur.
Au cours de cette partie, bien que brève, de sa vie, il se fortifia moralement et se prépara spirituellement à servir l’Église au rang d’Évêque. (A suivre)
Traduit du russe

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