Gerondissa Anastasia. Elle s’entretenait avec les Anges. (1)

Le texte ci-dessous est la traduction d’un original russe mis en ligne sur le site Pravoslavie.ru le 12 août 2016. Il est consacré à Gerondissa Anastasia (Vlakhou), du Monastère de la Très Sainte Mère de Dieu «Kira Angelon» (La Dame des Anges), sur l’Île de Corfou.
L’auteur, Madame Ludmila Lis, introduit son texte par les phrases suivantes. «Un jour, passant à proximité du monastère détruit, la petite fille de dix ans entendit l’appel de la Très Sainte Mère de Dieu. Toute la suite de sa vie fut consacrée à Dieu et aux démarches de restauration du Monastère de la Très Sainte Mère de Dieu Dame des Anges». Ce monastère à l’état de ruine jusque 1933, année où débuta sa reconstruction par Gerondissa Anastasia, était un antique monastère pour hommes fondé au dix-septième siècle.

C’est de la bouche du chauffeur qui me conduisait dans les différents lieux spirituels importants de l’île, que j’entendis la mention du Monastère de la Très Sainte Mère de Dieu Kira Angelon, ce qui signifie «Dame, Souveraine, des Anges», qui se trouvait au Sud de Corfou, à quarante kilomètres de la ville de Kerkira. Après la visite des Monastères du Pantocrator, sur le sommet le plus élevé au Nord de l’île, de Kamarela et de la Sainte Martyre Parascève dans le village de Sgouradès, il me parla d’une gerondissa aux pieds nus, Anastasia, qui mena son podvig au Monastère de la Très Sainte Mère de Dieu Kira, et mourut en 1979. Je ne voulus pas laisser passer la chance d’examiner de plus près les particularités du podvig d’une contemporaine et je priai littéralement le chauffeur de me conduire dans ce lointain monastère. Il dût céder.
«La Dame des Anges nous accueillit» dans un calme silencieux et les portes fermées. Il fallut sonner longtemps la cloche avant que l’unique habitante et gardienne du monastère, Sœur Athanasia, nous entendit depuis la cour arrière. Quand le portail s’ouvrit, la beauté étonnante de l’église s’offrit à notre regard, résultat des labeurs de prière et des labeurs physiques de Matouchka Anastasia. Quand Anastasia était âgée de dix ans, cette église demeurait dans un état de délabrement pitoyable. Un jour, soudainement, alors qu’elle passait devant l’église et se signait, la fillette entendit, venant du côté du clocher, une voix féminine : «Qu’il est triste que Ma maison soit devenue déserte. Toi, Mon enfant, tu es appelée à restaurer Mon église et Mon monastère».
A quatorze ans, Anastasia quitta ses parents pour devenir novice au Monastère Saint Nicolas à Melikia. Elle y entama une vie ascétique sévère, dans la prière, le jeûne et l’humilité, se consacrant entièrement à Dieu et préservant en son cœur la bénédiction de la Très Sainte Mère de Dieu. Neuf ans plus tard, affermie en esprit, elle reçut la bénédiction de l’higoumène pour aller au Monastère de la Dame des Anges. L4antique monastère était alors complètement délabré. Des figuiers sauvages poussaient à la place de l’église et Anastasia dût dormir en plein air jusqu’à ce que ses parents se décident à lui construire une cellule. L’héroïne de l’ascèse dormait le plus souvent sur le sol et non sur l’assemblement de planches qu’était son lit. Elle utilisait une pierre pour oreiller. Cette pierre se trouve aujourd’hui encore dans sa cellule. Elle mangeait une seule fois par jour, après le coucher du soleil, se satisfaisant d’un morceau de pain et d’herbes sauvages grillées. Et les lundi, mercredi et vendredi, elle ne mangeait rien. Le jeûne permanent de Gerondissa Anastasia lui occasionna une avitaminose, et un goitre de la taille d’une orange apparut. Au cours des travaux extérieurs, Matouchka se blessa à la jambe. Jamais elle ne se plaignit ni ne consulta les médecins. Pour elle, le seul remède, c’était l’huile de la lampe qui brûlait en permanence devant l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu Dame des Anges. Elle y avait recours quand la douleur devenait insupportable. C’est avec la seule communion aux Saints Dons qu’Anastasia affermissait ses forces. Jamais elle ne porta de chaussures. Même l’hiver, elle alla pieds nus, portant une vieille chemise noire toute élimée et raccommodée. C’est ainsi qu’elle apparaît sur la photo qui est parvenue jusqu’à nous.
La première novice arriva au monastère seulement vingt années de podvig incessant de la part de Gerondissa Anastasia. Quelques temps plus tard, sept moniales vivaient au monastère. A tous ceux qui venaient lui demander conseil, elle enseignait l’humilité, la discrétion et la prière incessante. Elle était pauvre, mis riche en dons spirituels accordés par Dieu pour son podvig. Elle acquit de la part de Dieu du don de clairvoyance, et également de la capacité d’obtenir de Dieu par sa prière ce qui lui avait été demandé par d’autres avec lesquels elle compatissait. Gerondissa Anastasia priait dans le tronc creux d’un olivier millénaire, elle y priait jour et nuit, c’est pourquoi certains dirent même qu’elle vécut trois ans dans ce tronc d’olivier. La nuit, les gens apercevaient de la lumière provenant du tronc, témoignage de la prière incessante de la Gerondissa.
Pendant de nombreuses années, les gens venaient frapper au portail du monastère et demander ses prières et ses sages conseils, lui demandant quelle était la volonté de Dieu à leur sujet. Gerondissa Anastasia empêcha de nombreux crimes et délits, ramenant en «eaux sûres» les délinquants, les morigénant et éveillant en eux le repentir. Elle aida les gens pendant l’occupation. Par la force de Dieu, elle guérit des possédés qui à la seule mention de son nom s’écriaient : «Je ne peux supporter cette vieille!».
Souvent, elle savait par avance qui allait venir au monastère, et quand, malgré qu’à l’époque, il n’y avait pas de téléphone. «Nous avons un fil qui relie le monastère à toutes les maisons de la terre, disait Gerondissa, c’est la grâce de Dieu et de la Très Sainte Mère de Dieu». Elle s’adressait toujours à Dieu et à la Très Sainte Mère de Dieu comme à des proches, elle conversait avec les anges, prenant conseil auprès d’eux en toutes choses, et cela étonna toujours ses contemporains. Elle était généreuse, sans avidité aucune, mis ceux qui reçurent son aide spirituelle commencèrent à offrir des dons pour la restauration de l’antique monastère. Et ainsi, celui-ci se releva progressivement. Capable de tout donner, jusqu’à sa dernière miette, elle partageait avec tous la grâce, et elle en avait en surabondance.
L’ennemi du genre humain ne pouvait laisser en paix cette héroïne de l’ascèse. Pendant toute sa vie, Gerondissa eut à subir des persécutions de la part des autorités, des gens d’église, et parfois, tout simplement de la part de gens mauvais. Ils essayèrent de tirer un profit matériel de l’église, tentant de la transformer en un espace de loisirs. Ils essayèrent d’organiser des foires dans le monastère. Ils ont donné une partie du territoire du monastère près du cimetière du village qui aujourd’hui encore s’étend jusqu’au mur qui a été déplacé.En 1936, les autorités expulsèrent la novice Anastasia de sa cellule. Elle fut obligée de quitter le monastère jusqu’à ce que cesse cette persécution.
Pendant cet exil, son havre fut le tronc creux d’un antique olivier. Personne ne sait quelles attaques de l’ennemi elle dût endurer en ce lieu, ni quelle consolation elle reçut du Seigneur et de la Très Sainte Mère de Dieu. Mais cet olivier préserve jusque aujourd’hui avec chaleur les traces de son séjour. La lampe à huile qu’elle utilisait dans le tronc de l’olivier ne s’éteint jamais, même sous les averses les plus fortes, ni au passage des ouragans. On raconte que pendant les intempéries, alors que dans l’église, le vent éteignait les lampes à huile, la lampe d’Anastasia illuminait l’espace entourant l’olivier. Cela alluma des jalousies. Un jour, un homme qui servait dans cette église, fut pris de fureur et brisa la lampe d’Anastasia. Peu de temps après, la jument du coupable désarçonna sa femme et sa fille. La famille se repentit et vinrent demander pardon à Gerondissa. (A suivre)
Traduit du russe
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