Écrits

Le texte ci-dessous est la traduction d’une homélie de Son Éminence le Métropolite Ioann (Snytchev) de Saint-Pétersbourg et Ladoga, de bienheureuse mémoire, prononcée en 1971. L’original russe a été publié dans le livre «La Voix de l’Éternité. Homélies et enseignements» (Голос вечности. Проповеди и поучения), publié à Saint-Pétersbourg en 1994, par les éditions Tsarskoe Delo, pages 184 à 187.

Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit!
Frères et sœurs bien-aimés, pour progresser vers la perfection spirituelle, la foi revêt évidemment, la plus grande importance. Croire en la vérité et suivre cette vérité. Celui chez qui la foi grandit, le perfectionnement spirituel grandit également. Celui chez qui la foi faiblit, sa vie spirituelle, intérieure, faiblit elle aussi. Si nous nous tournons vers les vies des pères porteurs de l’Esprit, nous voyons que tous s’efforcèrent de servir le Seigneur dans la foi «sans être troublés par rien, sans rien craindre». Croire en la vérité et être fidèle à cette vérité.La plupart d’entre eux se perfectionnèrent sous la direction de startsy expérimentés, et de plus, ils s’abandonnèrent sans condition à une soumission totale à leur père higoumène porteur de l’Esprit et ils accomplissaient tout ce que celui-ci leur prescrivait ou leur ordonnait. Renonçant entièrement à leur propre volonté, les humbles novices devenaient par la suite de grands startsy et pouvaient eux-mêmes enseigner les leçons de la vie en Dieu, non pas en recourant à leur raisonnement, mais à leur expérience spirituelle, acquise pendant leur noviciat. Ainsi, ils se transmettaient les uns aux autres leur expérience spirituelle, et ils sauvèrent une multitude de fidèles.
Un exemple de cette vie en Christ, un exemple de cette obéissance sans réserve est la vie du Starets Jean. Ce grand héros de l’ascèse s’est soumis à la direction d’un ancien expérimenté et a retranché de lui-même tout désir de faire quoi que ce soit par sa propre volonté. Il n’a jamais cherché à réaliser les impulsions de son cœur ou de sa sagesse. Jean faisait seulement ce que lui avait ordonné son starets qui vivait dans l’un des monastères égyptiens. Un jour, l’ancien lui donna une instruction. Il voulait mettre Jean à l’épreuve; allait-il accomplir réellement l’exploit d’obéissance pour le salut de son âme ou allait-il suivre des intentions égoïstes? Du point de vue du raisonnement humain, cette instruction était très déraisonnable et impossible. Après avoir appelé son novice et lui avoir montré une branche sèche et pourrie, le starets lui dit: «Plante cette branche et arrose-la, jusqu’à ce qu’elle prenne racine et que l’arbre pousse». Jean, ayant reçu la bénédiction de son ancien, se mit à obéir exactement à l’instruction qui lui était donnée. Et cette obédience, il l’a accomplie non pas un jour, pas deux, pas un mois, mais plusieurs années. Au moment convenu, Jean se levait et marchait plusieurs kilomètres dans le désert jusqu’au puits, y puisait de l’eau et revenait arroser la branche sèche. Plusieurs années s’écoulèrent et l’ancien voulut s’assurer que Jean obéissait réellement non pas à des fins égoïstes, mais par humilité. Il appela son disciple et lui demanda: «Dis-moi, fils, si la branche a germé, ou si elle a pris racine». «Je ne sais pas», répondit Jean. Alors le starets arracha la branche et, voyant qu’elle n’avait ni germé, ni pris racine, il la replanta, et dit à son disciple-héros de l’ascèse: «Il te suffit d’arroser et d’accomplir cette obédience».
Voilà, bien-aimés frères et sœurs, comment ils étaient les héros de l’ascèse. Ils ne ratiocinaient pas malicieusement, ne s’interrogeaient pas pour savoir si ce que le starets leur avait dit était juste ou pas ; ils savaient que leur starets leur donnerait une obédience qui plairait à Dieu. Donnant des instructions apparemment déraisonnables, les guides spirituels voulaient découvrir si réellement leur disciple avait retranché toute volonté propre, toute volonté malicieuse. Et le reste du temps, ils enseignaient à leurs disciples la vérité sanctifiée par l’Évangile du Christ.
Vous me demandez, bien-aimés frères et sœurs : «Vladika, ces gens avaient des startsy expérimentés, mais nous qui vivons dans le monde, auprès de qui pourrions-nous apprendre? A qui pouvons-nous confier la tâche de nous enseigner?». Premièrement, comme le dit Saint Théophane, «Si vous questionnez un enfant, il vous dira comment accomplir la volonté de Dieu». Deuxièmement, par la miséricorde de Dieu, nous avons encore des prêtres et des enseignants de la religion dans nos paroisses, auxquels nous pouvons nous adresser, demander conseil, ou même demander une bénédiction pour l’un ou l’autre podvig, si seulement existait encore le souhait, si seulement existait encore l’effort d’accomplir la volonté de Dieu.
De plus, notre guide le plus important, c’est la Sainte Écriture. Elle nous enseigne comment vivre, ce qu’il faut éviter et ce qu’il faut accueillir dans notre cœur. Écoutez attentivement les paroles de l’Évangile, imprégnez-vous de la doctrine du Christ qui nous a été transmise par Ses disciples! N’avons-nous pas entendu le commandement de l’Apôtre Paul dans son Épître aux Romains, de ne pas asservir nos membres au péché? C’est l’enseignement du Seigneur Lui-même, révélée par la nature humaine, par la bouche l’Apôtre porteur de l’Esprit! Et si nous étions des enfants obéissants de l’Église, si nous étions les parents de notre salut, nous n’aurions certainement pas oublié ce que le Saint Apôtre Paul nous a enseigné. Écoutez ce qu’il dit! «Comme vous avez autrefois asservi vos membres en vous livrant à la passion du péché, maintenant asservissez-les au service du bien, parce que le tribut que nous payons au péché apporte la mort, mais la vertu que nous accomplissons apporte la vie». Voici, frères et sœurs bien-aimés, la doctrine apostolique, la doctrine du salut! Il ne nous reste plus qu’à obéir et à la mettre en œuvre inconditionnellement dans notre vie sans finasser, sans couper les cheveux en quatre. Il est nécessaire d’utiliser nos membres, nos mains pour faire l’aumône à autrui, pour aider les autres dans leurs infirmités, dans leurs besoins. Tout doit être utilisé pour le bien: les oreilles, les yeux, les jambes et chacun de nos membres corporels. Et si nous faisons cela, nous serons parmi les sauvés, parmi ceux qui attendent avec espoir la vie future en Jésus-Christ, notre Seigneur, à Qui, avec le père et le Saint-Esprit, reviennent l’honneur et la gloire pour toujours et à jamais. Amen.
Traduit du russe

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