Le texte ci-dessous est la suite de la traduction en français de la version russe du livre «Geronda Arsenios, le Spiléote, compagnon des exploits ascétiques de Geronda Joseph l’Hésychaste».
La version russe utilisée est «Старец Арсений Пещерник, сподвижник старца Иосифа Исихаста / Монах Иосиф Дионисиатис», éditée en 2002 à Moscou par le Podvorié de la Trinité-Saint Serge. L’original grec (Ο Γέρων Αρσένιος ο Σπηλαιώτης (1886-1983)) ne semble plus édité depuis 2008. Il en existe une version anglaise datée de 2005, sans mention de la maison d’édition. Une traduction officielle en français de ce remarquable petit livre n’existe pas à notre connaissance. Le texte relatif à la vie du saint Geronda Arsenios est suivi de celui de quelques lettres qu’il écrivit vers la fin de sa vie à des enfants spirituels. Nous continuons donc ici notre traduction avec la suite des lettres de Geronda Arsenios.
Lettre E
Le Christ est ressuscité.1961
Mon cher fils très aimé et désiré, Moine Hiérodiacre P., le Christ est ressuscité.
Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec toi et avec nous. J’ai entendu parler de ta grande tristesse, mais ne sois pas dans une telle détresse car si «Dieu est avec nous, alors qui est contre nous?» (Rom.8;31). Les bonnes choses arrivent suite à l’effort. Sans tentation, ce n’est pas possible. Sans la patience, rien n’arrive. Que Dieu te donne la patience, et que notre Mère Toute Sainte te donne de la force. Et moi, je prierai toujours pour toi. Et que la volonté de Dieu soit faite.
Peut-être n’est-ce pas la volonté de Dieu. Le temps le dira. Dieu sait mieux que nous. Dieu veut toujours le meilleur pour nous. Et une fois encore, les bonnes choses sont accompagnées de tentations. Sans tentation, il n’y a pas de vertu. Et à nouveau, Madeleine a raison de te dire : tant que tu es assis dans ta cellule, personne ne viendra te lancer de l’argent par la cheminée. Si cela se produisait, tu en tirerais orgueil.
Dans la Skite en Palestine, les Pères ont fuit quand les Arabes sont venus pour voler. Saint Arsène est parti lui aussi. Mais le saint n’avait pas peur. Il est parti par humilité.
Tu devrais faire ce que Madeleine te dit. Dieu l’a peut-être éclairée. Transmets ma bénédiction à Madeleine, et merci pour sa bénédiction. Que Dieu la récompense et que notre mère Toute Sainte fortifie son âme et son corps. Et que Madeleine reçoive aussi ma bénédiction.
Salue ton éminent évêque et Geronda Athenagoras. Fais-lui une métanie pour moi. Il est toujours dans mes prières. Que Dieu le récompense pour la bénédiction qu’il a envoyée lors de la Nativité de notre Seigneur et que notre Mère Toute Sainte le bénisse.
… Et je te répète : ne t’inquiète pas, du tout. Il est possible que ce ne soit pas la volonté de Dieu… Et viens quand tu veux, ton frère t’accueillera à bras ouverts. C’est pour cela que je t’ai fait devenir Moine, pour que tu puisses venir ici et y loger quand tu le veux. Amen.
… Père Charalampos te salue, Père Ephrem et sa fraternité te saluent. Les Pères Joseph, Athanasios et Theophylaktos te saluent. Je te salue ainsi que toute ta fraternité… Amen.
Lettre F
Mon cher fils, Hiérodiacre P., réjouis-toi. Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec ton esprit et avec le nôtre. Amen.
A nouveau j’espère que tu vas bien. Puisses-tu recevoir la bénédiction de notre Toute Sainte Mère, et puis la mienne. Pourquoi, mon fils, as-tu tardé à nous écrire? Ne sais-tu pas que l’amour te quitte quand tu tardes à écrire? Quand tu écris, quand nous recevons ta lettre et la lisons, c’est comme si d’une certaine manière nous te voyions, nous te parlions et étions rassurés car nous savons alors que tu es vivant. Peut-être as-tu oublié ton Geronda? Hélas. Si tu m’as oublié, moi, je ne t’oublierai jamais.
Le proverbe est vrai : le père donna à son fils un champ et jamais le fils ne donna une pomme à son père. Ne te trouble pas de ce que je t’ai dit. Je t’ai dit cela pour t’éveiller. Mon fils, je connais ton cœur. Et je te répète que je prie pour toi. Toujours, tu es dans mon cœur. Efforce-toi tant que tu le peux de ne jamais oublier la prière, car l’Écriture dit : la violence, la violence (spirituelle); les violents ont conquis le royaume des cieux (Mat.11;12).
N’abandonne pas la lecture de l’Écriture, au moins une heure par jour, et la prière. Où que tu sois, enferme-toi dans une pièce et donne pour prétexte que tu vas te reposer.
Prenons notre Très Doux Jésus Christ pour exemple. Il prêcha aux gens, avec ses disciples, et Il s’est ensuite secrètement éloigné de ses disciples vers le Mont des Oliviers, pour aller prier. Le Christ priait! Hélas! Hélas! Le Christ avait-il besoin de prier? Il est Lui-même entièrement prière! Pourquoi alors fit-Il cela? Il le fit pour nous donner un exemple, pour que nous fassions de même! Et aussi pour nous montrer sa nature humaine. Amen.
Quand tu écris à mes enfants, glisse-y deux mots pour moi. Que notre Doux Jésus soit avec toi, qu’Il t’illumine et te sanctifie. Et puisses-tu recevoir la bénédiction de notre Toute Sainte Mère, et ensuite, la mienne aussi, qui suis ton Geronda.
Le moindre, l’inférieur Moine Arsenios, fils de Joseph. Amen.
(A suivre)
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